Les momies de Saint-Michel de Bordeaux

Hier, en préparant mon statut sur Maurice Tillieux, j’ai découvert que « La Disparition de M. Noble », une des histoires de « Félix », était inspirée des momies de Saint-Michel de Bordeaux, momies qui avaient fortement impressionné le petit Maurice alors qu’il visitait l’église vers l’âge de 11 ans.
Quoi ? Des momies à Bordeaux ???? Eh bien, oui 🙂

Avant la Révolution, se trouvait un cimetière paroissial à côté de l’église Saint-Michel – sous l’actuelle place Meynard pour les Bordelais. Mais en 1791, le Directoire du département ordonna sa suppression pour favoriser le développement urbain et/ou éviter de nouvelles épidémies. On découvrit alors une soixantaine de corps momifiés en bon état.

Ils n’avaient pas été embaumés et on ignore encore comment ils ont pu se conserver ainsi. On pensa un moment que c’était dû à l’argile contenu dans la terre. Mais lors de nouvelles fouilles en 2010, plus de 150 corps furent découverts à leur tour sur le site, mais aucun ne s’était transformé en momie.

Quoi qu’il en soit, plutôt que de réenterrer les momies ailleurs, on décida… de les exposer dans la crypte sous la tour Saint-Michel ! Il y en avait dix contre chacun des six côtés de la salle basse du caveau de la flèche.

Les corps restèrent là jusqu’à 1979 et devinrent une attraction touristique. De nombreux écrivains vinrent les voir de Victor Hugo à Ferdinand Céline en passant par Gustave Flaubert ou Jules Verne. Allan Kardec, le « codificateur du spiritisme », tenta même de communiquer avec la momie 48.

De nombreuses légendes naquirent de l’imagination des guides : une des momies était un général mort en duel, une autre un enfant enterré vivant, d’autres encore une famille entière empoisonnée par des champignons…

Mais le succès des momies causa leur perte : des touristes les touchaient et les abimaient, certains volaient même des morceaux de peau, voire des ossements.
En 1979, la crypte fut donc fermée au public. Onze ans plus tard, les dépouilles furent enfin transférées au cimetière de la Chartreuse.

Ci-dessous :
Deux cartes postales des momies de Saint-Michel de Bordeaux, circa 1905, auteur : Coutenceau.