Laissez-moi vous présenter aujourd’hui la dernière femme a avoir été « chef d’État » en France : María Eugenia Ignacia Agustina de Palafox-Portocarrero de Guzmán y Kirkpatrick, marquise d’Ardales, marquise de Moya, 20e comtesse de Teba dite Eugénie de Montijo, (oui, tout ça !) morte le 11 juillet 1920 à Madrid.
Épouse de Napoléon III, elle fut trois fois impératrice-régente en l’absence de son mari : pendant la campagne d’Italie en 1859, son voyage en Algérie en 1865, et surtout en juillet 1870, après la déclaration de guerre contre la Prusse.
Vous voyez cela date vraiment beaucoup, sans compter que cela tourna au désastre.
Plus belliciste que son mari, à l’instar de la cour et des milieux politiques français, Eugénie de Montijo l’encouragea à déclarer la guerre à la Prusse. Quand il vint lui annoncer que c’était fait, elle se mit à danser de joie avec leur fils. Voyant cela, un de leurs amis ne put s’empêcher de dire : « Cette femme nous mène à la ruine ! ».
En effet, l’armée prussienne était plus nombreuse, avait un matériel bien plus moderne et avait développé toute une stratégie à opposer aux Français. Car Otto von Bismarck, le ministre-président du royaume de Prusse espérait bien cette déclaration de guerre. Il pensait que seul un conflit contre la France permettrait aux principautés germaniques de s’unir en un seul « empire allemand ». Et c’est bien ce qui arriva.
Les troupes prussiennes vainquirent les Français à plusieurs reprise, notamment lors du désastre de Sedan, le 1er septembre 1870. Moins de deux mois après la déclaration de guerre, l’empereur, fait prisonnier, devait capituler.
L’impératrice-régente ne réussit pas à faire face. Le 4 septembre la République était proclamée. Eugénie de Montijo se réfugia en Angleterre et termina sa vie en exil.
De son côté, le nouveau Gouvernement de Défense nationale ne put redresser la situation face à la Prusse. Un armistice dut être signé le 28 janvier 1871. La France dut céder l’Alsace-Lorraine au nouvel empire allemand et payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or.
Ci-dessous :
Copie du portrait officiel de l’impératrice, par Franz Xaver Winterhalter, conservé actuellement au musée d’Orsay. Entre 1855 et 1870, l’État commanda 400 versions en pied de ce portrait pour l’exposer dans des bâtiments officiels. Le portrait original fut présenté lors de l’Exposition universelle de 1855 puis installé au palais des Tuileries. Il a disparu pendant l’attaque des lieux au moment de la Commune de Paris (1871)