Tanis n’est pas seulement le nom de l’héroïne que j’ai créée avec Stéphane Perger et Denis Bajram, c’est aussi et surtout le nom grec d’une très ancienne cité de l’est du delta du Nil.
Vous en avez tous déjà entendu parler : c’est là qu’Indiana Jones découvre l’arche d’alliance dans le premier volet de ses aventures. Mais la ville n’a pas été redécouverte par les Nazis, mais bien avant : dès le premier quart du XVIIIe siècle. Elle est d’ailleurs étudiée depuis la fameuse expédition d’Égypte de Bonaparte.
Elle a été fondée au XIe siècle avant notre ère alors que le pays du Nil était divisé entre la Haute Égypte contrôlée par les prêtres d’Amon, le dieu souverain à tête de bélier, et la Basse Égypte des rois de la XXIe dynastie. Ce sont eux qui fondèrent Tanis. La cité resta très active jusqu’à l’arrivée de Romains au Ier siècle avant notre ère et ne fut abandonnée que plusieurs siècles plus tard, peut-être après un grand tremblement de terre.
Tanis fut copiée sur Thèbe, la capitale de la Haute Égypte et consacrée à la triade divine Amon, Mout, sa compagne, et Khonsou, le dieu lunaire (si vous lisez des comics, oui, c’est bien ce Khonsou-là). Leurs immenses aires sacrées se situaient au nord de la cité qui s’étendait sur plus de 200 ha.
Elle était aussi par une belle nécropole royale où fut découvert le trésor royal le plus important après celui de Toutânkhamon.
Malheureusement, les bâtiments de pierre furent détruits à la fin de l’Antiquité. Ils servirent de carrières et beaucoup finirent dans les fours à chaux des artisans locaux. Seuls restent aujourd’hui les éléments de pierre dure (granit, quartzite…) : obélisque, colosses, stèles… qui gisent en un amoncellement chaotique sur le site.
L’Etna, le volcan sicilien, a connu une spectaculaire éruption ce début de semaine. Il a craché une énorme colonne de fumée et de cendres, heureusement sans danger. Cette montagne est le plus haut volcan actif d’Europe et l’un des plus actifs du monde.
Déjà dans l’Antiquité, il impressionnait beaucoup ceux qui l’approchaient. Une légende raconte que le philosophe Empédocle se serait jeté dans la lave bouillonnante pour y être totalement consumé et disparaître ainsi de la surface de la terre. Il n’aurait laissé que ses sandales sur le bord du cratère pour que chacun sache ce qui lui était arrivé.
Pallas (Athéna) et Encelade, plat attique à figures rouges, vers 525 av. J.-C., musée du Louvre.
Ceux qui préféraient les mythes à la philosophie, racontaient plutôt que l’origine de l’Etna se trouvait dans la punition infligée par Athéna et au géant Encelade. Celui-ci aurait promis d’aider les dieux dans leur combat contre les Titans alors que Zeus cherchait à détrôner son père, Cronos. Mais Encelade prit la fuite pendant la bataille et Athéna l’emprisonna sous la Sicile. Les tremblements de terre, fréquents dans l’île, sont dus à ses mouvements et les coulées de lave à son haleine enflammée.
Zeus dardant son foudre sur Typhon, hydrie à figures noires, v. 550 av. J.-C., Collection des Antiquités de l’État bavarois.
Il ne resta pas longtemps seul : Typhon, le monstre géant aux ailes d’aigle et aux cent têtes de dragons, le rejoignit bientôt sous l’Etna. Zeus l’aurait précipité là car il aurait voulu s’emparer de l’Olympe, épouser Héra, la femme du roi des dieux, et faire des autres divinités ses esclaves après avoir rétabli le pouvoir des Titans de Cronos tout juste vaincus.
Peut-être ces monstres sont-ils toujours là et mûrissent-ils ensemble leur terrible vengeance. Je trouve stimulant en tout cas d’imaginer qu’ils essaient parfois de s’évader, comme en 1669. Cette année-là, eut lieu l’éruption la plus importante des temps historiques. En février, des séismes firent trembler le flanc sud de l’Etna et le 11 mars s’y ouvrit une large fissure longue de 12 km d’où jaillit la lave. Elle engloutit plusieurs villages et détruisit même une partie de la ville de Catane, sans faire de victime.
Tanis, c’est la nouvelle série à grand spectacle que je scénarise avec Denis Bajram pour Stéphane Perger. Le premier tome, paru aux éditions Dupuis, est arrivé dans toutes les bonnes librairies hier. J’ai hâte d’avoir vos retours: donnez-moi vos impressions par message sur ce site ou sur les réseaux sociaux. 🙂
Un petit résumé pour vous donner envie : “10 000 ans avant notre ère, vallée du Nil. La jeune Tanis, intouchable à cause de ses cheveux blancs, vit avec l’Ancien, son père adoptif et le chaman du village. Une nuit, avec son seul ami, Sepi, elle se découvre le pouvoir d’ouvrir la pyramide d’Osiris, le dernier roi des Atlantes. Mais en y volant le masque du géant, ils commettent un terrible sacrilège : des rochers de feu s’abattent sur le village. Par miracle, Sepi, revêtu du masque, parvient à arrêter leur chute d’un simple geste. On exulte : Osiris est ressuscité ! Une ère de prospérité et de bonheur semble dès lors s’ouvrir pour la vallée. C’était compter sans les Aryanas, un peuple guerrier venu de la mer. Attirés par le jeune royaume divin, ils y apporteront la peur, la violence, l’esclavage et… l’amour.”
On m’a souvent posé cette question et j’ai toujours eu beaucoup de mal à répondre de manière synthétique. Heureusement, maintenant je pourrai citer l’excellente série Mad Men que je regarde à nouveau en ce moment.
On est dans les années 60, chez Sterling Cooper, une agence de publicité new-yorkaise. Peggy, une jeune secrétaire, parvient à se faire remarquer et à devenir rédactrice publicitaire, chose quasiment impossible vu le sexisme de l’époque bien mis en avant dans la série. A l’annonce de sa promotion, elle a un moment de flottement et semble perdre sa confiance en elle.
Son chef, le directeur créatif Donald Draper, lui donne alors ce conseil qu’on pourrait donner aussi à tout scénariste/écrivain commençant un projet sur un nouveau sujet : “Immergez-vous dedans, et puis oubliez-le et pouf ! L’idée surgira”.
Je cite de mémoire, mais j’ai souvent fait l’expérience de me plonger dans un sujet, de tourner en rond pendant des heures autour de ses thématiques, de ne rien trouver et de décider, déçue et énervée, de passer à autre chose… Et c’est quelques heures plus tard, pendant que je réaligne mes Playmobils sur leur étagère ou bien que je me brosse les dents, que j’ai enfin une idée, voire un vrai début de récit.
Ouf… Enfin, après il faut écrire une vraie intrigue, mais c’est une autre histoire.
Après “La déesse d’ambre”, réalisée avec Christophe Bec, j’ai le grand plaisir de faire le scénario d’un deuxième Thorgal Saga : Britannia.
Il se déroulera aux retour des Amériques de Thorgal et de sa famille et sera plutôt dans l’esprit réaliste et barbare à souhait de Louve.
C’était le vœu du dessinateur qui va faire ce nouvel album avec moi. Il préfère rester anonyme en attendant d’avoir des pages finalisées à montrer. Mais je n’ai pas pu résister au plaisir de vous parler tout de suite de ce nouveau projet si excitant pour nous deux.
Les prochains Alix et Alix senator qui arriveront en librairie cet automne seront tous les deux accompagnés d’une édition spéciale.
Ainsi le 4 septembre prochain, en plus de l’édition normale des Cercles des géants, le tome 15 d’Alix senator, vous pourrez découvrir l’édition premium avec une variation sur la couverture et un cahier supplémentaire historique sur les mégalithes bretons (mais pas que). Comme tous les ans, j’ai rédigé les textes et ils sont illustrés, entre autres, de croquis de Thierry Démarez.
Puis, le 13 novembre prochain, arrivera Le Gardien du Nil, le tome 43 des aventures d’Alix avec un tirage spécial pour les librairies Canal BD.
Comme l’édition premium d’Alix senator, elle aura une couverture et une maquette différente de l’édition normale ainsi qu’un cahier supplémentaire. Je vous y présente l’Égypte vue par Jacques Martin dans Le Prince du Nil et par Chrys et moi dans Le Gardien.
J’ai eu la chance d’aller passer le long week-end du 15 août à Munich en famille. Denis et moi en avons profité pour aller visiter l’Alte Pinakothek de la ville. Elle possède une des plus belles collections de tableaux d’Europe et nous y avons (re)découvert de nombreuses merveilles.
Voici l’une d’elles : La Mort de Sénèque peinte par Pierre Paul Rubens en 1612.
Sénèque était un philosophe romain du premier siècle de notre ère. Il prônait une doctrine stoïcienne : le sage devait, entre autres, mettre l’éthique au cœur de ses réflexions, vivre en harmonie avec la Nature et accepter calmement son destin quel qu’il soit, sans se laisser déborder par les émotions comme la peur ou la colère. La vertu étant suffisante pour trouver le bonheur, le reste devenait accessoire, voire nocif.
Dans certains cas, Sénèque pensait pourtant que la vie ne valait plus d’être vécue : quand on était menacé d’être réduit en esclavage par exemple ou bien quand on sentait trop décliner son intellect. Alors, il prônait le suicide comme idéal moral et ultime moyen de libération du sage.
On le voit ainsi se suicider sur le tableau de Rubens : un esclave lui ouvre les veines à sa demande. Pourtant, Sénèque n’obéit pas alors à une injonction philosophique. Il meurt non par sa propre volonté mais parce que l’empereur Néron le lui a ordonné.
Pour être un philosophe majeur de son temps, Sénèque n’en était pas moins un homme de cour et d’État. Il avait été le précepteur du fils d’Agrippine et était resté ensuite son conseiller. Il en avait profité pour s’enrichir considérablement et vivre en grand aristocrate romain. Bref, il mena une vie bien en contradiction avec l’idéal qu’il prônait.
Hélas pour lui, il finit par être compromis dans la conjuration de Pison, un complot visant à assassiner Néron. On ne sait pas quel rôle exact le philosophe y joua, voire s’il y participa réellement ou fut simplement dénoncé à tort par un jaloux. Mais l’empereur n’hésita pas et lui ordonna de se suicider avec d’autres conjurés.
La Mort de Sénèque conservée à l’Alte Pinakothek (Munich)
Ceci posé, Rubens ne cherche pas à donner une vision réaliste de la mort de Sénèque, mais bien à montrer la fin idéale d’un philosophe. Les yeux levés vers le ciel, le stoïcien accepte sereinement son destin, que sa condamnation soit juste ou non.
Le peintre reprend d’ailleurs quelques éléments de la description de la mort de Sénèque par l’historien romain Tacite. Dans ses derniers instants, le philosophe aurait appelé des secrétaires pour leur dicter un discours. On ne se refait pas… Puis comme il était toujours en vie, il serait entré dans un bain chaud, ici réduit à un baquet, et aurait répandu de l’eau sur ses esclaves en disant « J’offre cette libation à Jupiter libérateur ». Une vraie dernière parole de stoïcien, dont on ne sait, bien sûr, si elle est vraie ou inventée.
La Mort de Sénèque, conservée au Musée du Prado (Madrid)
Rubens, qui réalisa une deuxième version de son tableau que je vous montre ci-dessus, eut aussi une autre source d’inspiration, esthétique celle-là : une statue romaine du deuxième siècle de notre ère, copie d’un original hellénistique. Elle avait été découverte à Rome au XVIe siècle et était très célèbre au temps du peintre. Aujourd’hui, plus qu’une représentation du suicide du philosophe, on pense qu’il s’agit d’une représentation d’un vieux pêcheur, un type de statuaire propre à l’époque hellénistique.
Photos de mirages type fata morgana publiées dans Ouest France en août 2022
Comme tout le monde ou presque, j’aime beaucoup me promener au bord de la mer, d’autant que la Manche est à moins de 10km à vol d’oiseau de la maison. Parfois, il m’arrive de voir de voir des formes d’immeubles au loin sur la mer, voire, quand je regarde vers Le Havre par temps clair, d’avoir l’impression que les bâtiments et les cheminées du port sont beaucoup plus près ou plus hauts qu’ils ne le sont en réalité.
Je n’avais jamais donné de nom à ce phénomène optique amusant dû à la superposition de couches d’air chaud et d’air froid dans l’atmosphère. Et, ces jours-ci, j’apprends en lisant la Presse de la Manche qu’il s’appelle « fata Morgana », oui, comme la fée de la légende arthurienne. C’est très joli et… très étrange.
En fait, ce phénomène a été nommé comme cela car les premiers à l’avoir rencontré et à en avoir parlé sont des croisés qui naviguaient près du détroit de Messine, séparant l’Italie et la Sicile. Ils eurent l’impression de voir de fantastiques châteaux flotter au-dessus de l’eau dans le lointain. De telles merveilles ne pouvaient être dû qu’à un être aussi surnaturel qu’inquiétant : la fée Morgane.
Ce week-end, nous avons eu le bonheur, Denis et moi, d’être intronisés conjointement « maitre et maitresse des bulots » au Festival BD de Dieppe. Ce fut une amusante mais aussi émouvante cérémonie en compagnie d’une bien belle brochette de collègues, amis et donc aussi bulots : Grzegorz Rosinski, Vero Cazot, Olivier Bocquet, Corentin Rouge, Gaetan Georges, Vincent Lemaire Dit Hardoc !
Merci aux Dieppois pour leur accueil et longues vies aux bulots d’or !
Après les pages 1 et 2, voici la page 3 tome 15 d’Alix senator que vous pourrez découvrir en librairie à la rentrée prochaine. Je vous montre la page 3 où plutôt les différentes étapes dessinées de sa réalisation, du board à la page finie en couleur :