Mata Hari

Le 15 octobre 1917, Mata Hari est fusillée à Vincennes pour espionnage au profit de l’Allemagne. C’est la fin d’une vie tout entière marquée par le mystère et la tragédie.

La fameuse danseuse est née en août 1876 aux Pays Bas et s’appelle en réalité Margaretha Geertruida Zelle. Se destinant d’abord à devenir institutrice, elle est renvoyée de son école suite à une liaison (?) avec son directeur. Elle se marie ensuite, dès ses 18 ans, avec un capitaine de vaisseau beaucoup plus âgé qu’elle. Il l’emmène dans l’île de Java où elle apprend les danses qui le rendront célèbre plus tard.

Mais en juin 1899, un drame terrible frappe le couple : ses deux enfants sont empoisonnés. Seule la petite survit et on ne saura jamais ce qui s’est exactement passé, même si on soupçonne à l’époque une vengeance des domestiques.
Trois ans plus tard, Margaretha, de retour en Europe, divorce. Son mari, reconnu violent et alcoolique, lui laisse la garde de leur fille mais ne versera jamais le pension alimentaire qu’il lui doit. L’année suivante, il finit même par enlever leur enfant pour la soustraire, dira-t-il à une mère « indigne et dangereuse ».
Pour survivre celle-ci gagne Paris où elle commence à se prostituer avant de devenir écuyère dans un cirque puis danseuse nue.

En 1905, elle connaît son heure de gloire lorsqu’elle danse dans la bibliothèque du musée Guimet à la demande de son fondateur. Elle se fait dès lors appelée Mata Hari, « œil du jour » ou « soleil » en javanais. Elle se produit ensuite dans toute l’Europe suscitant à la fois l’admiration et le scandale. Ses strip-teases sous couvert de danse orientale lèvent le tabou de la nudité encore très important à la Belle Epoque.
Il n’en faut pas plus pour que les journaux relaient la légende qu’elle s’est créée. Née à Java, elle a été initiée au culte de Shiva et à ses danses sacrées. Son père était un baron et son ancien époux aurait été tellement jaloux qu’il lui aurait arraché les mamelons des seins (!) lors d’une violente dispute.

Mais la curiosité du public passée, la notoriété de Mata Hari s’effondre et elle doit se prostituer à nouveau. En 1915, elle doit vendre son hôtel particulier de Neuilly et louer une petite maison à La Haye. C’est là qu’elle rencontre le consul d’Allemagne qui lui propose de payer ses dettes en échange de renseignements stratégiques… En clair, elle doit retourner à Paris et s’y servir de ses nombreux talents pour espionner les milieux politiques au profit de leur ennemi. On ne sait si elle passe réellement à l’acte. Mais l’année suivante, un officier du service de contre-espionnage français qui lui fait la même proposition à l’envers : espionner les Allemands pour la France. Là encore, on ne sait ce qu’elle fait en réalité.

C’est finalement en janvier 1917 qu’elle rencontre son destin en la personne du major Kalle, l’attaché militaire allemand à Madrid. Elle lui avoue (ou se vante pour le séduire ?) d’être l’espion H 21, travaillant elle aussi pour l’Allemagne. Hélas, Kalle raconte tout cela dans un message qui est intercepté et décodé par les Français. Mata Hari est arrêtée à Paris le mois suivant.
L’enquête est sommaire et on ne découvre pas grand chose. Mais cela n’empêche pas qu’elle soit accusée d’espionnage. Finalement, au terme d’un procès de trois jours, elle est condamnée à mort pour intelligence avec l’ennemi en temps de guerre. « Femme perdue », elle fait une coupable idéale alors que la Première Guerre Mondiale semble mal tourner pour la France et que tout le monde cherche des boucs émissaires. Elle est finalement fusillée en octobre. Selon la légende, elle s’est élégamment vêtue et a refusé d’être attachée au poteau ou d’avoir les yeux bandés. Son seul regret étant apparemment d’avoir dû se lever à l’aube, elle envoie un dernier baiser aux soldats qui l’exécutent avant de tomber sur le sol. Plusieurs de ses organes seront volés pendant l’autopsie et vendus comme reliques.