Le scénariste Christian Godard nous a quittés la semaine dernière. Parmi toutes ses nombreuses séries, j’ai toujours eu un faible pour Le Vagabond des limbes qui commence à paraître en 1975.
Dans ce long récit de science-fiction pour le moins déjanté, Axle Munshine parcourt l’univers en quête du bonheur, accompagné de son « petit clown » préféré, Musky, l’ado éternel à la recherche d’un adulte qui lui donnerait envie de grandir.
Les idées narratives et visuelles sont très nombreuses dans la série et c’est dur de ne vous montrer qu’une seule page. Dans celle qui se trouve ci-dessous, la planche 28 du tome 1, Axle découvre ce qui le fascine chez une jeune femme vue en rêve : elle lit une bande dessinée… celle même que le lecteur tient en main ! Rejoindre la belle Chimeer et son album devient alors, bien sûr, l’obsession d’Axle.
Ici la mise en abyme n’est pas qu’une figure narrative amusante : elle participe au « fond » du récit, à son histoire, autant qu’à sa « forme ». Elle pose même la bande dessinée en moteur de l’aventure, en objet-art méritant qu’on passe sa vie à le chercher, comme on le ferait avec un être aimé. Peut-être même est-il moins chimérique que l’amour qui sait ? Je vous laisse répondre (vous avez 4h)
Ruez-vous tous dans les librairies ! C’est le grand jour : Le Gardien du Nil est disponible partout ce mercredi 13 novembre.
Petite présentation de Casterman :
“Après avoir déjoué deux tentatives d’assassinat contre Enak, les soupçons d’Alix guident son chemin vers l’Égypte. Mais à peine sont-ils arrivés à Alexandrie que les deux aventuriers sont séparés et emprisonnés. Enak est alors livré à un homme mystérieux, qui souhaite venger le funeste destin de Sakhara. Trahi par les personnes en qui il avait le plus confiance, Alix devra compter sur des alliés de longue date, mais aussi sur d’anciens ennemis, pour avoir une chance de sauver son compagnon.”
Il est temps pour Alix de retourner dans la capitale des Menkharâ, des années après les évènements du Prince du Nil.
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La petite joie du matin : je viens de recevoir un premier exemplaire du deuxième tome des Coulisses des aventures de mon sénateur préféré.
Après vous avoir dévoilé les secrets de fabrication du Cycle des Rapaces dans le premier tome, on vous dit tout sur le Cycle de Cybèle, les tomes 4 à 7 de la série. Thierry Démarez et moi continuons de commenter des planches choisies des albums (avec leur scénario et leur story-board) mais, cette fois, Jean-Jacques Chagnaud vous parle aussi de son travail sur la couleur. Il y aussi une préface de
Denis Bajram, un texte de Numa Sadoul, des interviews de Frédérique et Bruno, les enfants de Jacques Martin. Bref, plein de bonnes choses.
L’immense, l’incomparable René Goscinny est mort le 5 novembre 1977 à Paris.
C’est l’occasion de vous (re)montrer la première page de La grande Traversée, le tome 22 d’ Asterix .
Des cases entièrement blanches (hors les bulles) pour montrer des Vikings perdus dans le brouillard des mers glacées, quelle grande idée narrative !
Le Gardien du Nil, le prochain Alix, arrive en librairie dans moins de quinze jours, le 13 novembre.
Il était donc temps de vous montrer la page 10. Pleine de bruit et de fureur, elle est dessinée par Chrys Millien et mise en couleurs par Florence Fantini.
Thibaud de Rochebrune habite au Royaume-Uni, il n’est donc pas très souvent en France, heureusement, il nous fait le plaisir de venir pour la parution d’Inhumain : Quintessence. Vous pourrez donc le retrouver au dessin, et Denis Bajram et moi en signature, à Bayeux puis à Saint-Malo. L’occasion de discuter avec nous de science-fiction, d’humanité ou de ce qui vous plaira !
➔ à BAYEUX → Librairie Metropolis
▢ Jeudi 24 octobre de 17h à 19h
➔ à SAINT-MALO → Quai des Bulles → Stand Dupuis
▢ Vendredi 25 octobre de 16h30 à 18h
▢ Samedi 26 octobre de 10h30 à 12h et de 15h à 16h30
▢ Dimanche 27 octobre de 12h à 13h30
En 2020 paraissait Inhumain, une histoire complète de Denis Bajram et Valérie Mangin dessinée par Thibaud de Rochebrune.
Une histoire complète ? Nous, les auteurs, le pensions encore à sa parution. Mais, les semaines passant, nous avons tous les trois eu le sentiment que nous avions un peu abandonné nos personnages au milieu du chemin, qu’il y avait encore beaucoup à raconter sur cette société et sur ce monde… et que ce serait bien dommage de ne pas le faire. Et comme Stéphane Beaujean, notre éditeur aux Éditions Dupuis, est venu nous partager ce même sentiment, nous nous sommes lancés dans l’aventure d’une suite.
Si le tome 1 d’Inhumain cherchait à libérer l’humanité, elle va découvrir quel est le prix de cette liberté dans ce tome 2. Inhumain : quintessence sera en librairie le vendredi 4 octobre.
Vous pouvez d’ores et déjà découvrir les premières pages ici :
Voici La Fiancée de Bélus, un tableau peint par Henri Paul Motte en 1885, conservé au Musée d’Orsay.
On y voit une jeune fille nue, assise sur les genoux d’une inquiétante statue géante au cœur d’un sanctuaire obscur. Le visage de la divinité assise évoque celui des taureaux ailés de Khorsabad mais elle est censée être un dieu babylonien : Bel, Belus en latin, et, souvent, Baal pour nous.
En fait, « Baal » veut simplement dire « seigneur » et se retrouvait dans le nom de nombreux dieux de Mésopotamie : Baal Moloch, par exemple. Vous savez, le terrible dieu dévoreur d’enfants de la Salammbô de Gustave Flaubert qu’on rencontre aussi dans les pages du Spectre de Carthage ou du Tombeau étrusque de Jacques Martin. Ceux qui regardaient La Fiancée à la fin du XIXe siècle ne pouvaient manquer de penser en frémissant à ce terrible rituel et en imaginant que la jeune fille allait connaître, elle aussi, un sort funeste. Allait-elle mourir dévorée par les lions ?
Pourtant, les sacrifices d’enfants à Moloch n’ont peut-être jamais existé (en tout cas, on n’en a jamais trouvé de trace certaine jusqu’à maintenant et le débat reste vif). Le rituel qui a inspiré Henri Paul Motte est lui une pure invention : tous les soirs, on offrait à Bel une reine de beauté qui passait la nuit sur ses genoux. Le peintre pensait s’inspirer de l’historien grec Hérodote mais sa source était en fait une citation apocryphe.
On le voit, la Mésopotamie et les divinités orientales, mal connues au XIXe siècle, étaient alors de grands objets de fantasmes basés sur une image négative de l’Orient censé être moins civilisé que l’Occident, plus cruel et d’une sensualité plus débridée.