Le Radeau de la Méduse

Le 25 août 1819, Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault était présenté au Salon de l’académie royale, l’exposition parisienne la plus importante de cette époque.

Appelé alors simplement « Scène de naufrage », le tableau montre les survivants de La Méduse, une frégate qui s’était échouée sur un banc de sable au large du Sénégal trois ans auparavant.
Des 147 personnes qui montèrent au départ sur le radeau, seules quinze étaient encore en vie quand l’Argus, un autre bateau, les retrouva deux semaines plus tard. La faim, la soif, la folie et même le cannibalisme avaient eu raison des autres. D’ailleurs, sur les quinze survivants, cinq succombèrent encore peu après leur arrivée sur la terre ferme.

Dès l’ouverture du Salon, l’horreur du sujet de la Méduse fascina le public. Mais les critiques furent très divisés. Les tenants du classicisme exprimèrent leur désapprobation, voire leur répulsion face à la fois au thème du tableau et à son traitement, trop éloigné des canons de la beauté idéale. D’autres au contraire furent sensibles au fait que Géricault avait traité un sujet politique dans l’air du temps.
En effet, le naufrage de la frégate était dû en grande partie à l’arrogance de son capitaine, un incompétent nommé à ce poste uniquement parce qu’il était un fervent soutien de la monarchie. (En 1816, on est juste deux ans après l’accession au trône de Louis XVIII, et le retour de la royauté après la Révolution et l’Empire). Peindre Le Radeau de la Méduse, c’est donc afficher clairement des opinions libérales, en opposition au retour des Bourbons.

A la fin du Salon, le jury décerna sa médaille d’or à Géricault mais se refusa à acheter le tableau pour le musée du Louvre. Aucun autre acquéreur ne se présenta et la Méduse resta stockée chez un ami du peintre jusqu’à sa mort.

Publié le Catégories Éphéméride, Histoire contemporaine, Peinture
Partager LinkedIn

Carl Barks

Le 25 août 2000, nous quittait Carl Barks, le créateur du « canard le plus riche du monde » : Balthazar Picsou, mais aussi de Gontran, Géo Trouvetou, Miss Tick, les Castors Juniors, les Rapetou…

Né dans l’Orgeon en mars 1901, Barks dut arrêter ses études à 15 ans. Il essaya de devenir successivement fermier, bûcheron, gardien de mules, imprimeur… N’arrivant pas à s’en sortir, il prit quelques cours de dessin par correspondance et proposa ses premières productions aux journaux.

En 1935, il entra chez Disney et déménagea à Los Angeles. Il devint intervalliste: il faisait les dessins répétitifs des animations. Mais, dès l’année suivante, il passa au département des scénarios. En 1937, il commença à travailler sur des histoires de Donald. Il écrivit plusieurs dessins animés mais en 1942, mécontents de ses rapports avec les studios, il préféra démissionner.

Juste avant, Barks avait participé au premier comics de Donald : « L’Or des pirates » publié par Western Publishing. Cette maison l’engagea et lui permit de réaliser seul, au dessin comme au scénario, les albums suivants du fameux canard. Jusqu’en 1966, date de sa retraite, Bark écrivit environ 500 histoires de Donald, développant tout l’univers autour de lui.

Cependant, comme ses récit paraissaient sous licence Disney, ils ne portaient pas de nom d’auteur. Surnommé « Good duck artist », Barks ne sortit de l’anonymat qu’aux début des années 70.

Aujourd’hui, les personnages qu’il a créés existent toujours et Barks continuent à influencer de nombreux dessinateurs.

H. P. Lovecraft

Né le 20 août 1890 à Providence aux États-Unis, Howard Philips Lovecraft est un des auteurs de fantastique et d’horreur les plus connus du XXè siècle (et un de ceux que j’ai le plus lus quand j’étais ado). Il a influencé de nombreux écrivains et artistes d’Alan Moore à H. R. Giger en passant par Junji Ito et Michel Houellebecq.

La vie de Lovecraft pourrait être celle d’un de ses nombreux héros. Son père devient fou alors qu’il n’est âgé que de trois ans et il doit aller vivre chez son grand-père avec sa mère. C’est un enfant fragile, souvent malade et déjà atteint des terreurs nocturnes qui l’inspireront plus tard. Cela ne l’empêche pas de lire énormément, beaucoup de littérature et d’écrits scientifiques. Après la mort de son grand-père en 1904, la famille tombe dans les difficultés financières et Lovecraft dans la dépression, même s’il commence à écrire.

Devenu adulte, il vit quasiment en ermite jusqu’à ce qu’il entre en contact avec l’UAPA (United Amateur Press Association) dont il devient le président en 1917. La même année, rasséréné par cette expérience, il écrit Dagon qui est sa première histoire publiée en 1919 dans The Vagrant et plus tard dans Weird Tales. Malheureusement, cette même année 1919, la mère de Lovecraft qui souffre d’hystérie et de dépression entre à l’asile où est déjà mort son père. Elle y décède deux ans plus tard.
Lovecraft le vit évidemment très mal.

En 1924, il épouse Sonia Greene, propriétaire d’origine juive et ukrainienne, d’une chapellerie à New York. Mais leur union est un échec. Sonia perd son commerce et part à Cleveland trouver un nouveau travail. La procédure du divorce ne sera jamais achevée. Resté seul à New York. Lovecraft se met à détester cette ville cosmopolite où il peine à garder un emploi. Selon Michel Houllebecq, c’est alors que son racisme se transforme en la terreur qu’il exprime dans plusieurs de ses nouvelles. Cet aspect très controversé de sa personnalité se retrouve surtout dans son abondante correspondance privée, mais aussi dans certaines thématiques littéraires récurrentes chez lui, comme celle du groupe humain qui sombre dans la décadence physique et morale et retourne à la sauvagerie la plus primitive.

Retourné à Providence en 1926, Lovecraft connaît alors ses années de production les plus intenses. Il est sorti de ses périodes « Edgar A. Poe » (nouvelles macabres) et « Lord Dusany » (nouvelles liées au monde des rêves et à ses panthéons) et publie les nouvelles qui constitueront le « mythe de Cthulhu ». Mais il demeure globalement inconnu du public, même s’il est publié dans les pulp magazines. Il ne parvient d’ailleurs jamais à gagner sa vie grâce à ses écrits et peine même à survivre. En 1936, alors qu’il est déjà affecté par la mort de Robert E. Howard avec qui il entretenait une grande correspondance, on lui découvre un douloureux cancer de l’intestin. Il l’emporte le 15 mars suivant.

Photo d’H. P. Lovecraft, prise en juin 1934 par Lucius B. Truesdell.

La mort d’Auguste

Octavien ou plutôt Imperator Caesar Divi Filius Augustus, comme on appelait l’empereur à la fin de sa vie, est mort le 19 août 14 après Jésus-Christ dans sa villa de Nola en Campanie (sud de l’Italie).

Il a 76 ans. Selon les historiens antiques Tacite et Dion Cassius, sa chère et tendre épouse, Livie, lui aurait servi des figues empoisonnées (au bout de plus de 50 ans de mariage quand même, on peut saluer sa patience). Mais rien n’est jamais venu appuyer leurs dires et il semble plutôt qu’Auguste soit tout simplement mort de mort naturelle.

D’ailleurs un autre auteur antique, Suétone, souligne que l’empereur est mort « au milieu des embrassements de Livie ».

C’est aussi Suétone qui ajoute qu’Auguste « ayant reçu ses amis, (…) leur demanda s’il paraissait avoir bien joué le drame de la vie, et y ajouta cette finale : « Si vous avez pris goût à ces délassements, ne leur refusez pas vos applaudissements. » Des paroles bien cyniques pour un homme qui l’était sans doute tout autant.

Ci-dessous :
Fragment en bronze d’une statue équestre d’Auguste, premier siècle avant Jésus-Christ, Musée national archéologique d’Athènes, Grèce.

Jacques Lob

Le scénariste Jacques Lob est né le 19 août 1932 à Paris.

Il est l’auteur avec Georges Pichard de « Blanche Epiphanie » et d’un récit pour lequel j’ai une affection particulière : un « Ulysse » un peu érotique et très SF où les dieux sont en fait des aliens pourvus d’une technologie très avancée.

Mais, bien sûr, Lob a écrit beaucoup d’autres albums : de « Superdupont » pour Gotlib, de « Lone Sloane » pour Philippe Druillet ou du « Transperceneige » pour Alexis et Jean-Marc Rochette par exemple.

Détail (in)signifiant : il est le seul scénariste à avoir reçu le Grand Prix du Festival d’Angoulême. C’était en 1986.

 

Pluto(n)

Pluto, le chien de Mickey

Pluto, le chien de Mickey, apparaît pour la première fois à l’écran le 18 août 1930 dans « La Symphonie enchaînée ». Mais il n’a pas encore son nom. Il ne l’acquiert que l’année suivante dans « La Chasse à l’élan ». On peut s’étonner que ce paisible animal, inspiré des chiens de Saint-Hubert et sans caractéristique anthropomorphe, ait été pourvu du nom du dieu des Enfers romains.

Un chien de Saint-Hubert

C’est normal, on fait alors fausse route: Pluto ne porte pas le nom d’une divinité infernale mais celui… de la planète Pluton. Elle venait d’être découverte en février 1930 et Walt Disney, désirant distraire le public américain déprimé par la crise économique voulait alors « créer quelque chose de nouveau et d’amusant ».

La planète Pluton, © 2015 Nasa/jhuapl/swri

Le public adhéra et, de 1930 à 1953, sa période « classique », Pluto apparut dans 109 dessins animés. La production ralentit ensuite mais le chien demeure présents dans les productions Disney jusqu’à aujourd’hui. Côté bande dessinée, seule 83 histoires de Pluto furent publiées en France mais il en sortit plusieurs centaines aux État-Unis.

Guerre éternelle

L’Atelier virtuel participe cette année au collectif Traces de la Grande Guerre, publié par les Éditions de la Gouttière avec une histoire courte de 8 pages : Guerre éternelle.
J’ai eu le plaisir d’en faire le scénario.
Au dessin, il y aura : Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac, Johann Corgié, Stef Djet, Nicolas Siner, Julien Carette, Malo Kerfriden, Christelle Robin, et Thibaud De Rochebrune
Et à la couleur Yoann Guillo !

A découvrir en libraire le 5 octobre prochain.

La page 3 de Guerre éternelle (sans les bulles).

Retour positif sur les cahiers premium Alix senator

Parfois on se demande pour qui on travaille. Je passe quand même un certain temps à rédiger les cahiers supplémentaires des éditions premiums d’Alix Senator. Non pas que ça me demande beaucoup de recherches: je les ai faites avant pour préparer les histoires de chaque album. Mais contracter une documentation historique conséquente en quelques pages attractives et accessibles à tous, je peux vous dire que c’est du boulot.

Et puis, on tombe sur une critique de la version premium du tome 7 d’Alix Senator qui vante « une nouvelle fois un somptueux dossier de huit pages pour contextualiser son récit. » avant consacrer un petit paragraphe au sujet : « Sous le titre évocateur de Voyage aux Enfers, le dossier détaille les us et coutumes funéraires des Romains, ce qui donne l’occasion de découvrir les véritables cultes voués aux personnalités incontournables de l’Antiquité romaine. Mangin revient aussi sur les dieux liés à la mort, ainsi que sur la province de Campanie (le lieu où se déroule cette histoire), pour présenter ses hauts lieux, et les événements marquants qui s’y sont déroulés. Passionnant et toujours brillamment illustré par Thierry Demarez. »

Merci Charles-Louis Detournay !

À voir sur ActuaBD.com

Le forum romain inondé ?

 

Hier soir, je suis tombée sur ces images du forum romain sous les eaux en 1890 et 2011.

Cela peut paraître très étonnant mais le Tibre inonde régulièrement la place depuis les débuts de la ville.

A l’origine, au Xè siècle avant notre ère, les futurs Romains vivent uniquement sur les collines. La plaine qui deviendra le forum, régulièrement inondée par le Tibre, n’est utilisée que comme nécropole. Mais comme la population grandit, les villages finissent par la rejoindre.
Elle commence à être aménagée au 7è siècle avant Jésus Christ avec un simple sol en terre battue. Selon la tradition, le roi Tarquin l’Ancien (un roi légendaire) organise alors le premier drainage des eaux du marais vers le Tibre grâce à un canal à ciel ouvert. C’est le début de ce qui deviendra la cloaca maxima, le grand égout de Rome.
Le marais est ainsi progressivement assaini mais cela n’empêche pas le Tibre de continuer à déborder.
Au XIXè siècle pour essayer de protéger la ville, on construit de hauts murs entre elle et le fleuve. Mais comme je vous le montrait dans mon post précédent, ça ne marche pas à tous les coups.

Jhen à Bayeux

Depuis Abyme, j’avais de nouveau envie de raconter une histoire au cœur de ma bonne ville de Bayeux. Alors quand Casterman m’a proposé d’écrire une aventure de Jhen, le Alix du Moyen-âge, je n’ai pas hésité longtemps. C’était « oui » mais à condition qu’il se déroule chez moi, à l’ombre de la cathédrale Notre Dame et de sa tapisserie de la reine Mathilde. Heureusement pour moi, et Casterman et le dessinateur Paul Teng ont été d’accord.

Voici donc une première case du Conquérant, le futur tome 17 des aventures de Jhen, à paraître l’an prochain. Vous voyez, rien ne sera épargné au héros.