Louise Michel

Demain 18 mars, nous commémorerons les 150 ans du début de la Commune de Paris. De très nombreuses femmes y participèrent. La plus connue reste toujours Louise Michel.

Louise Michel, photo prise à la prison des Chantiers de Versailles en 1871, Musée Carnavalet. Elle est ici désignée comme incendiaire et pas encore comme “pétroleuse”, nom que donneront leurs détracteurs aux Communardes.

Depuis 1871, Louise Michel est devenue une sorte de mythe: un idéal féminin radical pour la gauche et une furie hystérique et dénaturée pour la droite. Derrière ces légendes, se cache une personnalité aussi forte qu’iconoclaste.

Institutrice pendant le Second Empire, Louise Michel expérimenta de nouvelle méthodes pédagogiques tout en se proclamant républicaine et en fréquentant les cercles les plus actifs de l’opposition à l’empereur.

Durant la Commune, elle participa au Comité de vigilance des femmes de Montmartre et présida souvent les réunions du Club de la Révolution. Elle écrivit aussi des articles pour Le Cri du peuple, le journal de Jules Vallès et combattit même aux côtés du 61e bataillon de la Garde Nationale.

Arrêtée durant la Semaine sanglante, elle fut condamnée à la déportation et resta sept ans en Nouvelle-Calédonie. Elle y étudia les Kanaks en ethnographe. Elle traduisit leurs mythes et leurs poèmes. Pendant la révolte de 1878, elle n’hésita pas à choisir le parti des colonisés.

Libérée, elle commença à voyager en France et jusqu’en Algérie où elle tint de nombreux discours mettant en avant ses convictions féministes, anarchistes et anti-impérialistes. Elle les diffusa aussi par de nombreux romans, pièces de théâtre ou poèmes engagés.

Fdj : Marina Raskova et les sorcières de la nuit

Née le 28 mars 1912 d’une professeure et d’un chanteur d’opéra, Marina Raskova s’orienta vers une carrière de chimiste mais elle ne resta pas longtemps dans l’industrie soviétique. Ayant obtenu son brevet d’aviatrice, elle devint pilote d’essai en 1937 et entra au NKVD, l’ancêtre du KGB deux ans plus tard.

Entre temps, elle était devenue célèbre en survivant à un vol vers Komsomolsk qui s’était terminé en catastrophe : elle avait dû s’éjecter de son avion et, selon la légende, avait survécu dix jours dans la neige en mangeant seulement deux barres au chocolat.

Devenue à cette occasion une intime de Staline, elle forma à sa demande trois escadrons composés uniquement de femmes durant le Deuxième Guerre Mondiale. L’un d’eux, le 588e, servit à Stalingrad et devint fameux sous le surnom donné par les Allemands de « Sorcières de la nuit », à cause de ses attaques nocturnes.

Mais c’est aussi durant la bataille de Stalingrad que Marina Raskova trouva la mort le 4 janvier 1943 à seulement 30 ans : son avion heurta une falaise pendant une tempête de neige. Staline organisa des funérailles nationales à celle qui était devenue “une héroïne de l’Union soviétique” et fit placer ses cendres dans la nécropole du mur du Kremlin.

Marina Raskova en 1938, Photo de Aleksandr Gribovsky

Fdj : la comtesse de Castiglione

Virginia Oldoïni, contessa di Castiglione est née à Florence le 22 mars 1837. Elle a à peine 18 ans quand son cousin, le comte de Cavour, lui demande de séduire Napoléon III afin de lui faire soutenir l’unification de l’Italie alors en pleine gestation. Mariée et tout juste mère d’un petit garçon, elle accepte sans hésiter.

Elle rencontre l’empereur à un bal en janvier 1856 et lui plait immédiatement. Il faut dire qu’il a 30 ans de plus qu’elle et qu’elle est réputée être « la plus belle femme de son siècle ». Mais le double adultère fait scandale. Le comte de Castiglione, qu’elle a ruiné au passage, doit se séparer de son épouse. Elle reste seule à Paris jusqu’au 5 avril 1857.

Cette nuit-là, Napoléon III manque de se faire assassiner en sortant de chez elle par trois Italiens à la solde des républicains et révolutionnaires de leur pays. Soupçonnée à tort de complicité, Virginia est expulsée de France… où elle revient un mois plus tard.

Son influence a-t-elle été décisive ?

En tout cas, l’année suivante, en juillet 1858, a lieu l’entrevue secrète de Plombière entre l’empereur et le comte de Cavour. Elle aboutit à une alliance, définissant une stratégie pour que l’unité italienne voit le jour. En échange de l’aide de la France, le futur chef du gouvernement italien promet à Napoléon III la Savoie et la ville de Nice. Elles deviendront effectivement françaises deux ans plus tard.

La comtesse connaît ensuite un grand succès dans toutes les cours européennes. Mais elle ne supporte pas de vieillir et de voir sa beauté décliner. Elle s’enferme petit à petit dans son appartement. Elle en fait voiler les miroirs et ne sort plus qu’à la nuit tombée pour que les passants ne puissent pas voir « les ravages du temps » sur son visage.

Elle meurt finalement en 1899, âgée seulement de 62 ans. Elle qui fut une des femmes les plus aimées et les plus admirées de sa génération n’a plus alors pour seuls compagnons que ses chiens empaillés .

La comtesse photographiée par Pierre-Louis Pierson dans les années 1860.

Pétain et Hitler à Montoire

La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940 à Montoire.

Dans le discours radiodiffusé qui suivit l’entrevue, le maréchal affirma entrer de son plein gré, « dans l’honneur », « dans la voie de la collaboration. »

Au moins 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police française du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survécurent aux déportations dans les camps de concentration.

Sans compter toutes les autres victimes.

Pétain fut ensuite frappé d’indignité nationale par arrêt du 15 août 1945. Il fut condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort.
Sa peine fut commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle, alors chef du Gouvernement provisoire de la République française.

Rencontres Prix Bayeux des Correspondants de Guerre

Toutes cette semaine ont lieu dans la ville de Bayeux, les Rencontres Prix Bayeux des Correspondants de Guerre.

On peut les écouter évoquer les principaux théâtres de conflits d’aujourd’hui tels que l’Irak, la Libye, le Yemen ainsi que le difficile mais au combien nécessaire travail qu’ils y effectuent.

On peut aussi admirer leurs photos, carrefour de l’Art et de l’actualité parfois la plus dure dans plusieurs expositions comme celle consacrée à « Raconter la guerre » à l’Hotel du Doyen qui raconte l’évolution du métier de journaliste de guerre de celle de Crimée à nos jours.

Mais, ce soir, c’est à l’inauguration d’une autre exposition que je suis allée : celle dédiée à Shah Marai, le chef photographe de l’AFP à Kaboul qui a perdu la vie dans un double attentat à la bombe en avril dernier, au Musée Mémorial de la Bataille de Normandie. Ses clichés n’évoquent pas seulement la guerre et la dureté des temps mais aussi l’étrangeté au cœur du quotidien et parfois, sa simple beauté.

Pour tout savoir sur toutes les expositions, soirées … : Prix Bayeux des Correspondants de Guerre

Kiku no sekku, le festival des chrysanthèmes

Le neuvième jour du neuvième mois, on célèbre au Japon le festival des chrysanthèmes ou « fleurs d’or ».

Ces fleurs, tout comme la fête en leur honneur, sont originaires de Chine. Là-bas, le nombre 9 est particulièrement valorisé car 3 est le nombre porte-bonheur et, comme vous le savez, 3 X 3 = 9. Le neuvième jour du neuvième mois est donc une date particulièrement favorable.

Les chrysanthèmes arrivèrent au Japon au IVè siècle avant Jésus-Christ. Elles furent d’abord utilisées en médecine pour combattre fièvres et inflammations. Puis, on s’attacha de plus en plus à leur beauté. La famille impériale s’y intéressa et, au début du XIIIè siècle, l’empereur Go-Toba fit même du chrysanthème à seize pétales stylisé, le kikumon, son symbole. Il faut dire que le chrysanthème était alors un symbole solaire et que l’empereur était censé être un descendant direct de la déesse du soleil Amaterasu.

La culture de la fleur se développa ensuite sous l’ère Edo (1603-1868), à partir de Kyôto, la capitale impériale. Le festival lui-même fut célébré pour la première fois au XVIIè siècle. La cour commença alors à mettre en scène des expositions de chrysanthèmes le jour traditionnellement dédié à la célébration du Soleil, au début de la saison froide. La culture des chrysanthèmes devint un véritable passe-temps pour les aristocrates puis pour toutes les couches de la population.

Dans le dernier quart du XVIIIè siècle, le goût pour ces fleurs amena la création de « kiku ningyo », poupées chrysanthèmes, représentant des personnages traditionnels de taille réelle avec des habits de petites fleurs.

Aujourd’hui, on célèbre toujours le jour des fleurs d’or en en exposant partout sur les balcons et dans les lieux publics. On mange aussi des gâteaux de chrysanthème (une boulette faite de pétales mélangés à des fleurs de riz) et on boit de l’alcool de fleurs. On peut aussi poser un morceau de coton sur des chrysanthèmes la veille de la fête et, le lendemain matin, se laver avec ce coton mouillé de rosée. La fleur a toujours la réputation de prodiguer vigueur et longue vie à ceux qui la consomment.


– Carte postale de 1910 environ montrant des geishas à Osaka durant le festival des chrysanthèmes
– Chrysanthème, 2012, ©ZhuoYing