À la mi-février, on célébrait dans la Rome antique les Lupercales, des fêtes de purification en l’honneur du dieu Faunus lupercus, « Faunus qui repousse les loups » loin des troupeaux.
On lui sacrifiait un bouc à l’intérieur de la grotte dans laquelle la louve était censée avoir allaité Romulus et Remus, les fondateurs légendaires de la ville. Puis, le prêtre apposait son sang sur le front de deux adolescents vêtus de peaux d’animaux. Il éclataient de rire et, après s’être armés de lanières taillées dans le cuir du bouc sacrifié, rejoignaient les 22 autres luperques et allaient fouetter (!) tous ceux et surtout toutes celles qu’ils croisaient sur leur passage. Le fête de la purification était aussi une célébration de la fécondité retrouvée au sortir de l’hiver.
Mais le rapport avec Marc Antoine me direz-vous ? En 44 av JC, c’est lui, alors consul de Rome, qui était le premier des luperques. Cette mauvaise langue de Cicéron le décrit comme « nudus, unctus, ebrius », nu, huilé et ivre. Couvert de sa seule peau de bouc, il tenta par deux fois de poser un diadème sur la tête de César et par deux fois, César le repoussa… sous les acclamations de ses partisans qui espéraient peut-être le voir devenir le monarque de Rome.
Un mois plus tard, c’était les ides de mars. Après le meurtre de César, Marc Antoine s’enfuit pour échapper à ses assassins. Il se dépouilla de ses insignes de consul pour ne pas être reconnu et se retrouva donc une fois de plus tout nu ou presque… Comme quoi, à Rome, du tragique au grotesque, il n’y a jamais qu’un pas souvent vite franchi.
Ci-dessous :
– Les Lupercales, vers 1635, musée du Prado © Andrea Camassei
– Richard Burton en Marc Antoine dans le Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz en 1963 (je vous laisse l’imaginer en peau de bouc)