Le Déluge de Commerre

De la tempête (Benjamin) au déluge, il n’y a qu’un pas. Voici donc Le Déluge, peint en 1911 par Léon Commerre et exposé au Musée des Beaux-Arts de Nantes.

Si le mythe du déluge, une inondation catastrophique au point de détruire l’humanité ou presque, est présent dans de nombreuses cultures, il est surtout connu chez nous par sa version présente dans le récit biblique de le Genèse. Dieu, en colère contre sa création, décide de tout noyer à l’exception de Noé, de sa famille et d’un couple de chaque espèce animale. Tous trouvent refuge dans une arche géante et survivent finalement pour repeupler la terre après la descente des eaux.

Mais Commerre n’a pas cherché à illustrer la survie des rares élus mais les victimes du cataclysme aux prises avec l’extrême violence de celui-ci. Son style académique tardif lui permet de rendre tangible le déferlement de la pluie comme l’horreur des derniers instants d’un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants. Tous sont déjà aussi blêmes que les cadavres qui les entourent et aussi terrifiés que les animaux qui les ont rejoints sur leur pauvre bout de rocher. Entourés d’eaux noires, éclairés par une lumière ultra-dramatique, tragiquement nus, ils ne le savent pas encore, mais ils sont déjà en Enfer et y entrainent le spectateur avec eux.