C’est la rentrée et, vous le savez, un nouvel Alix, Le Gardien du Nil, sera dans toutes les bonnes librairies en novembre prochain. Pour vous faire patienter, voici la page 9 de l’album.
Les ennemis d’Enak précisent leurs (mauvaises) intentions.
Les dessins sont, bien sûr, de Chrys Millien et les couleurs de Florence Fantini.
Joie de la divagation sur internet, en partant du mot « dragon », je suis tombée sur cette curiosité ce soir : un reste de fenêtre du IV siècle de notre ère représentant le dieu égyptien Horus costumé en légionnaire et harponnant un crocodile, conservé au Louvre.
Ce thème du harponneur est courant en Égypte pour représenter la lutte du Bien contre le Mal. On représentait ainsi souvent le même Horus, en costume traditionnel, harponnant son oncle-ennemi Seth sous la forme d’un hippopotame. On montrait aussi ce même dieu Seth harponnant le serpent Apophis, personnification du chaos cherchant à anéantir la création divine. Ici l’originalité vient du costume romain du dieu qui témoigne du rapprochement progressif des traditions égyptiennes et romaines après la conquête d’Alexandrie par Auguste.
Au IVe siècle, l’Égypte commence à être largement christianisée. Il est possible que l’image d’un dieu tuant un monstre avec son harpon lance ait influencé les nouvelles représentations de saints, comme saint Georges terrassant le dragon (hypothèse de Christiane Desroches Noblecourt).
Les prochains Alix et Alix senator qui arriveront en librairie cet automne seront tous les deux accompagnés d’une édition spéciale.
Ainsi le 4 septembre prochain, en plus de l’édition normale des Cercles des géants, le tome 15 d’Alix senator, vous pourrez découvrir l’édition premium avec une variation sur la couverture et un cahier supplémentaire historique sur les mégalithes bretons (mais pas que). Comme tous les ans, j’ai rédigé les textes et ils sont illustrés, entre autres, de croquis de Thierry Démarez.
Puis, le 13 novembre prochain, arrivera Le Gardien du Nil, le tome 43 des aventures d’Alix avec un tirage spécial pour les librairies Canal BD.
Comme l’édition premium d’Alix senator, elle aura une couverture et une maquette différente de l’édition normale ainsi qu’un cahier supplémentaire. Je vous y présente l’Égypte vue par Jacques Martin dans Le Prince du Nil et par Chrys et moi dans Le Gardien.
J’ai eu la chance d’aller passer le long week-end du 15 août à Munich en famille. Denis et moi en avons profité pour aller visiter l’Alte Pinakothek de la ville. Elle possède une des plus belles collections de tableaux d’Europe et nous y avons (re)découvert de nombreuses merveilles.
Voici l’une d’elles : La Mort de Sénèque peinte par Pierre Paul Rubens en 1612.
Sénèque était un philosophe romain du premier siècle de notre ère. Il prônait une doctrine stoïcienne : le sage devait, entre autres, mettre l’éthique au cœur de ses réflexions, vivre en harmonie avec la Nature et accepter calmement son destin quel qu’il soit, sans se laisser déborder par les émotions comme la peur ou la colère. La vertu étant suffisante pour trouver le bonheur, le reste devenait accessoire, voire nocif.
Dans certains cas, Sénèque pensait pourtant que la vie ne valait plus d’être vécue : quand on était menacé d’être réduit en esclavage par exemple ou bien quand on sentait trop décliner son intellect. Alors, il prônait le suicide comme idéal moral et ultime moyen de libération du sage.
On le voit ainsi se suicider sur le tableau de Rubens : un esclave lui ouvre les veines à sa demande. Pourtant, Sénèque n’obéit pas alors à une injonction philosophique. Il meurt non par sa propre volonté mais parce que l’empereur Néron le lui a ordonné.
Pour être un philosophe majeur de son temps, Sénèque n’en était pas moins un homme de cour et d’État. Il avait été le précepteur du fils d’Agrippine et était resté ensuite son conseiller. Il en avait profité pour s’enrichir considérablement et vivre en grand aristocrate romain. Bref, il mena une vie bien en contradiction avec l’idéal qu’il prônait.
Hélas pour lui, il finit par être compromis dans la conjuration de Pison, un complot visant à assassiner Néron. On ne sait pas quel rôle exact le philosophe y joua, voire s’il y participa réellement ou fut simplement dénoncé à tort par un jaloux. Mais l’empereur n’hésita pas et lui ordonna de se suicider avec d’autres conjurés.
La Mort de Sénèque conservée à l’Alte Pinakothek (Munich)
Ceci posé, Rubens ne cherche pas à donner une vision réaliste de la mort de Sénèque, mais bien à montrer la fin idéale d’un philosophe. Les yeux levés vers le ciel, le stoïcien accepte sereinement son destin, que sa condamnation soit juste ou non.
Le peintre reprend d’ailleurs quelques éléments de la description de la mort de Sénèque par l’historien romain Tacite. Dans ses derniers instants, le philosophe aurait appelé des secrétaires pour leur dicter un discours. On ne se refait pas… Puis comme il était toujours en vie, il serait entré dans un bain chaud, ici réduit à un baquet, et aurait répandu de l’eau sur ses esclaves en disant « J’offre cette libation à Jupiter libérateur ». Une vraie dernière parole de stoïcien, dont on ne sait, bien sûr, si elle est vraie ou inventée.
La Mort de Sénèque, conservée au Musée du Prado (Madrid)
Rubens, qui réalisa une deuxième version de son tableau que je vous montre ci-dessus, eut aussi une autre source d’inspiration, esthétique celle-là : une statue romaine du deuxième siècle de notre ère, copie d’un original hellénistique. Elle avait été découverte à Rome au XVIe siècle et était très célèbre au temps du peintre. Aujourd’hui, plus qu’une représentation du suicide du philosophe, on pense qu’il s’agit d’une représentation d’un vieux pêcheur, un type de statuaire propre à l’époque hellénistique.
Une nouvelle page du Gardien du Nil, le prochain Alix qui sera en librairie en novembre prochain, ça vous tente ?
Alors voici la planche 8, dessinée par Chrys Millien et mise en couleurs par Florence Fantini :
Alix et Enak ont quitté l’Italie pour l’Égypte et ses mystères. Malheureusement le voyage ne sera pas de tout repos.
Photos de mirages type fata morgana publiées dans Ouest France en août 2022
Comme tout le monde ou presque, j’aime beaucoup me promener au bord de la mer, d’autant que la Manche est à moins de 10km à vol d’oiseau de la maison. Parfois, il m’arrive de voir de voir des formes d’immeubles au loin sur la mer, voire, quand je regarde vers Le Havre par temps clair, d’avoir l’impression que les bâtiments et les cheminées du port sont beaucoup plus près ou plus hauts qu’ils ne le sont en réalité.
Je n’avais jamais donné de nom à ce phénomène optique amusant dû à la superposition de couches d’air chaud et d’air froid dans l’atmosphère. Et, ces jours-ci, j’apprends en lisant la Presse de la Manche qu’il s’appelle « fata Morgana », oui, comme la fée de la légende arthurienne. C’est très joli et… très étrange.
En fait, ce phénomène a été nommé comme cela car les premiers à l’avoir rencontré et à en avoir parlé sont des croisés qui naviguaient près du détroit de Messine, séparant l’Italie et la Sicile. Ils eurent l’impression de voir de fantastiques châteaux flotter au-dessus de l’eau dans le lointain. De telles merveilles ne pouvaient être dû qu’à un être aussi surnaturel qu’inquiétant : la fée Morgane.
En 2010, sortait en librairie un album très important pour moi : Trois Christs, dessiné par Denis Bajram et Fabrice Neaud. Il remporta à l’époque un certain succès critique et public, fut nommé à Angoulême et présenté dans plusieurs expositions. Hélas, il n’était plus disponible depuis quelques temps.
C’est donc avec une certaine émotion que je peux annoncer une bonne nouvelle à ceux d’entre vous qui m’ont dit avoir cherché en vain Trois Christs en librairie : une nouvelle édition sera disponible 16 octobre prochain sous une couverture un peu retouchée par Denis, avec 8 pages de cahier supplémentaire portant sur le making of de l’album et longue postface portant sur la question des vérités alternatives, du complotisme, des bulles algorithmique et des IA.
Esthétiquement, Trois Christs n’est pas une bande dessinée comme les autres. C’est un de mes albums les plus formellement aboutis, un de ceux dont j’ai le plus travaillé la narration et la mise en scène avec mes deux co-auteurs (dont le talent dans le domaine n’est plus à démontrer). J’y raconte trois histoires en me servant des mêmes cases et des mêmes dialogues disposés à chaque fois dans un ordre différent. À travers ce concept formel, cet album aborde donc la question du vrai et du faux qu’on peut également faire dire à la même matière première. Une question plus que que jamais actuelle.
« Pâques 1353 – Les fidèles de Lirey, un petit village champenois, vénèrent pour la première fois ce qui va devenir la relique la plus célèbre et la plus controversée de la Chrétienté : le Saint Suaire, linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ à la descente de la croix.
Luc, un jeune sculpteur, se trouve à Lirey en cette période pascale pour y finir une œuvre commanditée par le seigneur de Charny, un chevalier respecté et influent qui vient de financer la nouvelle église collégiale. Il ignore encore quels sérieux ennuis va lui attirer son talent de sculpteur…
Trois Christs, c’est trois fois cette même Semaine sainte de 1353. Trois fois les mêmes personnages qui évoluent dans les mêmes lieux. Trois fois le Saint Suaire qui apparaît enfin au grand jour. »
Ce n’est pas parce que c’est l’été qu’il faut perdre ses bonnes habitudes: nouveau mois = toujours nouvelle preview du prochain Alix senator à paraître le 4 septembre prochain chez Casterman. Voici donc les différentes étapes de la page 8 de l’album où Alix et ses compagnons arrivent dans un mystérieux village armoricain…
Le board et le dessin noir et blanc sont toujours de Thierry Démarez et les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud.
Pendant que je finissais mon scénario d’Alix Senator, Florence Fantini terminait de mettre en couleurs le Gardien du Nil, le prochain Alix classique dessiné par Chrys Millien.
Tout est donc prêt pour que vous puissiez retrouver l’album le 13 novembre prochain chez votre ami libraire.
Une fois de plus, les déesses ont été avec moi : je viens de terminer le scénario du tome 17 d’ Alix Senator. D’ici deux ans, vous pourrez donc normalement découvrir Le Maître des masques chez votre ami libraire.
En attendant, vous pourrez lire l’an prochain, le tome 16, L’Atlantide que Jean Jacques Chagnaud commence à mettre en couleurs et, dès le 4 septembre prochain, le 15, Les Cercles des géants.
Pour les curieux, “acta est fabula”, “la pièce est terminée” est un clin d’œil aux derniers mots de l’empereur Auguste, un grand acteur s’il en est !