La fameuse toile que vous pouvez voir ci-dessous est « Le Sabbat des sorcières » de Francisco de Goya, peinte entre 1797 et 1798 et conservée au Musée Lazaro Galdiano de Madrid.
Le Diable apparaît sous la forme d’un grand bouc noir, une thématique classique de la tradition basque. En effet, le titre original de cette toile est « Aquelarre », du basque « akelarre » (aker = bouc et larre = lande), qui fait de la lande du bouc le lieu du sabbat par excellence. Celui-ci a déjà commencé: les sorciers ont apporté au diable son plat favori : des cadavres de petits enfants. Il va les dévorer avant de lancer l’orgie rituelle. A moins que ce ne soit déjà fait. On a souvent interprété la femme de dos au premier plan comme une allusion aux fellations et aux autres « pratiques contre-nature » que le démon attendait de ses adeptes.
Je ne vous parle pas de ce tableau aujourd’hui par hasard. Au moins depuis la fin du Moyen-Âge, les traditions populaires d’Europe du Nord et de France font de la nuit du 31 avril au 1er mai, la date d’un des grands sabbats annuels des sorcières. On l’appelait « nuit de Walpurgis » du nom d’une sainte anglaise (Walburge) venue évangéliser les Germains au VIIIe siècle de notre ère. Cette légende est sans doute l’écho déformé par des siècles de christianisme de célébrations antérieures à cette religion. Elles devaient marquer le passage de l’hiver à la belle saison. On allumait alors de grands feux avant de sacrifier aux anciens dieux pour qu’ils réveillent la nature et ramènent le printemps.
Plus tard, « La nuit de Walpurgis » devint un motif littéraire classique des récits fantastiques: on la retrouve dans le « Faust » de Goethe puis chez Paul Verlaine, Bram Stoker ou H. P. Lovecraft. Elle donna aussi son nom à de nombreux morceaux de musique, pièces de théâtre, films ou jeux vidéo.