Milon de Crotone, l’Obélix de la Grèce antique

Milon est un athlète qui vécu à Crotone (en Grèce) au VIe siècle avant notre ère. Il remporta de très nombreuses victoires dans les concours de lutte des Jeux panhelléniques au point de devenir le symbole de la force brute et le sujet de nombreuses anecdotes légendaires. Plusieurs me font beaucoup penser à Obélix.

Ainsi, lors d’un banquet réunissant les disciples de Pythagore, le plafond manqua de s’effondrer, mais Milon réussit à le soutenir à lui tout seul, le temps que la salle soit évacuée. À croire qu’il était tombé lui aussi dans la potion magique quand il était petit.

Une autre fois, faute de sanglier, Milon marcha la longueur d’un stade (200 mètres environ) avec un taureau sur le dos. Puis, il l’assomma à coups de poings et le mangea tout entier dans les heures qui suivirent.

Milon de Crotone, sculpture réalisée entre 1671 et 1682 par Pierre Puget, Musée du Louvre.

Hélas, toujours selon la légende, Milon eut une fin particulièrement tragique. C’est elle que représente la statue de Pierre Puget que je vous montre ci-dessus. Milon voyageait en Italie quand il vit au bord de la route un vieux chêne à l’écorce fendue. Il glissa sa main dans l’ouverture pour casser l’arbre en deux. Mais la fente se referma sur sa main et il fut incapable de l’en sortir… même quand il fut attaqué par une meute de loups qui le dévorèrent vivant. Puget a remplacé ces loups par un lion pour donner un aspect plus héroïque à son œuvre.

En réalité, il semble bien que Milon soit mort dans sa maison mais d’une manière tout aussi douloureuse : il aurait succombé à un incendie criminel pendant une guerre civile qui mit à mal sa cité.

Le dragon “Côtes-de-Bretagne”

Ce charmant petit dragon aurait pu être le bijou préféré de Daenerys Targaryen dans Game of thrones, pourtant il s’agit d’un joyau bien réel et toujours conservé au Louvre de nos jours..
Le rubis spinelle d’origine était surnommé « Côtes-de-Bretagne » car le roi de France François Ier l’avait hérité des ducs de Nantes en 1530. Il fut sculpté en forme de dragon seulement deux cent ans plus tard, en 1749. Louis XV en fit alors une des pièces maîtresses de sa somptueuse parure colorée de chevalier de l’Ordre de la Toison d’Or, un ordre honorifique espagnol.
Volé avec les autres joyaux de la couronne en septembre 1792, le dragon fut néanmoins récupéré par Louis XVIII en 1796. Il rejoignit les collections nationales en 1886. Il n’a plus quitté la galerie d’Apollon depuis.
Pour les curieuses et les curieux, il est large de 2,5 cm et long de 4,5 pour un total de 105 carats (!)

La croix de Lothaire

La « Lotharkreuz » que je vous montre ci-dessous est une grande croix précieuse réalisée à la fin du Xe siècle de notre ère. Elle a été donnée par Otton III, roi de Francie orientale (Germanie) puis empereur, à la cathédrale d’Aix-la-Chapelle où il avait été couronné en 983.

© Sailko

Le principal ornement de la croix est caractéristique de l’idéologie impériale germanique de l’époque qui faisait d’Otton le successeur des empereurs romains : il s’agit d’un camée en sardonyx (mélange de sardoine et d’onyx) représentant l’empereur Auguste couronné de lauriers et tenant à la main un sceptre avec un aigle. Il date même du début du Ier s. de notre ère !

La croix elle-même, haute de 50 cm, sans compter son pied en argent du XIVe siècle, est faite de chêne recouvert de feuilles d’or et incrustée de 102 pierres semi-précieuses et 33 perles, parfois de réemploi comme le camée. Son revers est délicatement gravé d’une crucifixion et d’une main de Dieu.

L’objet tire son nom d’un sceau en quartz vert situé près de sa base qui porte le nom d’un certain « Lothaire », sans doute un roi du IXe siècle, de France ou de Lotharingie (royaume situé entre la France et la Germanie et qui finit par se faire avaler par eux).

Mithra et le dieu léontocéphale

Le mithriacisme était une religion à mystères d’origine perse qui se propagea dans l’Empire romain à partir du 1er siècle avant notre ère et attieignit son apogée durant le 3e siècle avant de disparaitre avec la montée du christianisme. Il était réservé aux hommes et attirait tout particulièrement les soldats.

Il faut dire que la principale image qu’il nous a laissée était particulièrement virile et violente : c’est le jeune dieu Mithra, un symbole solaire, en train d’égorger un taureau.

Mithra sacrifiant le Taureau (100-200 apr. J.-C.), collection Borghese, Galerie du Temps au Louvre-Lens. © Serge Ottaviani

À côté de lui, on trouve parfois des représentations d’un dieu léontocéphale, c’est-à-dire à tête de lion. C’est lui aussi une divinité cosmique, un dieu du Temps assimilé par les Romains à leur Chronos/Saturne. Il éclaire le monde de sa torche tout en étant debout sur le globe terrestre et entouré des six spires d’un serpent qui représentent le cours du soleil le long de l’écliptique, entre chaque solstice.

Sur la statue ci-dessous, quatre signes du zodiaques sont aussi sculptés sur le dieu. Le Bélier et la Balance sur sa poitrine et le Cancer et le Capricorne sur ses cuisses. Ce sont les signes qui marquent le début de chaque saison.

Le dieu a la gueule ouverte pour impressionner ses fidèles : comme le Temps, il dévore tout, il est le Vorace par excellence.

Léontocéphale provenant de la Villa Albani, 2e siècle de notre ère, Musées du Vatican, Rome. © Vassil

Un trilobite

© DanielCD

Ce mignon petit animal marin, perminéralisé et trouvé près de Saint Pétersbourg, vivait il y a environ 450 millions d’années.

Après sa mort, les espaces vides situés dans son corps se sont remplis d’eau riche en minéraux. Ces minéraux sont passés à l’état solide avant que la chair ait eu le temps de se décomposer, d’où les nombreux détails qui apparaissent sur le fossile.

Ute de Naumbourg

Visage de Ute de Naumbourg. Photo © Linsengericht

Cette belle statue orne la cathédrale de Naumbourg en Allemagne depuis le XIVe siècle. Elle représente Uta de Ballenstedt, une grande aristocrate du XIe siècle, fondatrice du sanctuaire avec son époux, le margrave de Misnie.

Statues en pied d’Ekkehard II de Misnie et de son épouse Ute de Ballenstedt. Photo © Linsengericht

Peut-être son manteau ou son attitude vous disent-ils quelque chose ? C’est normal : Walt Disney s’en est inspiré pour créer la silhouette de la méchante reine Grimhilde de Blanche Neige et les 7 nains. Pour le visage cependant, il s’inspira plutôt de celui de l’actrice Joan Crawford. Celui de la margravine devait être trop serein et angélique pour devenir celui d’une marâtre assoiffée de sang.

© Disney planet

La Vénus de Willendorf

 

Cette petite statuette, elle fait seulement 11 cm, est une des plus anciennes représentation de femme que nous connaissons. Elle a été sculptée dans du calcaire il y a environ 25 000 ans, pendant le Paléolithique.

Josef Szombathy et Josef Bayer l’ont découverte dans le village autrichien qui lui a donné son nom en 1908. Depuis, elle a gardé tout son mystère. Représente-t-elle une déesse-mère ? Un idéal esthétique ? Une proche aimée de son créateur ? Ce créateur était-il une créatrice ? Est-ce un autoportrait ? On ne le saura sans doute jamais.

La statuette est aujourd’hui conservée au Musée national d’histoire naturelle de Vienne.

© Luisa Ricciarini/Leemage – AFP

Arès Borghèse

En l’honneur du mois de mars qui commence, voici une statue du dieu de la guerre… enfin sans doute… peut-être… ou pas…

Ce jeune homme casqué et sans doute armé à l’origine est officiellement nommé « Arès Borghèse ». Borghèse, car le prince Camille Borghèse l’a vendu à Napoléon Ier et Arès, car il s’agit d’une copie romaine d’une statue grecque qu’on pensait être l’équivalent grec du Mars romain au XIXe siècle. En fait, rien n’est moins sûr.

Ses ornements sont très inhabituels. Son casque est orné de lévriers et de griffons et, surtout, il porte un bracelet de cheville, une coquetterie rarement associée à la guerre.
Alors, les historiens ont multiplié les interprétations : le bracelet est une entrave et il représente la Paix chargé de retenir la Guerre ou bien le bracelet est une entrave et c’est un souvenir de la mésaventure du dieu, surpris dans la lit de Vénus par Vulcain, l’époux de celle-ci.

Bref, chacun a son hypothèse et son explication. Je vous laisse trouver la vôtre.

Sarcophage d’Osiris

Statue de basalte d’Osiris momifié fécondant Isis transformée en oiseau, exposition temporaire de l’Institut du monde arabe, 2015.

Après avoir assassiné Osiris, son frère Seth dépeça son corps et le découpa en quatorze morceaux qu’il dispersa dans toute l’Égypte.
Heureusement, Isis, la sœur-épouse d’Osiris, parvint à retrouver tous les morceaux à l’exception du pénis divin que des poissons avaient mangé (!). Elle reconstitua donc le corps d’Osiris et lui modela un nouveau sexe artificiel. Puis, grâce à sa magie, elle insuffla à nouveau la vie au dieu et se transforma en oiseau pour s’unir à lui. De là naquit Horus, le dieu à tête de faucon.
Osiris, ranimé, ne revint pas sur terre. Il devint le roi du royaume des morts et laissa son fils le venger et devenir le dieu-souverain de l’Égypte.