Vous avez peut-être entendu parler d’Elena Ceausescu récemment, à l’occasion du trentième anniversaire de la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est. Elle était l’épouse et le principal soutien politique de Nicolae Ceausescu, le président de la république socialiste de Roumanie de 1967 à décembre 1989, un grand admirateur de la Corée du Nord et grand adepte du culte de la personnalité. Mais, plus qu’une femme de dictateur, Elena était aussi un fameux escroc.
Aux côtés de son mari, elle connut une ascension politique fulgurante et devint même sa vice-première ministre en 1987. Née Lenuta Petrescu le 7 janvier 1916 à Petresti, en Roumanie, elle entra au Parti communiste en 1937, dix ans avant d’épouser Nicolae. Ce mariage fut l’occasion pour elle de falsifier son certificat de naissance : elle se rajeunit de trois ans et changea son prénom de Lenuta (« petite Hélène » en roumain) en Elena, à la connotation moins affective.
Ce ne furent que les premières d’une longue suite de falsifications et d’usurpations en tout genre. Très peu instruite, simple assistante de laboratoire à l’origine, elle fit tout pour se faire passer pour une scientifique de niveau international. Elle accapara la direction générale de l’Institut de recherches chimiques roumain et devint membre de l’Académie des sciences.
Les savants qui acceptèrent de valider son statut, d’écrire les articles qu’elle signait par exemple, firent une magnifique carrière. Les autres, ceux qui avaient refusé d’entrer dans son jeu tels le professeur Cristofor I. Simionescu qui avait refusé de valider sa thèse en chimie, furent écartés des postes prestigieux, voire limogés et emprisonnés. Cela n’empêcha pas de grandes universités étrangères de décerner des diplômes honorifiques à Elena, leurs gouvernements tenant à maintenir de bons rapports avec la Roumanie.
Mais l’illusion prit fin en 1989 quand le Bloc de l’est s’effondra. La dictature des Ceausescu, qui plongea leur pays dans une terrible misère, finit dans un bain de sang. Elena et son mari furent fusillés après une procédure judiciaire expéditive du même type que celle qu’ils réservaient à leurs malheureux opposants.
[ Edit : Une lectrice me fait remarquer à juste titre qu’il y avait beaucoup d’autres choses à dire sur les Ceaucescu. Effectivement, il y a énormément à dire sur leur dictature. Trop pour un simple post FB. Même en en restant à leur catastrophique politique nataliste (interdiction de l’avortement, impôts frappant les couples sans enfants, durcissement des conditions de divorce…) et aux drames qu’elle a engendrés (tout le monde se souvient des terribles images des orphelinats roumains) c’est trop. C’est un vrai dossier documenté qu’il faudrait ou un roman graphique. C’est pourquoi j’ai préféré m’en tenir ici à quelques anecdotes illustrant la personnalité d’Elena et surtout le fait que le régime reposait alors sur le mensonge, le culte de la personnalité, l’intimidation (voire pire) et que les pays étrangers étaient très complaisants envers ces travers. ]