Le tome 14 d’Alix senator sort aujourd’hui. Pour l’accompagner, je vous propose une vidéo sur le destin d’Arminius, le jeune garçon que rencontre le sénateur en Germanie. Il a vraiment existé et il est devenu, quelques années plus tard, la terreur des Romains !
Catégorie : Histoire antique
Un petit dieu étrusque dans mon jardin

Ça fait des années que nous plantons des œillets d’Inde dans notre petit jardin de Bayeux et je découvre seulement aujourd’hui que leur espèce porte, en fait, le nom d’un petit dieu étrusque adopté par les Romains. Nos braves œillets sont des « tagètes », des plantes herbacées nommées d’après Tagès, une divinité de l’ancien Latium.
Selon la mythologie, Tagès serait apparu un jour, sans prévenir, dans le sillon creusé par un paysan dans un champ près de Tarquinie, à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest de Rome. Il avait l’apparence d’un enfant mais sa sagesse était celle d’un vieux dieu.
Aussitôt, la rumeur de ce prodige se répandit dans les campagnes et beaucoup accoururent pour le voir. Il leur enseigna alors l’art de la divination et de l’haruspicine, celui de lire l’avenir dans les entrailles des animaux sacrifiés. Hélas, sitôt fini son enseignement, il mourut aussi soudainement qu’il était né. Mais ses paroles avaient porté et ses disciples consignèrent ses conseils et ses visions du futurs dans des livres prophétiques.
Les Romains, puis les Byzantins lui attribuèrent donc plusieurs « libri rituales » qu’ils continuèrent de consulter et de transmettre. Certains extraits sont même parvenus jusqu’à nous cités par différents auteurs.
(Sinon si vous vous demandez pourquoi on parle plus généralement d’ « œillets d’Inde », c’est à cause de la ressemblance des fleurs avec les traditionnels œillets et du fait qu’ils ont été apportés en Europe depuis les Antilles à l’époque où on les appelait encore « Indes occidentales »)
Errances documentaires
Préparer un projet de BD, surtout de BD historique, cela veut dire passer de nombreuses heures à chercher de la documentation. Parfois, cela permet de croiser des images amusantes ou étonnantes. je vous en mets quelques-unes ici que j’ai croisées cet été. Je les ai déjà montrées sur mes réseaux sociaux avec les petits textes joints.

– En cherchant des exemple de temples funéraires pour Le Gardien du Nil, le nouvel Alix classique que je suis en train d’écrire pour Chrys Millien, je suis tombée sur cette restitution de 1910 du temple funéraire du pharaon Montouhotep II à Deir el Bahari, en Égypte.
Aujourd’hui, on ne croit plus qu’il y avait une pyramide au centre, plutôt une cour intérieure.
Mais ce monument m’a fait penser à la célèbre case du Sphinx d’or où Alix découvre le temple imaginaire d’Efaoud. Décidément, Jacques Martin savait s’inspirer des modèles antiques pour créer des bâtiments encore plus grandioses.
– Quand tu découvres que le bœuf musqué, ce féroce ennemi du loup arctique et de l’ours est… un mouton, enfin presque : un “capriné”, c’est-à-dire un cousin aberrant de la chèvre et du chamois, proche des souches primitives et adapté au climat arctique. Source : wikipedia, photo © Floris Smeets.
– Quand tu cherches des images de pyramides égyptiennes et que tu tombes sur des enfants allemands en train de jouer à construire une pyramide… de billets de banque.
On est en 1923 et le pays connaît une période d’hyperinflation. A titre d’exemple, le dollar, qui s’échangeait autour de 420 marks en juillet 1922, grimpe à 49 000 marks en janvier 1923. Pendant l’année 1923, le cours du dollar par rapport au papiermark augmente ainsi de 5,79 × 10 puissance 10.
Le prix au détail passe de l’indice 1 en 1913 à 750 000 000 000 en novembre 1923 !
Source photo : Three Lions/Getty Images. Source texte : wikipedia.
– En cherchant de la doc sur les dernières théories en cours sur le tombeau de Cléopâtre (jamais retrouvé), je suis tombée sur la momie d’une autre Cléopâtre que je ne résiste pas au plaisir de vous montrer.
Je n’en avais encore jamais vue d’aussi ornée et peinte. Il s’agit donc de la momie de Cléopâtre, une jeune fille de l’aristocratie thébaine du temps de Trajan (empereur de 98 à 117). Les inscriptions précisent qu’elle est morte à l’âge de 17 ans, 1 mois et 25 jours.
Même si son portrait est clairement d’inspiration greco-romaine, de nombreuses divinités égyptiennes ont été représentées sur son linceul : Nout, Isis, Nephtys, Anubis.
Elle est conservée au British Museum.
La première grève

Vers 1166 avant notre ère, Amennakht, un scribe égyptien, écrit aux fonctionnaires chargés du ravitaillement des ouvriers de la Vallée des Rois. Il leur fait part d’un événement inouï. Lassés des retards de livraison répétés de ce ravitaillement qui constitue l’essentiel de leur salaire, les constructeurs de la nécropole royale ont décidé de cesser le travail et d’occuper des temples et des édifices administratifs.
Les fonctionnaires réagissent, le ravitaillement accélère et cette première grève de l’Histoire s’arrête. Mais les choses se détériorent à nouveau et le « mouvement social » reprend. En plus des retards, les ouvriers se plaignent de la mauvaise qualité de ce qu’on leur envoie. Il faudra qu’ils arrêtent à nouveau plusieurs fois le travail et… qu’ils menacent de révéler des malversations commises par les fonctionnaires qu’ils ont en face d’eux, pour obtenir enfin satisfaction.
(Faits connus par le « Papyrus de la Grève », rédigé par Amennakht, vers 1186-1069 avant J.-C. et conservé aujourd’hui à Turin)
Ouraline
Chères lectrices et lecteurs d’Alix, vous avez sans doute déjà rêvé d’avoir à la maison un morceau d’orichalque, ce mystérieux métal tombé du ciel, aussi dangereux que fascinant, qui tour à tour soigne et détruit ceux qui l’approchent. Un jour, peut-être, on découvrira sa lueur verte, malsaine et radioactive dans des ruines antérieures à l’empire d’Alexandre ou bien au fin fond d’une crevasse océanique. Mais, pour l’instant, l’orichalque n’existe que dans l’univers créé par Jacques Martin.
En revanche, on fabrique depuis l’Antiquité des objets qui me font immanquablement penser à lui. Ils sont radioactifs et dégagent une puissante luminescence verte quand ils sont exposés à la lumière ultraviolette. Ce sont les objets en ouraline, comme les flacons que je vous montre ci-dessous.
L’ouraline est un verre dans lequel on a incorporé de l’uranium. En général, cet élément chimique ne représente pas plus de 0,2% du poids de l’objet. Mais cette proportion peut atteindre jusqu’à 25% entre 1880 et 1920, époque où la mode de l’ouraline atteint son apogée. La découverte de la radioactivité en 1896 n’altère pas sa popularité, au contraire. Elle n’en devient que plus attractive pour le grand public.
Aujourd’hui, on fabrique toujours de l’ouraline, surtout aux États Unis. Les taux de radiation qu’elle dégage sont très faibles et elle est considérée comme inoffensive. On recommande toutefois ne pas boire ni manger dans ce genre de vaisselle… Je vous laisse juge.
Anecdotes et images de la semaine
Tous les jours ou presque, je poste sur les réseaux sociaux des images et/ou des anecdotes qui m’ont fait réagir sans mériter un vrai article sur ce site. Alors je les rassemble pour les publier ensemble quand j’en ai l’occasion. Si vous n’avez pas envie d’attendre, vous pouvez aller voir mes murs Instagram et Facebook : tout est visible par tous.
Voici les dernières publications de ce genre.
– Parfois, j’aimerais être une super-vilaine, genre Lestat croisé avec le monstre du Loch Ness. J’ai déjà trouvé mon repaire en Irlande. Bon, il y a des travaux à prévoir, mais le potentiel est énorme.


– Quand tu relis tranquillement le début de Sandman un samedi soir d’octobre et que tu tombes nez à nez avec César et la Pythie…
Daniel dans la fosse aux lions
Ou comment un homme attaché et sans défense domine (du regard ?) toute une horde de fauves.
Daniel est un des grands prophètes de l’Ancien Testament. Déporté à Babylone, il est si sage qu’il devient le conseiller du roi Nabuchodonosor (oui, ce nom existe réellement). Il interprète ses rêves et a toute sa confiance jusqu’à la chute de la ville devant les Mèdes et les Perses.
Leur souverain, Darius, utilise aussi les talents de prophète de Daniel, mais son entourage voit d’un mauvais œil leur relation privilégiée. Daniel finit par tomber en disgrâce et il est condamné à être jeté dans la fosse aux lions du palais.
Heureusement, son Dieu est avec lui. Il survit glorieusement à l’épreuve et retrouve la faveur royale.
Les images de la semaine
Tous les jours ou presque, je poste sur les réseaux sociaux des images qui me plaisent beaucoup sans mériter un vrai article sur ce site. Alors je les rassemble pour les publier quand j’en ai l’occasion. Si vous n’avez pas envie d’attendre, vous pouvez aller voir mes murs Instagram et Facebook : tout est visible par tous.
Voici les dernières :
– Portrait d’une jeune Vénitienne réalisé par Albrecht Dürer en 1505 et conservé au Musée d’Histoire de l’Art de Vienne.
– Tête d’une épouse ou d’une fille du pharaon Akhenaton réalisée en quartzite peinte vers 1350-1340 avant notre ère et conservée au Musée égyptien de Berlin.
Tanagra à l’éventail

Deux dogūs du Japon
Histoire de sortir un peu de l’aire européenne, je vous propose aujourd’hui deux statuettes retrouvées au Japon.

Ces dogū, deux parmi les 20 000 environ qui ont été découvertes, datent de la période du Jōmon moyen à récent (entre 3000 et 1300 avant notre ère).
À cette époque, les chasseurs-cueilleurs de l’archipel se sédentarisent dans des villages de plus en plus structurés. Ils ne pratiquent pas l’agriculture et vivent surtout de pêche. Ils sont parmi les premiers au monde à inventer la céramique, même s’ils font aussi des statuettes en pierre.
Chaque région a son style ou presque, très différent de celui des autres. Comme pour les statuettes européennes, on ignore totalement quelle pouvait être leur fonction.