La Révolte de Vercingétorix

Dans le cahier historique de l’édition premium du tome 10 d’Alix senator, je vous parle longuement de la guerre de la Gaule. Elle est à l’origine de la nouvelle aventure de notre sénateur préféré. Plus particulièrement Alix ne serait pas devenu Alix sans la tragique épopée de Vercingétorix. De Gergovie à Alésia, ce jeune chef Arverne parvint à soulever et unir tous les peuples gaulois et faillit bien renverser en sa faveur le sort des combats.

Vercingétorix

Vercingétorix est né vers – 80 dans l’actuelle Auvergne. Il est le fils du chef d’une importante tribu arverne. Son père aurait été mis à mort pour avoir essayé de rétablir la monarchie à son profit. « Vercingétorix » signifierait d’ailleurs « chef suprême des guerriers ». On s’interroge encore pour savoir si c’était véritablement le nom du jeune arverne ou bien un simple titre générique. On se demande aussi s’il ne fut pas un allié, voir un officier de cavalerie de César avant sa grande révolte. En tout cas, comme beaucoup d’aristocrates du sud des Gaules, il devait avoir déjà adopté la mode romaine, coupé sa moustache et ses cheveux et portait même peut-être la toge.

Statère d’électrum vers 60 av. J.-C., au nom de Vercingétorix, il pourrait y être représenté sous les traits du dieu Apollon. On remarque le « s » final : « Vercingetorixs ». Département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France.

Pourquoi une insurrection gauloise généralisée ?

Sa révolte contre les forces romaines débute en 52 avant notre ère. César est depuis sept ans en Gaule. L’année précédente, il a commis une terrible « erreur ». Il a dévasté les territoires des Éburons qui s’étaient révoltés contre lui et il les a tous, sans exception, exécutés. Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’il commet un crime de guerre. Par là, il espère bien supprimer toute velléité de révolte. Mais c’est le contraire qui se produit : tous les peuples gaulois, ou presque se soulèvent. L’insurrection débute le 23 janvier 52 avant notre ère, quand les Carnutes tuent tous les Romains présents dans la cité de Cénabum. À cette nouvelle, Vercingétorix, parvient lui aussi à soulever son peuple contre les envahisseurs. Très vite, les autres tribus gauloises le reconnaissent comme leur chef suprême. C’est la première fois que les Gaulois parviennent à s’unir ainsi.

Les différentes campagnes de la guerre des Gaules. © historicair

Terre brûlée et nouveau massacre

Au printemps – 52, Vercingétorix tente d’abord de couper César, qui se trouve en Gaule transalpine, de ses légions restées plus au nord. Mais le général parvient à franchir les Cévennes et à retrouver ses soldats. Le chef arverne opte alors pour la terrible tactique de la terre brûlée. Les cités des Bituriges dont César doit traverser le territoire sont détruites. Seule leur capitale, Avaricum (Bourges), est épargnée car on la croit imprenable. À tort. Après plusieurs échecs, les Romains tentent une attaque surprise sous des trombes d’eau et parviennent à entrer. Pour venger les morts de Cénabum, les légionnaires commettent alors un nouveau massacre. Sur les quarante mille habitants, seuls huit cents parviennent à s’enfuir.

Gergovie

L’affrontement direct entre César et Vercingétorix a lieu en avril, à Gergovie. Les Gaulois s’y sont retranchés et affrontent l’assaut des Romains. Mais le général a beau ruser, il essuie de lourdes pertes et doit finalement se retirer. La situation est très difficile pour César. Même les Éduens, restés ses alliés jusque-là, font défection. Il décide alors de se replier vers l’Italie où sa situation s’est aussi tendue. Sa fille, Julia, épouse de Pompée, vient de mourir, et celui-ci n’a plus de raison de ménager son ancien beau-père. Il a même rejoint ouvertement les rangs de ses adversaires.

Le mur de l’oppidum de Gergovie découvert à la suite des fouilles archéologiques récentes. © Romary

Alésia

Voyant le proconsul battre en retraite, Vercingétorix décide de détruire son armée avant qu’elle ne soit hors de portée. Mais l’attaque de l’Arverne est un échec : les Romains, soutenus par des cavaliers germains, la repoussent. Ils poursuivent même leurs ennemis jusqu’à l’oppidum d’Alésia où ils les contraignent à s’enfermer. César ne possède pas assez d’hommes pour tenter un assaut décisif. Il décide alors d’affamer ses adversaires. Pour empêcher tout ravitaillement, le proconsul fait construire une double ligne de fortification. Elle doit empêcher autant toute sortie des assiégés que toute attaque venant de l’extérieur contre les assiégeants. Il faut dire que Vercingétorix attend une armée de secours gauloise. Elle arrive effectivement à la fin de l’été. Par trois fois, elle échoue à vaincre les Romains et à franchir leurs lignes avant finalement de fuir devant les cavaliers de César.

Casque gaulois (Ier siècle av-JC.), trouvé aux alentours d’Alise-Sainte-Reine, site d’Alésia (Côte-d’Or) – Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). © Siren-Com

La fin de Vercingétorix

Vercingétorix sait alors qu’il est perdu. Plutôt que de se lancer dans une ultime action qui ne peut déboucher que sur un nouveau massacre, il préfère se livrer au général romain en échange de la vie sauve pour les siens. César les épargne effectivement : les Arvernes peuvent retourner chez eux après avoir fait leur soumission. Quant aux autres guerriers gaulois, à l’exception des Éduens, ils sont réduits en esclavage et donnés aux légionnaires. Vercingétorix, lui, sera jeté en prison et finalement exécuté en 46 avant notre ère, après le triomphe à Rome de son vainqueur. Le reste n’est qu’invention littéraire de Jacques Martin.

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César56, de Lionel Royer, 1899, musée Crozatier du Puy-en-Velay. La reddition du chef gaulois vue par le XIXe siècle.