Catégorie : Histoire contemporaine
1984 et l’instrumentalisation de l’Histoire
Le 10 juin 1949 est paru 1984, la fameuse dystopie de George Orwell. Trente ans après une guerre nucléaire ayant opposé l’Est et l’Ouest, la Grande Bretagne est sous la coupe d’un régime dictatorial fortement inspiré du stalinisme. Orwell voulait alors mettre en garde la gauche britannique, dont il faisait lui-même partie, contre toute bienveillance envers Staline au fait du pouvoir en URSS.
Si le roman est surtout connu pour sa description d’une société de surveillance avec les célèbres affiches « Big Brother is watching you ! » et les télévisions-caméras présentes dans tous les foyers, 1984 offre aussi une vision terrifiante de la manière dont l’Histoire par être « révisée » par le totalitarisme pour servir sa propagande.
Le héros, Winston Smith, travaille au ministère de la Vérité. Il modifie les archives pour que leur contenu corresponde à la version officielle du Parti. Ainsi quand l’Océania, le bloc issus de la guerre nucléaire auquel appartient l’Angleterre, déclare la guerre à l’Estasia – la Chine et le Japon en gros -, Winston et ses collègues sont chargés d’effacer toute trace de leur ancienne alliance.
De même, le Parti fait aussi disparaître ceux qui le gênent et charge ses archivistes de modifier leur passé pour en faire des traîtres.
La doctrine du Parti qui sous-tend ces actions est celle de la « mutabilité du passé ». Ce dernier n’est pas une réalité intangible mais un simple souvenir dans les mémoires. Il suffit donc au Parti d’imposer sa vérité aux gens et de leur faire oublier la réalité qu’ils connaissaient ainsi que le fait même qu’ils l’ont oubliée pour que le passé en tant que tel soit changé.
Et si jamais quelqu’un résiste et persiste à savoir ce qui est réellement arrivé, c’est lui que tous prennent pour un menteur voire un fou.
C’est ce qui arrive à Winston, incapable de croire aux vérités qu’il est censé propager après avoir effacé lui-même les événements réels déplaisants pour les dirigeants de l’Océania. Et c’est cela qui cause sa perte.
Bien sûr, on n’en est pas encore là… Mais cela donne à réfléchir à une époque où les fake news sont souvent prises pour des vérités et où le relativisme touche même les faits les plus scientifiques.
La Fête des mères
Aujourd’hui, dernier dimanche de mai, nous célébrons en France la fête des mères.
C’était il y a 15 jours chez nos amis belges.
De telles célébrations existent depuis l’Antiquité : le 1er mars, on fêtait à Rome les Matronalia. C’était l’occasion d’offrir des cadeaux aux « matrones » et de célébrer l’anniversaire de la consécration du temple de leur protectrice, la déesse Junon.
C’était aussi une manière de rappeler, que tous les féministes s’accrochent à leur siège, que les premières matrones romaines, les Sabines enlevées et épousées de force par les Romains, avaient pris fait et cause pour ceux-ci. Elles les avaient finalement réconciliés avec leurs pères qui leur avaient déclaré la guerre.
Mais la fête des mères telle que nous la connaissons est apparue seulement au début du 20e siècle chez nous et aux États-Unis. En France, c’est le 10 juin 1906, qu’a lieu dans le village d’Artas une première cérémonie en l’honneur des mères de familles nombreuses. D’autres suivent ailleurs dans le pays.
En 1929, la journée des mères est officiellement adoptée dans le cadre de la politique nataliste suivant la Première Guerre Mondiale. Avec le maréchal Pétain, elle prend en 1942 une connotation encore beaucoup plus idéologique: la mère de famille est exaltée comme « l’inspiratrice de la civilisation chrétienne » de la France et la porteuse de toutes ses valeurs fondamentales.
Après guerre, la fête des mères est conservée mais redevient ce qu’elle était au début du siècle: une fête familiale et nataliste. Elle est bientôt rejointe par la fête des pères et celle des grand-mères.
Aujourd’hui, elle est célébrée dans plus de 130 pays.
Ci-dessous : un très zoli collier de nouilles 🙂
Le muguet du premier mai
L’habitude d’offrir du muguet le 1er mai remonte au printemps 1561, quand le roi Charles IX commença à en donner aux dames de la cour.
Cette tradition royale se perdit, bien sûr, après la Révolution française. Elle renaquit au début du XXè siècle quand les couturiers parisiens recommencèrent à offrir des bouquets à leurs employées et à leurs clientes.
Mais c’est avec le maréchal Pétain que le muguet fut définitivement associé au 1er mai. La fête des Travailleurs créée en 1889 devint en 1941 « la fête du Travail et de la Concorde sociale » et l’églantine rouge qui en était jusque-là le symbole révolutionnaire céda la place au muguet.
Vu que le muguet fleurit sur beaucoup de murs FB, je vous propose plutôt cette belle églantine rouge, aujourd’hui :
Petit Miracle et guillotine
Le 25 avril 1792, la guillotine était utilisée pour la première fois, un événement que j’ai repris dans mon diptyque fantastique Petit Miracle, dessiné par Griffo.
Le héros, un petit garçon né la tête séparée du corps, maltraité par les adultes, finit par inventer la guillotine pour se venger d’eux. Le 25 avril 1792 est donc un grand jour pour lui. Hélas, tout ne se passe pas comme prévu :