Britannia : mon deuxième Thorgal Saga

Après “La déesse d’ambre”, réalisée avec Christophe Bec, j’ai le grand plaisir de faire le scénario d’un deuxième Thorgal Saga : Britannia.
Il se déroulera aux retour des Amériques de Thorgal et de sa famille et sera plutôt dans l’esprit réaliste et barbare à souhait de Louve.
C’était le vœu du dessinateur qui va faire ce nouvel album avec moi. Il préfère rester anonyme en attendant d’avoir des pages finalisées à montrer. Mais je n’ai pas pu résister au plaisir de vous parler tout de suite de ce nouveau projet si excitant pour nous deux.
Publié le Catégories Actualités personnelles, Livres, Non classé, Thorgal
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Alix et Alix senator : éditions spéciales

Les prochains Alix et Alix senator qui arriveront en librairie cet automne seront tous les deux accompagnés d’une édition spéciale.

Ainsi le 4 septembre prochain, en plus de l’édition normale des Cercles des géants, le tome 15 d’Alix senator, vous pourrez découvrir l’édition premium avec une variation sur la couverture et un cahier supplémentaire historique sur les mégalithes bretons (mais pas que). Comme tous les ans, j’ai rédigé les textes et ils sont illustrés, entre autres, de croquis de Thierry Démarez.

Puis, le 13 novembre prochain, arrivera Le Gardien du Nil, le tome 43 des aventures d’Alix avec un tirage spécial pour les librairies Canal BD.
Comme l’édition premium d’Alix senator, elle aura une couverture et une maquette différente de l’édition normale ainsi qu’un cahier supplémentaire. Je vous y présente l’Égypte vue par Jacques Martin dans Le Prince du Nil et par Chrys et moi dans Le Gardien.

 

La Mort de Sénèque

J’ai eu la chance d’aller passer le long week-end du 15 août à Munich en famille. Denis et moi en avons profité pour aller visiter l’Alte Pinakothek de la ville. Elle possède une des plus belles collections de tableaux d’Europe et nous y avons (re)découvert de nombreuses merveilles.

Voici l’une d’elles : La Mort de Sénèque peinte par Pierre Paul Rubens en 1612.

Sénèque était un philosophe romain du premier siècle de notre ère. Il prônait une doctrine stoïcienne : le sage devait, entre autres, mettre l’éthique au cœur de ses réflexions, vivre en harmonie avec la Nature et accepter calmement son destin quel qu’il soit, sans se laisser déborder par les émotions comme la peur ou la colère. La vertu étant suffisante pour trouver le bonheur, le reste devenait accessoire, voire nocif.

Dans certains cas, Sénèque pensait pourtant que la vie ne valait plus d’être vécue : quand on était menacé d’être réduit en esclavage par exemple ou bien quand on sentait trop décliner son intellect. Alors, il prônait le suicide comme idéal moral et ultime moyen de libération du sage.

On le voit ainsi se suicider sur le tableau de Rubens : un esclave lui ouvre les veines à sa demande. Pourtant, Sénèque n’obéit pas alors à une injonction philosophique. Il meurt non par sa propre volonté mais parce que l’empereur Néron le lui a ordonné.

Pour être un philosophe majeur de son temps, Sénèque n’en était pas moins un homme de cour et d’État. Il avait été le précepteur du fils d’Agrippine et était resté ensuite son conseiller. Il en avait profité pour s’enrichir considérablement et vivre en grand aristocrate romain. Bref, il mena une vie bien en contradiction avec l’idéal qu’il prônait.

Hélas pour lui, il finit par être compromis dans la conjuration de Pison, un complot visant à assassiner Néron. On ne sait pas quel rôle exact le philosophe y joua, voire s’il y participa réellement ou fut simplement dénoncé à tort par un jaloux. Mais l’empereur n’hésita pas et lui ordonna de se suicider avec d’autres conjurés.

La Mort de Sénèque conservée à l’Alte Pinakothek (Munich)

Ceci posé, Rubens ne cherche pas à donner une vision réaliste de la mort de Sénèque, mais bien à montrer la fin idéale d’un philosophe. Les yeux levés vers le ciel, le stoïcien accepte sereinement son destin, que sa condamnation soit juste ou non.

Le peintre reprend d’ailleurs quelques éléments de la description de la mort de Sénèque par l’historien romain Tacite. Dans ses derniers instants, le philosophe aurait appelé des secrétaires pour leur dicter un discours. On ne se refait pas… Puis comme il était toujours en vie, il serait entré dans un bain chaud, ici réduit à un baquet, et aurait répandu de l’eau sur ses esclaves en disant « J’offre cette libation à Jupiter libérateur ». Une vraie dernière parole de stoïcien, dont on ne sait, bien sûr, si elle est vraie ou inventée.

La Mort de Sénèque, conservée au Musée du Prado (Madrid)

Rubens, qui réalisa une deuxième version de son tableau que je vous montre ci-dessus, eut aussi une autre source d’inspiration, esthétique celle-là : une statue romaine du deuxième siècle de notre ère, copie d’un original hellénistique. Elle avait été découverte à Rome au XVIe siècle et était très célèbre au temps du peintre. Aujourd’hui, plus qu’une représentation du suicide du philosophe, on pense qu’il s’agit d’une représentation d’un vieux pêcheur, un type de statuaire propre à l’époque hellénistique.

Mais c’est une autre histoire…

Statue conservée au Louvre, CC BY-SA 2.0

Fata Morgana

Comme tout le monde ou presque, j’aime beaucoup me promener au bord de la mer, d’autant que la Manche est à moins de 10km à vol d’oiseau de la maison. Parfois, il m’arrive de voir de voir des formes d’immeubles au loin sur la mer, voire, quand je regarde vers Le Havre par temps clair, d’avoir l’impression que les bâtiments et les cheminées du port sont beaucoup plus près ou plus hauts qu’ils ne le sont en réalité.

Je n’avais jamais donné de nom à ce phénomène optique amusant dû à la superposition de couches d’air chaud et d’air froid dans l’atmosphère. Et, ces jours-ci, j’apprends en lisant la Presse de la Manche qu’il s’appelle « fata Morgana », oui, comme la fée de la légende arthurienne. C’est très joli et… très étrange.

En fait, ce phénomène a été nommé comme cela car les premiers à l’avoir rencontré et à en avoir parlé sont des croisés qui naviguaient près du détroit de Messine, séparant l’Italie et la Sicile. Ils eurent l’impression de voir de fantastiques châteaux flotter au-dessus de l’eau dans le lointain. De telles merveilles ne pouvaient être dû qu’à un être aussi surnaturel qu’inquiétant : la fée Morgane.

Primée à Dieppe

Ce week-end, nous avons eu le bonheur, Denis et moi, d’être intronisés conjointement « maitre et maitresse des bulots » au Festival BD de Dieppe. Ce fut une amusante mais aussi émouvante cérémonie en compagnie d’une bien belle brochette de collègues, amis et donc aussi bulots : Grzegorz Rosinski, Vero Cazot, Olivier Bocquet, Corentin Rouge, Gaetan Georges, Vincent Lemaire Dit Hardoc !
Merci aux Dieppois pour leur accueil et longues vies aux bulots d’or !

Alix senator 15 : making of de la page 3

Rien que pour vos yeux… 🙂

Après les pages 1 et 2, voici la page 3 tome 15 d’Alix senator que vous pourrez découvrir en librairie à la rentrée prochaine. Je vous montre la page 3 où plutôt les différentes étapes dessinées de sa réalisation, du board à la page finie en couleur :

Errances documentaires

Préparer un projet de BD, surtout de BD historique, cela veut dire passer de nombreuses heures à chercher de la documentation. Parfois, cela permet de croiser des images amusantes ou étonnantes. je vous en mets quelques-unes ici que j’ai croisées cet été. Je les ai déjà montrées sur mes réseaux sociaux avec les petits textes joints.

Le Rat de bibliothèque par Carl Spitzweg, vers 1850, musée Georg-Schäfer en Allemagne

 

– En cherchant des exemple de temples funéraires pour Le Gardien du Nil, le nouvel Alix classique que je suis en train d’écrire pour Chrys Millien, je suis tombée sur cette restitution de 1910 du temple funéraire du pharaon Montouhotep II à Deir el Bahari, en Égypte.
Aujourd’hui, on ne croit plus qu’il y avait une pyramide au centre, plutôt une cour intérieure.
Mais ce monument m’a fait penser à la célèbre case du Sphinx d’or où Alix découvre le temple imaginaire d’Efaoud. Décidément, Jacques Martin savait s’inspirer des modèles antiques pour créer des bâtiments encore plus grandioses.

– Quand tu découvres que le bœuf musqué, ce féroce ennemi du loup arctique et de l’ours est… un mouton, enfin presque : un “capriné”, c’est-à-dire un cousin aberrant de la chèvre et du chamois, proche des souches primitives et adapté au climat arctique. Source : wikipedia, photo © Floris Smeets.

– Quand tu cherches des images de pyramides égyptiennes et que tu tombes sur des enfants allemands en train de jouer à construire une pyramide… de billets de banque.
On est en 1923 et le pays connaît une période d’hyperinflation. A titre d’exemple, le dollar, qui s’échangeait autour de 420 marks en juillet 1922, grimpe à 49 000 marks en janvier 1923. Pendant l’année 1923, le cours du dollar par rapport au papiermark augmente ainsi de 5,79 × 10 puissance 10.
Le prix au détail passe de l’indice 1 en 1913 à 750 000 000 000 en novembre 1923 !
Source photo : Three Lions/Getty Images. Source texte : wikipedia.

– En cherchant de la doc sur les dernières théories en cours sur le tombeau de Cléopâtre (jamais retrouvé), je suis tombée sur la momie d’une autre Cléopâtre que je ne résiste pas au plaisir de vous montrer.
Je n’en avais encore jamais vue d’aussi ornée et peinte. Il s’agit donc de la momie de Cléopâtre, une jeune fille de l’aristocratie thébaine du temps de Trajan (empereur de 98 à 117). Les inscriptions précisent qu’elle est morte à l’âge de 17 ans, 1 mois et 25 jours.
Même si son portrait est clairement d’inspiration greco-romaine, de nombreuses divinités égyptiennes ont été représentées sur son linceul : Nout, Isis, Nephtys, Anubis.
Elle est conservée au British Museum.

Vieille Anglaise : pages finies

Ô joie ! Stefano Martino a bien terminé les pages de la Vieille Anglaise. Vous pourrez retrouver l’album comme prévu en librairie fin août.

Drakoo finalise le cahier supplémentaire en ce moment. Je n’ai pas dû vous en parler encore : j’y fais parler Jeanne A Debats sur les grands thèmes qui parcourent l’album : engagement, féminisme… Vous ne serez pas déçus 🙂

L’incendie des forêts girondines de 1949

A ce jour, plus de 10 000 hectares de forêt ont été dévastés par le feu en Gironde cet été. A titre de comparaison, d’habitude ce sont « seulement » 11 000 hectares qui brûlent en moyenne par an (sur les 16,9 millions d’hectares boisés qui existent en France). Mais ce caractère exceptionnel n’est malheureusement pas une première. Le pire incendie que connut notre pays eut lieu aussi en Gironde, en 1949, pendant un été déjà caniculaire.

Du 19 au 25 août, l’incendie ravagea 52 000 hectares dont 25 000 de forêt landaise et surtout causa la mort de 82 personnes.

A cette époque, les bois de la région étaient peu entretenus et il y avait peu de moyens de lutte contre le feu. Les premiers à intervenir le firent avec… de simples branches de pin. Plus tard, les contre-feux allumés échouèrent tous à limiter le désastre. Le 20 août, le vent soufflait si fort que le feu parcourut jusqu’à 6 000 hectares en 20 minutes. Il s’abattit en tempête sur son front nord et tua 82 des pompiers, militaires, bénévoles et intervenants des Eaux et Forêts sur les 89 qui se trouvaient là. En fin d’après-midi, une pluie de cendres recouvrit Bordeaux. La situation ne redevint contrôlable que quand le vent tomba naturellement. Mais il fallut encore plusieurs jours pour que tous les feux soient maitrisés.

Plus tard, l’enquête révéla que tout était parti de la cabane d’une scierie dont le gardien fumait dans son lit.

incendie de Landiras, 2022, ©Jean-Luc Gleyze, président du Sdis 33

Les images de la semaine

Aujourd’hui, c’est aussi la fête des pères; Je vous propose donc un petit moment de tendresse.

Portrait d’un vieillard et d’un jeune garçon par Domenico Ghirlandaio, vers 1490, conservé au Louvre.

Mais j’ai posté d’autres images sur FB cette semaine. Je vous les montre en vrac :

Portraits de l’anatomiste et paléontologue anglais Richard Owen, inventeur du mot “dinosaure” et directeur du Musée d’histoire naturelle de Londres :
avec le crâne… d’un crocodile en 1856.
Photo : Maull & Polyblank
– à côté d’un squelette de moa, un oiseau géant de Nouvelle-Zélande éteint depuis le XVe siècle.
Photo: John van Voorst.

En 1839, Richard Owen reconnu dans un fragment d’os inconnu qu’on lui montrait, celui d’un grand oiseau. Plus tard, il parvint à reconstituer des squelettes entiers. Ici, en 1879, il pose à côté du plus grand spécimen reconstitué avec le tout premier fragment os reconnu à la main.

Tout à fait autre chose :

Les chutes de Helmcken, en Colombie Britannique, au Canada.
Photo : @mountaingoat on Instagram
Géode d’améthyste dans sa roche-mère.
Phot©MoRDi CuaC