Ismaïl Kadaré est mort aujourd’hui. La plupart d’entre vous ne connaissent peut-être pas ce grand écrivain albanais et c’est bien dommage 🙂
Il m’a beaucoup marquée quand j’étais jeune adulte. C’est ma professeur de français de 1ère, la même qui m’a préparée au Concours général de Latin, qui m’a fait découvrir ses œuvres. Elle était, elle-même originaire de Macédoine du Nord, le pays situé juste à l’est de l’Albanie, et on était juste après la chute du Mur de Berlin. Tout ce qui concernait l’Europe de l’Est retenait alors l’attention. La littérature ne faisait pas exception. Surtout que Kadaré avait dû fuir l’Albanie en 1990 et avait demandé l’asile en France.
Mme Ponchet, c’était le nom de ma professeur, m’a prêté Le Général de l’Armée morte (quel titre !), le roman qui a fait connaître Kadaré à l’international. Des généraux italien et allemand y viennent en Albanie dans les années 60 pour y rechercher les ossements de leurs compatriotes morts pendant la seconde guerre mondiale et s’y interrogent sur le sens à donner à tous ces sacrifices et sur la fièvre nationaliste qui y a présidée. Un sujet toujours d’actualité.
J’ai adoré et j’ai acheté ensuite les poches que vous voyez ci-dessous. Kadaré y revient sans cesse sur l’Histoire, les traditions et les mythes de son pays pour les confronter à la modernité et dénoncer le totalitarisme qu’il a dû longtemps affronter. Ainsi dans Qui a ramené Doruntine ? il transforme un mythe ancien en enquête à suspens pour mieux interroger la société albanaise : “Par une nuit de brume, Doruntine se présente chez sa mère après trois ans d’absence. Son frère Konstantin l’aurait ramenée des lointaines contrées de Bohême où elle s’est mariée. Il en avait certes fait le serment, mais chacun sait qu’entre-temps il est mort à la guerre. Sommé par les autorités d’élucider l’affaire pour mettre fin aux superstitions et aux plus folles rumeurs, le capitaine Stres soupçonne une imposture de haute volée. Il n’a qu’une obsession : retrouver le cavalier de Doruntine…” (texte de l’éditeur)
Bref, si vous aimez l’Europe du sud et de l’est, si son Histoire vous intéresse et que la relecture des mythes fondateurs vous parle, ne passez pas à côté de (re)découvrir Kadaré cet été. De bien bons moments de lecture vous attendent.