Quelques images de la mystérieuse cité du tome 8 d’Alix senator.
Catégorie : Histoire antique
Saint Luc
C’est la fête de saint Luc aujourd’hui dans le calendrier catholique. Il a donné son nom à l’Ecole Supérieure des Arts de Bruxelles et à celle de Tournai où beaucoup d’auteurs de Bande Dessinée se sont formés.
Bien sûr, ce n’est pas par hasard. Saint Luc est le patron des artistes, des peintres… Dans Trois Christs, je me suis d’ailleurs amusée à donner son nom au sculpteur qui doit réaliser un bas-relief de la crucifixion à Lirey et qui finit par réaliser le fameux Saint Suaire.
Mais d’où vient ce lien entre le saint et l’Art ?
L’Histoire nous dit très peu de choses du vrai « Luc », le rédacteur de l’Évangile homonyme ainsi que des Actes des Apôtres. Tout juste pense-t-on qu’il a vécu à la fin du 1er siècle après Jésus-Christ et qu’il maîtrisait autant la culture juive que la culture hellénistique.
La tradition chrétienne, largement remise en cause de nos jours, était plus prolixe sur lui : elle faisait de Luc un médecin originaire d’Antioche en Syrie… qui aurait peint plusieurs portraits de la Vierge.

Des icônes lui furent même attribuées plus tard, bien qu’elles soient en réalité beaucoup plus récentes. En voici quelques exemples :
Preview Alix Senator 8 : les premières pages
Après la couverture de la Cité des poisons, voici les cinq premières pages du prochain Alix Senator. Vous pourrez le lire en entier dès le 21 novembre.
Caius Octavius
Naissance du futur Auguste
Le 9 des calendes d’octobre 63 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire le 23 septembre pour nous, naît dans une modeste propriété du Palatin, le petit Caius Octavius.
Sa famille paternelle n’est pas romaine de souche. Elle vient de Vélitre, dans le Latium. Le bébé porte le même nom que son père, un sénateur de fraîche date – comme Alix — qui a réussi à épouser Atia Balba Caesonia, la fille d’une noble famille romaine. Quelques jours plus tard d’ailleurs, l’oncle de la jeune femme, l’ambitieux pontife Jules César, va s’affirmer dans le champ politique comme le premier représentant du parti des « populares », des réformistes qui tombent parfois dans la populisme. Il ne sait pas encore qu’il adoptera son petit-neveu une vingtaine d’années plus tard ni que celui-ci réalisera son rêve de domination en devenant Auguste, le premier empereur romain.
Rencontre avec Livie
Entre temps, un autre 23 septembre, celui de 39 av. J.-C., Caius Octavius, a rencontré la femme de sa vie : Livia Drusilla. A priori, ils n’ont pas grand chose en commun. Elle appartient à la plus haute aristocratie romaine et elle a pris encore récemment le parti de Marc Antoine, le meilleur ennemi d’Octavien. De plus, ils sont mariés tous les deux. Mais aucun de ces « détails » ne va les arrêter. Coup de foudre, coup politique ou les deux, Octavien répudie son épouse dès octobre, le jour même où elle accouche de leur fille Julia, et épouse Livie en janvier suivant. Elle est encore enceinte de son précédent mari. L’enfant naît en avril et la plaisanterie se répand dans Rome que les gens bénis de la Fortune peuvent avoir un enfant en trois mois… L’avenir leur donnera plus que tort: Livie et Auguste n’auront jamais d’enfants ensemble.
Ci-dessous :
– Buste d’Octavien jeune, musée archéologique national d’Aquilée. © Wolfgang Sauber
– Statue de Livie représentée en Ops, la déesse romaine de la fertilité. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
– Livie et Auguste dans Alix senator, dessin de Thierry Démarez, éditions Casterman
Speculoos, latin et gourmandise
Bon, j’ai craqué 🙂 , j’ai rapporté de Bruxelles ma gourmandise belge préférée, celle qui faisait la joie de mes « petits cafés » quand j’habitais près du Manneken-Pis avec Denis : des speculoos de la maison Dandoy (non, je n’ai pas d’action chez eux).
Les speculoos sont des biscuits à base de farine, de beurre et de cassonade (d’où leur couleur traditionnelle brun foncé) aromatisés aux épices: canelle, muscade, girofle, gingembre, sésame… Ils sont peut-être les lointains descendants des biscuits au miel que les Romains s’offraient en guise d’étrennes chaque début d’année et qui avaient la forme de l’un de leurs dieux. Les speculoos, eux, étaient à l’origine offerts aux enfants pour la fête de saint Nicolas (le 6 décembre) et avaient souvent la forme de ce personnage.
D’ailleurs, « speculoos » viendrait peut-être du latin « speculum », « miroir », comme si le biscuit était le reflet du saint qu’il représente. Une autre origine possible du nom est le latin « speculator », « surveillant » utilisé pour désigner les évêques comme saint Nicolas qui était évêque de Myre. Plus prosaïquement, « speculoos » pourrait venir aussi de « species », « épices » toujours en latin.
Ci-dessous :
- Speculoos traditionnel et speculoos à la vanille
- Fabrication du speculoos avec le pressage de la pâte dans un moule en creux
Anniversaire Alix à Bruxelles : les images
Les jours derniers, j’étais à Bruxelles pour la Fête de la BD et surtout l’anniversaire de mon sénateur préféré (70 ans déjà !). L’exposition réalisée à Angoulême s’est pour l’occasion déplacée dans le somptueux écrin du Musée Art et Histoire de Bruxelles où vous pouvez la voir jusqu’au 16 janvier prochain. Parallèlement, vous pouvez aussi aller découvrir les planches du dernier album de la série réalisées par David B et Giorgio Albertini jusqu’au 14 octobre au Centre Belge de la Bande dessinée.
Voici un petit reportage photo sur tous ces événements :
Vous avez dit barbares ?
La Normandie existait avant les Vikings et Guillaume le Conquérant, si si je vous assure.
Je suis allée hier voir une jolie exposition qui le prouve au Musée de Normandie de Caen : « Vous avez dit barbares ? ». On y découvre de très nombreux objets datant du Vè au VIIIè siècle, de l’arrivée des peuples « barbares » en Gaule (406) à la fin de l’époque mérovingienne. Les représentations de Mithra côtoient les armes, les objets de la vie quotidienne et les bijoux (je vous recommande les boucles de ceinture par exemple, je serais bien repartie avec l’une d’elles)… Et ne vous laissez pas arrêter par l’affiche: l’expo concernent aussi bien la vie des hommes que celle des femmes.
Le billet ouvre aussi l’entrée des collections permanentes du musée. Je vous recommande la salle sur la Normandie avant les Romains et ses magnifiques casques en bronze.
La bataille d’Actium
Le 2 septembre 31 avant Jésus-Christ eut lieu la bataille d’Actium. Elle marqua la fin des guerres civiles romaines suivant le meurtre de Jules César et donna à Octavien, le futur Auguste, la victoire décisive sur son grand rival Marc Antoine.
Depuis plusieurs années, les relations des deux hommes étaient très mauvaises. Elles dégénérèrent en 35 quand Antoine triompha à Rome et surtout fit de Césarion, le fils supposé de César et de Cléopâtre, le pharaon Ptolémée XV. Octavien, qui n’était « que » le fils adoptif du dictateur, commença peut-être à craindre que le jeune garçon ne vienne un jour réclamer son héritage romain. En tout cas, il entama une campagne de dénigrement contre Antoine et Cléopâtre auprès du Sénat et de l’opinion publique de la République italienne. Cela fonctionna: Antoine fut déchu de son consulat pour 31 et la guerre déclarée à l’Égypte.
La plupart des troupes d’Antoine stationnaient alors en Grèce mais il ne réussit pas à empêcher l’armée d’Octavien de traverser la mer Adriatique et de le rejoindre. L’affrontement décisif n’eut pourtant pas lieu sur terre mais sur mer. A la tête de la flotte d’Octavien se trouvait le général Marcus Vipsanius Agrippa – celui dont je vous raconte la mort dans le premier Alix senator. Il parvint à isoler Antoine de son ravitaillement venant d’Égypte et de Syrie. Celui-ci chercha alors en vain à affronter Octavien sur terre mais celui-ci ne bougea pas de son camp. Antoine ne parvint pas non plus à desserrer le blocus d’Agrippa.
Il ne lui restait plus qu’à tenter le tout pour le tout. Ses 180 navires lourdement armés, alliés à ceux de Cléopâtre, tentèrent le 2 septembre de forcer la ligne de bataille formée par les 350 navires légers d’Agrippa au large du promontoire d’Actium. L’affaire se présentait mal et les deux amants, plutôt que de se battre, prirent rapidement la fuite sur leurs vaisseaux amiraux, provoquant la débâcle de leurs troupes. Une grande partie se rendit peu après à Octavien dont Caius Sosius, le principal lieutenant d’Antoine. Quelques temps plus tard, ce furent les forces terrestres de celui-ci qui rallièrent le camp du futur empereur.
Moins d’un an plus tard, ce dernier pénétrait dans Alexandrie et Antoine et Cléopâtre se suicidaient. Auguste n’aurait plus d’opposants sur sa route.
La mort d’Auguste
Octavien ou plutôt Imperator Caesar Divi Filius Augustus, comme on appelait l’empereur à la fin de sa vie, est mort le 19 août 14 après Jésus-Christ dans sa villa de Nola en Campanie (sud de l’Italie).
Il a 76 ans. Selon les historiens antiques Tacite et Dion Cassius, sa chère et tendre épouse, Livie, lui aurait servi des figues empoisonnées (au bout de plus de 50 ans de mariage quand même, on peut saluer sa patience). Mais rien n’est jamais venu appuyer leurs dires et il semble plutôt qu’Auguste soit tout simplement mort de mort naturelle.
D’ailleurs un autre auteur antique, Suétone, souligne que l’empereur est mort « au milieu des embrassements de Livie ».
C’est aussi Suétone qui ajoute qu’Auguste « ayant reçu ses amis, (…) leur demanda s’il paraissait avoir bien joué le drame de la vie, et y ajouta cette finale : « Si vous avez pris goût à ces délassements, ne leur refusez pas vos applaudissements. » Des paroles bien cyniques pour un homme qui l’était sans doute tout autant.
Ci-dessous :
Fragment en bronze d’une statue équestre d’Auguste, premier siècle avant Jésus-Christ, Musée national archéologique d’Athènes, Grèce.
Retour positif sur les cahiers premium Alix senator
Parfois on se demande pour qui on travaille. Je passe quand même un certain temps à rédiger les cahiers supplémentaires des éditions premiums d’Alix Senator. Non pas que ça me demande beaucoup de recherches: je les ai faites avant pour préparer les histoires de chaque album. Mais contracter une documentation historique conséquente en quelques pages attractives et accessibles à tous, je peux vous dire que c’est du boulot.
Et puis, on tombe sur une critique de la version premium du tome 7 d’Alix Senator qui vante « une nouvelle fois un somptueux dossier de huit pages pour contextualiser son récit. » avant consacrer un petit paragraphe au sujet : « Sous le titre évocateur de Voyage aux Enfers, le dossier détaille les us et coutumes funéraires des Romains, ce qui donne l’occasion de découvrir les véritables cultes voués aux personnalités incontournables de l’Antiquité romaine. Mangin revient aussi sur les dieux liés à la mort, ainsi que sur la province de Campanie (le lieu où se déroule cette histoire), pour présenter ses hauts lieux, et les événements marquants qui s’y sont déroulés. Passionnant et toujours brillamment illustré par Thierry Demarez. »
Merci Charles-Louis Detournay !