Le tome 16 d’Alix senator est bouclé et doit être imprimé ces jours-ci mais je n’aurai l’album entre les mains sans doute qu’à la fin de l’été, peu de temps avant sa sortie le 27 août. Encore trois mois à attendre ! Être autrice demande toujours beaucoup de patience. En me disant cela hier, j’ai repensé à L’Allegoria della Pazienza peinte vers 1552 par Giorgio Vasari.
Vous la voyez ci-dessous à gauche. Dans un paysage glacé, une jeune femme grelotte de froid à côté d’une horloge à eau qui érode lentement une pierre. On imagine le temps que l’opération va prendre. La pierre est d’ailleurs marquée de l’inscription « diuturna tolerantia », « patience inébranlable ».
C’est une citation latine sortant sans doute du traité De Inventione de l’orateur stoïcien romain Cicéron pour qui la patience est une composante essentielle du courage. La jeune femme pourrait partir, rien ne la retient. Pourtant elle reste là, à attendre, malgré l’inconfort de sa situation. Patience vient d’ailleurs du latin « patientia » souffrance, endurance.
Dans une autre version de l’allégorie, celle conservée au palais Pitti (ci-dessus à droite) et qui a peut-être été peinte par le même Vasari en 1551, la Patience est enchaînée à la pierre et c’est sa chaîne que l’eau dissout très lentement. Ses mains ne sont pas entravées, elle pourrait peut-être se libérer des fers sans attendre. Pourtant, elle ne le fait pas. Elle choisit là encore d’attendre. La patience pour Vasari et ses modèles antiques est avant tout calme et maîtrise de soi, deux grandes qualités du sage.
(Pour mes amis amateurs de SF, en poussant l’idée stoïcienne de patience à son extrême, on arrive à l’épreuve du gom jabbar subie par Paul Atréide censée prouver son humanité.)