Née au Japon le 2 janvier 1903, l’année où Marie Curie remporta le prix Nobel de physique avec son mari et Antoine Becquerel, Kane Tanaka est à 117 ans l’actuelle doyenne de l’humanité enregistrée par le Guinness des records.
Elle s’est mariée en 1922 (!) et a eu quatre enfants avant d’en adopter un cinquième et vit actuellement en maison de retraite.
Sa longévité, pour être exceptionnelle, fait néanmoins écho à celle d’autres Japonais comme sa prédécesseuse : Chiyo Miyako, morte à l’âge de 117 ans et 81 jours. Il faudra néanmoins à Kane Tanaka patienter encore un peu avant de battre le record de Jeanne Calment : 122 ans et 164 jours.
Je lisais il y a quelques temps un (très bon) livre sur un peuple de l’Antiquité quand je me suis aperçue que sur ses 300 pages, il n’en consacrait que… 5 aux femmes, dans le chapitre « Vie privée ». Bon avant de s’énerver, il y a des raisons objectives expliquant cette sous-représentation, à commencer par l’absence relative des sources. On ne peut pas demander aux historiens d’inventer pour combler l’absence d’intérêt des Anciens pour la question féminine. Mais cela ne nous empêche pas aujourd’hui d’évoquer cette question car on sait quand même beaucoup de choses. Et dans ce cas précis, je suis sûre que l’historien aurait pu faire un peu plus d’efforts.
En tout cas, cela m’a donné envie de vous parler davantage des femmes du passé en me servant de mon petit éphéméride Facebook. Je compte donc essayer d’évoquer chaque jour (enfin presque) une femme ou un personnage féminin dont c’est l’anniversaire sur ce mur. Je vais essayer aussi de prendre les profils les plus variés possible : artistes, reines, scientifiques, criminelles, saintes, déesses, héroïnes romanesques, figures symboliques, femmes politiques, écrivaines, sportives… pour montrer toute la diversité des vies et des destins féminins. Bien sûr, il faudra faire des choix et il y aura forcément des oubliées. Ce sera aussi parfois très court, parfois très long… selon mes envies. Toutes ces femmes n’en sortiront pas obligatoirement grandies. Et, pour repousser un peu les limites de cet exercice (ne parler que des personnes célèbres, c’est ne pas parler de 99,99% des femmes), je compte bien en profiter pour évoquer un peu aussi de la société tournant autour de mes héroïnes.
Robe scintillante créée par Jeanne Lanvin en 1939
Pour commencer, voici Jeanne Lanvin (1er janvier 1867 – 6 juillet 1946), fondatrice de la plus vieille maison de couture encore en activité actuellement. Avec Gabrielle Chanel, Elsa Schiapelli ou Jeanne Paquin, elle fait partie d’une génération de femmes qui marque durablement la haute-couture française.
Née dans une famille de 11 enfants, elle doit commencer à travailler à 13 ans comme livreuse de chapeau pour une boutique du Faubourg-Saint-Honoré avant de devenir apprêteuse puis garnisseuse. Mais, dès 1885, elle a la chance de pouvoir ouvrir sa propre boutique grâce à une pièce d’or donnée par une cliente et un crédit accordé par ses futurs fournisseurs.
Une dizaine d’années plus tard, sa première collection de vêtements pour enfant inspirée par sa fille l’a fait remarquer de toute la critique. La légende dit que son goût pour la couture de vêtements lui vient de son regret de n’avoir jamais eu de poupée (et donc de ne jamais pouvoir les habiller) quand elle était petite. En tout cas, le succès est tel qu’elle peut lancer une collection « femme » en 1909.
Sa maison se développe ensuite dans toutes les directions dans les années 20. Elle se lance dans la décoration, les parfums, les vêtements pour homme… C’est son heure de gloire. Sa maison restera prospère ensuite jusqu’à sa mort en 1946 et même au-delà.
Détail amusant pour mes amis coloristes : Jeanne Lanvin crée elle-même plusieurs couleurs dont elle garde l’exclusivité en fondant ses propres ateliers de peinture en 1923 : le bleu Lanvin, le rose Polignac, le vert Vélasquez…
Portrait Jeanne Lanvin (1925), par Clémentine-Hélène Dufau, Paris, musée des arts décoratifs.
En cette période de solstice d’hiver, l’ambiance derrière la cathédrale me fait plus penser à Halloween qu’à Noël, surtout quand les boules de verre suspendues aux branches de l’arbre de la liberté illuminent les ténèbres nocturnes. J’ai alors l’impression qu’il y a des esprits prisonniers dans l’arbre.
Ça me rappelle l’origine des boules que nous suspendons à nos sapins de Noël.
Jusqu’au XIXe siècle, les sapins de Noël alsaciens étaient décorés de fleurs et de fruits.
Mais vers 1830, on commença à remplacer ces fruits en Allemagne par des boules en verre mercuré ou soufflé : les boules de sorcière. Elles avaient été créées au siècle précédent en Angleterre et étaient censées protéger les maisons des mauvais esprits, des sorcières…
Généralement en verre vert ou bleu, elles pouvaient faire jusqu’à une vingtaine de cm de diamètre et on les accrochait à la fenêtre ou… dans un arbre.
On pensait alors que leurs couleurs vives attiraient le mauvais œil et que leurs reflets le neutralisaient en le renvoyant vers la sorcière qui en était à l’origine. Si on avait de la chance, l’esprit de la jeteuse de sort pouvait même se retrouver piégé dans la boule. Le « pendre » était alors une protection contre toutes les autres créatures malfaisantes. Bref, on obtenait le même résultat qu’en pendant la sorcière elle-même, opération beaucoup plus délicate (et moins esthétique).
Progressivement, ces boules magiques devinrent des objets de décoration si bien qu’elles survécurent à l’arrêt des chasses aux sorcières. On commença à les accrocher aux sapins de Noël. Elle arrivèrent en France, selon la légende, en 1858, quand la sécheresse priva les Vosges et la Moselle de fruits.
Ou comment un baron de la drogue a introduit une nouvelle espèce animale en Colombie.
En faisant une petite recherche sur les hippopotames, je suis tombée ce matin sur cette curieuse histoire.
Si vous avez vu la série « Narco », vous savez qu’Escobar a fait aménager un zoo dans son hacienda colombienne dans les années 80. Il y a fait amener 4 hippopotames… pour que l’odeur de leurs excréments trompent le nez des chiens à la recherche de cocaïne. L’histoire ne dit pas si ça a marché. Mais en 1993, le trafiquant est abattu par la police et son zoo démantelé comme son cartel.
Ses complices sont envoyés en prison et ses animaux dans d’autres zoos colombiens. Mais personne ne veut des hippopotames. Trop lourds, trop couteux à déplacer et à nourrir, ils sont abandonnés à leur triste sort… Ils n’ont jamais connu la liberté et ne peuvent rejoindre aucun troupeau existant car il n’en existe tout simplement pas en Amérique du Sud. C’est seulement en Afrique qu’on trouve encore de nos jours des hippopotames vivants dans la nature.
Ceux d’Escobar se retrouvent donc seuls dans leur lac, artificiel mais proche du rio Nare. Loin de se laisser dépérir, ils profitent de leur toute nouvelle liberté pour partir à l’exploration de ce bras d’eau et finissent par s’y installer… et s’y reproduire. Après tout, le climat est tropical, la nourriture abondante et les prédateurs inexistants dans la région. Un vrai petit paradis.
De nos jours, on compte entre 60 et 80 individus. Ils sont devenus les mascottes du village voisin. Mais ils commencent aussi sérieusement à perturber l’environnement qui s’est moins bien adapté à leur présence que l’inverse, d’autant qu’ils continuent à étendre leur territoire aux dépens des espèces préexistantes.
Le mieux serait sans doute que ces animaux soient déplacés dans un parc créé spécialement pour eux. Mais inutile de dire que si le gouvernement colombien n’avait pas les moyens de s’occuper de 4 individus en 93, il les a encore moins de prendre en charge tout un troupeau aujourd’hui. Les hippopotames d’Escobar ne sont pas prêts de quitter de leur verte vallée.
Ci-dessous :
Vanessa, une femelle rejetée par le troupeau et recueillie dans l’ancienne hacienda d’Escobar transformée en parc national (avec l’ancienne maison du narco devenue le « Musée Escobar » !).
D’intenses inondations causent de nombreuses drames ces jours-ci dans le sud-est de la France. Hélas, de tels phénomènes sont loin d’être nouveaux, même si le bouleversement climatique ne fait rien pour les arranger.
Le 2 décembre 1959, ils furent même la cause d’une des pires tragédies civiles arrivées en France. Après une quinzaine de jours de pluies torrentielles, le barrage de de Malpasset qui alimentait en eau l’agglomération de Fréjus/St Raphaël, rompit brusquement. Les 50 millions de mètres cubes d’eau du lac de retenue s’échappèrent d’un coup et une onde de 40 à 50 mètres de haut s’abattit à plus de 70 km/h sur les quartiers ouest de Fréjus. Aucun système d’alarme n’existait à l’époque et les habitants n’eurent pas le temps de fuir. 423 perdirent la vie ce soir-là. Les dégâts matériels furent immenses.
Des années plus tard, la justice conclut à la non-responsabilité des constructeurs du barrage. Leurs assurances ne versèrent donc aucune indemnités aux victimes survivantes qui durent se débrouiller par leurs propres moyens ou faire appel à la générosité du public.
Il n’y a pas longtemps Denis, Fabrice et moi sommes allés voir l’exposition Norman Rockwell dans Le Mémorial de Caen. Jusqu’ici vous avez échappé aux statuts sur ce grand illustrateur américain, mais c’est fini, vous allez y avoir droit.
L’original de « Rosie the riveter », « Rosie la riveteuse » en français n’était pas exposé, pourtant c’est une des plus célèbres couvertures du Saturday Evening Post de Rockwell.
Elle fut publiée en mai 1943 et représente une héroïne de la culture pop de la Seconde Guerre Mondiale. Rosie était alors le symbole des femmes qui remplaçaient les hommes partis au front dans les usines américaines, spécialement les usines d’armement. Ici, la riveteuse piétine même « Mein kampf » le livre d’Hitler.
Plusieurs commentateurs en ont profité pour donner une signification quasi religieuse à son geste et l’ont rapprochée des vierges saintes piétinant le dragon/le mal. Il faut dire que, pour la position de la jeune femme, Rockwell s’est inspiré de celle du prophète Isaïe peint par Michel Ange dans la Sainte-Chapelle.
Mais d’autres interprétations ont vu le jour plus récemment. Rosie participe désormais à la réflexion sur le genre, dans la lignée des théories de Judith Butler (« Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité »).
Le 18 novembre 1985, apparaissait pour la première fois, « Calvin et Hobbes » un petit garçon et son tigre en peluche… enfin en peluche… habitant la banlieue d’une petite ville du Midwest.
La série de Bill Watterson connut un grand succès immédiat (et bien mérité) jusqu’à être publiée dans plus de 2400 journaux de par le monde. Elle se termina dix ans plus tard, au grand regret de ses fans dont je fais partie.
En novembre 1928, naissait officiellement la souris la plus célèbre du monde : Mickey, dans le court métrage animé : « Steamboat Willie ».
En fait, deux autres dessins animés avaient été réalisés auparavant avec Mickey mais celui-ci remporta un énorme succès public et marqua les esprits avec sa bande sonore, une pionnière du genre.
L’histoire est assez simple. Matelot sur le bateau à vapeur Willie, Mickey subit les foudres de son capitaine, Pat Hibulaire, et interprète la chanson « Turkey in the straw » avec Minnie et les animaux du bord.
Si on sait l’animation due à Ub Iwerks, les historiens hésitent toujours quant à l’identité du compositeur de la musique: Wilfred Jackson, Carl W. Stalling ou Bert Lewis qui travaillaient tous les trois dans le domaine à cette époque.
En tout cas, une chose est sûre : Mickey appartient à la Walt Disney Company et pour longtemps. « Steamboat Willie » aurait dû tomber dans le domaine public en 2003, mais une loi de 1998 repoussa de 75 à 99 ans l’échéance de la protection d’une œuvre créée en nom collectif d’entreprise.
On commémore aujourd’hui de bien tristes événements… Mais j’espère qu’il reste tout de même encore une place pour l’humour et la joie sur nos réseaux.
Le 13 novembre 1940, sortait en salle le “Fantasia” de Disney. Et je ne connais pas grand chose de plus réjouissant que sa “Danse des heures” illustrée par la performance des hippopotames et des crocodiles.
Il s’agissait à l’origine d’un ballet tiré de l’opéra “La Gioconda” d’Amilcare Ponchielli, réorchestré et dirigé par Leopold Stokowski à la tête de l’Orchestre de Philadelphie.
Né le 12 novembre 1840, le célèbre sculpteur Auguste Rodin réalisa vers 1882 cette statue d’ « Ugolin et ses enfants » toujours conservée aujourd’hui dans son musée.
« Ugolin » est inspiré d’Ugolin della Gherardesca, un noble du XIIIe siècle à la sinistre réputation de traître et même de cannibale.
Après avoir trahi plusieurs fois ses alliés pendant les guerres qui ravageaient la péninsule italienne, Ugolin parvint à prendre le pouvoir à Pise. Il le garda en terrorisant ses habitants et en exterminant de façon cruelle ceux qui lui résistaient. Heureusement, un complot mené par Ruggeri Ubaldini, l’archevêque de la ville, finit par avoir raison de lui.
Mais le religieux était au moins aussi cruel que son adversaire vaincu: il le fit enfermer dans une tour avec ses fils et ses petit-fils puis les laissa lentement mourir de faim. La légende dit qu’Ugolin aurait été le dernier à mourir après avoir dévoré les cadavres des siens.
Dante en fit plus tard un personnage de sa Divine Comédie : il le rencontre dans le neuvième et dernier cercle de l’Enfer. Là, pris jusqu’au cou dans les eaux gelées du fleuve Cocyte, Ugolin dévore pour l’éternité la tête de l’archevêque qui l’a condamné à mort.