Hydrie du British Museum, fabriquée à Athènes vers 500 avant notre ère.
Une hydrie est un vase destiné à recueillir et servir de l’eau.
Elle représente deux sirènes confrontées avec de grands yeux sur leurs ailes. De même, au-dessus, le dieu du vin (!) Dionysos est représenté entre deux grands yeux.
Pourquoi faire un simple portrait quand on peut faire une anamorphose ?
Portrait du futur roi anglais Edouard VI par William Scrots, 1546.
Anamorphose conservée encore aujourd’hui à Londres.
Et la même image regardée dans la perspective adéquate :
La « Lotharkreuz » que je vous montre ci-dessous est une grande croix précieuse réalisée à la fin du Xe siècle de notre ère. Elle a été donnée par Otton III, roi de Francie orientale (Germanie) puis empereur, à la cathédrale d’Aix-la-Chapelle où il avait été couronné en 983.
Le principal ornement de la croix est caractéristique de l’idéologie impériale germanique de l’époque qui faisait d’Otton le successeur des empereurs romains : il s’agit d’un camée en sardonyx (mélange de sardoine et d’onyx) représentant l’empereur Auguste couronné de lauriers et tenant à la main un sceptre avec un aigle. Il date même du début du Ier s. de notre ère !
La croix elle-même, haute de 50 cm, sans compter son pied en argent du XIVe siècle, est faite de chêne recouvert de feuilles d’or et incrustée de 102 pierres semi-précieuses et 33 perles, parfois de réemploi comme le camée. Son revers est délicatement gravé d’une crucifixion et d’une main de Dieu.
L’objet tire son nom d’un sceau en quartz vert situé près de sa base qui porte le nom d’un certain « Lothaire », sans doute un roi du IXe siècle, de France ou de Lotharingie (royaume situé entre la France et la Germanie et qui finit par se faire avaler par eux).
Histoire de s’évader un peu voici les « Piliers de la création », des colonnes de poussières interstellaires prises en photo le 1er avril 1995 par le télescope spatial Hubble. Pour vous donner une idée de leur taille, le Pilier de gauche est grand comme plus de trois fois le diamètre de notre système solaire.
Auteurs de la photo : Jeff Hester et Paul Scowen de l’Université de l’Arizona. Image composée de 32 photos prises par Hubble.
L’image est très spectaculaire surtout dans la version haute définition de 2014-2015 que je vous montre ci-dessus. Mais j’avoue la trouver encore plus sublime car ces Piliers, situés à plus de 7000 années-lumière de nous, ont sans doute été détruits par l’explosion d’une supernova il y a plus de 6 000 ans. C’est-à-dire que nous les admirons tels qu’ils étaient mille ans avant leur destruction et que l’image de celle-ci ne parviendra à nos descendants que dans mille ans.
Ça donne le vertige 🙂
Jamais on n’a représenté le diable avec autant d’imagination qu’au Moyen-Âge, enfin à la fin de celui-ci.
Dans cette peinture de Michael Pacher, il est vert, sa couleur traditionnelle, et vraiment repoussant. Un choix d’apparence curieux quand on sait qu’il essaie de tenter saint Augustin, l’évêque d’Hippone (dans l’Algérie actuelle), un des Pères de l’Église, ces théologiens dont les écrits ont contribué à fixer la doctrine chrétienne.
« Le diable présentant à saint Augustin le livre des vices », panneau peint de la fin du XVe siècle de Michael Pacher, extrait de son retable des Pères de l’Église. Conservé à l’Alte Pinakothek (Munich). Photographie de BPK/RMN-GRAND PALAIS
Jean Siméon Chardin, La raie, vers 1725-26. Morceau de réception à l’académie royale de peinture. Musée du Louvre.
” Maintenant venez jusqu’à la cuisine dont l’entrée est sévèrement gardée par la tribu des vases de toute grandeur, serviteurs capables et fidèles, race laborieuse et belle. Sur la table les couteaux actifs, qui vont droit au but, reposent dans une oisiveté menaçante et inoffensive.
Mais au-dessus de vous un monstre étrange, frais encore comme la mer où il ondoya, une raie est suspendue, dont la vue mêle au désir de la gourmandise le charme curieux du calme ou des tempêtes de la mer dont elle fut le formidable témoin, faisant passer comme un souvenir du Jardin des Plantes à travers un goût de restaurant. Elle est ouverte et vous pouvez admirer la beauté de son architecture délicate et vaste, teintée de sang rouge, de nerfs bleus et de muscles blancs, comme la nef d’une cathédrale polychrome.
À côté, dans l’abandon de leur mort, des poissons sont tordus en une courbe raide et désespérée, à plat ventre, les yeux sortis.
Puis un chat, superposant à cet aquarium la vie obscure de ses formes plus savantes et plus conscientes, l’éclat de ses yeux posé sur la raie, fait manœuvrer avec une hâte lente le velours de ses pattes sur les huîtres soulevées et décèle à la fois la prudence de son caractère, la convoitise de son palais et la témérité de son entreprise.
L’œil qui aime à jouer avec les autres sens et à reconstituer à l’aide de quelques couleurs, plus que tout un passé, tout un avenir, sent déjà la fraîcheur des huîtres qui vont mouiller les pattes du chat et on entend déjà, au moment où l’entassement précaire de ces nacres fragiles fléchira sous le poids du chat, le petit cri de leur fêlure et le tonnerre de leur chute. ”
Le mithriacisme était une religion à mystères d’origine perse qui se propagea dans l’Empire romain à partir du 1er siècle avant notre ère et attieignit son apogée durant le 3e siècle avant de disparaitre avec la montée du christianisme. Il était réservé aux hommes et attirait tout particulièrement les soldats.
Il faut dire que la principale image qu’il nous a laissée était particulièrement virile et violente : c’est le jeune dieu Mithra, un symbole solaire, en train d’égorger un taureau.
À côté de lui, on trouve parfois des représentations d’un dieu léontocéphale, c’est-à-dire à tête de lion. C’est lui aussi une divinité cosmique, un dieu du Temps assimilé par les Romains à leur Chronos/Saturne. Il éclaire le monde de sa torche tout en étant debout sur le globe terrestre et entouré des six spires d’un serpent qui représentent le cours du soleil le long de l’écliptique, entre chaque solstice.
Sur la statue ci-dessous, quatre signes du zodiaques sont aussi sculptés sur le dieu. Le Bélier et la Balance sur sa poitrine et le Cancer et le Capricorne sur ses cuisses. Ce sont les signes qui marquent le début de chaque saison.
Le dieu a la gueule ouverte pour impressionner ses fidèles : comme le Temps, il dévore tout, il est le Vorace par excellence.
Ce mignon petit animal marin, perminéralisé et trouvé près de Saint Pétersbourg, vivait il y a environ 450 millions d’années.
Après sa mort, les espaces vides situés dans son corps se sont remplis d’eau riche en minéraux. Ces minéraux sont passés à l’état solide avant que la chair ait eu le temps de se décomposer, d’où les nombreux détails qui apparaissent sur le fossile.
Demain 18 mars, nous commémorerons les 150 ans du début de la Commune de Paris. De très nombreuses femmes y participèrent. La plus connue reste toujours Louise Michel.
Louise Michel, photo prise à la prison des Chantiers de Versailles en 1871, Musée Carnavalet. Elle est ici désignée comme incendiaire et pas encore comme “pétroleuse”, nom que donneront leurs détracteurs aux Communardes.
Depuis 1871, Louise Michel est devenue une sorte de mythe: un idéal féminin radical pour la gauche et une furie hystérique et dénaturée pour la droite. Derrière ces légendes, se cache une personnalité aussi forte qu’iconoclaste.
Institutrice pendant le Second Empire, Louise Michel expérimenta de nouvelle méthodes pédagogiques tout en se proclamant républicaine et en fréquentant les cercles les plus actifs de l’opposition à l’empereur.
Durant la Commune, elle participa au Comité de vigilance des femmes de Montmartre et présida souvent les réunions du Club de la Révolution. Elle écrivit aussi des articles pour Le Cri du peuple, le journal de Jules Vallès et combattit même aux côtés du 61e bataillon de la Garde Nationale.
Arrêtée durant la Semaine sanglante, elle fut condamnée à la déportation et resta sept ans en Nouvelle-Calédonie. Elle y étudia les Kanaks en ethnographe. Elle traduisit leurs mythes et leurs poèmes. Pendant la révolte de 1878, elle n’hésita pas à choisir le parti des colonisés.
Libérée, elle commença à voyager en France et jusqu’en Algérie où elle tint de nombreux discours mettant en avant ses convictions féministes, anarchistes et anti-impérialistes. Elle les diffusa aussi par de nombreux romans, pièces de théâtre ou poèmes engagés.