Rhyton ?

© Jastrow

Rhyton attique à figures rouges en forme de tête de bélier, vers 470-460 av. J.-C. conservé au Petit Palais.

Un rhyton est un vase en terre cuite ou en métal avec un trou au fond, au centre de la bouche de l’animal.
On appuyait ses lèvres contre celle-ci pour boire (!) ou bien on se servait de cet artefact offrir des libations, le plus souvent de vin, aux dieux.
Ici la tête de bélier est le symbole de Dyonisos, la divinité de l’ivresse. Mais on trouve toutes sortes de têtes d’animal : taureau, âne…
Ces objets étaient très répandus de l’Italie à la Perse durant les deux millénaires avant Jésus-Christ.

Publié le Catégories Actualités générales, Arts et Lettres, Histoire, Histoire antique
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Étrange hydrie

Big brother version Grèce antique.

Hydrie du British Museum, fabriquée à Athènes vers 500 avant notre ère.
Une hydrie est un vase destiné à recueillir et servir de l’eau.

Elle représente deux sirènes confrontées avec de grands yeux sur leurs ailes. De même, au-dessus, le dieu du vin (!) Dionysos est représenté entre deux grands yeux.

Pourquoi tous ces yeux ?? Excellente question 🙂

La croix de Lothaire

La « Lotharkreuz » que je vous montre ci-dessous est une grande croix précieuse réalisée à la fin du Xe siècle de notre ère. Elle a été donnée par Otton III, roi de Francie orientale (Germanie) puis empereur, à la cathédrale d’Aix-la-Chapelle où il avait été couronné en 983.

© Sailko

Le principal ornement de la croix est caractéristique de l’idéologie impériale germanique de l’époque qui faisait d’Otton le successeur des empereurs romains : il s’agit d’un camée en sardonyx (mélange de sardoine et d’onyx) représentant l’empereur Auguste couronné de lauriers et tenant à la main un sceptre avec un aigle. Il date même du début du Ier s. de notre ère !

La croix elle-même, haute de 50 cm, sans compter son pied en argent du XIVe siècle, est faite de chêne recouvert de feuilles d’or et incrustée de 102 pierres semi-précieuses et 33 perles, parfois de réemploi comme le camée. Son revers est délicatement gravé d’une crucifixion et d’une main de Dieu.

L’objet tire son nom d’un sceau en quartz vert situé près de sa base qui porte le nom d’un certain « Lothaire », sans doute un roi du IXe siècle, de France ou de Lotharingie (royaume situé entre la France et la Germanie et qui finit par se faire avaler par eux).

Mithra et le dieu léontocéphale

Le mithriacisme était une religion à mystères d’origine perse qui se propagea dans l’Empire romain à partir du 1er siècle avant notre ère et attieignit son apogée durant le 3e siècle avant de disparaitre avec la montée du christianisme. Il était réservé aux hommes et attirait tout particulièrement les soldats.

Il faut dire que la principale image qu’il nous a laissée était particulièrement virile et violente : c’est le jeune dieu Mithra, un symbole solaire, en train d’égorger un taureau.

Mithra sacrifiant le Taureau (100-200 apr. J.-C.), collection Borghese, Galerie du Temps au Louvre-Lens. © Serge Ottaviani

À côté de lui, on trouve parfois des représentations d’un dieu léontocéphale, c’est-à-dire à tête de lion. C’est lui aussi une divinité cosmique, un dieu du Temps assimilé par les Romains à leur Chronos/Saturne. Il éclaire le monde de sa torche tout en étant debout sur le globe terrestre et entouré des six spires d’un serpent qui représentent le cours du soleil le long de l’écliptique, entre chaque solstice.

Sur la statue ci-dessous, quatre signes du zodiaques sont aussi sculptés sur le dieu. Le Bélier et la Balance sur sa poitrine et le Cancer et le Capricorne sur ses cuisses. Ce sont les signes qui marquent le début de chaque saison.

Le dieu a la gueule ouverte pour impressionner ses fidèles : comme le Temps, il dévore tout, il est le Vorace par excellence.

Léontocéphale provenant de la Villa Albani, 2e siècle de notre ère, Musées du Vatican, Rome. © Vassil

La mort de Tibère

Le 16 mars 37 de notre ère, l’empereur Tibère mourut à Misène en Campanie. Vivant depuis longtemps isolé dans l’île de Capri, il désirait rejoindre Rome pour y rendre son dernier soupir, mais il n’en eut pas le temps. Comme il était très impopulaire, le peuple se réjouit beaucoup de sa mort et surtout de l’avénement de son successeur, un tout jeune empereur qui promettait beaucoup : Caligula.

Beaucoup de rumeurs coururent à l’époque sur les raisons de la mort de Tibère et les historiens émirent ensuite des hypothèses encore plus nombreuses. Évidemment, l’empereur, âgé de 77 ans, est peut-être tout simplement mort de vieillesse ou de maladie. Mais un tel tyran méritait bien une fin un peu plus cruelle et romanesque.

Suétone raconte que Caligula le fit lentement empoisonner, voire le fit mourir de faim, à moins qu’il n’ait donné l’ordre de l’étouffer avec un coussin. Pour Dion Cassius, c’est le jeune homme lui-même qui étouffa son grand-oncle. Il faut dire que le vieillard avait fait mourir de faim la mère de Caligula et avait peut-être aussi trempé dans le décès prématuré de son père.

Jean-Paul Laurens nous montre ci-dessous encore une autre version de la mort de Tibère, celle de Tacite. Selon lui, c’est son préfet du prétoire, un certain Macron, qui l’aurait achevé dans son lit.

La Mort de Tibère, Paul Laurens, 1864, Musée Paul-Dupuy, Toulouse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Mort de Tibère, par Jean-Paul Laurens, 1864, musée Paukl-Dupuy, Toulouse.

César et Brutus dans le prochain Alix

Pour commémorer dignement les ides de mars, le 15 mars dans le calendrier romain, voici un nouvel extrait du prochain Alix que je scénarise avec César et Brutus en guest stars.
Vous retrouverez la totalité de leur rencontre dans L’Œil du Minotaure le 10 novembre prochain.

Un portrait du Fayoum

Voici un des fameux « portraits du Fayoum », ces portraits funéraires réalisés en Égypte entre le 1er et le 4e siècle de notre ère par des artistes anonymes. Beaucoup furent découverts dans la région du Fayoum, au centre du pays, mais on en a retrouvé partout en Égypte.

Portrait du IIe siècle de notre ère, conservé au Louvre © 2009 Musée du Louvre / Georges Poncet

Ces portraits étaient posés sur les bustes des momies des défunts qu’ils représentaient (d’où leur forme). Leur réalisme est le résultat des influences helléniques et romaines très prégnantes à cette époque à Alexandrie et dans les autres grandes cités du Nil. On devait pouvoir identifier le défunt, son sexe, son âge… En revanche, l’appartenance ethnique ne semble pas avoir été un enjeu. Que la jeune morte que je vous montre ait été longtemps surnommée “l’Européenne” en dit plus sur les attentes des archéologues qui l’ont découverte que sur son origine. Dans tous les cas, celle-ci est toujours beaucoup moins marquée que le statut social de la momie.

Ici, la jeune femme “au teint de roses” porte de riches vêtements jaunes et rouges ainsi que des bijoux de prix : une épingle à cheveux en or, des boucles d’oreille avec des perles, une broche avec une grosse émeraude, la pierre la plus recherchée de l’époque. De plus, une feuille d’or, symbole d’immortalité, recouvre son cou. Quelle que soit l’origine de sa famille, elle était donc très riche et soucieuse de le montrer, même dans l’Au-delà.

Arès Borghèse

En l’honneur du mois de mars qui commence, voici une statue du dieu de la guerre… enfin sans doute… peut-être… ou pas…

Ce jeune homme casqué et sans doute armé à l’origine est officiellement nommé « Arès Borghèse ». Borghèse, car le prince Camille Borghèse l’a vendu à Napoléon Ier et Arès, car il s’agit d’une copie romaine d’une statue grecque qu’on pensait être l’équivalent grec du Mars romain au XIXe siècle. En fait, rien n’est moins sûr.

Ses ornements sont très inhabituels. Son casque est orné de lévriers et de griffons et, surtout, il porte un bracelet de cheville, une coquetterie rarement associée à la guerre.
Alors, les historiens ont multiplié les interprétations : le bracelet est une entrave et il représente la Paix chargé de retenir la Guerre ou bien le bracelet est une entrave et c’est un souvenir de la mésaventure du dieu, surpris dans la lit de Vénus par Vulcain, l’époux de celle-ci.

Bref, chacun a son hypothèse et son explication. Je vous laisse trouver la vôtre.

[PODCAST] Les Enquêtes du Louvre – Les Taureaux ailés de Khorsabad

Amis amateurs d’art (et de malédiction) antique, pour tout savoir sur la mystérieuse Khorsabad, où Alix Senator a vécu sa dernière aventure, retrouvez-moi sur ce réjouissant podcast réalisé par Martin Quenehen, avec Ariane Thomas, directrice du département des Antiquités orientales du Musée du Louvre, Michael Rakowitz, artiste et Lionel Marti, archéologue et assyriologue au Collège de France.

“Dans la cour Khorsabad, deux gigantesques taureaux ailés à tête d’homme nous observent. Sculptés il y a près de trois mille ans, ils ont quelque chose de tranquille et même de bienveillant. Ils sont cependant porteurs d’une terrible malédiction. Une malédiction qui a frappé les ennemis du roi assyrien Sargon II, leur « maître », mais qui lui a peut-être aussi coûté la vie.”

Sarcophage d’Osiris

Statue de basalte d’Osiris momifié fécondant Isis transformée en oiseau, exposition temporaire de l’Institut du monde arabe, 2015.

Après avoir assassiné Osiris, son frère Seth dépeça son corps et le découpa en quatorze morceaux qu’il dispersa dans toute l’Égypte.
Heureusement, Isis, la sœur-épouse d’Osiris, parvint à retrouver tous les morceaux à l’exception du pénis divin que des poissons avaient mangé (!). Elle reconstitua donc le corps d’Osiris et lui modela un nouveau sexe artificiel. Puis, grâce à sa magie, elle insuffla à nouveau la vie au dieu et se transforma en oiseau pour s’unir à lui. De là naquit Horus, le dieu à tête de faucon.
Osiris, ranimé, ne revint pas sur terre. Il devint le roi du royaume des morts et laissa son fils le venger et devenir le dieu-souverain de l’Égypte.