Le 12 octobre 1960 au Hibiya Public Hall à Tokyo, Otoya Yamaguchi, un ultranationaliste de 17 ans, assassine Inejirō Asanuma, le président du Parti socialiste japonais, avec un wakizashi – un petit sabre japonais traditionnel – pendant un débat télévisé.
C’est le début du déclin du Parti socialiste japonais qui finit par disparaître en 1996.
Yamaguchi, lui, se suicide en prison le 2 novembre, en se pendant avec ses draps après avoir écrit « vive l’empereur ! » et « si j’avais sept vies à donner pour mon pays ! » sur le mur de sa cellule avec du dentifrice.
Cette photo a été prise par Yasushi Nagao, photographe du journal Mainichi shinbun, un des plus grands quotidiens japonais. Elle a remporté le prix Pulitzer en 1961.
Voici une photo prise le 23 mars 1895 d’une partie des joueuses du “British Ladies ‘Football Club”, l’une des premières équipes de football féminin.
Malgré les quolibets voire les violences sexistes, elles continuèrent à jouer pendant deux ans, mais des matchs d’exhibition seulement (et la tête toujours couverte d’un bonnet, on ne transige pas avec la pudeur, même si elles ont eu le droit de faire du sport sans corset, une révolution…). Elles firent ensuite un bref retour en 1902-1903 et le football féminin retomba dans l’oubli.
Il ne revint qu’à l’occasion de la Première Guerre Mondiale,quand le jour de Noël 1916, eut lieu le premier match enregistré entre des équipes féminines d’ouvrières d’usine à Ulverston, Cumbria.
La canicule me fait regretter le vieil usage de l’éventail et l’éventail me fait penser à la délicate statuette que je vous montre ce soir : « Tanagra » à l’éventail bleu, conservée à l’Altes Museum de Berlin.Une tanagra est une statuette féminine en terre cuite du 4e ou 3e siècle avant notre ère. Elle tire son nom de la nécropole grecque où furent découvertes plusieurs centaines de figurines en 1870. Mais on en produisait dans tout l’orient hellénistique.
Hélas, beaucoup nous sont parvenues après le pillage et la destruction de la tombe dans laquelle elles se trouvaient et il est très difficile aujourd’hui de connaître leur histoire précise.
Ces dogū, deux parmi les 20 000 environ qui ont été découvertes, datent de la période du Jōmon moyen à récent (entre 3000 et 1300 avant notre ère).
À cette époque, les chasseurs-cueilleurs de l’archipel se sédentarisent dans des villages de plus en plus structurés. Ils ne pratiquent pas l’agriculture et vivent surtout de pêche. Ils sont parmi les premiers au monde à inventer la céramique, même s’ils font aussi des statuettes en pierre.
Chaque région a son style ou presque, très différent de celui des autres. Comme pour les statuettes européennes, on ignore totalement quelle pouvait être leur fonction.
Voici une des plus anciennes œuvres d’art représentant une figure humaine découvertes à ce jour. Il s’agit de la Vénus de Hohle Fels du nom de la grotte allemande où elle a été trouvée en septembre 2008.
La Vénus est âgée d’au moins 35 000 ans. Elle a été sculptée dans de l’ivoire de mammouth laineux mais elle est beaucoup plus petite qu’une défense de cet animal. Elle mesure seulement 6 cm sur 3,5 environ.
Cette taille ainsi que le fait que la tête soit remplacée par un anneau donne à penser qu’il s’agit peut-être d’une amulette que sa ou son propriétaire portait autour du cou ou suspendu à sa ceinture par exemple.
On ignore sa fonction exacte (et si même elle en avait une). Le nom générique de Vénus donné à toutes les statuettes de ce type par leurs premiers découvreurs au début du XXe siècle ne doit pas faire penser qu’il s’agit forcément de représentation érotique.
D’autres hypothèses peuvent être émises. Par exemple, que la Vénus est une amulette protectrice offert à une jeune fille pour l’accompagner dans l’âge adulte ou bien le représentation de la vieille femme qu’elle deviendra un jour si elle a la chance de vivre assez longtemps.
Mais tout cela ne sont que des hypothèses et on ne saura sans doute jamais ce que la Vénus représentait vraiment pour les personnes qui l’ont sculptée et portée.
Ci-dessus : Hélène Bertaux travaillant au modèle de la fontaine Herbet, photographiée par Étienne Carjat en 1864, photo conservée à la Bibliothèque nationale de France.
Hélène Bertaux (1825-1909) est une sculptrice qui, non contente de faire une brillante carrière au XIXe siècle, s’engagea pour la reconnaissance de la place des femmes artistes dans la société française.
En 1873, alors que l’Ecole des Beaux-Arts était interdite aux femmes, elle ouvrit un atelier de dessin et de modelage qui leur était destiné. En 1880, elle ouvrit aussi un immeuble d’ateliers pour femmes artistes.
L’année suivante, elle créa l’UFPS, l’Union des femmes peintres et sculpteurs, dont elle devint le première présidente jusqu’en 1894. Le but de cette association était de permettre aux femmes d’obtenir un véritable statut d’artiste et de créer des liens entre les créatrices. L’Union valorisait aussi leur travail en organisant chaque année un salon qui mêlait artistes installées et débutantes.
Mais le grand combat d’Hélène Bertaux commença en 1889 quand elle se mit à militer pour l’entrée des femmes aux Beaux-Arts et leur participation aux concours comme celui du Grand Prix de Rome. Elle obtint satisfaction en plusieurs temps : les femmes furent pleinement admises aux Beaux-Arts en 1900 et purent participer au Prix de Rome à partir de 1903.
Cette semaine, j’ai posté de plusieurs images sur Facebook que je ne vous ai pas encore montrées. Voici donc un post pour me rattraper.
–Barrau épouse de Leyrac secourant son mari blessé, œuvre de Labrousse (graveur) et de Berricourt (dessinateur), conservée à la Bibliothèque Nationale de France.
« Alors que la guerre était associée au masculin, quelques femmes en France ont combattu au cours des guerres civiles des XVIe-XVIIe siècles ou ont servi dans les armées royales, qu’accompagnaient de plus de nombreuses civiles. Avec la Révolution française, le service dans la garde nationale et, moins directement, dans l’armée est lié à la citoyenneté. En réclamant le port des armes au sein de la garde nationale, des militantes révolutionnaires revendiquaient ainsi un des droits politiques du citoyen, ce qui provoqua un ferme refus. Mues par le désir de défendre la République et de partager avec les hommes la gloire de se battre pour elle, des citoyennes s’engagèrent par ailleurs individuellement dans les armées, où elles continuèrent à servir après le décret du 30 avril 1793 qui les en chassait. »
Extrait de De la guerrière à la citoyenne. Porter les armes pendant l’Ancien Régime et la Révolution française. par Dominique Godineau
– Suzanne et les Vieillards , tableau peint par Artemisia Gentileschi en 1610, collection Schönborn, Pommersfelden (Allemagne).
Voici la première œuvre attribuée à Artemisia Gentileschi. Elle l’a peinte à 17 ans.
Ce tableau illustre un épisode de l’Ancien Testament. Suzanne, une belle jeune femme, est surprise au bain par deux vieillards qui, non contents de la regarder contre sa volonté, lui font des propositions sexuelles agressives. Bien sûr, Suzanne refuse tout contact avec eux. Mais, furieux de n’avoir pas eu ce qu’ils voulaient, les deux hommes accusent leur victime d’adultère et obtiennent sa condamnation à mort. Heureusement, on est dans la Bible et pas dans la réalité : le prophète Daniel intervient avant qu’il ne soit trop tard, prouve l’innocence de Suzanne et fait à son tour condamner ses accusateurs.
Suzanne et les Vieillards peint par Artemisia Gentileschi en 1610, collection Schönborn, Pommersfelden (Allemagne)
– Portrait d’une noble dame saxonne peint par Lucas Cranach l’Ancien en 1534 et conservée au Musée des Beaux-Arts de Lyon.
On ignore l’identité exacte de cette dame richement parée en noir et orange, le W dans ses cheveux est peut-être un indice ??
–Les Bulles de savon par Jean Siméon Chardin, vers (après) 1733, conservée à la National Gallery of Art de Washington.
Sémiramis est une reine assyrienne du 9e siècle avant notre ère. Son histoire réelle est peu connue mais elle a donné naissance à une des grandes légendes du Proche-Orient antique. Elle commence en tragédie et finit en apothéose et, vous verrez, elle a quelques similitudes avec le mythe de Romulus.
La reine Sémiramis (1905), par Cesare Sacaggi.
Tout débute donc avec une divinité, non pas avec Mars, mais avec sa compagne de toujours : la déesse de l’Amour, la Vénus locale. Elle est très en colère contre Dercéto une autre déesse, une sorte de sirène, qui vit en célibataire près d’Ascalon, au Proche Orient. Pour la punir de ne pas s’intéresser à l’amour, Vénus ou plutôt Ishtar, lui donne l’envie irrépressible de s’unir à un jeune mortel. Quelques mois plus tard, Dercéto accouche d’une petite fille et, comprenant avec horreur ce qui s’est passé, tue son amant, abandonne son enfant et plonge pour toujours au fond de son lac préféré.
Heureusement, le bébé est recueilli par des colombes, les oiseaux d’Ishtar/Vénus, puis par des bergers qui lui donnèrent son nom de Sémiramis. Devenue grande, sa beauté attire l’attention d’un général qui l’épouse, puis du roi de Ninive qui ordonne à son mari de se suicider pour pouvoir l’épouser à son tour. Les rois, comme les dieux, ne reculent devant rien à l’époque.
Mais son mariage ne porte pas chance au souverain de Ninive. Il meurt peu de temps après la naissance du fils qu’il a avec Sémiramis.
Elle lui succède et règne durant 42 ans. Son plus grand fait de gloire est de fonder la ville mythique de Babylone. Pour se faire, elle détourne l’Euphrate et entoure le nouvel espace urbain d’une muraille de 70 km de long (!). Puis elle dote la ville de splendides monuments : un immense réseau de palais, un temple dédié au roi des dieux, Marduk, et surtout les fameux jardins suspendus, une des sept merveilles du monde antique.
Et Sémiramis ne s’arrête pas là. Elle se fait guerrière et conquiert l’Arménie, la Médie, d’autres royaumes asiatiques, puis l’Égypte et l’Éthiopie. Comme Alexandre après elle, elle emmène ses armées jusqu’au fleuve Indus. A son retour, elle apprend que son fils conspire contre elle. Selon certaines versions de la légende, il réussit tout de même à l’assassiner. Selon d’autres, elle se suicide en se jetant dans un bûcher. Selon d’autres enfin, elle retire juste du pouvoir avant, comme sa mère, de disparaître à tout jamais. Mais toutes les versions concordent sur un ultime point : au moment de sa mort, Sémiramis est transformée en colombe et emportée au ciel pour y devenir une déesse.
Dans les premiers jours de juillet 1608, une pluie de sang (oui, une vraie !) se mit à tomber sur les faubourgs d’Aix-en-Provence, déclenchant une vague de terreur dans toute la ville. On crut à la colère divine voire à la fin du monde.
Heureusement, une des rares personnes à garder son sang-froid fut Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, un conseiller du Parlement qui était aussi un homme de lettres et un érudit. Il devait plus tard devenir l’avocat de son ami Galilée.
En 1608, il ne paniqua donc pas. Il recueillit quelques gouttes du sang tombé du ciel sur le mur du cimetière de la cathédrale. Il l’observa et finit par faire le rapprochement entre ce sang et le nombre particulièrement élevé de chrysalides de papillons qu’il avait observées dans les faubourgs d’Aix dans les jours précédents.Le sang était en réalité du méconium, un excrément liquide et rougeâtre, que produisent les papillons tels que le Vulcain quand ils sortent de leur chrysalide. Ce début juillet 1608, ils avaient été exceptionnellement nombreux à le faire en même temps, provoquant une véritable pluie rouge sur certaines rues.
Mais, malgré les explications de Peiresc, nombreux furent ceux qui continuèrent de croire à un prodige ou une malédiction divine et la peur demeura encore quelques temps sur la ville.
Voici Vanité aux portraits, par David Bailly, 1651, conservée au Stedelijk Museum de Leyde aux Pays-Bas.
Au XVIIe siècle,les bulles de savon sont souvent utilisées dans les tableaux pour exprimer la brièveté de la vie. On les retrouve ici avec d’autres symboles habituels de mortalité : crâne, fleurs fanées, sablier…
Ils sont là pour nous montrer la « vanité », le caractère vain et trop vite passé, de la plupart des choses de la vie : plaisirs simples (vin, pipe) mais aussi science (livres) et arts (musique, sculptures, peinture…).
Le passage du temps est aussi indiqué sur cette toile d’une manière plus inhabituelle : le peintre, âgé de 67 ans au moment où il la réalise, s’y est représenté deux fois. Il est l’homme âgé du petit tableau central mais aussi le jeune homme qui le tient en main.