L’Infant Philippe Prosper

L’Infant Philippe Prosper par Diego Vélasquez (6 juin 1599 – 6 août 1660)

Ou le portrait mélancolique du prince Felipe Próspero José Francisco Domingo Ignacio Antonio Buenaventura Diego Miguel Luis Alfonso Isidro Ramón Víctor de Austria (oui, tout ça), le prince des Asturies, c’est-à-dire le premier fils du roi d’Espagne Philippe IV et de la reine Marianne d’Autriche.

Le garçonnet n’a que deux ans sur cette peinture de 1659. Vélasquez aurait pu le peindre majestueux comme il est convenu de représenter les princes de cette époque quel que soit leur âge. Il aurait pu aussi l’idéaliser, le rendre mignon comme on voudrait que soient tous les bambins. Mais il a écarté ces solutions convenues : le petit prince est bien pâle et on a déjà l’impression que toute la souffrance du monde s’est abattue sur ses épaules. De fait, il est de santé fragile et mourra deux ans plus tard, sans doute d’une crise d’épilepsie.

Ceux du dehors

Lovecraft avait raison : « Ceux du Dehors » sont parmi nous depuis longtemps.

Il les fait venir de Yuggoth (Pluton) dans sa nouvelle « Celui qui chuchotait dans les ténèbres » et les décrit ainsi : « Ce sont des créatures rosâtres d’environ cinq pieds de long ; leur corps crustacéen porte une paire de vastes nageoires dorsales ou d’ailes membraneuses, et plusieurs groupes de membres articulés ; une espèce d’ellipsoïde couvert d’une multitude de courtes antennes leur tient lieu de tête. »

Ci-dessous : Vase à étrier en terre cuite en provenance de l’île de Rhodes. Réalisé vers 1200–1100 av. J.-C. et conservé actuellement au Louvre.
Il représente officiellement un poulpe.

Cupidon se plaignant à Vénus

© Web Gallery of Art

Aaah… l’improbable chapeau en plumes d’autruche de Vénus ! Je crois qu’il suffirait à me faire aimer ce tableau conservé à la National Gallery de Londres.

Il s’agit de Cupidon se plaignant à Vénus de Lucas Cranach l’Ancien, enfin la première version de ce tableau, peinte vers 1526-27. L’auteur en fera en tout une vingtaine, preuve que c’est sans doute sa composition la plus aimée à son époque.

On y voit donc Vénus et Cupidon, les dieux romains de l’Amour. Le garçonnet tient un rayon de miel à la main et des abeilles le harcèlent pour le punir de son forfait. On y a souvent vu une allégorie de l’amour. C’est bon, mais ça pique aussi parfois.

Debout à côté de son fils, Vénus n’a pas l’air de compatir beaucoup. Telle une nouvelle Ève, elle minaude en s’accrochant à la branche d’un pommier. D’ailleurs, un serpent est gravé sur le cailloux sous son pied levé. Il rappelle le serpent de la Genèse mais aussi Lucas Cranach lui-même car il s’agit d’un serpent ailé avec un anneau dans la bouche, le symbole héraldique du peintre. C’est sa signature en quelque sorte.

Coatlicue

Pour changer des héros grecs et autres saintes médiévales que je vous montre le plus souvent, voici Coatlicue, la déesse de la Terre et de la fertilité aztèque ou plutôt un monolithe de 2,5 mètres (!) qui la représente.

© Luidger

Il est totalement symétrique : la tête de Coatlicue est faite de deux serpents affrontés. D’autres serpents lui font une jupe grouillante de vie. Elle porte au-dessus un collier de mains, de cœurs et de crânes humains. Vous l’avez compris: c’est autant une divinité de la mort que de la vie.

Découvert en 1790 sous la Plaza Mayor de Mexico, le monolithe fut exposé à l’université de la Nouvelle-Espagne. Mais les frères dominicains qui administraient l’endroit se rendirent vite compte que les descendants locaux des Aztèques lui portaient des colliers de fleurs et continuaient de l’adorer malgré leur conversion au catholicisme. Les religieux enterrèrent donc à nouveau la grande sculpture. À part une brève exhumation en 1803, elle dut attendre 1821 et l’indépendance du Mexique pour revoir la lumière du jour.
Elle est aujourd’hui exposée au musée national d’anthropologie de Mexico.

Hercule et la coupe flottante

Les aventures des héros grecs sont souvent épiques voire tragiques, mais elles recèlent aussi des épisodes comiques.

En guise de dixième travail, Heraclès/Hercule devait voler les troupeaux de Géryon, un terrible géant à triple corps qui vivait dans l’île d’Érythie, au-delà de ce qu’on appellera plus tard les colonnes d’Hercule justement. Mais comment atteindre ces contrées fantastiques ? Facile : il suffit de s’emparer de la coupe flottante qui servait chaque nuit au Soleil pour voguer d’ouest en est sur le fleuve Océan.

Aussitôt dit, aussitôt fait : sur l’image ci-dessous, le héros navigue sur les eaux tumultueuses de l’Atlantique dans… une énorme coupe à boire.

Kylix, céramique peinte à figures rouges, vers 480 avant notre ère, musée du Vatican.

Le Casque de Skanderberg

Mes amies autrices et auteurs d’héroïc fantasy craignent parfois d’aller trop loin quand ils conçoivent le design des armes de leurs héros. Pourtant, ils ont encore un peu de marge.

Ci-dessous, vous pouvez admirer le « casque de Skanderberg ». Fait de métal blanc et surmonté d’une tête de chèvre en bronze doré, il est sans doute fabriqué en Italie vers 1460. Mais il n’est mentionné dans les sources qu’à partir de la fin du siècle suivant quand il est acheté par l’héritier des Habsbourg, les souverains du Saint-Empire romain germanique.

© Jebulon

Le futur empereur Ferdinand II, alors simple archiduc autrichien, s’est dit en le voyant qu’il pouvait bien s’agir du couvre-chef de Skanderberg, un seigneur albanais célèbre en Europe centrale pour avoir longuement résisté aux Ottomans. Cette attribution, qui ne repose sur rien de concret, a finalement donné son nom au casque. On ne sait toujours pas aujourd’hui pour qui il a été fabriqué, mais il est devenu au fil du temps un des symboles les plus marquants de l’histoire albanaise.

Casque conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, Autriche.

© Sandstein

Fête des pères : Silène et Dionysos

Fils de Zeus, le roi des dieux grecs, et d’une mortelle, le jeune Dionysos, le futur dieu de l’ivresse et de tous ses excès, était menacé par Héra, l’épouse jalouse et délaissée de son père. Elle avait coutume de punir sauvagement toutes ses rivales ainsi que leur progéniture.

Pour protéger le bébé, Zeus le confia à Silène, un satyre, plus connu pour son goût de la musique et de la danse que pour son amour des enfants. Pourtant, Silène s’attacha au petit dieu et devint le modèle du père adoptif protecteur et aimant.

Plus tard, Silène et Dionysos restèrent inséparable : le satyre devenu la personnification de l’ivresse prit la tête du cortège divin. Vieillard burlesque et constamment ivre, il est aussi un personnage toujours de bonne humeur et bienveillant (ceci explique peut-être cela, vous me direz).

Ci-dessous : Silène avec Dionysos enfant. Marbre, copie romaine du milieu du IIe siècle ap. J.-C. d’un original grec (vers 300 av. J.-C.), conservée aux musées du Vatican (Museo Chiaramonti, Braccio Nuovo)

© Jastrow

Nefertari dans le métro

La grande épouse royale de Ramsès II dans le métro parisien, on aura tout vu ! Pourquoi pas un dieu à tête de faucon, aussi ?
Ci-dessous : extrait de « Nefertari », histoire courte réalisée par Raymond Poïvet (17 juin 1910 – 30 août 1999) et parue dans le n°23 de l’Echo des savanes, du deuxième trimestre 1976.

Le récit complet (11 pages) peut être lu ici : Raymond Poïvet sur BDZoom 2

Et la première partie de l’article pour (re)découvrir Poïvet : Raymond Poïvet sur BDZoom 1

 

De nouvelles cases d’Alix senator 12

De nouvelles cases du Disque d’Osiris, le tome 12 d’Alix senator, ça vous tente ?
Alors rien que pour vos yeux, voici l’île de Philae et le départ de nos héros pour la grande aventure.

À paraître le 22 septembre prochain aux éditions Casterman.
Avec Thierry Démarez au dessin, Jean-Jacques Chagnaud à la couleur, Jimmy Vanden Hautte et Clément Fourrey à l’éditorial.