Statue de Néron enfant réalisée vers 50 après J.-C. et conservée au Louvre.
Néron est né en 37. En 50, il est adopté par l’empereur Claude, remarié depuis deux ans avec sa mère, Agrippine la Jeune.
Néron est ici représenté en taille réelle ou proche (1,38 m). Il porte encore la toge prétexte des enfants libres ainsi que la bulla, un pendentif rempli d’amulettes protectrices.
Sinon, ah oui, Néron est mort le 9 juin 68, c’est pour ça que je vous montre cette statue aujourd’hui.
Depuis le début du mois, vous pouvez retrouver en librairie le Tezucomi 2 aux Éditions Delcourt-Tonkam. J’y ai participé avec une histoire courte dessinée par mon ami (et néanmoins talentueux auteur) Brice Cossu.
Tous les deux, nous avons eu le grand plaisir de rendre hommage à un des maîtres incontestés de la Bande Dessinée mondiale : Osamu Tezuka. Nous avons imaginé une variation SF du début de La Vie de Bouddha en essayant de renouveler le mythe japonais du Lapin de la Lune.
Nous sommes en bonne compagnie dans ce volume puisque vous y trouverez aussi :
– Bokutengou qui reprend Vampires
– Ishida Atsuko qui reprend Nanairo inko
– Tokimaru Yoshihisa qui reprend Black Jack
– Buredo qui reprend Princesse Saphir
– Mathieu Bablet qui reprend Metropolis
– Luis Nct qui reprend Le Chant d’Apollon
– Kenny Ruiz qui reprend La Légende de Songoku
– MIG qui reprend Unico
Il n’y a pas que les chatons qui sont mignons, les canards aussi…
Boîte à fard en forme de canard réalisée en ivoire d’hippopotame au XIIIe siècle av. J.-C. et conservée au Musée du Louvre.
Elle provient du site de Mahadou, une ancienne cité portuaire du royaume d’Ougarit aujourd’hui appelée Minet el-Beida et située en Syrie.
Si vous me suivez depuis un petit temps, vous savez que j’ai un faible pour les très riches Heures du duc de Berry, un livre liturgique copié et illustré au XVe siècle.
Les très riches Heures sont célèbres pour la centaine de miniatures que renferment leurs feuillets. J’ai déjà parlé ici de celles illustrant le calendrier mais, ce soir, je vous en propose une autre inspirée de la Genèse, le premier livre de la Bible : « Le Paradis terrestre ».
En une seule image toute ronde, le peintre Jean de Limbourg réussit à rassembler les quatre scènes-clés du récit biblique. Elles se déroulent toutes au paradis terrestre et se suivent de gauche à droite dans l’ordre chronologique de l’histoire:
– le serpent, un démon pourvu d’un buste de femme ! tend le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal à Ève, la première femme, alors que Dieu a formellement interdit à celle-ci d’y toucher.
– Ève donne ce fruit à Adam, le premier homme. On ne le voit pas ensuite mais ils vont tous les deux y goûter et se rendre alors compte qu’ils sont nus.
– Malheureusement pour eux, Dieu choisit ce moment pour venir les voir. C’est lui le vieillard avec l’auréole dorée qu’on voit dans la troisième scène devant Adam et Ève. Honteux de leur nudité, ceux-ci cachent leur sexe avec leur main. À ce geste, Dieu comprend qu’ils lui ont désobéi et ont mangé le fruit défendu. Il décide de les punir.
– Ève et Adam sont chassés du paradis par un ange. Dieu leur refuse dorénavant de pouvoir goûter aux fruits de l’arbre de vie, un autre arbre extraordinaire qui permettait de vivre éternellement. On ne le voit pas ici. Par contre, le grand dais gothique au centre de l’image représente un autre symbole d’immortalité : une fontaine de jouvence, une eau censée pouvoir rajeunir ceux qui la boivent ou qui s’y baignent.
Et la punition ne s’arrête pas là. Dorénavant, Adam devra travailler la terre pour en arracher sa nourriture et Ève, à l’origine de leur faute commune, devra lui obéir en toute chose et enfanter la nouvelle humanité dans la douleur. (Bref, un récit qui nourrit des siècles d’inégalité des sexes, voire de franche misogynie, mais ça, c’est une autre histoire).
Dans les très riches Heures, vous pouvez découvrir aussi :
Homère raconte dans l’Iliade que l’ingénieux Ulysse – mon héros préféré de tous les temps et de toutes les galaxies – portait un casque en défenses de sanglier. Petite, j’imaginais le roi d’Ithaque avec un tête de sanglier squelette sur la tête dont les défenses se projetaient crânement vers l’avant.
Aujourd’hui, je comprends mieux ce que voulait dire le poète. C’est moins gothique mais tout aussi étonnant.
Ci-dessous : casque en défense de sanglier trouvé à Knossos, en Crète. Fabriqué entre – 1450 et – 1400. Conservé au Musée archéologique d’Héraklion.
Le 25 mai 1720, le Grand-Saint-Antoine, un navire de commerce revenant de Syrie, arrivait au port de Marseille. Hélas, il ne ramenait pas seulement une cargaison d’étoffes précieuses valant plus de 100 000 écus. Il apportait avec lui une des maladies les plus meurtrières de l’Histoire : la peste.
Illustration tirée du Guide sanitaire des gouvernemens européens, ou Nouvelles recherches sur la fièvre jaune et le choléra-morbus : maladies qui doivent être considérées aujourd’hui comme identiques… par Louis-Joseph-Marie Robert, 1826.
La peste était bien connue depuis la grande épidémie de 1347 qui avait coûté la vie à un tiers de la population de l’Europe. Les navires commerçant avec le Levant étaient donc censés respecter d’importantes règles sanitaires pour empêcher une nouvelle propagation en Occident. Mais, en 1720, à Marseille, ces mesures de sauvegarde ne furent pas respectées.
Ainsi, tous savaient sur le Grand-Saint-Antoine qu’ils ramenaient le mal avec eux. Plusieurs passagers étaient déjà morts en mer lorsque le bateau accosta à Livourne à Italie. Là, le médecin du port lui en refusa l’entrée, mais il accorda pourtant au capitaine un certificat affirmant que les décès étaient dus à la fièvre et non à la peste. Muni de ces précieux papiers, le navire put donc se présenter à Marseille. Comme plusieurs personnes étaient mortes à bord, il dut mouiller un peu à l’écart. Mais, dès le 3 juin, les ballots d’étoffe furent débarqués, sans doute sous la pression des commanditaires de l’expédition. On pense ainsi que Jean-Baptiste Estelle, premier échevin de Marseille, tenait à vendre sa part des marchandises à la foire de Beaucaire qui se tenait à ce moment-là.
En tout cas, ce fut le début de la contamination de la ville : le premier cas de peste fut déclaré le 20 juin. Mais l’annonce officielle de la maladie par les autorités n’eut lieu que plus d’un mois plus tard, le 31 juillet, alors qu’elle s’était déjà fortement répandue. Une partie de la population s’enfuit alors de la cité répandant l’épidémie dans toute la Provence. Plus de la moitié de la population de Toulon en fut victime par exemple. Pendant ce temps, à Marseille même, plus de 1 000 personnes moururent tous les jours de septembre.
À la fin de ce mois, le Grand-Saint-Antoine et sa cargaison furent enfin brûlés tandis qu’on commençait à établir des lignes sanitaires autour des zones contaminées. Il était interdit d’y entrer et d’en sortir, sauf à présenter des « billets de santé » en règle.
La contagion fut ralentie par l’hiver et les mesures de désinfection commencèrent : on brûla vêtements et mobilier, on nettoya les rues, on fit des fumigations dans les maisons pour, pensait-on, purifier l’air. On finit aussi d’exterminer tous les animaux qu’on pensait vecteurs de la maladie comme les chiens.
Au printemps, les mesures de d’isolement s’amplifièrent : les cordons sanitaires furent élargis et on construisit le fameux « mur de la peste » de Monieux à Cabrière, relayé dans la plaine par un large fossé ou d’imposantes barrières jusqu’à la Durance. Grâce à ces mesures, la peste ne se répandit finalement pas ailleurs en France et elle finit par disparaître à la fin de 1722. En 1723, le port de Marseille put même ouvrir à nouveau.
Au total, cette peste due à un non-respect des règles sanitaires pour des raisons sans doute économiques put finalement être contenue. Mais ce ne fut qu’au prix de trop nombreuses victimes : on décompte entre 90 000 et 120 000 morts en Provence sur seulement 400 000 habitants environ.
Rhyton attique à figures rouges en forme de tête de bélier, vers 470-460 av. J.-C. conservé au Petit Palais.
Un rhyton est un vase en terre cuite ou en métal avec un trou au fond, au centre de la bouche de l’animal.
On appuyait ses lèvres contre celle-ci pour boire (!) ou bien on se servait de cet artefact offrir des libations, le plus souvent de vin, aux dieux.
Ici la tête de bélier est le symbole de Dyonisos, la divinité de l’ivresse. Mais on trouve toutes sortes de têtes d’animal : taureau, âne…
Ces objets étaient très répandus de l’Italie à la Perse durant les deux millénaires avant Jésus-Christ.
Image tirée du Beatus de l’Escorial, un manuscrit composé vers l’an 1000 en Espagne. Il reprend le commentaire de l’Apocalypse du moine Beatus de Liébana.
Ici on a l’illustration du chapitre 13, 1-4, de l’Apocalypse sur l’adoration de la Bête et du Dragon :
« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème.
La bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité.
Et je vis l’une de ses têtes comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l’admiration derrière la bête.
Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête ; ils adorèrent la bête, en disant : Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? »
Milon est un athlète qui vécu à Crotone (en Grèce) au VIe siècle avant notre ère. Il remporta de très nombreuses victoires dans les concours de lutte des Jeux panhelléniques au point de devenir le symbole de la force brute et le sujet de nombreuses anecdotes légendaires. Plusieurs me font beaucoup penser à Obélix.
Ainsi, lors d’un banquet réunissant les disciples de Pythagore, le plafond manqua de s’effondrer, mais Milon réussit à le soutenir à lui tout seul, le temps que la salle soit évacuée. À croire qu’il était tombé lui aussi dans la potion magique quand il était petit.
Une autre fois, faute de sanglier, Milon marcha la longueur d’un stade (200 mètres environ) avec un taureau sur le dos. Puis, il l’assomma à coups de poings et le mangea tout entier dans les heures qui suivirent.
Milon de Crotone, sculpture réalisée entre 1671 et 1682 par Pierre Puget, Musée du Louvre.
Hélas, toujours selon la légende, Milon eut une fin particulièrement tragique. C’est elle que représente la statue de Pierre Puget que je vous montre ci-dessus. Milon voyageait en Italie quand il vit au bord de la route un vieux chêne à l’écorce fendue. Il glissa sa main dans l’ouverture pour casser l’arbre en deux. Mais la fente se referma sur sa main et il fut incapable de l’en sortir… même quand il fut attaqué par une meute de loups qui le dévorèrent vivant. Puget a remplacé ces loups par un lion pour donner un aspect plus héroïque à son œuvre.
En réalité, il semble bien que Milon soit mort dans sa maison mais d’une manière tout aussi douloureuse : il aurait succombé à un incendie criminel pendant une guerre civile qui mit à mal sa cité.
Comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de montrer un visage pour transmettre sentiments et émotions :
Pleurant du tombeau de Jean sans Peur, duc de Bourgogne et de son épouse Marguerite de Bavière par Jean de la Huerta (1413 – vers 1462), Musée des beaux-arts de Dijon