Alix Senator 9 : premières pages

“De retour de Pétra, Alix découvre la capitale romaine en proie à la peur. Des meurtres étranges ensanglantent les rues au point que la panique gagne même la garde impériale. Certains accusent les lépreux, d’autres les Orientaux, mais Auguste sait que la vérité est ailleurs. Refusant de céder à la terreur ambiante, Alix se lance sur la trace des spectres de Rome. Sans se douter qu’il pourrait devenir aussi dangereux qu’eux.”

Vous pourrez découvrir Les Spectres de Rome en librairie mercredi prochain. Pour vous aider à attendre, voici les cinq premières pages de l’album.

Fêter son anniversaire dans la Rome antique

Vous vous en doutez, la tradition de fêter l’anniversaire de nos proches est très ancienne. Comme les Égyptiens et les Grecs, les Romains avaient coutume de célébrer le jour de leur naissance ou plutôt de fêter ce jour-là leur génie protecteur personnel : leur « Genius » pour les hommes et leur « Juno » pour les femmes.

Bien sûr, c’est d’abord le « Génie » des grands personnages de l’État qu’on a célébré. Mais, très vite, la fête s’est étendue à tous les pater familias – pères de famille – de l’aristocratie romaine, puis à leurs épouses et aux autres couches de la population.
Le jour de naissance était considéré comme un jour faste c’est-à-dire un jour non-férié, où on pouvait vaquer aux affaires privées et publiques. L’heureuse matrone ou l’heureux citoyen s’habillait de blanc, d’une robe ou d’une toge neuve si possible, symbole tout à la fois de pureté et de renaissance. Avec sa famille et ses amis, elle ou il offrait des couronnes de fleurs, des gâteaux, du vin et de l’encens à sa « Junon » ou son « Génie » ainsi qu’aux Lares, les dieux qui protégeaient la maison et ses habitants. On évitait cependant tout sacrifice d’animaux : verser du sang ce jour-là était censé porter malheur. Inutile de dire qu’il valait mieux aussi éviter de tuer quelqu’un…
Puis, on allumait des bougies sur l’autel et on prononçait les « vota », les vœux ou paroles demandant la protection du Génie pour la nouvelle année qui commençait.
Après s’être attiré les faveurs des esprits bienveillants, on essayait de chasser les malveillants. On pensait en effet que c’était le jour de son anniversaire que chacun risquait le plus d’attirer leur attention. Pour éviter ça, tous les parents, les amis et les clients devaient offrir un cadeau et faire à leur tour des vœux… Ne pas se conformer à ces obligations était considéré comme une grave offense.
Vous reconnaissez au passage des rituels que nous observons toujours, même si nous avons oublié à quoi ils étaient censés servir. Mais, rassurez-vous si vous ne m’avez pas souhaité un « bon anniversaire » cette année : je ne vous maudirai pas pour autant. 🙂

Enfin, à Rome, tous partageaient un repas qui pouvait se transformer en véritable banquet si Fortuna avait été favorable à celui ou celle qu’on fêtait. On devait sans doute y servir des desserts.
Mais la coutume de partager un gâteau rond orné de bougies nous vient plutôt de la Grèce. Les fidèles de la déesse Artémis lui en offraient un chaque sixième jour du mois. Sa rondeur symbolisait la pleine lune et ses bougies la lumière de l’astre nocturne dont elle était la divinité.

Ci-dessous, un gâteau que les Romains n’auraient jamais pu manger. Le chocolat n’arrive en Europe qu’en 1528 et ne se démocratise qu’XIXe s. Mais bon, j’adore le chocolat alors voilà voilà voilà 🙂

Le Spectre de Carthage

La semaine prochaine, le tome 9 d’Alix Senator, les Spectres de Rome arrivera dans toutes les bonnes librairies de Bayeux et d’ailleurs.
Bien sûr, si vous connaissez la série classique, vous avez compris l’allusion à l’un de mes albums préférés d’Alix : Le Spectre de Carthage.
Bon, si vous ne connaissez pas ce livre, ne vous inquiétez pas. Il n’y a pas besoin de l’avoir lu pour apprécier les nouvelles aventures de notre sénateur préféré. Les histoires sont totalement indépendantes. Il y a juste un phénomène étrange en commun… Des spectres… Très brillants… Et très très dangereux…

Mort de Cléopâtre

Le 12 août de l’an 30 avant notre ère, la reine Cléopâtre d’Égypte allait rejoindre Marc Antoine suicidé quelques jours auparavant.
Cet événement tragique qui a inspiré tant de tableaux et de films ne pouvait pas être absent d’ Alix Senator. Il apparaît dans le tome 2 de la série, quand notre sénateur raconte à Khephren ce qu’est devenu Enak, son père, quand Rome est entrée en guerre avec le royaume du Nil.

Marc Antoine, victime d’une fake news

Tout va mal pour Marc Antoine le 1er août de l’an 30 avant notre ère.

Moins d’un an auparavant, en septembre 31, il a perdu la bataille navale d’Actium face à la flotte d’Octavien, le futur Auguste. Il a même dû s’enfuir avec la reine Cléopâtre pour ne pas être fait prisonnier. Ces troupes ne lui ont jamais pardonné. Une grande partie a fait défection et a rejoint son adversaire. Depuis l’ancien triumvir est plongé dans un profond abattement dont même les fastueux banquets d’Alexandrie n’arrivent pas à le tirer.
Il n’a donc rien fait pour retarder l’avance d’Octavien vers la ville. Quand celui-ci a pris Péluse, la cité qui verrouillait le Nil, Antoine a perdu ses derniers alliés orientaux et ce qui restait de sa cavalerie et de sa flotte, sans même réagir ou presque.

Alors ce 1er août, Octavien et les siens sont entrés sans difficulté dans Alexandrie. Depuis les rumeurs les plus folles courent les rues. Il paraîtrait même que Cléopâtre n’a pas voulu tomber aux mains de son vainqueur et s’est suicidée dans son palais ! Pour Marc Antoine, désespéré, c’est une nouvelle trahison, la pire de toutes. Mais lui non plus ne tombera pas aux mains d’Octavien. Sans attendre, il se jette sur son épée. Hélas, la rumeur de la mort de la reine est totalement fausse. Prévenue, elle se précipite auprès de son amant, mais c’est trop tard. Il est mourant.

Cléopâtre se tuera à son tour une douzaine de jours plus tard. Octavien sera sans doute déçu qu’elle ne figure pas à son futur triomphe à Rome, mais il sera beau joueur. Comme Marc Antoine a demandé par testament à être enseveli avec la reine, le futur empereur leur fera donner une sépulture commune mais, même aujourd’hui, nul ne sait où elle se trouve.

Ci-dessous :
Marc Antoine et Cléopâtre, interprétés par James Purefoy et Lynsey Marshal dans la deuxième saison de la série Rome (2007).

Alix senator 9 premium

Le 21 août prochain, les lecteurs d’ Alix Senator seront face à leur éternel dilemme : acheter l’album classique ou premium.
Et vous quel choix ferez-vous ?

En attendant, après vous avoir montré la couverture version classique, voici la version premium ainsi que la première page du dossier historique “Aqua romana, qui contrôle l’eau, contrôle Rome” illustré par Thierry Démarez et écrit par moi.

On ne parlait pas encore de bouleversement climatique en 11 avant notre ère mais la canicule était déjà bien présente à Rome. L’accès à l’eau des centaines de milliers d’habitants de la capitale impériale était à la fois une nécessité très quotidienne et un enjeu de pouvoir considérable.

 

Suétone et César

Quand Suétone veut montrer que César était vraiment trop sympa :

[César] était fort doux de nature, même dans ses vengeances. Quand il eut pris, à son tour, les pirates dont il avait été le prisonnier, et auxquels il avait alors juré de les mettre en croix, il ne les fit attacher à cet instrument de supplice qu’après les avoir fait étrangler.

Suétone, Vie de Jules César LXXIV

( illustration : Alix senator, tome 1, avec Thierry Démarez, chez Casterman BD)

La bataille des Champs catalauniques

Le 20 juin 451, le patrice des Romains Flavius Aetius mettait fin à la chevauchée destructrice d’Attila en Gaule au Cahmps catalauniques.

On est loin des batailles traditionnelles comme Carrhes dont je vous ai parlé il n’y a pas longtemps. Ici sont face à face des combattants issus des peuples vaincus par les Huns (Ostrogoths, Ruges, Gépides…) contre, non pas des légions romaines, mais des milices hétéroclites rassemblées autour d’une troupe d’Alains et surtout de l’armée des Wisigoths alliés de Rome. Certains auteurs ont parlé de lutte fratricide entre peuples des steppes.

Les pertes furent sans doute très lourdes. L’historien espagnol Hydace, qui n’avait pas peur d’exagérer, parle même quelques années plus tard de 300 000 morts.
Quoi qu’il en soit, le répit fut de courte durée pour Rome: Attila revint en Occident dès l’année suivante et… attaqua directement l’Italie.

Seule sa mort délivra l’empire de sa menace en 453. Aetius ne lui survécut pas longtemps. Trop riche, trop populaire et devenu inutile à la disparition du roi hun, il fut poignardé de la main de son propre empereur, Valentinien III, en 454.

J’ai raconté ou plutôt réinventé cette histoire sous la forme d’un space opera. C’était dans le Fléau des Dieux avec Aleksa Gajic . Le rôle d’Aetius, sous le casque doré, était tenu par une jeune femme Flavia Aetia.
Voici deux des pages qui illustrent les Champs catalauniques dans le tome 4 dans la série parue aux Éditions Soleil.

Hermanubis

L’étrange statue ci-dessous est celle du dieu Hermanubis.

Conservée au Musée du Vatican, elle date des premiers siècles de notre ère. Mais la divinité qu’elle représente est plus ancienne. Elle est apparue durant la période hellénistique de l’Égypte, entre la conquête de celle-ci par Alexandre le Grand (331 av. J.-C.) et son intégration dans l’empire romain (30 av. J.-C.).

Comme son l’indique son nom, Hermanubis est issu de la fusion du dieu égyptien Anubis à tête de chien et du dieu grec Hermès qui tient le caducée. Tous deux avaient pour tâche essentielle de guider les âmes des morts vers l’Au-delà. A ce titre, Hermanubis était le « maître des secrets » funéraires. Cela lui valut d’être repris ensuite par les alchimistes médiévaux qui l’assimilèrent parfois à leurs Hermès Trismégiste.

© JanKunst

Le Cheval de Troie

Troie est tombée face aux Achéens exactement le 11 juin 1184 avant notre ère… Enfin si on en croit l’astronome Ératosthène de Cyrène qui dirigeait la grande bibliothèque d’Alexandrie au IIIᵉ siècle avant Jésus-Christ.
Je vous avoue que je ne sais pas très bien comment il est arrivé à une conclusion aussi précise (surtout parlant d’une guerre dont le caractère mythique ne fait pas de doute, même si son récit s’appuie sans doute sur des événements historiques).
Mais cela me donne l’occasion de vous montrer ce détail d’un pithos, une grande jarre à fond étroit, trouvé à Mykonos en Grèce. Elle date de 670 environ avant Jésus Christ. C’est une des plus vieilles représentations connue du fameux cheval de Troie qui perdit la ville.