La malédiction du pharaon

 

Le 4 novembre 1922, Hussein Abdel-Rassoul, un porteur d’eau au service de l’égyptologue Howard Carter, découvre au cœur de la vallée des Rois, la première marche d’un escalier qui s’enfonce dans le sol. Au bout se trouve le fameux tombeau de Toutânkhamon. En descendant à l’intérieur, Carter découvre un fabuleux trésor… et donne involontairement naissance à un classique de la culture populaire : la malédiction du pharaon !

La tombe de Toutânkhamon, décembre 1922, photo Burton, © Institut Griffith, université d’Oxford.

L’affaire commence au mois d’avril suivant quand meurt soudainement lord Carnavon, le commanditaire des fouilles archéologiques. Les journalistes ont beau jeu de rappeler le sinistre présage qui a précédé l’ouverture de la porte du tombeau. Le petit canari de Carter s’est fait dévoré par un cobra, l’animal protecteur traditionnel des pharaons.

Mais ce n’est pas tout. La presse va plus loin et invente une malédiction trouvée dans la dernière demeure de Toutânkhamon : « la mort touchera de ses ailes ceux qui profaneront ce lieu. » L’histoire remporte un grand succès populaire. Elle inspire Arthur Conan Doyle, grand adepte du spiritisme, qui parle de mauvais sorts jetés par les anciens Égyptiens sur les futurs profanateurs, et Agatha Christie qui écrit alors L’Aventure du tombeau égyptien. Tout cela finit de renforcer le pouvoir de fascination de la mystérieuse malédiction.

Dans les années qui suivent, les journaux reprennent donc cette thématique à chaque fois qu’une personne liée de près ou de loin à la découverte de la tombe meurt. Elles sont 27, jusqu’à Howard Carter lui-même en 1939.

Des scientifiques tenteront ensuite d’expliquer le phénomène : les torches du tombeau étaient imprégnées d’arsenic, des moisissures allergènes s’y étaient développées, la poussière avait provoquée des pneumonies asphyxiantes…

Bon, en fait, toute une foule de gens a approché le tombeau ou son contenu après sa découverte et il est juste normal qu’un certain nombre soit morts dans les années qui suivirent. D’ailleurs, toutes ces morts ont une explication rationnelle: lord Carnavon, par exemple, décède d’une septicémie causée par des piqures de moustiques infectées et Howard Carter des suites d’une cirrhose.

Mais, on est bien d’accord, c’est beaucoup moins amusant que penser que la malédiction du pharaon a eu raison des profanateurs venus troubler son sommeil éternel et voler son fabuleux trésor.

 

Osamu Tezuka

L’an passé, j’ai eu le grand plaisir de participer à un hommage au grand mangaka Osamu Tezuka. J’ai écrit une histoire courte sur le thème de la Vie de Bouddha avec Brice Cossu au dessin. Elle a été publiée au Japon. J’espère qu’elle le sera un jour en France.
En attendant, laissez-moi vous présenter le maître Osamu Tezuka lui-même.
Il est né le 3 novembre 1928 naissait à Toyonaka et, comme son père possédait un projecteur de film, il eut accès très jeune aux films de Charlie Chaplin et à ceux de Walt Disney. Il fut particulièrement marqué par Bambi et cela influença ensuite grandement son style graphique.

Il commença aussi à dessiner dès l’enfance et publia ses premiers mangas dès 1946. Il continua tout en entamant des études de médecine à l’université d’Osaka. Dès 1947, il rencontra son premier succès avec La Nouvelle Île au trésor réalisée en collaboration avec Shichima Sakai. Ils en vendirent plus de 400 000 exemplaires.

En 1952, Tezuka créa Astro Boy qui fit rêver des générations d’enfants tout autour du monde :

Pour répondre aux impératifs de productivité du manga, Tezuka alla s’installer à Tokyo en 1953 à la villa Tokiwa. Il s’y entoura de toute une équipe de dessinateurs qui l’assistaient dans ses planches: ils cherchaient la documentation, faisaient les décors, les trames…

Huit ans plus tard, Tezuka fonda des studios d’animation : Mushi production. Cette indépendance lui permit d’innover autant qu’il le voulait et de développer des courts métrages expérimentaux comme Tableaux d’une exposition en 1966. Parallèlement, Tezuka adapta ses manga en dessins animés. Astro Boy devint en 1963 la première série animée à diffusion hebdomadaire. Deux ans plus tard, Le Roi Léo fut une des premières séries en couleurs.
Malheureusement, les studios Mushi firent faillit en 1973. Tezuka dut fonder une nouvelle société : Tezuka Productions.

Il continua à dessiner jusqu’à sa mort le 9 février 1989 à Tokyo. « Dieu du manga », il reçut des funérailles nationales.

Au total, Tezuka et ses studios réalisèrent plus de 700 œuvres originales, plus de 170 000 pages dessinées et environ 70 séries animées, longs et courts métrages d’animation.
Ils abordèrent un grand nombre de thèmes historiques, fantastiques et même religieux (La Vie de Bouddha). Ils publièrent autant pour le jeune public que pour les adultes. L’Histoire des 3 Adolfs ou Ayako sont autant de fictions dramatiques sur les errements des hommes pendant et après la Seconde Guerre Mondiale.

Plus de 120 millions mangas ont été vendus depuis la mort de Tezuka.

Hors du Japon, ses œuvres connurent également un grand succès, même si les réticences, si ce n’est les oppositions furent nombreuses. Disney s’opposa ainsi longtemps à la diffusion des séries animées du mangaka par crainte de la concurrence qu’elles représentaient pour ses propres productions.
En France, les séries animées Astro mais aussi Princesse Saphir et Le Roi Léo furent diffusées seulement dans les années 80. Quelques mangas furent aussi publiés à cette époque mais dans une indifférence assez générale. Il fallut attendre les années 2000 pour que les traductions se multiplient et connaissent une diffusion plus importante.

Parution Alix senator maintenue

Amis lecteurs, vous avez été plusieurs à me poser la question ces derniers jours et je peux enfin vous répondre : le tome 11 d’ Alix Senator sortira bien mercredi prochain 4 novembre. Vous pourrez l’obtenir en « click and collect » chez votre libraire préféré en version classique ou premium comme d’habitude.

L’ironie de l’histoire, vous verrez, c’est qu’Alix se trouve lui aussi confiné dans cet épisode mais volontairement : il s’est enfermé lui-même dans les ruines de l’antique palais de Khorsabad pour échapper à une terrible menace… que je vous laisse découvrir dans l’album.

Alix l’Intrépide offert avec L’Esclave de Khorsabad

Le 4 novembre prochain, le tome 11 d’Alix Senator, L’Esclave de Khorsabad sort en librairie… avec l’album Alix l’intrépide en cadeau.

Si vous êtes lecteur de la série originelle, ça ne vous surprendra pas. Vous avez dû reconnaître d’emblée une allusion aux toutes premières aventures d’Alix dans le titre du prochain album du sénateur. Les deux livres sont bien liés, un peu comme La Forêt carnivore était liée aux albums d’Alix sur Alésia et Vercingétorix. Une deuxième (et dernière) fois, le sénateur revient sur les traces de son passé.

Bien sûr, ne pas connaître le premier épisode de sa longue histoire ne vous empêcherait pas d’apprécier le retour d’Alix à Khorsabad. Mais pourquoi s’en priver ?

Alix senator 11 : premières pages

Le tome 11 d’Alix senator, La Forêt carnivore, sera disponible dans toutes les bonnes librairies le 4 novembre prochain.

Un petit rappel de l’intrigue ?

Sur les traces de son passé en Assyrie, Alix est enlevé par un grand seigneur parthe. Pour rallumer la guerre avec Rome, le chef oriental a besoin d’or, de beaucoup d’or. Alix est le dernier, croit-il, à connaître la cachette du trésor perdu de Khorsabad, la ville où le Gaulois avait été réduit en esclavage au début de ses aventures. Alix, aidé d’un compagnon qui ressemble étrangement à Enak jeune, parvient à s’échapper. Forcé de se réfugier dans les ruines de Khorsabad, deviendra-t-il l’ultime esclave de la cité maudite ?

pour vous mettre l’eau à la bouche, voici les premières pages de l’album :

Saint Denis, céphalophore

Aujourd’hui 9 octobre, les catholiques fêtent la saint Denis, le légendaire premier évêque de Paris et surtout le saint « céphalophore » par excellence, « céphalophore » c’est-à-dire qu’il porte sa tête dans ses mains. Le mot vient du grec : képhalê (tête) et phorein (porter).

Mais comment saint Denis en est-il arrivé là ?

Statue de saint Denis sur le portail de Vierge à Notre Dame de Paris.

Selon la légende, Denis avait été envoyé par le pape évangéliser la Gaule et s’était installé à Lutèce, le future Paris, quand éclatèrent les persécutions anti-chrétiennes de l’empereur Dèce vers 250-275. Repéré par le gouverneur romain de la ville, le futur saint fut décapité avec deux compagnons, Éleuthère et Rustique, sur la butte appelée ensuite Monmartre (mons Martyrum, le « mont des Martyrs »).

Mais ses aventures ne s’arrêtèrent pas là : au lieu de s’écrouler, Denis ramassa sa tête et marcha environ six kilomètres vers le nord. Là, il confia sa tête à une certaine Catulla, et tomba enfin mort sur le sol. Il fut enterré à cet endroit. On y édifia ensuite la basilique qui porte encore son nom de nos jours.

Le Martyre de saint Denis par Léon Bonnat, vers 1880, Panthéon de Paris.

Conrad et Paul

Je lis depuis une vingtaine d’années des aventures de Conrad et Paul dessinées par Ralf König. Contrairement à la plupart des personnages de BD, ils ont vieilli, comme leurs lecteurs. Et, encore une fois, Ralf König est parvenu à me faire rire avec un sujet qui ne me concerne pas et qui n’a rien d’amusant au premier abord : l’andropause vécue par un couple gay de Cologne.

Si Conrad, l’artiste sensible, prend cela avec philosophie, Paul, le « Batman du sexe », le « Grand Cerf de GayRomeo », est en pleine tragédie (grecque, voir la couverture). Mais il faut bien que vieillesse se passe : les vacances à Pompéi et les aventures avec les serveurs italiens comme les mini shorts latex et les soirées cuir au Chains sont bien loin pour nos héros et ne reviendront plus.

Heureusement, il leur restera toujours l’essentiel : la tendresse, la complicité, le viagra et les fusées d’artifice (hein ?).

« l’Automne dans le pantalon » par Ralf König, Éditions Glénat.

Carpe diem ou le squelette de Pompéi

Cette mosaïque représentant un squelette, à l’anatomie disons… inventive (et amusante), a été découverte à Pompéi et est actuellement exposée au Musée de Naples. On l’a surnommée « carpe diem », en référence à une célèbre ode d’Horace, un poète épicurien romain.

Le dernier vers de l’ode d’Horace « carpe diem, quam minimum credula postero. » résume l’œuvre toute entière. En Français, ça donne : « Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain. »
Puisque l’avenir est incertain et que nous sommes tous destinés à mourir, il faut profiter pleinement de chaque journée.

Ce n’est pas une apologie de la recherche effrénée du plaisir aux dépens de tout le reste, comme on le croit souvent. C’est plutôt un appel à apprécier le présent au travers d’une certaine discipline de vie. Pour les épicuriens, il faut éviter tout autant les désagréments que les excès de plaisir si on veut trouver le vrai bonheur.

Podcast Inhumain

Denis et moi avons pris un grand plaisir, la semaine dernière, à répondre aux bien pertinentes questions de Lloyd Chéry pour son podcast C’est plus que de la SF.
Nous avons parlé d’Inhumain, de la Bande Dessinée, de la Science Fiction et de tout le reste.
Si vous êtes curieux, c’est par ici : Podcast C’est plus que de la SF : Inhumain

Anne Rice

Le 4 octobre 1941 est née une romancière que j’ai dévorée dévorée pendant la phase gothique de mon adolescence et à laquelle je repense toujours avec beaucoup de plaisir : Anne Rice.

Elle a vu le jour à la Nouvelle Orléans, ville qu’elle dépeint avec intensité et profondeur dans la plupart de ses œuvres.

Son véritable nom est… Howard Allen O’Brien, comme son père. Elle aime expliquer que sa mère choisit de lui donner ce prénom d’homme pour qu’elle ait un avantage peu commun dans la vie… Cependant, lors de son premier jour d’école, « Howard » dit à sa maîtresse s’appeler « Anne », prénom qu’elle préférait. Tout le monde l’appelle ainsi depuis.

Si J. K. Rowling raconte avoir commencé « Harry Potter » alors qu’elle avait été laissée seule (et sans le sou) avec son enfant par son compagnon, Anne Rice écrivit « Entretien avec un vampire », la première de ses Chroniques, dans des circonstances encore plus dramatiques : elle ne parvenait pas à faire le deuil de sa fille, morte à 6 ans d’une leucémie en 1972.

Récit aussi romantique que fantastique, « Entretien avec un vampire » revisite le mythe de ces morts-vivants en mêlant étroitement la violence et la sensualité, l’amour et la mort. Mais il aborde aussi des thèmes moins convenus, surtout en 1976 quand il paraît pour la première fois : homosexualité, crise de la modernité, société du spectacle et bien sûr amour paternel/maternel et perte douloureuse de l’enfant aimé…

Depuis, Anne Rice a vendu plus de 100 millions d’exemplaires de ses romans et a été plusieurs fois adaptée au cinéma.

Anne Rice © Philip Faraone/getty Images