Utopiales 2021

Chères amies et amis, je serai comme tous les ans au prochain festival des Utopiales de Nantes. Il se tiendra à la Cité des Congrès du 29 octobre au 1 novembre prochain sur le thème des « Transformations » :
« La science-fiction l’avait prédit et le Fléau est là. Pour la première fois de son histoire peut-être notre espèce doit affronter globalement une calamité commune. Nous sommes tous, les êtres humains, au coude à coude pour gérer la situation collective. Que ferons-nous demain ? Parviendrons-nous à réformer suffisamment nos désirs, comportements et usages afin de faire face aux épreuves prochaines ?
La transformation est peut-être la clé de l’avenir. »

Je serai, bien sûr, là pour discuter avec vous, mais aussi participer et modérer plusieurs tables rondes :

– Déformation du super-héros
Scène Shayol
Vendredi 29 octobre 11h30

D’abord, le torse lisse, taillés dans l’acier et vêtus de costumes trois pièces bien repassés sous leur identité publique tel Superman, les super-héros ont vite abordé le versant Dark, avec Batman, puis trash, grossier, voire ultra-violent tel Wolverine, pour finalement basculer vers la dérision grinçante avec Deadpool, le petit frère de Wolverine ou les déclinaisons des Misfits, The Boys, voire The Tick. Quel sera leur prochain avatar ?

Avec : Valérie Mangin, M.R. Carey, Yoann
Modération : Gilles Francescano

– Transféminisations : l’avenir de l’humain est-elle une fiction ?
Espace CIC Ouest
Dimanche 31 octobre à 12h

La science-fiction s’est peu à peu transformée grâce à ses autrices, ses lectrices et ses héroïnes. Dans quelle mesure cette féminisation a-t-elle modifié le genre ? La science-fiction a-t-elle un rôle à jouer pour la conscientisation féministe ? Conduit-elle à jeter le trouble dans l’identité sexuelle ?

Avec : Morgane Stankiewiez, Valérie Mangin, A-S. Devriese
Modération : Vincent Bontems

– Le reste et l’absence de ce qui fut
Scène Shayol
Dimanche 31 octobre à 14h

Les civilisations bâtissent pyramides ou statues monumentales, sépultures ou inscriptions officielles destinées à leur survivre. Mais elles laissent également leurs instruments de cuisine, leurs graffitis et leurs ordures. Quant à nous, nous découvrons avec stupéfaction que le lissoir, instrument moderne de tannerie, nous est parvenu presque inchangé depuis l’époque de son créateur : l’homme de Neandertal. Que nous raconte ce décalage ?

Avec : Perig Pitrou, Jean-Paul Demoule, Claire Duvivier
Modération : Valérie Mangin

– Transformations et évolutions des mythes fondateurs
Espace CIC Ouest
Dimanche 31 octobre à 17h

La fonction première du mythe est de donner une explication à l’apparition d’une chose, d’un être, d’un rite, d’une idée dans le monde. C’est pourquoi il existe aussi bien une mythologie religieuse que scientifique, chacun de ces discours visant la plupart du temps à soutenir les modèles normatifs dominants des sociétés qui les ont produits. Quelles évolutions pour nos mythes fondateurs ? Où sont passés les Indo-Européens ?

Avec : Jean-Paul Demoule, Joseph Béhé, Pierre Bordage
Modération : Valérie Mangin

– Les marques de nos transitions
Salle 2001
Lundi 1er novembre à 10h15

Les changements, actes et transitions de notre vie sont bien souvent marqués par des documents numériques ou matériels, bulletins de naissance, retraits d’argent, achats en ligne, passages à l’hôtel, certificats de décès. Certains de ces marqueurs disparaissent, d’autres perdurent, parfois dissimulés. D’autres, enfin, non seulement ne s’effacent pas, mais se reproduisent numériquement. Quel est le parcours de nos transitions, sans nous ?

Avec : Esther, Perig Pitrou, _lila*
Modération : Valérie Mangin

Et pour découvrir le reste du programme, c’est par ici : Le programme des Utopiales

Alix et Alix senator contre le Minotaure

Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer dès maintenant la couverture du prochain Alix Senator qui sortira en janvier prochain.

Vous ne rêvez pas, elle rappelle bien la couverture du prochain album du jeune Alix qui arrive en novembre. Et pour cause, le sénateur va retourner sur les lieux de son aventure de jeunesse et affronter une nouvelle fois le mystérieux minotaure qui donne son nom aux deux albums.

“L’Œil du minotaure” (Alix, t.40) et “L’Antre du minotaure” (Alix senator t.13) peuvent bien sûr se lire séparément sans problème. Mais ils forment aussi un diptyque et résonnent chacun l’un avec l’autre.

Lier ainsi les deux séries n’a pas été une mince affaire et je dois remercier Chrys Millien, Thierry Démarez et #jeanjacqueschagnaud d’avoir joué le jeu à fond avec moi.

Un grand merci aussi au Comité Martin et à Casterman de m’avoir fait confiance une nouvelle fois.

Alix et l’œil du Minotaure

Alix n’a pas toujours été sénateur. Le 10 novembre, vous le retrouverez, jeune et déjà beau, dans “L’œil du minotaure” que j’ai réalisé avec un autre nouveau venu sur la série : Chrys Millien.

” A Rome, Servilia, maitresse de Jules César et mère de Brutus, se meure à petit feu empoisonnée par un bijou que lui a offert le dictateur.
Persuadé qu’il était la cible de l’empoisonnement, César lance Brutus et ses amis Alix et Enak sur les traces du marchand grec qui lui a vendu cette perle après son triomphe gaulois.
Démarre alors une haletante course poursuite en mer Méditerranée. L’enquête mènera nos héros jusqu’en Crète au cœur du labyrinthe sacré du monstrueux Minotaure…”

L’île de Philae

Dans le tome 12 d’Alix senator, le voyage d’Alix et de ses compagnons commence au temple d’Isis situé sur l’île de Philae, près de la première cataracte du Nil.

Vue du temple d’Isis depuis l’ouest en 2006 sur l’île d’Aguilkia.
© Ivan Marcialis

Dans l’Antiquité, ce temple était le principal sanctuaire de la déesse Isis. Je vous en parle sur le site Alixsenator.com, ici : Philae

Le temple que l’on peut encore voir aujourd’hui fut édifié à partir du IVe siècle avant notre ère. Auguste y fit bâtir un portique fermant son esplanade. Du côté ouest, les fenêtres du sanctuaire donnaient directement sur l’île voisine de Biggeh où Alix découvre le fémur d’Osiris.

Temple d’Isis vu depuis le lac, île de Philae, Égypte
© Rémih

De très nombreux fidèles venaient pour vénérer le couple divin, notamment de Nubie. C’était si important que, quand le culte d’Isis fut interdit dans l’empire romain pendant la période chrétienne, il continua d’être célébré à Philae exclusivement pour les Nubiens.

Hélas, après la construction du premier barrage d’Assouan en 1894, les eaux du lac de retenue commencèrent à recouvrir l’île dix mois sur douze. Puis, dans les années 60, avec l’édification du second barrage, les restes du sanctuaire furent inondés toute l’année. Pour les sauver, ils furent démontés et réinstallés en 1974 sur l’île d’Aguilkia, trois cent mètres au nord de celle de Philae.

La Chimère d’Arezzo

Curieusement, je ne vous ai encore jamais parlé de cet impressionnant bronze étrusque de près d’1,30 mètres de long. C’est bien dommage 🙂

Voici donc la Chimère de bronze découverte à Arezzo (Toscane) en 1553.

La Chimère est un monstre de la mythologie grecque, un ancêtre du dragon. Elle a le corps d’un lion, une queue en forme de serpent et une tête de chèvre qui émerge de son dos. Son nom est d’ailleurs dérivé de « Khimaira », petite chèvre en grec. Elle crache du feu et a l’habitude de tout détruire autour d’elle jusqu’à ce que le héros Bellérophon, monté sur Pégase, la tue d’un coup de lance.

La statue la représente d’ailleurs en position de repli, avec la tête de chèvre pendante et des blessures sur le cou : son combat est presque fini. Ça a fait penser qu’elle devait être originellement accompagnée d’une autre statue représentant Bellérophon, mais celle-ci a été perdue. La queue en forme de serpent de la Chimère avait disparu aussi lors de la découverte du bronze : celle que l’on voit est un ajout de la fin du XVIIIe siècle.

© Archives Alinari, Florence, Dist. RMN – Grand Palais / Georges Tatge

La statue elle-même date probablement du Ve siècle avant notre ère. C’est un ex-voto dédié à Tinia, le plus grand dieu des Étrusques, le peuple qui habitait la Toscane à cette époque. Il était alors fortement influencé par l’art grec qui arrivait via l’Italie du sud où plusieurs colonies helléniques était installées.

Trouvée lors de la réfection des murailles d’Arezzo, la Chimère entra immédiatement dans les collections de Cosme Ier de Médicis alors duc de Florence. Celui-ci, très ambitieux, cherchait à étendre son pouvoir sur l’Italie du nord et à faire pièce à Rome. La découverte de la Chimère lui permit de valoriser son héritage étrusque – un peuple présent en Toscane avant les Romains – tout en mettant en avant ses qualités de grand mécène. Il installa la statue dans son palais d’où elle fut transportée à la galerie des Offices puis au Musée archéologique de Florence où elle se trouve toujours.

Oudatchnaïa

L’entrée des Enfers ?

Photo © Stepanovas

La mine de diamants à ciel ouvert Oudatchnaïa (littéralement « gisement chanceux ») située en Yakoutie, au nord-est de la Sibérie, juste sous le cercle arctique.
Elle est exploitée depuis 1955 et fait plus de 600 mètres de profondeur aujourd’hui !
Ses réserves ont été estimées au total à 225,8 millions de carats et sa production annuelle serait de plus de 10 millions de carats de diamants.

L’échelle inamovible du Saint-Sépulcre de Jérusalem

Le 13 septembre 335 eut lieu la consécration de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Elle se trouve encore de nos jours dans le quartier chrétien de la vieille ville à l’endroit où la tradition veut que le Christ ait été crucifié puis enseveli jusqu’à sa résurrection.

Le Saint-Sépulcre © Berthold Werner

L’église a, bien sûr, été beaucoup modifiée depuis le IVe siècle. Mais je vais vous parler aujourd’hui d’un artefact qui date sans doute du XVIIIe : l’échelle inamovible. Vous pouvez la voir sous une des fenêtres de la façade du bâtiment. Elle figure déjà au même endroit sur une gravure de 1728.

En théorie, rien n’empêche qu’on la déplace. Elle n’a aucun pouvoir magique, elle n’est pas sainte ou sacrée. Mais elle n’a bougé que trois fois brièvement depuis son installation avant d’être très vite remise en place.

L’échelle inamovible © Wilson44691

Pourquoi ? L’église du Saint-Sépulcre est officiellement gardée par six ordres chrétiens différents et on ne sait plus exactement qui a la charge de la corniche et de la fenêtre sur lesquelles l’échelle est posée. De plus, selon le Statut Quo de 1757 qui régit le lieu saint, aucun membre d’un des ordres ne peut déplacer ou modifier quelque chose sans le consentement des cinq autres.

Comme de tels actes ont parfois conduit à de violentes rixes dans le passé, nul ne veut plus se lancer et retirer l’échelle. En 1964, le pape Paul VI a d’ailleurs pris soin de préciser que l’échelle devrait rester en place jusqu’à que les églises catholiques et orthodoxe soient unies à nouveau.

L’échelle incongrue n’est donc pas prête de quitter la façade de son église.

Dagyde romaine

J’ai hésité un moment avant de vous montrer cette “poupée vaudou” antique. Mais comme j’ai pris l’habitude de partager avec vous les “curiosités” que je découvre en préparant ma documentation, je la poste tout de même ici.

Voici donc une dagyde ou figurine d’envoûtement datant.du IVe siècle de notre ère. Elle a été découverte en Égypte. Elle est percée de 13 (!) aiguilles de bronze. Elle se trouvait dans un vase en terre cuite contenant également une tablette en plomb portant une defixion, un rituel visant à soumettre une personne à sa volonté.
Elle est actuellement conservée au Louvre.

Caligula et l’impossible

« J’aime le pouvoir car il donne ses chances à l’impossible. »
Caligula (31 août 12 – 24 janvier 41).
« Simplement, je me suis senti tout d’un coup un besoin d’impossible. […] Les choses, telles qu’elles sont, ne me semblent pas satisfaisantes. […] Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. »
Caligula, dans l’acte I de la pièce éponyme d’Albert Camus, 1944, Gallimard.