Le poète latin Horace serait mort fin novembre de l’an 8 avant notre ère. Vous ne le connaissez sans doute pas mais c’est un des grands écrivains de l’époque augustéenne.
Soutenu par Mécène, le conseiller de l’empereur amoureux des arts, il composa de nombreuses Satires, Odes et Épodes ainsi que des Épitres qui sont parvenues jusqu’à nous tant sa virtuosité, son lyrisme et son humour suscitèrent d’admiration à son époque et dans les siècles qui suivirent.
Je vous le montre ici dans un extrait de planche du tome 17 d’Alix senator à paraître l’an prochain, Le Maître des masques. Les vers qu’il prononcent devant Alix et ses amis ont hélas été perdus depuis.
(Bien sûr, ils sont de moi et servent avant tout le propos de l’album…)
Dan Cooper n’est pas qu’un héros de BD, c’est aussi un mystérieux pirate de l’air qui a bel et bien existé.
Le 24 novembre 1971, à 16 h 35, un homme enregistré sous le nom de Dan Cooper détourna un Boeing qui avait décollé de Portland aux États-Unis. Il menaça de faire exploser une bombe à bord en montrant le contenu de sa mallette : des câbles électriques et des « bâtons rouges ».
Quand l’avion atterrit près de Seattle, à 17 h 45, Dan Cooper relâcha les passagers contre une rançon de 200 000 $ et 4 parachutes. Puis à 19 h 45, le pirate de l’air ordonna à l’équipage (composé de 3 membres) de décoller à nouveau vers Mexico et de voler vers 10 000 pieds, sans pressurisation, à faible vitesse, avec le train d’atterrissage et 15 degrés de volets sortis.
Pendant que l’avion se dirigeait vers Reno pour y faire escale, Dan Cooper sauta de l’escalier arrière de l’avion avec deux parachutes et l’argent. Le FBI suppose qu’il s’échappa vers 20 h 11 au-dessus du sud-ouest de l’État de Washington. Mais, par manque de visibilité, les deux avions de chasse qui surveillaient le vol qui le transportait ne virent pas l’évasion du pirate.
Les recherches durèrent 18 jours sur le lieu supposé de l’atterrissage de Dan Cooper mais aucune trace de lui ne fut retrouvée.
En 1980, seule une partie de la rançon (6000 $) fut découverte par hasard par une famille qui pique-niquait près du fleuve Columbia.
Aujourd’hui encore, on ignore si le pirate survécut à son aventure et même qui il était vraiment.
En tout cas, il fit des émules : lors de 15 des 31 détournements d’avion survenus aux États-Unis en 1972, le pirate de l’air demanda des parachutes, et 5 réussirent à sauter. Il fallut doter les Boeings d’un mécanisme qui empêchait l’escalier arrière d’être abaissé pendant le vol. On l’appela « l’aile de Cooper ».
De la tempête (Benjamin) au déluge, il n’y a qu’un pas. Voici donc Le Déluge, peint en 1911 par Léon Commerre et exposé au Musée des Beaux-Arts de Nantes.
Si le mythe du déluge, une inondation catastrophique au point de détruire l’humanité ou presque, est présent dans de nombreuses cultures, il est surtout connu chez nous par sa version présente dans le récit biblique de le Genèse. Dieu, en colère contre sa création, décide de tout noyer à l’exception de Noé, de sa famille et d’un couple de chaque espèce animale. Tous trouvent refuge dans une arche géante et survivent finalement pour repeupler la terre après la descente des eaux.
Mais Commerre n’a pas cherché à illustrer la survie des rares élus mais les victimes du cataclysme aux prises avec l’extrême violence de celui-ci. Son style académique tardif lui permet de rendre tangible le déferlement de la pluie comme l’horreur des derniers instants d’un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants. Tous sont déjà aussi blêmes que les cadavres qui les entourent et aussi terrifiés que les animaux qui les ont rejoints sur leur pauvre bout de rocher. Entourés d’eaux noires, éclairés par une lumière ultra-dramatique, tragiquement nus, ils ne le savent pas encore, mais ils sont déjà en Enfer et y entrainent le spectateur avec eux.
On le sait les vols dans les musées sont trop courants… Le tableau que je vous montre aujourd’hui, L’Escamoteur de Jérôme Bosch, peint entre 1475 et 1505, fut ainsi escamoté le 13 décembre 1978 du Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye, par un groupe d’hommes dans lequel figuraient deux des futurs fondateurs du groupe Action Directe.
L’œuvre fut retrouvée moins de deux mois plus tard. Mais le musée dut fermer ses portes et le tableau n’est plus exposé de manière permanente mais bien caché dans un coffre-fort.
C’est assez ironique quand on pense que la toile représente un gogo, hypnotisé par un bateleur au point de cracher des grenouilles (ou de les avaler ? on dirait avaler des couleuvres, nous), en train de se faire voler sa bourse. Le voleur regarde vers le ciel, l’air de rien, mais plusieurs spectateurs comprennent ce qui se passe et se moquent de la victime plutôt que de lui venir en aide. Ainsi, dans ce tableau, bêtise, malhonnêteté et cruauté semblent se partager le monde, une vision des choses qu’on peut encore aisément partager certains jours de notre cher XXIe siècle.
Ce dimanche 19 octobre, huit « bijoux des souverains français » ont été dérobés dans une vitrine du Musée du Louvre.
Aussi étonnant que soit ce vol, ce n’est pas la première fois que des joyaux de la Couronne française disparaissent ainsi dans la nature. Du 11 au 17 septembre 1792, plusieurs dizaines de voleurs (40 ?) menés par un certain Paul Miette avaient réussi à entrer chaque nuit (!) dans le Garde-Meuble de la Couronne, place de la Révolution (de la Concorde aujourd’hui). Ils avaient emporté près de 9 000 (!) pierres précieuses dont le fameux diamant « Régent » représentant à lui seul la moitié de la valeur de la collection. Les brigands étaient déjà passés par une fenêtre du premier étage mais ils s’étaient simplement aidés d’une corde et non d’un monte-charge.
Heureusement pour les bijoux et malheureusement pour les pillards, ils furent rapidement arrêtés. Huit d’entre eux furent reconnus coupables de « conspiration tendant à spolier la République » et condamnés à la guillotine. Mais il fallut deux ans pour retrouver la plupart des pierres. Le « Bleu de France », un gros diamant de cette couleur, réapparut, lui, 20 ans plus tard en Angleterre. C’est aujourd’hui le diamant Hope exposé au Smithsonian Institute (Washington).
L’agréable balade du week-end. Nous sommes allés nous promener en forêt de Cerisy, dans la Manche. Nous en avons profité pour visiter la charmante abbatiale de l’ancienne abbaye Saint-Vigor.
Elle a été fondée dès le VIᵉ siècle de notre ère par Vigor, un évêque de Bayeux qui sera canonisé. Il a fait élever les premiers bâtiments sur des terres données en remerciement après son combat victorieux contre… un dragon.
Détruite par les Vikings, l’abbaye est relevée par Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant, au XIᵉ siècle. Elle reste un important centre économique et culturel jusqu’à la Révolution.
À cette date, elle est confisquée comme les autres biens de l’Église puis vendu à un artificier qui la démolit en grande partie pour en vendre les pierres. Elles servent à construire des routes et élever des maisons.
Restée debout, l’abbatiale est classée au titre des monuments historiques en 1840 et elle mérite toujours le détour.
Ironie de l’Histoire, Auguste meurt le 19 août 14 apr. J.-C., pendant le mois qui porte son nom depuis l’an 8 avant notre ère. Il se trouve alors à Nola, en Campanie, dans la cité de son père. Âgé de 75 ans, il est le seul maître de Rome depuis plusieurs décennies et le premier d’une longue série d’empereurs.
Les historiens antiques ne pouvaient passer à côté de l’événement. Certains, favorables à Livie et à son fils Tibère, le successeur d’Auguste, montrent le vieil empereur mourir dans les bras aimants de son épouse. D’autres, Tacite et Dion Cassius pour ne pas les nommer, reprennent au contraire à leur compte les rumeurs accusant Livie d’avoir empoisonné son mari avec des figues. Il était temps après plus de 50 ans de mariage (!) Auguste aurait eu le tort de vouloir, peut-être, changer d’héritier.
Un autre historien, Suétone, s’est attaché à rapporter les derniers instants de l’empereur : coiffé et maquillé de frais, il aurait demandé à ses amis s’ils avaient apprécié le spectacle de sa vie et, si oui, de l’applaudir, comme s’il n’avait fait, toute sa vie, que jouer la comédie.
Des thématiques que j’exploite avec bonheur dans ma série Alix senator, comme ici dans le tome 3, La Conjuration des rapaces.
Survenue le 12 août 30 avant notre ère, la mort de Cléopâtre est sans doute un des événements les plus célèbres de l’Antiquité et un de ceux qui a le plus inspiré auteurs et artistes.
La Mort de Cléopâtre par Jean-André Rixens, 1874, Musée des Augustins, Toulouse.
Selon les historiens grecs et romains (qui ne l’aimaient pas), la reine se serait suicidée soit en utilisant une épingle à cheveux, soit en ingérant un de ses propres poisons, soit, plus romantique, en se faisant mordre par un aspic, c’est-à-dire un ouraeus, un cobra égyptien, symbole de royauté pharaonique. C’est, bien sûr, cette dernière version qui est devenue la plus célèbre. Aujourd’hui, on se demande si cette mort ne fut pas, en fait, un suicide forcé orchestré par le futur empereur Auguste.
En tout cas, c’est suite à sa défaite devant les troupes d’Octave et à leur invasion de l’Égypte que la reine met fin à ses jours, bientôt suivie par son amant, Marc Antoine. Cléopâtre échappe ainsi au triste sort réservé traditionnellement par les Romains aux vaincus : figurer enchaîner comme un esclave au triomphe de son vainqueur dans les rues de Rome.
C’est la fin de l’indépendance de l’Égypte qui devient une province de la République italienne finissante. Octave, débarrassé de ses derniers rivaux, va pouvoir devenir Auguste, le premier empereur romain.
Pour continuer sur la canicule, puisqu’elle continue ces jours-ci pour beaucoup d’entre vous, voici deux des tableaux qui la symbolisent le mieux. Deux tableaux ou plutôt un et sa réinterprétation.
Voici :
La Méridienne ou Les quatre heures de la journée : midi réalisée au pastel par Jean-François Millet en 1866 et conservée au Museum of Fine Arts de Boston
La Méridienne ou La Sieste peinte par Vincent van Gogh en 1889-1890 et conservée au Musée d’Orsay.
Alors que Millet s’inspire des paysans de Barbizon qu’il voit tous les jours et de leurs travaux des champs, van Gogh s’inspire, lui, de Millet.
Il l’admire et le considère comme un des peintres des plus modernes de son époque. Pour ce tableau, il parle à son frère Théo de traduire dans la langue des couleurs les impressions de clair-obscur de Millet.
Ainsi, si van Gogh reprend quasiment à l’identique la composition de son prédécesseur, il fonde, lui, son tableau sur le contraste intense de bleus et de jaunes, des couleurs complémentaires. Finalement, ses paysans paraissent toujours agressés par la violente lumière de l’été dont rien ne vient les protéger au contraire de ceux de Millet qui semblent jouir dans l’ombre d’un sommeil apaisé.
Les canicules se répètent mais les explications latines restent toujours valables.
« Canicule » vient donc du latin « Canis », le chien, ou plutôt de « Canicula », le nom donné par les Romains à l’étoile Sirius, la plus brillante de la constellation du Grand Chien.
« Canis Major, Lepus, Columba Noachi et Cela Sculptoris », planche 30 du Miroir d’Uranie, un jeu de cartes célestes accompagné d’un traité familier d’astronomie… de Jehoshaphat Aspin, édité à Londres en 1825.
En Italie, « Canicula » se lève et se couche avec le soleil entre le 24 juillet et le 24 août, la période le plus chaude de l’année et celle où surgissent le plus de… canicules. Savants et poètes s’en sont très vite rendus compte et ont associé l’étoile et les vagues de chaleur.
Pline l’Ancien nous dit dans son Histoire naturelle : « Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l’ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent à son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s’agitent. Les chiens aussi sont plus exposés à la rage durant tout cet intervalle de temps ; cela n’est pas douteux. »
Horace parle, lui, dans ses Satires de « la rouge Canicule qui fera éclater les muettes statues ».
Que faire devant tant de malheurs annoncés ? Des sacrifices, bien sûr. Au début de l’été, lors de l’augurium canarium, on immolait donc des chiens roux à Canicula dans l’espoir qu’elle épargne moissons, hommes et animaux.