Petite histoire du 8 mars

Je n’allais pas laisser passer le 8 mars sans évoquer la Journée internationale de lutte pour les Droits des femmes.

Nous la devons à Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï, toutes deux politiques communistes et, bien sûr, très engagées pour l’émancipation des femmes. Elles proposent la création de la journée des droits dès 1910 pendant la Première conférence internationale des femmes socialistes et l’inscrivent alors dans une perspective révolutionnaire.

Sept ans plus, le 8 mars, des ouvrières manifestent à St Péterbourg pour réclamer du pain et le retour des soldats de la guerre. C’est le début de la Révolution de février.
Pour commémorer l’action de ces manifestantes, Lénine décrète dès 1921 que le 8 mars sera la journée des femmes.

Après la seconde guerre mondiale, l’idée se répand ailleurs dans le monde. En 1957, New York adopte aussi la journée internationale des femmes.Ce sera le cas de l’ONU en 1977, puis de la France en 1982, un an après l’arrivée du PS au pouvoir.

De révolutionnaire, le 8 mars est devenu plus féministe aujourd’hui.

On peut trouver bien des défauts à cette journée notamment l’usage marketing et publicitaire qui en est fait, pourtant, comme le rappelait il y a deux ans le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes sur Twitter : « Le 8 mars, ce n’est pas un jour en l’honneur des femmes, un hommage à la beauté des femmes, c’est une journée pour rappeler le chemin qu’il reste à parcourir »

 

 

Caesar, l’ancêtre de Milou

En faisant de petites recherches sur Jules César sur des pages en anglais – oui, chacune ses vices -, je suis tombée, tenez-vous bien… sur un ancêtre de mon fidèle Milou. Il s’appelait « Caesar » lui aussi et appartenait, non à la famille impériale romaine, mais à celle des rois d’Angleterre.

C’est l’historien des animaux – et des couleurs – Michel Pastoureau qui en parle : Caesar, le fox-terrier à poil dur blanc du roi Édouard VII, l’arrière-grand père de la reine Élizabeth II pour ceux qui regardent The Crown comme moi, aurait peut-être inspiré Hergé.

Mais qui était vraiment Caesar ? Wikipédia  – oui, il a sa page, comme tous les habitants successifs de Buckingham Palace –  nous apprend que Caesar est né en 1898 de Cackler of Notts et qu’il fut offert par lord Dudley au roi en 1902. Son prédécesseur, Jack, venait tout juste de s’étouffer avec de la nourriture. Oui, c’est dur dur d’être chien royal.

Caesar disposait d’ailleurs de son propre valet de pied et pouvait dormir sur un fauteuil près du lit du roi. Celui-ci lui passait tous ses caprices. Il lui pardonna même d’avoir tué les lapins des filles de lord Redesdale.

Après la mort d’Edouard VII en 1910, Caesar fut inconsolable jusqu’à ce que la reine Alexandra lui donne ses friandises favorites. Rasséréné, il participa au cortège funèbre directement derrière le cercueil du souverain au grand dam du nouveau roi George V et du kaiser Guillaume II qui n’avaient pas l’habitude marcher derrière qui que ce soit… Ce fut l’heure de gloire de Caesar.

Caesar survécut encore quatre ans à son maître. Il resta dans la maisonnée royale jusqu’à ce qu’une opération l’emporte en avril 1914. Heureusement, Milou est éternel, lui.

Irena Sendler, Juste parmi les nations

Née le 15 février 1910 à Varsovie, Irena Krzyżanowska, est la fille unique d’un médecin catholique tourné vers l’action sociale. Hélas, il meurt lors d’une épidémie de typhus alors que sa fille va sur ses 7 ans. Celle-ci est élevée près de l’importante communauté juive d’Otwock, une banlieue-station thermale, et apprend le yiddish.

Elle poursuit une bonne scolarité et commence des études de droit puis de philologie à la faculté de Varsovie. Elle s’y oppose au système des « bancs ghetto » qui oblige les étudiants juifs à ne s’asseoir que sur les bancs qui leur sont réservés. Devenue la cible du Camp national-radical, un mouvement d’extrême droite inspiré par le fascisme italien, c’est finalement elle qui se retrouve suspendue de l’université pour 3 ans.

Pendant l’occupation allemande, Irena qui s’est mariée entre temps avec Mieczyław Sendler, travaille au service d’aide sociale de la mairie de Varsovie. En novembre 1940, alors que les Allemands enferment la population juive dans le ghetto, elle obtient, avec une dizaine d’amis, le droit d’entrer et de sortir librement du quartier. Immédiatement, elle commence à en faire sortir clandestinement des enfants par un trou dans le mur, cachés dans une ambulance, sous des ordures, dans des paquets… Malgré les déportations de masse qui commencent en 1942, Irena continue d’opérer jusqu’à son arrestation par la Gestapo en 1943, quelques mois après l’insurrection et la liquidation du ghetto par les nazis. Avec son réseau, elle a finalement sauvé près de 2 500 enfants placés dans des familles chrétiennes complices.

En octobre 1943, Irena est à son tour emprisonnée et torturée. Ses pieds et ses jambes sont brisés. Elle en gardera des séquelles toute sa vie, mais elle ne trahit pas son réseau. Condamnée à mort, un gardien de prison soudoyé par des complices résistants l’aide finalement à s’échapper le jour de son exécution. Elle reste ensuite cachée sous un faux nom à Varsovie où elle travaille comme infirmière.

En 1945, l’Armée Rouge entre dans la ville dévastée mais ce n’est pas la fin des ennuis d’Irena. En 1948-49, elle est emprisonnée par la police secrète communiste pour ses liens anciens avec l’Armia Krajowa, un réseau de résistants polonais proche du gouvernement en exil qui s’oppose à Staline et refuse de reconnaître le régime que celui-ci a installé en Pologne. Brutalisée à nouveau, Irena accouche d’un enfant prématuré qui ne survit pas.

En 1965, alors qu’Israël la reconnaît comme Juste parmi les nations, les autorités polonaises l’empêchent d’aller recevoir son prix. Elle ne le fera qu’en 1983. La reconnaissance internationale vient progressivement ensuite. En 2007, un an avant sa mort, elle figure même parmi les nommés au Prix Nobel de la Paix.

Irena Sendler en mai 2007 ©L’Obs

Griselda Blanco, la Reine de la coca

La série « Narcos » et Pablo Escobar vous ont tenus en haleine ? Alors vous allez adorer la mentor du fameux trafiquant de drogue, j’ai nommé Griselda Blanco, « La Reine de la coca », la « Madrina », la « Veuve noire »… La pionnière toutes catégories du trafic de cocaïne et du crime organisé à grande échelle.

Née le 15 février 1943 en Colombie, elle s’installe avec sa mère à Medellin dès 1946. Un de ses anciens petits amis racontera plus tard, qu’elle a commencé sa carrière à 11 ans en enlevant et tuant l’enfant de voisins. Mais le cœur de son activité est alors le pickpocket, puis, quand elle atteint 14 ans, la prostitution.

Pendant les années 70-80, elle se marie 3 fois et a 4 fils de ses compagnons. Avec le deuxième, Alberto Bravo, elle émigre à New York où ils développent le trafic de cocaïne. Griselda a découvert sa vocation. Mais, en 1975, elle se fait inculper avec 30 de ses hommes : c’est alors la plus grosse affaire de trafic de cocaïne de l’Histoire américaine. La police ne parvient pourtant pas à l’arrêter à temps : elle repart pour la Colombie, avant de revenir habiter à Miami quelques années plus tard.

Pour installer son commerce, elle a recours aux meurtres de masse et déclenche les « Cocaïne Cowboy Wars » qui vont ensanglanter la Floride pendant les années qui suivent. Cela marche : Griselda va progressivement éliminer les réseaux qui préexistaient à son arrivée. Elle parvient même à élargir sa clientèle à l’ensemble des États-Unis. À cette époque, elle fait venir une tonne et demi de drogue par mois pour un bénéfice d’environ 80 millions de dollars. Mais la médaille a son revers : elle manque de se faire assassiner plusieurs fois à son tour.

Elle va donc s’installer dans un endroit plus tranquille où on ne la connaît pas encore : la Californie. Finalement, ce ne sont pas d’autres trafiquants qui l’arrêtent mais la DEA, la Drug Enforcement Administration. Sa fortune personnelle est alors estimée à 2 000 000 000 $. Pourtant, elle échoue à prendre la fuite cette fois. Elle est condamnée à 60 ans de prison pour trafic de drogue et meurtres. On lui en attribue plus de 200, dont ceux des pères de ses fils. Pour l’anecdote, l’un d’eux, Darío Sepúlveda, l’avait quittée en 1983 en enlevant leur petit Michael Corleone (!). Elle le fit tuer avec ses frères et récupéra son fils. Il est d’ailleurs arrêté à son tour pour trafic de cocaïne en 2012.

Enfermée, en prison de 1985 à son expulsion des États-Unis en 2004, Griselda Blanco continue à gérer ses affaires depuis sa cellule. Elle tente même, mais en vain, de faire enlever le fils de John et Jackie Kennedy. Elle retourne ensuite en Colombie mais rien n’est plus pareil. Ses trois premiers fils que les Américains avaient expulsés dans les années 90, ont été assassinés dès qu’ils ont posé le pied dans le pays.

Griselda elle-même est tuée de deux balles dans la tête à Medellin par des tueurs à moto en septembre 2012. Elle aura quand même survécu presque vingt ans à Pablo Escobar.

Juanita Cruz

Il y a longtemps que je ne vous avais pas présenté une personnalité féminine sujette à caution… Alors voici Junita Cruz.

Née le 12 février 1917 à Madrid, elle est la première torera à participer à des corridas au même titre que ses collègues masculins.

D’opinion républicaine, elle doit s’exiler en Amérique du Sud en 1936, au début de la guerre civile espagnole. Elle reçoit donc l’alternative, la cérémonie durant laquelle le novillero (jeune matador) acquiert le grade de matador de toros, pendant une corrida au Mexique en 1940. Mais sa carrière s’arrête dès 1944 : le 12 novembre, elle est gravement blessée par un taureau à Bogota.

Au cours de ces quelques années, elle torée tout de même dans plus de 700 corridas.

Il était une fois… Sharon Tate

Si dans Once upon a time… in Hollywood, Rick Dalton et Cliff Booth, alias Leonardo Di Caprio et Brad Pitt, sauvent Sharon Tate et ses amis de la fureur de la famille Manson, il n’en a pas été de même dans la réalité. La jeune femme, enceinte de 8 mois, a été sauvagement assassinée en août 1969 dans sa maison de Cielo Drive.
Mais qui était Sharon Tate ? Et que s’est-il passé exactement ?

Sharon Tate naît en janvier 1943 à Dallas. Son enfance est heureuse même si elle voyage beaucoup, au gré des différentes affectations de son père, sergent dans l’armée américaine. Elle se fait alors déjà remarquer par sa beauté et gagne de nombreux concours, encouragée par sa mère et sa grand-mère.

Dès le début des années 60, elle fait de petites apparitions dans des émissions de télévision et des films. En 1963, elle commence à se faire vraiment remarquer dans The Beverly Hillbillies, une sitcom racontant les aventures d’une famille de paysans de l’Arkansas devenue millionnaire par hasard et venue s’installer à Los Angeles. Sharon Tate y participe pendant deux ans avant de se tourner définitivement vers le cinéma.

En 1967, elle joue dans La Vallée des poupées qui raconte les vies de plusieurs jeunes femmes qui se brûlent les ailes en voulant devenir des stars. Sharon Tate y gagne une nomination aux Golden Globes. Sa carrière s’envole. La même année, elle tourne aussi Le Bal des vampires, une parodie de film d’horreur réalisée par le jeune Roman Polanski qui n’est alors qu’un jeune cinéaste prometteur, bien loin des agressions qu’on lui reproche aujourd’hui. Bientôt ils se rapprochent et se marient en 1968 à Londres.

Puis, ils retournent à Los Angeles où Polanski commence à tourner Rosemary’s baby, l’histoire paranoïaque d’une jeune femme enceinte du diable. Quelques mois plus tard, Sharon Tate découvre qu’elle-même attend un enfant. Le couple décide alors de s’installer dans une maison plus familiale sur Cielo Drive.

Sharon Tate et Roman Polanski le jour de leur mariage, le 20 janvier 1968. © Rex Features/REX/SIPA

À l’été 1969, Polanski a dû retourner à Londres pour un nouveau tournage et Sharon attend avec impatience sa délivrance. Le 9 août, elle passe la soirée avec des amis : le coiffeur des stars Jay Sebring, le producteur Wojciech Frykowski et sa fiancée Abigail Folger, héritière d’une compagnie de café.

Hélas, ce soir-là, Charles « Tex » Watson, Patricia Krenwinkel et Susan Atkins, trois jeunes gens appartenant à une communauté hippie dirigée par un certain Charles Manson, ont décidé d’en finir avec l’ancien occupant de la maison, un producteur de musique qui a osé refuser de signer leur gourou sur son label. Ils ignorent qu’il vient de déménager.

Charles Manson, ©Michael Ochs Archives/Getty Images

Après avoir coupé les fils du téléphone, ils croisent un ami du gardien de la propriété en train de quitter son pavillon et l’abattent de 4 balles dans la tête. « Par chance », le gardien écoute de la musique très fort et n’entend rien. Il sera le seul à être épargné.

Les trois hippies poignardent successivement toutes les personnes présentes dans la maison. Abigail Folger et Wojciech Frykowski seront retrouvés défigurés dans le jardin. Sharon Tate et Jay Sebring, eux, meurent dans le salon, reliés par une corde nouée autour de leur cou, et le visage couvert d’un masque blanc selon un rituel obscur. C’est Susan Atkins qui exécute la jeune actrice enceinte malgré ses supplications. Elle lui assène pas moins de 16 coups de couteau avant d’écrire « Pig » sur la porte d’entrée avec une serviette imbibée du sang de sa victime.

Ses crimes atroces causent un électrochoc aux États-Unis. C’est le début de la fin pour le mouvement hippie. Charles Manson et ses adeptes meurtriers sont condamnés à mort en 1971, peine commuée en prison à vie l’année suivante. Le gourou meurt en cellule en 2017. Susan Atkins l’a précédé dans la mort en 2009 mais les deux autres meurtriers sont toujours incarcérés.

Fdj : Song Qingling

Song Qingling est une femme politique chinoise, épouse de Sun Yat-sen, le premier président de la République de Chine.

Elle est née le 27 janvier 1893 dans une famille profondément chrétienne. Son père Charles Soong est un missionnaire méthodiste devenu entrepreneur dans l’imprimerie. Qingling a trois frères et deux sœurs. Celles-ci connaîtront des destins assez parallèles au sien : Soong Ai-ling épousera un riche homme d’affaire qui deviendra ministre des finances et Soong May-ling se mariera avec Tchang Kaï-chek qui sera lui aussi président de la République chinoise avant l’arrivée des Communistes au pouvoir.

Song Qingling rencontre Sun Yat-sen au Japon en 1914 après avoir étudié aux États-Unis. Elle devient sa secrétaire et rapidement entame une relation amoureuse avec lui. Très vite, ils veulent se marier mais les parents de la jeune fille s’y opposent tout comme les partisans du fondateur du Kuomintang, le « parti nationaliste » chinois. Il faut dire qu’en plus d’avoir 26 ans de plus que Song Qingling, Sun Yat-sen est marié depuis 30 ans avec Lu Muzhen, même s’ils ne vivent plus ensemble depuis longtemps – elle n’a pas pu le suivre dans ses pérégrinations aventureuses d’activiste politique, notamment à cause de ses pieds bandés. Les amis de Sun Yat-sen lui conseillent donc de prendre Song Qingling comme concubine. Mais les parents de celle-ci refusent. Ils emmènent leur fille à Shanghai et l’enferment dans leur maison. Peine perdue, elle parvient à s’échapper avec l’aide d’une domestique. Elle retourne au Japon où elle épouse enfin Sun Yat-sen qui vient d’obtenir le divorce. Les parents n’ont plus qu’à s’incliner devant le fait accompli.

Song Qinling entre 1939 et 1945, photo appartenant aux Imperial War Museums (Royaume-Uni).

La suite est moins romanesque. En 1922, elle fait une fausse couche qui la laisse stérile. Elle ne se consacrera plus désormais qu’à la lutte politique. En 1926, elle est élue au comité central exécutif du Kuomintang. Mais, l’année suivante, elle refuse l’entente de celui-ci avec la Bande Verte, une triade de Shanghai, et entre en conflit avec le nouvel homme fort du parti : Tchang Kaï-chek. Comme ses parents avaient refusé son mariage avec Sun Yat-sen, elle prétend empêcher le mariage de sa sœur Meiling avec lui. Des rumeurs se mettent à courir : il essaierait de la faire assassiner avec l’aide de la troisième sœur : Ailing. Song Qingling n’a plus le choix : elle rompt officiellement avec le parti en juillet et quitte la Chine.

Elle reste quatre ans en Europe. En 1936, elle rejoint la lutte anti-japonaise et renoue avec ses sœurs et le Kuomintang. Mais son hostilité pour Tchang Kaï-chek demeure et elle se rapproche petit à petit des Communistes. En 1949, après leur victoire, elle est le seul membre de sa famille à rester en Chine. Elle est alors nommée à d’importantes fonctions honorifiques : vice-présidente du gouvernement populaire central, présidente de l’Association des amitiés soviéto-chinoises et présidente honoraire de l’Association des femmes. Elle reçoit plusieurs prix internationaux comme le prix Staline pour la Paix (!).

En 1959, elle devient même vice-présidente de la République populaire de Chine. Persécutée ensuite par Jiang Qing, l’épouse de Mao Zedong, pendant la révolution culturelle, elle parvient à échapper aux purges grâce au soutien de celui-ci. Il met son nom en tête de la liste des cadres protégés. Elle est néanmoins de plus en plus isolée.

Elle meurt d’une leucémie en mai 1981, quinze jours après avoir été inscrite au parti communiste et instituée présidente honoraire de la République. Au final, si elle a été couverte d’honneurs par les dirigeants successifs de la Chine, son rôle politique a surtout été symbolique. Elle a très peu participé à la réalité des décisions et a surtout joué un rôle de représentation de l’État chinois à l’international.

Fdj: Lorraine Warren

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’une femme dont l’anniversaire se fêtera pendant le festival d’Angoulême plutôt qu’aujourd’hui : Lorraine Warren. Née le 31 janvier 1927 dans le Connecticut, elle aurait pu apparaître dans SOS Fantomes si elle ne s’était pas prise autant au sérieux. « Medium et clairvoyante », elle forme avec son mari, le « démonologue » Ed Warren, le plus célèbre couple spécialiste des sciences occultes des États-Unis des années 70-80.

À la tête de la New England Society for Psychic Research qu’ils ont fondée en 1952, ils combattent une multitude de démons, fantômes et autres loups garous. On ne sait toujours pas aujourd’hui s’ils croient réellement aux phénomènes paranormaux ou s’ils ne sont qu’un banal couple d’escrocs. Quoi qu’il en soit, leurs livres rencontrent un grand succès et ils hantent les plateaux télé pendant des années avant de finir même par ouvrir le Warrens’ Occult Museum où ils conservent pieusement les traces de leurs infernales victimes.

Lorraine Warren dans son musée.

Le cas le plus célèbre auquel ils sont mêlés est celui d’Amityville. Oui, le Amityville du film d’horreur de Stuart Rosenberg (1979). Il m’a beaucoup impressionnée quand j’étais ado et c’est un peu pour ça que je vous parle de Lorraine Warren aujourd’hui.

Lorraine et la maison du diable

Pour ceux qui ne connaissent pas cette sinistre histoire : dans la nuit du 13 novembre 1974, le fils aîné de la famille DeFoe assassine avec un fusil ses parents et ses quatre frères et sœurs dans un quartier huppé de la petite cité d’Amityville. L’année suivante, une autre famille, les Lutz, vient s’installer dans la maison. Aussitôt, ils sont assaillis par des phénomènes paranormaux terrifiants. Apeurés, ils s’enfuient d’Amityville et racontent tout à l’écrivain Jay Anson qui transforme leurs mésaventures en best-seller.

Bien sûr, l’émotion publique passée, la plupart des gens admettent que tous les terribles événements postérieurs aux meurtres des DeFoe relèvent de la supercherie pure et simple. Tout cela n’est qu’un canular monté par Anson et les Lutz pour convertir en bon argent le vague malaise éprouvé par ces derniers à leur arrivée dans la « maison des meurtres ».

Pourtant, Lorraine et Ed Warren s’intéressent à cette affaire et arrivent à la conclusion… que les Lutz ont bien été les victimes de forces surnaturelles. Lorraine dit ressentir un profond sentiment d’horreur à la visite de la propriété. Ed aperçoit « des milliers de points lumineux » quand il descend à la cave. Des ombres noires se précipitent sur lui pour le jeter par terre. Un de leurs collaborateurs a un malaise et doit être évacué quand ils font une tentative pour entrer en contact avec les « habitants » de la maison…

Pour eux, le « mal » hante Amityville depuis des temps immémoriaux : la maison a été élevée sur le lieu où des indiens Montauketts gardaient leurs malades mentaux (une variante intéressante du fameux cimetière indien). Plus tard, un des sorciers de Salem s’est installé au même endroit pour rendre un culte au démon.

Curieusement, ce démon ne se manifeste plus jamais après 1976. Il laisse tranquille tous les nouveaux habitants de la maison. Ce n’est pas le cas des nombreux touristes qui continuent longtemps à les persécuter de leur curiosité et de leurs demandes de visites guidées. À défaut de pouvoir les exorciser, les Cromarty, qui ont racheté la maison aux Lutz, finissent par faire un procès à ceux-ci. Ils sont responsables de la notoriété malsaine de leur demeure après tout. Un accord à l’amiable est trouvé. Finalement, c’est peut-être juste le démon de l’argent qui hante la maison d’Amityville.

La maison du 112 Ocean Avenue à Amityville, le 7 décembre 2005. © Seulatr

Fdj : Yvonne Baseden

Yvonne Baseden est une agente secrète du Special Operations Executive (la Direction des opérations spéciales), le service secret britannique qui opère en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Elle naît le 20 janvier 1922 à Paris et a la chance de passer son enfance à voyager en Europe. En 1937, ses parents finissent par s’installer à Londres et elle devient totalement bilingue anglais-français. Dès ses 18 ans, en 1940, elle s’engage dans la Women’s Auxiliary Air force. Deux ans plus tard, devenue officier (« Section Officer »), elle entre dans le service de renseignement de la Royal Air Force et participe avec succès aux interrogatoires de prisonniers allemands. Cela lui vaut d’être versée au SOE dès 1943.

© Madelgarius

Dans la nuit du 18 au 19 mars, elle saute en parachute au-dessus des Landes avec Gonzague de Saint-Geniès (dit « Lucien »). Tous deux parviennent séparément dans le Jura où ils doivent fédérer des maquis très dispersés. Yvonne devenue « Odette » joue alors surtout un rôle d’opérateur-radio. Mais elle se tient prête à prendre la place de « Lucien », si celui-ci venait à disparaître.

Le 26 juin 44, ils se réunissent avec tous les principaux membres de leur réseau dans une fromagerie de Dole. Un gros parachutage d’armes a eu lieu la veille et les résistants s’attardent pour fêter ça. Hélas, au même moment, un maquisard capturé par la police militaire allemande livre à ses geôliers l’emplacement de la réunion. On est tard dans la nuit. Il pense que tout le monde est déjà reparti de son côté.

À leur arrivée, les Feldgendarmes découvrent une grande table couverte d’assiettes. Ils postent des gardes un peu partout et attendent. Plusieurs heures plus tard, un bruit se fait entendre dans le grenier. Le soldat posté en dessous n’hésite pas et tire dans le plafond. Du sang s’en écoule. Les Allemands jette alors une grenade dans la soupente. Lucien est blessé. Il s’empoisonne pour ne pas tomber vivant aux mains des Allemands. Tous les autres, à l’exception du gardien de la fromagerie qui s’est caché dans la cave, sont fait prisonniers.

Odette est conduite à la feldgendarmerie avec les autres. Elle a des faux papiers et les policiers ne savent pas qui elle est. Torturée, soumise à un simulacre d’exécution, elle « fait l’idiote », obstinément. Ses compagnons ne la trahissent pas non plus. Cela lui sauve la vie, mais elle est quand même déportée au camp de Ravenbrück. Là, d’autres femmes identifiées comme appartenant au SOE sont exécutées. Yvonne faiblit mais parvient à toujours cacher son identité.

En avril 1945, Yvonne est finalement remise à la Croix rouge suédoise dont le vice-président, Folke Bernadotte, a réussi à passer un accord avec Heinrich Himmler, le chef suprême des SS en charge des camps de concentration et d’extermination. Ayant compris que la guerre ne va pas se terminer comme prévu, celui-ci a autorisé une opération de sauvetage de déportés surtout danois, norvégiens et francophones. Plus de 15 000 personnes sont sauvées à cette occasion. Les compagnons d’Odette ont moins de chance : la moitié sont exécutés par les Allemands et les autres ne sont libérés qu’à la fin des camps.

Femme du jour : Eartha Kitt

Eartha Mae Kitt est une célèbre chanteuse et actrice américaine qui a connu plusieurs heures de gloire au siècle passé.

Sa vie commence comme un mauvais film : elle nait le 17 janvier 1927 dans une plantation de coton de Caroline du sud, du viol d’une jeune femme noire et cherokee par un homme d’origine allemande ou néerlandaise.

Dès 1943, elle danse dans la troupe de Katherine Dunham, une pionnière de la danse afro-américaine, et fait des tournées dans le monde entier. Mais c’est en 1950 qu’elle rencontre la notoriété en incarnant Hélène de Troie dans Time runs d’Orson Wells. Celui-ci justifie son choix, jugé très iconoclaste à l’époque, d’une artiste « noire » pour incarner la « blonde » Hélène par le fait qu’Eartha Kitt est « the most exciting woman in the world ».

Par la suite, elle enregistre de nombreux titres qui deviennent des classiques comme la chanson de Noël Santa Baby. Elle continue aussi à participer à des comédies musicales à Broadway, à tourner des films (The Mask of the hawk  de Sidney Poitier en 1957) et des séries télévisées. En 1967, elle est la Catwoman de Batman.

©Closer

Parallèlement, Eartha Kitt qui appartient à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté s’engage contre la guerre du Viet-Nam. En 1968, une intervention dans ce sens lors d’un déjeuner à la Maison Blanche lui vaut d’être mise à l’index aux États-Unis. Elle doit aller poursuivre sa carrière à l’étranger jusqu’en 1974. Cette expérience très dure ne l’empêche pas de s’investir plus tard dans le combat pour les droits LGBT et le mariage des personnes de même sexe, cela jusqu’à sa mort en 2008.

Entretemps, Eartha Kitt renoue avec le grand succès dans les années 80. Sa voix gutturale très particulière lui permet même d’enchaîner les tubes internationaux de 1983 à 86 : Where Is My Man, I Love Men, This Is My Life et I Don’t Care.

©Closer