Caesar, l’ancêtre de Milou

En faisant de petites recherches sur Jules César sur des pages en anglais – oui, chacune ses vices -, je suis tombée, tenez-vous bien… sur un ancêtre de mon fidèle Milou. Il s’appelait « Caesar » lui aussi et appartenait, non à la famille impériale romaine, mais à celle des rois d’Angleterre.

C’est l’historien des animaux – et des couleurs – Michel Pastoureau qui en parle : Caesar, le fox-terrier à poil dur blanc du roi Édouard VII, l’arrière-grand père de la reine Élizabeth II pour ceux qui regardent The Crown comme moi, aurait peut-être inspiré Hergé.

Mais qui était vraiment Caesar ? Wikipédia  – oui, il a sa page, comme tous les habitants successifs de Buckingham Palace –  nous apprend que Caesar est né en 1898 de Cackler of Notts et qu’il fut offert par lord Dudley au roi en 1902. Son prédécesseur, Jack, venait tout juste de s’étouffer avec de la nourriture. Oui, c’est dur dur d’être chien royal.

Caesar disposait d’ailleurs de son propre valet de pied et pouvait dormir sur un fauteuil près du lit du roi. Celui-ci lui passait tous ses caprices. Il lui pardonna même d’avoir tué les lapins des filles de lord Redesdale.

Après la mort d’Edouard VII en 1910, Caesar fut inconsolable jusqu’à ce que la reine Alexandra lui donne ses friandises favorites. Rasséréné, il participa au cortège funèbre directement derrière le cercueil du souverain au grand dam du nouveau roi George V et du kaiser Guillaume II qui n’avaient pas l’habitude marcher derrière qui que ce soit… Ce fut l’heure de gloire de Caesar.

Caesar survécut encore quatre ans à son maître. Il resta dans la maisonnée royale jusqu’à ce qu’une opération l’emporte en avril 1914. Heureusement, Milou est éternel, lui.

Le Buste de Néfertiti

Le buste de Néfertiti est au Neues Museum de Berlin ce que la Joconde est au Louvre. Un million de touristes s’extasient chaque année devant lui, comme si le reste des salles étaient vides. Pourtant, cette statue est l’objet de violentes controverses qui ne sont pas près de s’éteindre.

© Magnus Manske

Elle est censée représenter Néfertiti, la grande épouse royale – c’est-à-dire l’épouse principale – du pharaon Akhénaton, encore célèbre de nos jours pour avoir voulu imposer à l’Égypte le culte d’un dieu solaire unique. On ne sait quasiment rien d’autre de Néfertiti excepté qu’elle eut six filles.

Son buste fut trouvé en décembre 1912 par une équipe allemande dirigée par l’archéologue Ludwig Borchardt. Les hommes fouillaient alors ce qui était peut-être l’atelier de son créateur, le sculpteur Toutmôsis, dans les ruines d’Akhetaton, la capitale créée de toutes pièces par Akhénaton vers – 1360 et qui fut désertée après sa mort.

Dès 1913, le buste rejoignit Berlin. Il n’a plus quitté l’Allemagne depuis au grand dam des Égyptiens qui s’estiment, à juste titre, spoliés d’une de leurs plus belles antiquités. Ils la réclament en vain depuis 1924. Les Allemands refusent en élevant toujours plus d’arguments juridiques et en mettant en avant que la sculpture est trop fragile pour voyager. Ils avancent aussi cet argument pour refuser tout prêt à l’Égypte. Néfertiti n’a même pas été présente lors de l’inauguration du Grand Musée égyptien du Caire en 2012. On le voit, la question de la restitution des œuvres d’art pillées par les Occidentaux pendant l’époque coloniale est encore très loin d’être réglée.

Tout aussi grave, une autre querelle agite depuis 2009, les milieux archéologiques : et si le buste était carrément un faux ? C’est la théorie défendue par l’historien de l’art, Henri Stierlin dans Le Buste de Néfertiti : Une imposture de l’égyptologie ?. Il soutient que Borchardt aurait sculpté Néfertiti pour tester des pigments antiques qu’il aurait découvert et tenter de restituer une statue ancienne. Mais, le jour de la visite de son chantier par Jean-George de Saxe, jour officiel de la « découverte » de la statue, les deux filles du prince restèrent bouche bée devant sa beauté. L’archéologue n’osa alors pas leur dire la vérité et laissa tout le monde croire qu’il s’agissait d’une véritable antiquité.

Pour soutenir sa thèse, Stierlin fait valoir que Borchardt s’opposa pendant onze ans à toute exposition du buste dans un musée allemand. De plus, plusieurs éléments de la statue constituent des hapax, des occurrences uniques, dans tout le corpus archéologique égyptien – les épaules absentes par exemple. D’ailleurs, si les pigments colorés viennent bien de l’Égypte ancienne, le cœur de calcaire de Néfertiti n’a jamais été soumis à aucune méthode scientifique de datation.

Bref, le mystère reste entier.

Exposition Alix à Versailles

Si vous avez raté l’exposition “Alix, l’art de Jacques Martin” à Angoulême et à Bruxelles, il est encore temps de vous rattraper. Elle se tient désormais du 19 février au 19 avril, Espace Richaud à Versailles.

Vous pourrez y retrouver les centaines d’originaux déjà visibles lors des deux précédentes présentations mais d’autres pages dues aux continuateurs d’Alix dont, bien sûr, des pages de Thierry Démarez sur Alix Senator et Marc Jailloux sur Alix.

Alix Senator 10 premium : la Guerre des Gaules

Début avril prochain, vous pourrez découvrir la version premium de “La Forêt carnivore” en même temps que sa version classique. Le dossier civilisation parlera cette fois de “La Guerre des Gaules, une conquête pour la gloire” avec César et Vercingétorix en guest stars.

C’est d’ailleurs le chef arverne que vous pouvez voir sur la statère – la pièce de monnaie antique – qui illustre la première page du dossier. Son apparence est très différente du cliché du Gaulois avec les cheveux longs et une imposante moustache. En fait, il ressemblerait plus à l’idée qu’on se fait d’un jeune Grec du 1er siècle avant notre ère.

Il y a au moins deux explications possibles à cela. D’une part, les Gaulois de l’époque, surtout ceux du sud de la Gaule comme les Arvernes, étaient depuis longtemps en contact avec les Grecs – et les Romains – et avaient subi leur influence. Il n’est pas impossible que Vercingétorix ait été imberbe et ait porté les cheveux courts. Certains pensent même qu’il avait été auxiliaire des Romains avant sa révolte et portait la toge à l’occasion…

D’autre part, les monnaies gauloises de l’époque s’inspiraient presque toutes des mêmes modèles : les pièces d’or frappées par le roi Philippe II de Macédoine* à l’effigie du jeune dieu grec, Apollon. Des Gaulois avaient été au service du souverain comme mercenaires et avaient ramené ensuite des monnaies grecques chez eux. Sur la statère ci-contre, les Arvernes ont donc simplement pu garder le visage d’Apollon et se contenter d’identifier leur chef par son nom gravé en dessous.

Exemple de statère de Philippe II de Macédoine à l’effigie d’Apollon

* Philippe II de Macédoine : est un roi du IVe siècle avant notre ère, père d’Alexandre le Grand. Il a notamment soumis des cités grecques comme Athènes ou Thèbes et préparé l’expédition contre les Perses que son fils mènera après sa mort.

 

Départ du Comité de sélection du festival d’Angoulême

Cette fois c’est la bonne 🙂
Après quatre années consécutives passées dans les Comités de sélection du festival d’Angoulême, je vais laisser ma place à un nouvel auteur.

Ces quatre années, aussi intenses que passionnantes tant du point de vue humain qu’artistique, ont constitué une expérience que je ne suis pas prête d’oublier.

Un très grand merci à Stephane Beaujean et à tous les autres membres des comités pour tous ces moments forts passés ensemble.

 

Gabrielle d’Estrée et une de ses sœurs

Tel est le titre de l’amusant tableau ci-dessous, peint par un anonyme vers 1594 et conservé au Louvre. Il est donc censé représenter à gauche, Julienne d’Estrées, duchesse de Villars et à droite sa sœur, la belle Gabrielle. Elles ont encore 5 autres sœurs et sont toutes de mœurs si légères que madame de Sévigné les surnommera « les 7 péchés capitaux ».

Gabrielle, d’abord maîtresse d’un ancien mignon d’Henri III, devient en 1590 celle du roi Henri IV (l’homme représenté à l’arrière-plan, un tissu rouge sur le sexe ?). Il la couvre de cadeaux comme le château royal de Montceaux-lès-Meaux ou le titre de duchesse de Beaufort. Mais Gabrielle a de plus hautes ambitions : elle veut devenir reine, épouser le roi, ce que symbolise peut-être la bague qu’elle tient de la main gauche.

Quoi qu’il en soit, séparé de la reine Margot depuis de longues années, Henri envisage très sérieusement de se remarier avec sa favorite. Le 23 février 1599, il le proclame même officiellement et lui offre l’anneau porté lors de son sacre.

Gabrielle est alors très impopulaire tant auprès du peuple qui la surnomme « la duchesse d’Ordure » que des nobles très catholiques car elle a soutenu la mise en place de l’Édit de Nantes. Promulgué en 1598, il donne aux protestants des droits tant civils que politiques et religieux et met fin de fait aux guerres de religion qui ensanglantent alors la France depuis 1562.

Mais la « mauvaise réputation » de Gabrielle n’est pas de nature à faire reculer le roi, d’autant qu’elle lui a déjà donné ce qui manque tant à son premier mariage : des enfants ou plutôt des héritiers pour le trône de France. Sur le tableau, le geste de la duchesse de Villars n’est sans doute pas seulement érotique: en pinçant le téton de Gabrielle, elle montre que celle-ci est enceinte ou vient tout juste d’avoir un bébé.

Pourtant, Gabrielle ne sera jamais reine. Enceinte du quatrième enfant d’Henri, elle se met à convulser dans la nuit du 9 au 10 avril 1599. Son visage noircit. Elle a de terribles douleurs au ventre. Elle meurt quelques heures plus tard. Le bruit court très vite qu’elle a été empoisonnée, mais on pense plutôt aujourd’hui qu’elle a été victime d’une éclampsie, une crise convulsive généralisée. Gabrielle est enterrée dans le chœur de l’église de l’abbaye de Maubuisson dirigée par sa sœur Angélique, un autre des 7 péchés capitaux.

Henri, lui, refuse bravement la proposition de la duchesse de Villars de succéder à sa sœur dans son lit. Mais, il se console très vite avec une autre jeune femme, Henriette d’Entragues. Il lui promet aussi le mariage à condition qu’elle accouche d’un fils. Elle ne meurt pas à cette occasion mais… fait une fausse couche. Henri n’a plus qu’à se résoudre à épouser Marie de Médicis, « la grosse banquière » comme la surnomme Henriette. Même si les deux époux ne s’entendront jamais vraiment Marie donnera au roi ce qu’il attendait, en plus d’une dot de 600 000 écus d’or : 6 enfants en 9 ans de mariage.

Il était une fois… Sharon Tate

Si dans Once upon a time… in Hollywood, Rick Dalton et Cliff Booth, alias Leonardo Di Caprio et Brad Pitt, sauvent Sharon Tate et ses amis de la fureur de la famille Manson, il n’en a pas été de même dans la réalité. La jeune femme, enceinte de 8 mois, a été sauvagement assassinée en août 1969 dans sa maison de Cielo Drive.
Mais qui était Sharon Tate ? Et que s’est-il passé exactement ?

Sharon Tate naît en janvier 1943 à Dallas. Son enfance est heureuse même si elle voyage beaucoup, au gré des différentes affectations de son père, sergent dans l’armée américaine. Elle se fait alors déjà remarquer par sa beauté et gagne de nombreux concours, encouragée par sa mère et sa grand-mère.

Dès le début des années 60, elle fait de petites apparitions dans des émissions de télévision et des films. En 1963, elle commence à se faire vraiment remarquer dans The Beverly Hillbillies, une sitcom racontant les aventures d’une famille de paysans de l’Arkansas devenue millionnaire par hasard et venue s’installer à Los Angeles. Sharon Tate y participe pendant deux ans avant de se tourner définitivement vers le cinéma.

En 1967, elle joue dans La Vallée des poupées qui raconte les vies de plusieurs jeunes femmes qui se brûlent les ailes en voulant devenir des stars. Sharon Tate y gagne une nomination aux Golden Globes. Sa carrière s’envole. La même année, elle tourne aussi Le Bal des vampires, une parodie de film d’horreur réalisée par le jeune Roman Polanski qui n’est alors qu’un jeune cinéaste prometteur, bien loin des agressions qu’on lui reproche aujourd’hui. Bientôt ils se rapprochent et se marient en 1968 à Londres.

Puis, ils retournent à Los Angeles où Polanski commence à tourner Rosemary’s baby, l’histoire paranoïaque d’une jeune femme enceinte du diable. Quelques mois plus tard, Sharon Tate découvre qu’elle-même attend un enfant. Le couple décide alors de s’installer dans une maison plus familiale sur Cielo Drive.

Sharon Tate et Roman Polanski le jour de leur mariage, le 20 janvier 1968. © Rex Features/REX/SIPA

À l’été 1969, Polanski a dû retourner à Londres pour un nouveau tournage et Sharon attend avec impatience sa délivrance. Le 9 août, elle passe la soirée avec des amis : le coiffeur des stars Jay Sebring, le producteur Wojciech Frykowski et sa fiancée Abigail Folger, héritière d’une compagnie de café.

Hélas, ce soir-là, Charles « Tex » Watson, Patricia Krenwinkel et Susan Atkins, trois jeunes gens appartenant à une communauté hippie dirigée par un certain Charles Manson, ont décidé d’en finir avec l’ancien occupant de la maison, un producteur de musique qui a osé refuser de signer leur gourou sur son label. Ils ignorent qu’il vient de déménager.

Charles Manson, ©Michael Ochs Archives/Getty Images

Après avoir coupé les fils du téléphone, ils croisent un ami du gardien de la propriété en train de quitter son pavillon et l’abattent de 4 balles dans la tête. « Par chance », le gardien écoute de la musique très fort et n’entend rien. Il sera le seul à être épargné.

Les trois hippies poignardent successivement toutes les personnes présentes dans la maison. Abigail Folger et Wojciech Frykowski seront retrouvés défigurés dans le jardin. Sharon Tate et Jay Sebring, eux, meurent dans le salon, reliés par une corde nouée autour de leur cou, et le visage couvert d’un masque blanc selon un rituel obscur. C’est Susan Atkins qui exécute la jeune actrice enceinte malgré ses supplications. Elle lui assène pas moins de 16 coups de couteau avant d’écrire « Pig » sur la porte d’entrée avec une serviette imbibée du sang de sa victime.

Ses crimes atroces causent un électrochoc aux États-Unis. C’est le début de la fin pour le mouvement hippie. Charles Manson et ses adeptes meurtriers sont condamnés à mort en 1971, peine commuée en prison à vie l’année suivante. Le gourou meurt en cellule en 2017. Susan Atkins l’a précédé dans la mort en 2009 mais les deux autres meurtriers sont toujours incarcérés.

La Prudence, une étrange statue

Il y a quelques années, quand j’ai visité la cathédrale de Nantes, j’y ai découvert une étrange statue dans un angle du tombeau du duc François II de Bretagne, mort en 1488 : la Prudence.

J’ai un faible pour elle parce qu’elle me rappelle beaucoup le dieu romain Janus. Mais elle n’a pas grand-chose à voir avec lui.

La Prudence est une des 4 vertus cardinales, des vertus « charnières », les plus importantes, aux yeux des Chrétiens du XVIe siècle, l’époque à laquelle on l’a sculptée. Les trois autres sont la Force, la Tempérance et la Justice. Elles occupent le reste des angles du tombeau. Ce sont aussi des figures allégoriques mais plus classiques que la Prudence.

Alors pourquoi celle-ci a-t-elle un visage de vieillard derrière sa tête de jeune femme ? Pas parce que Michel Colomb, le sculpteur, a voulu faire une surprise à ceux qui contournaient son œuvre (quoique…), mais pour montrer qu’être prudent réclame une certaine expérience et la connaissance du passé.

De même, le miroir que tient la Prudence lui permet de regarder derrière elle tout en avançant vers l’avenir, un peu comme un rétroviseur quand on est sur la route. Il lui permet aussi de se regarder elle-même bien sûr, mais pas pour s’admirer avec complaisance, non, pour se connaître elle-même, voir ses défauts et les corriger.

Il est complété par un compas qui permet de prendre la juste mesure des choses et d’un serpent… Pas le serpent tentateur qui pousse au péché et au mal mais le serpent évoqué dans l’Évangile de Matthieu (10,16) : « Soyez prudent comme des serpents ».

Fdj : Madame de Sévigné

Avec le festival d’Angoulême, voilà une semaine que je ne vous ai pas posté de portrait de femme. Alors, je vais m’y remettre avec un grand classique : Madame de Sévigné.

Marie de Rabutin-Chantal, future marquise de Sévigné, naît le 5 février 1626 à Paris dans une famille de vieille noblesse. Son ancêtre Mayeul de Rabutin possédait déjà des terres dans le Charolais au XIIe siècle. La petite fille reçoit une solide éducation, connaît l’italien, l’espagnol et assez bien le latin.

À 18 ans, elle épouse Henri de Sévigné, dont les aïeux, des nobles bretons sans titre officiel, se sont pourtant fait appelés barons puis marquis. Elle devient alors ainsi qu’elle le dit marquise « par approximation bien plus que par usurpation ».

Ce mariage n’est pas très heureux mais, « heureusement », dès février 1651, Marie de Sévigné devient veuve. Son mari meurt dans un duel pour… défendre l’honneur de sa maîtresse, madame de Gondran. Il laisse à son épouse deux enfants dont une fille, Françoise, qui deviendra la principale destinatrice des lettres qui rendront célèbres sa mère.

En effet, mariée en 1669 au comte Grignan alors lieutenant général en Provence, la jeune fille quitte Paris deux ans plus tard avec lui pour Aix-en-Provence. Comme elle s’ennuie beaucoup, la marquise entreprend de lui raconter la gazette de Versailles. Elle lui écrit quasiment trois ou quatre fois par semaine pendant près de 30 ans. Les deux femmes ne se reverront que 3 fois pendant toutes ses longues années.

Les lettres de la marquise, si elles constituent un témoignage poignant d’amour maternel, sont aussi des récits très vivants des principaux événements auxquels elle assiste : procès de Fouquet, mariage de la Grande Mademoiselle, mort de Turenne, disgrâce de Pomponne, mort de Condé, de Louvois… Elle y détaille longuement les costumes, les paroles, les gestes de chacun et nous renseigne involontairement sur les mœurs de son temps, le tout dans un style quasi parlé, avec beaucoup d’humour et d’émotion.

Mais il ne faut pas voir dans ses lettres des documents intimes et destinés à la seule lecture privée de madame de Grignan. Elles sont parfois même recopiées avant même le départ du courrier pour être lues en société, dans les salons littéraires de l’époque. Madame de Sévigné acquiert ainsi, de son vivant même, une réputation de grande épistolière. La première publication de quelques-unes de ses lettres a lieu tout juste un an après sa mort en 1697. Elles ne cesseront plus ensuite d’être rééditées.

Portrait anonyme de madame de Sévigné vers 1670