Les monstres marins, des dinosaures fossiles ?

 

Et si ce vase réalisé à Corinthe vers 550 avant notre ère était une des plus anciennes représentations de fossile de dinosaure connue ?

La scène supérieure représente Le héros Héraclès (Hercule) en train de sauver la princesse de Troie, Hésione, du Céto, un monstre marin venu la dévorer. Mais Céto n’est pas représenté sous la forme d’un serpent marin géant comme on s’y attendrait : il s’agit d’une tête blanche, avec de grandes dents, émergeant d’une falaise noire.

De quoi faire penser à une tête fossile de dinosaure à moitié enfouie dans la roche qui aurait pu beaucoup impressionner les anciens Grecs.

Cette hypothèse est confortée par le fait que la côte d’Asie Mineure, où était censée se trouver Troie, est effectivement constituée de couches sédimentaires riches en dépôts de fossiles qui apparaissent encore de nos jours au gré de l’érosion.

L’un d’eux a donc très bien pu donner naissance au mythe du combat d’Héraclès et du monstre marin, mais pour séduisante que soit cette idée, il ne faut pas oublier qu’elle restera sans doute toujours une hypothèse invérifiable.

De la terre plate

Cette magnifique carte de « La terre carrée et stationnaire » dessinée par le prof. Orlando Ferguson en 1893, m’a donné envie de vous parler du mythe de la terre plate ce soir.

On croit souvent qu’il était très répandu chez les savants du Moyen-Âge. Mais, en réalité, pratiquement tous les érudits de l’époque voyaient la terre comme une sphère, dans la lignée des scientifiques grecs antiques dont le savoir en la matière avait été conservé.
Cette idée d’un « platisme » médiéval est apparue au XVIIe siècle, mais elle a connu son plus grand développement au XIXe siècle dans le contexte des polémiques entourant la toute nouvelle théorie de l’évolution et l’essor général du rationalisme scientifique. Celui-ci se conjuguait alors souvent avec l’anticléricalisme. On faisait alors de l’Église le prototype de la force obscurantiste et du Moyen-Âge, la période pendant laquelle elle eut le plus d’influence sur la société occidentale, le temps de toutes les erreurs et des croyances les plus absurdes.
De manière paradoxale, c’est justement au XIXe siècle que naquit la version moderne de la théorie de la terre plate. Samuel Rowbotham, un des précurseurs de la Flat Earth Society actuelle, développa entre 1849 et 1881 la théorie selon laquelle la terre était plate, centrée sur le pôle nord et ceinte d’un mur de glace. Les astres étaient suspendus au-dessus d’elle, à seulement quelques milliers de kilomètres.
Ce sont ces idées qui sont reprises dans la carte du professeur Ferguson de 1893. Il les relie à des citations bibliques. Platisme et créationnisme sont alors déjà liés. Ils le sont encore souvent aujourd’hui.
Bref, les savants chrétiens du Moyen-Âge seraient bien surpris.

 

Dieux romains et astrologie

Autel ? Cadrant solaire ? Table d’astrologue ?

Tout le monde ignore la nature exacte de cet étrange objet. Peut-être était-il juste décoratif ou peut-être a-t-il servi à des rituels mêlant sorcelleries orientales et latines ?
En tout cas, il représente les têtes des 12 grands dieux romains en leur associant les différents signes astrologiques.
Vous voulez savoir quel dieu préside à votre signe ?

Bélier – Minerve
Taureau – Jupiter
Gémeaux – Vénus
Cancer – Mars
Lion – Diane
Vierge – Vesta
Balance – Cérès
Scorpion – Mercure
Sagittaire – Vulcain
Capricorne – Neptune
Verseau – Junon
Poissons – Apollon

Ci-dessous :
« Cadran solaire (?) », « autel (?) » trouvé à Gabies (Latium) et fabriqué peut-être dans la deuxième moitié du IIe siècle de notre ère en Italie. Conservé au Louvre.

© 1996 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

Noix de prière gothique

Aujourd’hui, je reviens à l’art médiéval pour vous montrer une noix de prière sculptée entre 1500 et 1535 en Flandre.
Auteur inconnu. Conservée au Louvre.

Les noix de prière étaient des sculptures miniatures. Leur taille variait entre 2 et 5 cm de diamètre. On pouvait les suspendre à un collier comme des bijoux et surtout les tenir dans sa main quand on faisait une prière à la manière d’un grain de chapelet.
Elle s’ouvraient en deux et contenaient des sculptures représentant des scènes religieuses bien connues des fidèles.

© 2015 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Ici, l’extérieur de la noix est recouvert de motifs gothiques flamboyants et d’une citation de l’Ancien Testament en latin.


L’intérieur de la noix contient plusieurs scènes entourées de citations liées à la célébration de la Toussaint :
– en bas, une représentation du Jugement Dernier.
– en haut, la Jérusalem céleste avec tous les anges et les saints entourant le Christ en gloire.

Décor antique, marbre mythologique : le rapt d’Hylas par les nymphes

Le rapt d’Hylas par les nymphes,
panneau en opus sectile du IVe siècle provenant de la basilique de Junius Bassus sur l’Esquilin, conservée au palais Massimo alle Terme, à Rome.

Pour les curieux :
– Selon la mythologie grecque, Hylas était un jeune prince amant du célèbre Héraclès, l’Hercule des Grecs. Il l’accompagna lors de l’expédition des Argonautes mais, lors d’une escale en Bithynie, au nord de l’Asie Mineure, le jeune homme disparut. Héraclès descendit à terre pour le chercher et laissa les autres héros repartir sans lui. Hélas, il ne retrouva jamais son bien-aimé : des nymphes avaient été subjuguées par sa beauté et l’avaient attiré au fond de leur cours d’eau pour le garder pour elles à jamais.
– l’opus sextile (« appareil découpé » en latin) est un savant assemblage de plaquettes de marbres de différentes couleurs. Il était très utilisé dans l’empire romain où il était déjà signe à la fois de richesse et de raffinement.
– Junius Bassus était un grand aristocrate romain du IVe siècle de notre ère. Il fut préfet du prétoire et consul sous l’empereur Constantin. En 331, il fit construire une basilique, un grand édifice public rectangulaire sans connotation religieuse à l’époque, sur l’Esquilin, une des colline de la ville. Des éléments de décor dont le panneau que je vous montre, furent découverts lors de fouilles pendant les années 1930.

Quand Molière jouait César

Il y a 400 ans, Molière naissait à Paris. Aujourd’hui son nom est synonyme d’auteur de comédie. Mais avant d’être écrivain, Jean-Baptiste Poquelin fut comédien et avant de s’illustrer dans la farce, il joua des tragédies.

Pierre Mignard, 1658, Musée de la vie romantique, Paris.

Vous le voyez ci-dessus dans le costume de César qu’il porta pour jouer La Mort de Pompée de Corneille.

La même pièce inspira le second tableau que je vous montre : Molière en César servit de modèle à Mars et sa compagne, Madeleine Béjart qui interprétait Cléopâtre devint la belle Vénus.

Pierre Mignard, 1658, musée des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence

 

Peinture rupestre… ou presque

Essayons de commencer cette année avec une histoire amusante. La photo que je vous montre ci-dessous aurait pu être prise en 2005 au British Museum, section art paléolithique où cette pierre était exposée. Oui, cette pierre avec une silhouette… poussant un caddie vers un bison criblé de flèches.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous dire que j’ai réussi à remonter le temps jusqu’à l’époque préhistorique. C’est, bien sûr, un canular comme on s’en rend compte en lisant de près le carton de présentation de l’œuvre.

En 2005, Bansky, bien moins célèbre qu’aujourd’hui mais déjà critique de notre société de consommation, avait installé cette pierre et son cartel au musée sans que personne ne s’en aperçoive… jusqu’à ce qu’il avoue lui-même son forfait sur son site internet 3 jours plus tard.
La pierre fut immédiatement retirée.

Mais elle revint pourtant au British Museum en 2018 et officiellement cette fois. On pu l’admirer au cours d’une exposition consacrée… aux objets utilisés par les contestataires !

Diableries stéréoscopiques

Je viens de tomber par hasard sur des photos stéréo particulièrement appréciées/étudiées par Brian May, vous savez l’astrophysicien qui jouait de la guitare dans le groupe Queen quand il était jeune, oui, lui. Bref, ces clichés m’ont aussi particulièrement intéressée.

Vous connaissez mon goût pour les vanités et les représentations de la mort en tous genres si vous me suivez depuis un moment. Eh bien, il s’agit des Diableries, des photos de François Lamiche de sculptures représentant la vie en Enfer réalisées en argile par Louis Habert, Louis-Edmond Cougny et Pierre Hennetier.

Créées à partir de 1860, elles sont une satire de la vie sous le Second Empire. Je vous en montre quelques-unes ci-dessous (en version non-stéréo).

Utopiales 2021

Chères amies et amis, je serai comme tous les ans au prochain festival des Utopiales de Nantes. Il se tiendra à la Cité des Congrès du 29 octobre au 1 novembre prochain sur le thème des « Transformations » :
« La science-fiction l’avait prédit et le Fléau est là. Pour la première fois de son histoire peut-être notre espèce doit affronter globalement une calamité commune. Nous sommes tous, les êtres humains, au coude à coude pour gérer la situation collective. Que ferons-nous demain ? Parviendrons-nous à réformer suffisamment nos désirs, comportements et usages afin de faire face aux épreuves prochaines ?
La transformation est peut-être la clé de l’avenir. »

Je serai, bien sûr, là pour discuter avec vous, mais aussi participer et modérer plusieurs tables rondes :

– Déformation du super-héros
Scène Shayol
Vendredi 29 octobre 11h30

D’abord, le torse lisse, taillés dans l’acier et vêtus de costumes trois pièces bien repassés sous leur identité publique tel Superman, les super-héros ont vite abordé le versant Dark, avec Batman, puis trash, grossier, voire ultra-violent tel Wolverine, pour finalement basculer vers la dérision grinçante avec Deadpool, le petit frère de Wolverine ou les déclinaisons des Misfits, The Boys, voire The Tick. Quel sera leur prochain avatar ?

Avec : Valérie Mangin, M.R. Carey, Yoann
Modération : Gilles Francescano

– Transféminisations : l’avenir de l’humain est-elle une fiction ?
Espace CIC Ouest
Dimanche 31 octobre à 12h

La science-fiction s’est peu à peu transformée grâce à ses autrices, ses lectrices et ses héroïnes. Dans quelle mesure cette féminisation a-t-elle modifié le genre ? La science-fiction a-t-elle un rôle à jouer pour la conscientisation féministe ? Conduit-elle à jeter le trouble dans l’identité sexuelle ?

Avec : Morgane Stankiewiez, Valérie Mangin, A-S. Devriese
Modération : Vincent Bontems

– Le reste et l’absence de ce qui fut
Scène Shayol
Dimanche 31 octobre à 14h

Les civilisations bâtissent pyramides ou statues monumentales, sépultures ou inscriptions officielles destinées à leur survivre. Mais elles laissent également leurs instruments de cuisine, leurs graffitis et leurs ordures. Quant à nous, nous découvrons avec stupéfaction que le lissoir, instrument moderne de tannerie, nous est parvenu presque inchangé depuis l’époque de son créateur : l’homme de Neandertal. Que nous raconte ce décalage ?

Avec : Perig Pitrou, Jean-Paul Demoule, Claire Duvivier
Modération : Valérie Mangin

– Transformations et évolutions des mythes fondateurs
Espace CIC Ouest
Dimanche 31 octobre à 17h

La fonction première du mythe est de donner une explication à l’apparition d’une chose, d’un être, d’un rite, d’une idée dans le monde. C’est pourquoi il existe aussi bien une mythologie religieuse que scientifique, chacun de ces discours visant la plupart du temps à soutenir les modèles normatifs dominants des sociétés qui les ont produits. Quelles évolutions pour nos mythes fondateurs ? Où sont passés les Indo-Européens ?

Avec : Jean-Paul Demoule, Joseph Béhé, Pierre Bordage
Modération : Valérie Mangin

– Les marques de nos transitions
Salle 2001
Lundi 1er novembre à 10h15

Les changements, actes et transitions de notre vie sont bien souvent marqués par des documents numériques ou matériels, bulletins de naissance, retraits d’argent, achats en ligne, passages à l’hôtel, certificats de décès. Certains de ces marqueurs disparaissent, d’autres perdurent, parfois dissimulés. D’autres, enfin, non seulement ne s’effacent pas, mais se reproduisent numériquement. Quel est le parcours de nos transitions, sans nous ?

Avec : Esther, Perig Pitrou, _lila*
Modération : Valérie Mangin

Et pour découvrir le reste du programme, c’est par ici : Le programme des Utopiales

Alix et Alix senator contre le Minotaure

Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer dès maintenant la couverture du prochain Alix Senator qui sortira en janvier prochain.

Vous ne rêvez pas, elle rappelle bien la couverture du prochain album du jeune Alix qui arrive en novembre. Et pour cause, le sénateur va retourner sur les lieux de son aventure de jeunesse et affronter une nouvelle fois le mystérieux minotaure qui donne son nom aux deux albums.

“L’Œil du minotaure” (Alix, t.40) et “L’Antre du minotaure” (Alix senator t.13) peuvent bien sûr se lire séparément sans problème. Mais ils forment aussi un diptyque et résonnent chacun l’un avec l’autre.

Lier ainsi les deux séries n’a pas été une mince affaire et je dois remercier Chrys Millien, Thierry Démarez et #jeanjacqueschagnaud d’avoir joué le jeu à fond avec moi.

Un grand merci aussi au Comité Martin et à Casterman de m’avoir fait confiance une nouvelle fois.