L’actualité

Le Casque de Skanderberg

Mes amies autrices et auteurs d’héroïc fantasy craignent parfois d’aller trop loin quand ils conçoivent le design des armes de leurs héros. Pourtant, ils ont encore un peu de marge.

Ci-dessous, vous pouvez admirer le « casque de Skanderberg ». Fait de métal blanc et surmonté d’une tête de chèvre en bronze doré, il est sans doute fabriqué en Italie vers 1460. Mais il n’est mentionné dans les sources qu’à partir de la fin du siècle suivant quand il est acheté par l’héritier des Habsbourg, les souverains du Saint-Empire romain germanique.

© Jebulon

Le futur empereur Ferdinand II, alors simple archiduc autrichien, s’est dit en le voyant qu’il pouvait bien s’agir du couvre-chef de Skanderberg, un seigneur albanais célèbre en Europe centrale pour avoir longuement résisté aux Ottomans. Cette attribution, qui ne repose sur rien de concret, a finalement donné son nom au casque. On ne sait toujours pas aujourd’hui pour qui il a été fabriqué, mais il est devenu au fil du temps un des symboles les plus marquants de l’histoire albanaise.

Casque conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, Autriche.

© Sandstein

Fête de la musique : Apollon et Marsyas

Comme c’est la fête de la musique et que je suis de bonne humeur, j’ai envie de vous raconter une histoire horrible aujourd’hui. Comme elle était d’abord destinée à FB, je ne l’ai pas illustrée par l’image qu’elle mériterait mais par ce sympathique playmobil du dieu Apollon. Il a l’air gentil comme ça, mais c’est le psychopathe de l’histoire.

Elle ne commence pas avec lui mais avec Marsyas, un satyre de Phrygie, en Asie Mineure (Turquie actuelle) ou plutôt avec Athéna, la déesse grecque de la sagesse. Un jour, elle inventa l’aulos, une sorte de double flute, mais voyant comme elle lui déformait les joues, elle la jeta au loin, déçue.

Marsyas ramassa l’instrument et se mit à en jouer. Il subjugua tous ceux qu’il croisa et bientôt sa réputation de musicien se répandit partout. On commença même à dire qu’il jouait mieux qu’Apollon, le dieu de la musique, lui-même. Marsyas, flatté, laissa dire.

Apollon finit par entendre parler de son rival, et furieux, le défia devant le roi Midas et les Muses. Le vainqueur pourrait faire ce qu’il voudrait du vaincu. Trop sûr de lui, Marsyas accepta.

Midas le désigna comme vainqueur mais les Muses, les divinités des arts, choisirent bien sûr Apollon. Le dieu dota Midas d’oreilles d’âne (!) et condamna Marsyas à… être écorché vif (!) afin que nul après lui n’ose se prétendre meilleur qu’une divinité. La sentence fut exécutée sans pitié et Apollon fit ensuite tanner et transformer en outre la peau du malheureux Marsyas.

Dans l’Antiquité, les touristes pouvaient encore frissonner d’horreur devant elle dans une grotte de Phrygie.

Fête des pères : Silène et Dionysos

Fils de Zeus, le roi des dieux grecs, et d’une mortelle, le jeune Dionysos, le futur dieu de l’ivresse et de tous ses excès, était menacé par Héra, l’épouse jalouse et délaissée de son père. Elle avait coutume de punir sauvagement toutes ses rivales ainsi que leur progéniture.

Pour protéger le bébé, Zeus le confia à Silène, un satyre, plus connu pour son goût de la musique et de la danse que pour son amour des enfants. Pourtant, Silène s’attacha au petit dieu et devint le modèle du père adoptif protecteur et aimant.

Plus tard, Silène et Dionysos restèrent inséparable : le satyre devenu la personnification de l’ivresse prit la tête du cortège divin. Vieillard burlesque et constamment ivre, il est aussi un personnage toujours de bonne humeur et bienveillant (ceci explique peut-être cela, vous me direz).

Ci-dessous : Silène avec Dionysos enfant. Marbre, copie romaine du milieu du IIe siècle ap. J.-C. d’un original grec (vers 300 av. J.-C.), conservée aux musées du Vatican (Museo Chiaramonti, Braccio Nuovo)

© Jastrow

Nefertari dans le métro

La grande épouse royale de Ramsès II dans le métro parisien, on aura tout vu ! Pourquoi pas un dieu à tête de faucon, aussi ?
Ci-dessous : extrait de « Nefertari », histoire courte réalisée par Raymond Poïvet (17 juin 1910 – 30 août 1999) et parue dans le n°23 de l’Echo des savanes, du deuxième trimestre 1976.

Le récit complet (11 pages) peut être lu ici : Raymond Poïvet sur BDZoom 2

Et la première partie de l’article pour (re)découvrir Poïvet : Raymond Poïvet sur BDZoom 1

 

De nouvelles cases d’Alix senator 12

De nouvelles cases du Disque d’Osiris, le tome 12 d’Alix senator, ça vous tente ?
Alors rien que pour vos yeux, voici l’île de Philae et le départ de nos héros pour la grande aventure.

À paraître le 22 septembre prochain aux éditions Casterman.
Avec Thierry Démarez au dessin, Jean-Jacques Chagnaud à la couleur, Jimmy Vanden Hautte et Clément Fourrey à l’éditorial.

 

Néron enfant

Et si vous pouviez remonter le temps et tuer Néron avant qu’il ne devienne empereur le feriez-vous ?

Photo © Scailyna

Statue de Néron enfant réalisée vers 50 après J.-C. et conservée au Louvre.
Néron est né en 37. En 50, il est adopté par l’empereur Claude, remarié depuis deux ans avec sa mère, Agrippine la Jeune.
Néron est ici représenté en taille réelle ou proche (1,38 m). Il porte encore la toge prétexte des enfants libres ainsi que la bulla, un pendentif rempli d’amulettes protectrices.

Sinon, ah oui, Néron est mort le 9 juin 68, c’est pour ça que je vous montre cette statue aujourd’hui.

Tezucomi 2

Depuis le début du mois, vous pouvez retrouver en librairie le Tezucomi 2 aux Éditions Delcourt-Tonkam. J’y ai participé avec une histoire courte dessinée par mon ami (et néanmoins talentueux auteur) Brice Cossu.

Tous les deux, nous avons eu le grand plaisir de rendre hommage à un des maîtres incontestés de la Bande Dessinée mondiale : Osamu Tezuka. Nous avons imaginé une variation SF du début de La Vie de Bouddha en essayant de renouveler le mythe japonais du Lapin de la Lune.

Nous sommes en bonne compagnie dans ce volume puisque vous y trouverez aussi :
– Bokutengou qui reprend Vampires
– Ishida Atsuko qui reprend Nanairo inko
– Tokimaru Yoshihisa qui reprend Black Jack
– Buredo qui reprend Princesse Saphir
– Mathieu Bablet qui reprend Metropolis
– Luis Nct qui reprend Le Chant d’Apollon
– Kenny Ruiz qui reprend La Légende de Songoku
– MIG qui reprend Unico

Canard d’Ougarit

Il n’y a pas que les chatons qui sont mignons, les canards aussi…

Boîte à fard en forme de canard réalisée en ivoire d’hippopotame au XIIIe siècle av. J.-C. et conservée au Musée du Louvre.
Elle provient du site de Mahadou, une ancienne cité portuaire du royaume d’Ougarit aujourd’hui appelée Minet el-Beida et située en Syrie.

Les très riches Heures du duc de Berry : le Jardin d’Eden

Si vous me suivez depuis un petit temps, vous savez que j’ai un faible pour les très riches Heures du duc de Berry, un livre liturgique copié et illustré au XVe siècle.

Les très riches Heures sont célèbres pour la centaine de miniatures que renferment leurs feuillets. J’ai déjà parlé ici de celles illustrant le calendrier mais, ce soir, je vous en propose une autre inspirée de la Genèse, le premier livre de la Bible : « Le Paradis terrestre ».

© IRHT-CNRS/Gilles Kagan

En une seule image toute ronde, le peintre Jean de Limbourg réussit à rassembler les quatre scènes-clés du récit biblique. Elles se déroulent toutes au paradis terrestre et se suivent de gauche à droite dans l’ordre chronologique de l’histoire:

– le serpent, un démon pourvu d’un buste de femme ! tend le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal à Ève, la première femme, alors que Dieu a formellement interdit à celle-ci d’y toucher.

– Ève donne ce fruit à Adam, le premier homme. On ne le voit pas ensuite mais ils vont tous les deux y goûter et se rendre alors compte qu’ils sont nus.

– Malheureusement pour eux, Dieu choisit ce moment pour venir les voir. C’est lui le vieillard avec l’auréole dorée qu’on voit dans la troisième scène devant Adam et Ève. Honteux de leur nudité, ceux-ci cachent leur sexe avec leur main. À ce geste, Dieu comprend qu’ils lui ont désobéi et ont mangé le fruit défendu. Il décide de les punir.

– Ève et Adam sont chassés du paradis par un ange. Dieu leur refuse dorénavant de pouvoir goûter aux fruits de l’arbre de vie, un autre arbre extraordinaire qui permettait de vivre éternellement. On ne le voit pas ici. Par contre, le grand dais gothique au centre de l’image représente un autre symbole d’immortalité : une fontaine de jouvence, une eau censée pouvoir rajeunir ceux qui la boivent ou qui s’y baignent.

Et la punition ne s’arrête pas là. Dorénavant, Adam devra travailler la terre pour en arracher sa nourriture et Ève, à l’origine de leur faute commune, devra lui obéir en toute chose et enfanter la nouvelle humanité dans la douleur. (Bref, un récit qui nourrit des siècles d’inégalité des sexes, voire de franche misogynie, mais ça, c’est une autre histoire).


Dans les très riches Heures, vous pouvez découvrir aussi :

les différents mois du calendrier : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

Un étonnant “homme zodiacal”