Le rapt d’Hylas par les nymphes,
panneau en opus sectile du IVe siècle provenant de la basilique de Junius Bassus sur l’Esquilin, conservée au palais Massimo alle Terme, à Rome.
Pour les curieux :
– Selon la mythologie grecque, Hylas était un jeune prince amant du célèbre Héraclès, l’Hercule des Grecs. Il l’accompagna lors de l’expédition des Argonautes mais, lors d’une escale en Bithynie, au nord de l’Asie Mineure, le jeune homme disparut. Héraclès descendit à terre pour le chercher et laissa les autres héros repartir sans lui. Hélas, il ne retrouva jamais son bien-aimé : des nymphes avaient été subjuguées par sa beauté et l’avaient attiré au fond de leur cours d’eau pour le garder pour elles à jamais.
– l’opus sextile (« appareil découpé » en latin) est un savant assemblage de plaquettes de marbres de différentes couleurs. Il était très utilisé dans l’empire romain où il était déjà signe à la fois de richesse et de raffinement.
– Junius Bassus était un grand aristocrate romain du IVe siècle de notre ère. Il fut préfet du prétoire et consul sous l’empereur Constantin. En 331, il fit construire une basilique, un grand édifice public rectangulaire sans connotation religieuse à l’époque, sur l’Esquilin, une des colline de la ville. Des éléments de décor dont le panneau que je vous montre, furent découverts lors de fouilles pendant les années 1930.
Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer dès maintenant la couverture du prochain Alix Senator qui sortira en janvier prochain.
Vous ne rêvez pas, elle rappelle bien la couverture du prochain album du jeune Alix qui arrive en novembre. Et pour cause, le sénateur va retourner sur les lieux de son aventure de jeunesse et affronter une nouvelle fois le mystérieux minotaure qui donne son nom aux deux albums.
“L’Œil du minotaure” (Alix, t.40) et “L’Antre du minotaure” (Alix senator t.13) peuvent bien sûr se lire séparément sans problème. Mais ils forment aussi un diptyque et résonnent chacun l’un avec l’autre.
Lier ainsi les deux séries n’a pas été une mince affaire et je dois remercier Chrys Millien, Thierry Démarez et #jeanjacqueschagnaud d’avoir joué le jeu à fond avec moi.
Un grand merci aussi au Comité Martin et à Casterman de m’avoir fait confiance une nouvelle fois.
Alix n’a pas toujours été sénateur. Le 10 novembre, vous le retrouverez, jeune et déjà beau, dans “L’œil du minotaure” que j’ai réalisé avec un autre nouveau venu sur la série : Chrys Millien.
” A Rome, Servilia, maitresse de Jules César et mère de Brutus, se meure à petit feu empoisonnée par un bijou que lui a offert le dictateur.
Persuadé qu’il était la cible de l’empoisonnement, César lance Brutus et ses amis Alix et Enak sur les traces du marchand grec qui lui a vendu cette perle après son triomphe gaulois.
Démarre alors une haletante course poursuite en mer Méditerranée. L’enquête mènera nos héros jusqu’en Crète au cœur du labyrinthe sacré du monstrueux Minotaure…”
Dans le tome 12 d’Alix senator, le voyage d’Alix et de ses compagnons commence au temple d’Isis situé sur l’île de Philae, près de la première cataracte du Nil.
Dans l’Antiquité, ce temple était le principal sanctuaire de la déesse Isis. Je vous en parle sur le site Alixsenator.com, ici : Philae
Le temple que l’on peut encore voir aujourd’hui fut édifié à partir du IVe siècle avant notre ère. Auguste y fit bâtir un portique fermant son esplanade. Du côté ouest, les fenêtres du sanctuaire donnaient directement sur l’île voisine de Biggeh où Alix découvre le fémur d’Osiris.
De très nombreux fidèles venaient pour vénérer le couple divin, notamment de Nubie. C’était si important que, quand le culte d’Isis fut interdit dans l’empire romain pendant la période chrétienne, il continua d’être célébré à Philae exclusivement pour les Nubiens.
Hélas, après la construction du premier barrage d’Assouan en 1894, les eaux du lac de retenue commencèrent à recouvrir l’île dix mois sur douze. Puis, dans les années 60, avec l’édification du second barrage, les restes du sanctuaire furent inondés toute l’année. Pour les sauver, ils furent démontés et réinstallés en 1974 sur l’île d’Aguilkia, trois cent mètres au nord de celle de Philae.
Le kiosque de Trajan sur l’île de Philae inondée, photo trouvée sur
https://www.egypttoursportal.co.uk/
L’entrée du temple de Philae inondée, photo trouvée sur
https://www.egypttoursportal.co.uk/
Philae inondée, photo trouvée sur
https://www.egypttoursportal.co.uk/
Philae inondée, photo trouvée sur
https://www.egypttoursportal.co.uk/
Curieusement, je ne vous ai encore jamais parlé de cet impressionnant bronze étrusque de près d’1,30 mètres de long. C’est bien dommage 🙂
Voici donc la Chimère de bronze découverte à Arezzo (Toscane) en 1553.
La Chimère est un monstre de la mythologie grecque, un ancêtre du dragon. Elle a le corps d’un lion, une queue en forme de serpent et une tête de chèvre qui émerge de son dos. Son nom est d’ailleurs dérivé de « Khimaira », petite chèvre en grec. Elle crache du feu et a l’habitude de tout détruire autour d’elle jusqu’à ce que le héros Bellérophon, monté sur Pégase, la tue d’un coup de lance.
La statue la représente d’ailleurs en position de repli, avec la tête de chèvre pendante et des blessures sur le cou : son combat est presque fini. Ça a fait penser qu’elle devait être originellement accompagnée d’une autre statue représentant Bellérophon, mais celle-ci a été perdue. La queue en forme de serpent de la Chimère avait disparu aussi lors de la découverte du bronze : celle que l’on voit est un ajout de la fin du XVIIIe siècle.
La statue elle-même date probablement du Ve siècle avant notre ère. C’est un ex-voto dédié à Tinia, le plus grand dieu des Étrusques, le peuple qui habitait la Toscane à cette époque. Il était alors fortement influencé par l’art grec qui arrivait via l’Italie du sud où plusieurs colonies helléniques était installées.
Trouvée lors de la réfection des murailles d’Arezzo, la Chimère entra immédiatement dans les collections de Cosme Ier de Médicis alors duc de Florence. Celui-ci, très ambitieux, cherchait à étendre son pouvoir sur l’Italie du nord et à faire pièce à Rome. La découverte de la Chimère lui permit de valoriser son héritage étrusque – un peuple présent en Toscane avant les Romains – tout en mettant en avant ses qualités de grand mécène. Il installa la statue dans son palais d’où elle fut transportée à la galerie des Offices puis au Musée archéologique de Florence où elle se trouve toujours.
Le 13 septembre 335 eut lieu la consécration de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Elle se trouve encore de nos jours dans le quartier chrétien de la vieille ville à l’endroit où la tradition veut que le Christ ait été crucifié puis enseveli jusqu’à sa résurrection.
L’église a, bien sûr, été beaucoup modifiée depuis le IVe siècle. Mais je vais vous parler aujourd’hui d’un artefact qui date sans doute du XVIIIe : l’échelle inamovible. Vous pouvez la voir sous une des fenêtres de la façade du bâtiment. Elle figure déjà au même endroit sur une gravure de 1728.
En théorie, rien n’empêche qu’on la déplace. Elle n’a aucun pouvoir magique, elle n’est pas sainte ou sacrée. Mais elle n’a bougé que trois fois brièvement depuis son installation avant d’être très vite remise en place.
Pourquoi ? L’église du Saint-Sépulcre est officiellement gardée par six ordres chrétiens différents et on ne sait plus exactement qui a la charge de la corniche et de la fenêtre sur lesquelles l’échelle est posée. De plus, selon le Statut Quo de 1757 qui régit le lieu saint, aucun membre d’un des ordres ne peut déplacer ou modifier quelque chose sans le consentement des cinq autres.
Comme de tels actes ont parfois conduit à de violentes rixes dans le passé, nul ne veut plus se lancer et retirer l’échelle. En 1964, le pape Paul VI a d’ailleurs pris soin de préciser que l’échelle devrait rester en place jusqu’à que les églises catholiques et orthodoxe soient unies à nouveau.
L’échelle incongrue n’est donc pas prête de quitter la façade de son église.
J’ai hésité un moment avant de vous montrer cette “poupée vaudou” antique. Mais comme j’ai pris l’habitude de partager avec vous les “curiosités” que je découvre en préparant ma documentation, je la poste tout de même ici.
Voici donc une dagyde ou figurine d’envoûtement datant.du IVe siècle de notre ère. Elle a été découverte en Égypte. Elle est percée de 13 (!) aiguilles de bronze. Elle se trouvait dans un vase en terre cuite contenant également une tablette en plomb portant une defixion, un rituel visant à soumettre une personne à sa volonté.
Elle est actuellement conservée au Louvre.
« J’aime le pouvoir car il donne ses chances à l’impossible. »
Caligula (31 août 12 – 24 janvier 41).
« Simplement, je me suis senti tout d’un coup un besoin d’impossible. […] Les choses, telles qu’elles sont, ne me semblent pas satisfaisantes. […] Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. »
Caligula, dans l’acte I de la pièce éponyme d’Albert Camus, 1944, Gallimard.
Le 22 septembre prochain, en même temps que l’édition classique, vous pourrez, bien sûr, trouver en librairie l’édition premium du tome 12 d’Alix Senator. Son cahier supplémentaire, illustré de croquis de Thierry, portera sur le Nil, ses mystères et ses trésors.
Céramique recuay venant du Pérou, réalisée entre 200 av. J.-C. et 600 ap. J.-C., Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen, Collection Ebnöther (section “Musique / Danse”)