En 1837, Frederick Frey, un banquier de la Nouvelle Orléans d’origine allemande, demanda au peintre Jacques Amans de faire le portrait de ses trois enfants Léontine, Elizabeth et Frederick Jr avec leur esclave, le jeune Bélizaire.
Celui-ci avait été acheté à l’âge de 6 ans avec sa mère, Sally, qui devint la cuisinière des Frey. On ignore qui était son père. En 1856, Bélizaire fut revendu pour 1 200 $ à un planteur de canne dont il devint, à son tour, le serviteur et le cuisinier. On perd sa trace cinq ans plus tard, au début de la guerre de Sécession. On ne sait s’il vit l’abolition de l’esclavage en 1865.
Bélizaire et les Enfants Frey
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est, parce qu’au-delà de son destin, tragiquement représentatif de son époque, Bélizaire est à peu près le seul esclave, clairement identifié, dont le portrait soit parvenu jusqu’à nous. Et encore, cela faillit bien ne pas arriver.
Le tableau resta longtemps dans la famille de la femme de Frederick Frey. A une date inconnue, des repeints furent ajoutés sur le jeune esclave et le firent disparaître. Seule une ombre marquait encore sa silhouette. On ne sait pas si les propriétaires d’alors avaient honte que leurs parents aient été esclavagistes ou, au contraire, avait honte que leurs parents aient été représentés avec Bélizaire.
Quoi qu’il en soit, il fallut attendre 2005 pour que le tableau, revendus plusieurs fois, soit nettoyé et que la figure de l’adolescent réapparaisse. Il ne fut identifié qu’en 2021.
La toile se trouve à présent au Metropolitan Museum of Art qui lui rend toute son importance historique.
Je ne sais pas pourquoi mais nous avons beaucoup de parlé de « sidération » et d’ « effet de sidération » aujourd’hui à la maison. Alors, ce soir, pendant que je m’adonnais aux joies de l’intertextualité sur internet, je me suis soudainement rappelée une scène réputée avoir « sidéré » le Moyen-Âge.
La voici :
Extrait du Livre des femmes nobles et renommées, traduction anonyme en français du De Claris mulieribus de Giovanni Boccaccio, réalisée en 1403 pour le duc Jean de Berry et conservée à la Bibliothèque Nationale de France.
Le pape met au monde un enfant… Ou plutôt la papesse Jeanne met au monde un enfant.
Selon la légende, Jeanne, une jeune fille née à Mayence au IXe siècle, se serait déguisée en homme et aurait pris le nom de Johannes Anglicus (Jean l’Anglais) pour aller étudier en Angleterre puis à Athènes, patrie de la philosophie. Elle serait ensuite allée à Rome où elle aurait fini par entrer à la Curie, l’administration qui entoure le souverain pontife. Devenue cardinal, elle aurait été élue pape par acclamation populaire, les Romains admirant sa piété et son grand savoir. Hélas, quelques années plus tard, elle aurait accouché en public pendant la procession de la Fête-Dieu. Le peuple, passé sa première sidération, aurait été outré d’avoir été trompé et l’aurait alors lapidée (à moins qu’elle ne soit morte en couches ou simplement déposée comme inapte à assurer davantage ses fonctions pontificales).
Bien sûr, tout cela est faux et Jeanne n’a jamais existé : la liste des papes est bien connue et la légende elle-même comporte de nombreux anachronismes. Il n’y a pas d’université en Angleterre au IXe siècle par exemple. Mais, le personnage, apparu semble-t-il au XIIIe siècle, connut une grande prospérité littéraire, d’abord chez les divers ennemis de la papauté (une institution qui a pu commettre une telle erreur et mettre une femme à sa tête est forcément corrompue et indigne de diriger les Chrétiens, n’est-ce pas 🙂 ), puis chez de nombreux auteurs séduits par le caractère à la fois romanesque et tragique de la vie de la papesse.
Le tome 14 d’Alix senator sort aujourd’hui. Pour l’accompagner, je vous propose une vidéo sur le destin d’Arminius, le jeune garçon que rencontre le sénateur en Germanie. Il a vraiment existé et il est devenu, quelques années plus tard, la terreur des Romains !
Mes exemplaires du tome 14 d’Alix senator à paraître la semaine prochaine (le 11 ocotbre) sont arrivés à la maison. J’en feuillette un exemplaire, rien que pour vos yeux…
Jupiter, Neptune et Pluton, fresque du Caravage (29 septembre 1571 – 18 juillet 1610). Elle orne le cabinet d’alchimie du cardinal des Monte dans la villa Ludovisi à Rome.
Comme son nom l’indique, la fresque représente les trois fils du titan Cronos: Jupiter le roi des dieux et du ciel, assis sur son aigle, Neptune, le dieu des mers sur son cheval marin, et Pluton, le maître des Enfers avec Cerbère, son chien à trois têtes.
Ils entourent une sphère céleste que Jupiter fait tourner de la main. En regardant bien, on y voit les constellations zodiacales printanières au centre, devant la Terre. En bas, le cercle lumineux est le soleil.
La symbolique alchimique de l’ensemble a suscité diverses interprétations : les dieux seraient des symboles des éléments ou bien des différentes étapes du Grand Œuvre. Je vous laisse en juger 🙂
L’échiquier de Charlemagne est une merveille de l’art médiéval. Ça fait un moment que j’avais envie de vous le montrer et de lui consacrer un peu plus qu’un petit texte. Ça tombe bien, je m’essaye de plus en plus à la vidéo.
J’espère que ce petit sujet vous plaira. N’hésitez pas à m’encourager à en faire d’autres en partageant ce statut. Et je lirai bien sûr avec plaisir vos commentaires 🙂
De passage à Paris, j’en ai profité pour aller visiter la grande Galerie de l’Évolution que je ne connaissais qu’en photos. J’y ai passé un très bon moment. Bâtiment et collections sont superbes. Je vous mets quelques images pour vous donner envie d’y aller aussi :