Le 16 mars 1822, naissait à Bordeaux la future peintre et sculptrice Rosa Bonheur. Spécialisée dans la peinture animalière, elle connut un très grand succès de son vivant. Dès 1856, elle n’eut même plus besoin d’exposer au Salon : toutes ses œuvres étaient vendues d’avance. Les amateurs spéculaient déjà sur elles et certaines partirent jusqu’aux États-Unis.
En 1867, Rosa Bonheur, devenue riche, fut même la première femme artiste à recevoir la légion d’honneur. L’impératrice Eugénie la lui donna en personne. Elle voulait montrer que « le génie n’avait pas de sexe ». Cependant, la peintre ne fit jamais l’unanimité. De nombreux critiques lui reprochèrent son indifférence pour les courants artistiques qui modernisèrent la peinture de son époque. Ils en firent le symbole du conservatisme tant pictural que politique.
Pourtant, si Rosa Bonheur fut effectivement très conservatrice sur bien des aspects, elle mena une vie de femme bien en avance sur son temps. Elle refusa obstinément de se marier pour garder son indépendance financière autant que par désintérêt envers les hommes. Mais elle ne vécut pas seule pour autant. Quoique niant toute homosexualité (on est au XIXe siècle), elle s’installa avec deux compagnes successives, peintres comme elle. Ensemble, elles organisèrent la diffusion des leurs œuvres sous forme d’estampes, organisèrent un atelier de production et développèrent tout un « marketing » autour de Rosa et de ses tableaux.
En 1889, lors de l’Exposition universelle de Paris, elle se lia même à Buffalo Bill et partit à Chicago en 1893 où elle rencontra également le succès.
Elle mourut d’une congestion pulmonaire six ans plus tard, laissant derrière elle plus de 2 100 œuvres. Elles sont aujourd’hui dispersées dans des musées du monde entier mais on peut encore visiter l’atelier de l’artiste dans son château de By, près de Paris.