En 2010, sortait en librairie un album très important pour moi : Trois Christs, dessiné par Denis Bajram et Fabrice Neaud. Il remporta à l’époque un certain succès critique et public, fut nommé à Angoulême et présenté dans plusieurs expositions. Hélas, il n’était plus disponible depuis quelques temps.
C’est donc avec une certaine émotion que je peux annoncer une bonne nouvelle à ceux d’entre vous qui m’ont dit avoir cherché en vain Trois Christs en librairie : une nouvelle édition sera disponible 16 octobre prochain sous une couverture un peu retouchée par Denis, avec 8 pages de cahier supplémentaire portant sur le making of de l’album et longue postface portant sur la question des vérités alternatives, du complotisme, des bulles algorithmique et des IA.
Esthétiquement, Trois Christs n’est pas une bande dessinée comme les autres. C’est un de mes albums les plus formellement aboutis, un de ceux dont j’ai le plus travaillé la narration et la mise en scène avec mes deux co-auteurs (dont le talent dans le domaine n’est plus à démontrer). J’y raconte trois histoires en me servant des mêmes cases et des mêmes dialogues disposés à chaque fois dans un ordre différent. À travers ce concept formel, cet album aborde donc la question du vrai et du faux qu’on peut également faire dire à la même matière première. Une question plus que que jamais actuelle.
« Pâques 1353 – Les fidèles de Lirey, un petit village champenois, vénèrent pour la première fois ce qui va devenir la relique la plus célèbre et la plus controversée de la Chrétienté : le Saint Suaire, linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ à la descente de la croix.
Luc, un jeune sculpteur, se trouve à Lirey en cette période pascale pour y finir une œuvre commanditée par le seigneur de Charny, un chevalier respecté et influent qui vient de financer la nouvelle église collégiale. Il ignore encore quels sérieux ennuis va lui attirer son talent de sculpteur…
Trois Christs, c’est trois fois cette même Semaine sainte de 1353. Trois fois les mêmes personnages qui évoluent dans les mêmes lieux. Trois fois le Saint Suaire qui apparaît enfin au grand jour. »