Akrotiri, la perle de Santorin

L’île de Santorin, Théra dans l’Antiquité, a été ravagée par une gigantesque explosion volcanique vers 1600 avant notre ère. Au XXe siècle, des archéologues ont fait (à tort) de ce cataclysme l’origine du mythe de l’Atlantide. Spyridon Marinatos, le premier d’entre eux, est venu dans l’archipel pour essayer de corroborer son hypothèse à partir de 1967. Il y découvrit que la catastrophe avait détruit au passage une prospère cité de plusieurs milliers d’habitants. Ce lieu de fouille est appelé aujourd’hui Akrotiri.

 

La vie s’y organisait autour de bâtiments à étages qui servaient autant à l’artisanat (poterie, métallurgie, fabrication d’amphore, de tissus… ) qu’à l’habitation. La prospérité venait du commerce de ces fabrications locales ainsi que de celui du vin, de l’huile, du miel. Elle a permis l’importation de viandes et d’artefacts variés de Grèce, mais aussi la construction d’un premier réseau d’égouts et la réalisation de fresques qui n’ont rien à envier à celles de Cnossos.

Heureusement, l’éruption a fait très peu de victimes à Akrotiri : la plupart des habitants ont réussi à fuir à temps. Quand les tremblements de terre annonciateurs du pire ont débuté, ils ont vidé entrepôts et maisons et sont allés se mettre en sûreté. On ignore ce qu’ils sont devenus exactement. En tout cas, ils ne sont pas revenus chez eux. L’éruption a rendu leur île inhabitable pour plusieurs siècles.

Dragon étouffant un éléphant

Au Moyen-Âge, les savants pensaient que le dragon – ce serpent géant avec des pattes et des ailes – était le pire ennemi de l’éléphant. C’est ce que nous montre l’enluminure ci-dessous réalisée en Angleterre avant 1187 et conservée à la Morgan Library and Museum (New York).

C’est en fait une très vieille idée. Déjà dans le livre VIII de son Histoire naturelle, le Romain Pline l’Ancien nous décrit les combats épiques des deux animaux qui vivent, comme chacun sait, en Inde et en Éthiopie :

« Le dragon a de la peine à s’élever à la hauteur de l’éléphant; en conséquence, […] il se jette sur lui du haut d’un arbre : l’éléphant sait qu’il n’est pas assez fort pour lutter contre les nœuds qui l’étreignent; aussi cherche-il à écraser son ennemi contre les arbres […] : le dragon prévoit le danger, et tout d’abord il lui enlace les jambes avec sa queue; l’éléphant défait les nœuds avec sa trompe; le dragon enfonce sa tête dans les narines de l’éléphant, et à la fois lui ferme la respiration et le blesse dans les parties les plus délicates.
Quand ils se rencontrent à l’improviste, le serpent se dresse et attaque son adversaire, principalement aux yeux; De là vient qu’on trouve souvent des éléphants aveugles, consumés par la faim et le chagrin. […]
On rapporte encore autrement ce combat : l’éléphant, dit-on, a le sang très froid, aussi est-ce surtout pendant les chaleurs que les serpents le convoitent; en conséquence, cachés dans les rivières, ils guettent l’éléphant qui vient boire; ils s’enlacent autour de sa trompe et le mordent à l’oreille, parce que c’est le seul endroit qu’il ne puisse défendre avec sa trompe; ils boivent tout son sang, tant ils sont énormes. L’éléphant, ainsi épuisé et mis à sec, tombe; le dragon enivré est écrasé, et meurt. »
(Traduction Ph. Remacle)

Les images de la semaine

Toutes les semaines, je poste sur les réseaux sociaux (Instagram et Facebook) des images qui me plaisent beaucoup sans mériter un vrai article sur le site. Alors je les rassemble pour une publication du week-end.

Voici celles de cette mi-avril :

– On dirait une île pour super-vilain, non ?

Vous êtes :
– un savant injustement controversé en quête d’un petit paradis où installer son laboratoire et les sympathiques créatures issues de ses expériences ?
Ou
– un dinosaure sur le retour en quête d’une contrée accueillante sans gorille géant ni aventurier sans scrupule ?
Ou encore
– le n°1 d’une organisation internationale clandestine cherchant juste à améliorer l’humanité en la débarrassant de ses éléments improductifs en quête d’un repaire où James Bond ne vous découvrira jamais ?
J’ai ce qu’il vous faut : Aoga-shima, une île volcanique japonaise, aussi magnifique qu’isolée dans l’archipel d’Izu.

Source photographique : whenonearth.net

– Femme sauvage :

Parmi les créatures étranges mystérieuses que rencontrent ceux qui voyagent au loin, il n’y a pas que les licornes, il y a aussi les… femmes sauvages et poilues.
Ci-dessous :
Jeune femme sauvage en compagnie d’une licorne.
Gravure pour une carte à jouer de Maître E. S. (nom de convention d’un graveur allemand anonyme connu uniquement par ses œuvres), vers 1460-1467, Staatliche Graphische Sammlung, Munich.

– Eve et Adam vus par l’Islam moghol

Ève et Adam n’appartiennent pas seulement aux traditions juives et chrétiennes. Ils sont aussi présents dans le Coran et donc représentés par les artistes musulmans et orientaux : icipeinture représentant Adam et Ève, réalisée par Manafi al-Hayawan, vers 1294-1299 à Maragh, en Iran moghol.

 

 

 

La déesse aux serpents

« Déesse aux serpents », datée de 1600 avant notre ère, trouvée à Cnossos et conservée au Musée archéologique d’Héraklion. © Jebulon

 

Voici la déesse aux serpents, une des plus célèbres statuettes de l’art minoen.

Elle a été retrouvée dans les ruines de Cnossos et restaurée par Arthur Evans, le premier archéologue à avoir redécouvert l’endroit. Mais Evans avait tendance à « réinventer » les objets qu’il trouvait et on se demande aujourd’hui si certaines parties ( dont la tête) voire l’objet entier ne sont pas des faux.

Reste que d’autres statuettes reprenant la même thématique ont été découvertes aussi depuis. Elles sont souvent interprétées comme des représentations d’une déesse-mère à la féminité à la fois sauvage et subversive. Base d’une religion matriarcale, elle aurait dominé un panthéon crétois constitué d’un jeune dieu et de divinités mineures liées à la nature : esprits de la végétation (griffons, animaux ailés), arbres ou monts sacrés.

Poulpe minoen

Bon, j’imagine bien que vous aurez la tête à autre chose ce week-end mais…

Le Minotaure n’est pas le seul monstre que va croiser le sénateur Alix dans son aventure crétoise. D’ailleurs, les habitants de Cnossos ou d’Héraklion n’avaient pas une fascination uniquement pour le taureau: ils ont aussi souvent représenté les créatures marines dans leur art. Beaucoup de leurs vases sont ornés de poulpes dont les tentacules permettent de nombreux effets graphiques.

Vase minoen orné d’un poulpe, réalisé vers 1500 avant notre ère, conservé au musée archéologique d’Héraklion en Crète.
© Wolfgang Sauber

Des palais labyrinthes

Qui dit minotaure dit labyrinthe. On a souvent assimilé à ce dernier les fameux « palais » crétois de Cnossos, Phaistos ou Malia.

Apparus vers 2000 avant notre ère, ces constructions sont aussi complexes que gigantesques. Elles comprennent des habitations, des ateliers, des entrepôts et des sanctuaires organisés autour d’une grande cour.

On a longtemps voulu y voir des résidences royales mais on ignore en fait quelle était leur fonction exacte : centre administratif, religieux, commercial ?

Aujourd’hui, on peut encore admirer certaines de leurs magnifiques fresques réalisées pour la plupart vers 1500 – 1400 avant notre ère, même si elles ont du être rénovées parfois de manière (trop) lourde par les premiers archéologues.

Alphabet humain médiéval

Traditionnellement, un livre d’heures médiéval est destiné à accompagner les prières de son propriétaire. Cependant, certains, peut-être moins pieux d’autres, ont voulu en faire des objets ludiques et plus propres à les amuser qu’à soutenir leur foi.

C’est le cas de Charles d’Angoulême – le père du roi François Ier. Son livre d’heures est rempli de scènes sans rapport avec la religion. Et quand bien même il en est question, le jeu n’est jamais bien loin.

Ainsi ce feuillet qui reprend le début d’une prière catholique à la Vierge « Ave Maria gracia ple[na] », « je vous salue Marie pleine de grâce ». C’est, vous le voyez, un alphabet humain dont on devait passer plus de temps à regarder les détails qu’à se concentrer sur leur sens global.

Le livre, réalisé vers 1475-1500, est actuellement conservé à la Bibliothèque Nationale de France.

Minotaure inspiration

Puisqu’Alix senator s’apprête à explorer « L’Antre du Minotaure » dès la semaine prochaine, j’ai envie de vous montrer quelques images qui m’ont inspiré ce nouvel album (ainsi que l’aventure vécue par le jeune Alix dans « L’Œil du Minotaure », la première partie de cette histoire sortie à l’automne dernier).

Copie romaine d’un original grec du Ve siècle avant notre ère. Musée archéologique national, Athènes.

Voici donc tout ce qui reste du combat de Thésée et du Minotaure qui ornait l’Acropole d’Athènes dans l’Antiquité. Pour une fois, le monstre a survécu au héros. C’est peut-être à cela qu’il doit son petit air mélancolique. On a bien du mal à voir en lui le dévoreur d’hommes terrifiant de la mythologie en tout cas.

Les images de la semaine

Je n’ai rien posté sur ce site cette semaine. J’ai eu le Covid à Angoulême et je m’en remets seulement. Mais j’ai fait tout de même quelques posts Facebook/Instagram.

Je vous en montre des résumés ci-dessous mais n’oubliez pas que vous pouvez me rejoindre directement sur mes pages sur les réseaux : tous mes posts sont lisibles par tous.

– Mâchoire de baleine photographiée par Eugène Trutat (1840-1910) et conservée au museum de Toulouse.

– Armure personnelle datant de la Première Guerre mondiale, avec capuchon en acier, gilet en plaques d’acier, gantelet-poignard en acier et paire de lunettes pare-éclats (avec de très minces fentes pour la vue).
Photo conservée par l’Imperial War Museum, Royaume-Uni.

– Minamoto no Raiko combattant un tsuchigumo, un esprit ayant pris la forme d’une araignée géante.

Détail d’un emaki, un rouleau japonais peint, du XVIe ou XVIIe siècle copiant une œuvre plus ancienne à l’auteur inconnu.

Les monstres marins, des dinosaures fossiles ?

 

Et si ce vase réalisé à Corinthe vers 550 avant notre ère était une des plus anciennes représentations de fossile de dinosaure connue ?

La scène supérieure représente Le héros Héraclès (Hercule) en train de sauver la princesse de Troie, Hésione, du Céto, un monstre marin venu la dévorer. Mais Céto n’est pas représenté sous la forme d’un serpent marin géant comme on s’y attendrait : il s’agit d’une tête blanche, avec de grandes dents, émergeant d’une falaise noire.

De quoi faire penser à une tête fossile de dinosaure à moitié enfouie dans la roche qui aurait pu beaucoup impressionner les anciens Grecs.

Cette hypothèse est confortée par le fait que la côte d’Asie Mineure, où était censée se trouver Troie, est effectivement constituée de couches sédimentaires riches en dépôts de fossiles qui apparaissent encore de nos jours au gré de l’érosion.

L’un d’eux a donc très bien pu donner naissance au mythe du combat d’Héraclès et du monstre marin, mais pour séduisante que soit cette idée, il ne faut pas oublier qu’elle restera sans doute toujours une hypothèse invérifiable.