Les images de la semaine

Tous les jours ou presque, je poste sur les réseaux sociaux des images qui me plaisent beaucoup sans mériter un vrai article sur ce site. Alors je les rassemble pour les publier ensemble quand j’en ai l’occasion. Si vous n’avez pas envie d’attendre, vous pouvez aller voir mes murs Instagram et Facebook : tout est visible par tous.

Voici les dernières :

-” Dickens’ Dream “, peinture inachevée de Robert W. Buss (1875) conservée au Musée Charles Dickens de Londres

– Jeune travailleuse attachant des têtes de poupées dans une usine de jouets en Grande-Bretagne, septembre 1918.

Photo de George P. Lewis.

– Premier autoportrait connu d’une femme peintre peint par la Flamande Catharina van Hemessen en 1548 et conservé au Musée des beaux Arts de Bâle.

– Quelques photos du télescope Hubble :

L’incendie des forêts girondines de 1949

A ce jour, plus de 10 000 hectares de forêt ont été dévastés par le feu en Gironde cet été. A titre de comparaison, d’habitude ce sont « seulement » 11 000 hectares qui brûlent en moyenne par an (sur les 16,9 millions d’hectares boisés qui existent en France). Mais ce caractère exceptionnel n’est malheureusement pas une première. Le pire incendie que connut notre pays eut lieu aussi en Gironde, en 1949, pendant un été déjà caniculaire.

Du 19 au 25 août, l’incendie ravagea 52 000 hectares dont 25 000 de forêt landaise et surtout causa la mort de 82 personnes.

A cette époque, les bois de la région étaient peu entretenus et il y avait peu de moyens de lutte contre le feu. Les premiers à intervenir le firent avec… de simples branches de pin. Plus tard, les contre-feux allumés échouèrent tous à limiter le désastre. Le 20 août, le vent soufflait si fort que le feu parcourut jusqu’à 6 000 hectares en 20 minutes. Il s’abattit en tempête sur son front nord et tua 82 des pompiers, militaires, bénévoles et intervenants des Eaux et Forêts sur les 89 qui se trouvaient là. En fin d’après-midi, une pluie de cendres recouvrit Bordeaux. La situation ne redevint contrôlable que quand le vent tomba naturellement. Mais il fallut encore plusieurs jours pour que tous les feux soient maitrisés.

Plus tard, l’enquête révéla que tout était parti de la cabane d’une scierie dont le gardien fumait dans son lit.

incendie de Landiras, 2022, ©Jean-Luc Gleyze, président du Sdis 33

Canicules

Vous le savez nous n’en sommes pas à notre première canicule. La plupart d’entre vous doivent même se souvenir de l’été 2003 qui fit énormément de victimes parmi les personnes âgées. Au total, on enregistra cette année-là plus de 15 000 décès surnuméraires.

Mais d’autres étés furent encore plus meurtriers en France. Celui de 1636 emporta ainsi plus de … 500 000 personnes, ceux de 1718-1719, quelques 700 000. L’essentiel des morts était causé par la dysenterie : par manque d’eau, on se mettait à boire des étendues de liquides plus ou moins croupis qui ne tardaient pas à rendre malade.

Plus près de nous, la canicule qui sévit entre le 5 juillet et le 13 septembre 1911 fit plus de 40 000 victimes. Un quart d’entre elles étaient déjà des personnes âgées. Les autres étaient des enfants, quasiment tous de moins de 2 ans. Les plus frappés étaient ceux des deux extrémités de l’échelle sociale : les enfants abandonnés et les bébés mis en nourrice. Ils étaient nourris au biberon et, cette année-là, une épidémie de fièvre aphteuse causa une pénurie de lait de vache et obligea à leur donner des aliments moins appropriés pour eux. Cela les fragilisa face à l’eau parfois croupie voire franchement polluée qu’on leur fit absorber pour les hydrater pendant les chaleurs.

Cette tragédie frappa les esprits et une vaste politique sanitaire fut mise en place à destination des nourrissons. Mais, comme on le vit en 2003, on oublia un peu vite qu’ils n’avaient pas été les seuls frappés par la canicule intense.

L’assassinat de Inejiro Asanuma

Le 12 octobre 1960 au Hibiya Public Hall à Tokyo, Otoya Yamaguchi, un ultranationaliste de 17 ans, assassine Inejirō Asanuma, le président du Parti socialiste japonais, avec un wakizashi – un petit sabre japonais traditionnel – pendant un débat télévisé.

C’est le début du déclin du Parti socialiste japonais qui finit par disparaître en 1996.

Yamaguchi, lui, se suicide en prison le 2 novembre, en se pendant avec ses draps après avoir écrit « vive l’empereur ! » et « si j’avais sept vies à donner pour mon pays ! » sur le mur de sa cellule avec du dentifrice.

Cette photo a été prise par Yasushi Nagao, photographe du journal Mainichi shinbun, un des plus grands quotidiens japonais. Elle a remporté le prix Pulitzer en 1961.

Les premières footballeuses

Puisque l’Euro féminin commence en Angleterre…

Voici une photo prise le 23 mars 1895 d’une partie des joueuses du “British Ladies ‘Football Club”, l’une des premières équipes de football féminin.

Malgré les quolibets voire les violences sexistes, elles continuèrent à jouer pendant deux ans, mais des matchs d’exhibition seulement (et la tête toujours couverte d’un bonnet, on ne transige pas avec la pudeur, même si elles ont eu le droit de faire du sport sans corset, une révolution…). Elles firent ensuite un bref retour en 1902-1903 et le football féminin retomba dans l’oubli.

Il ne revint qu’à l’occasion de la Première Guerre Mondiale,quand le jour de Noël 1916, eut lieu le premier match enregistré entre des équipes féminines d’ouvrières d’usine à Ulverston, Cumbria.

Tanagra à l’éventail

La canicule me fait regretter le vieil usage de l’éventail et l’éventail me fait penser à la délicate statuette que je vous montre ce soir : « Tanagra » à l’éventail bleu, conservée à l’Altes Museum de Berlin.Une tanagra est une statuette féminine en terre cuite du 4e ou 3e siècle avant notre ère. Elle tire son nom de la nécropole grecque où furent découvertes plusieurs centaines de figurines en 1870. Mais on en produisait dans tout l’orient hellénistique.
Hélas, beaucoup nous sont parvenues après le pillage et la destruction de la tombe dans laquelle elles se trouvaient et il est très difficile aujourd’hui de connaître leur histoire précise.

Deux dogūs du Japon

Histoire de sortir un peu de l’aire européenne, je vous propose aujourd’hui deux statuettes retrouvées au Japon.

A gauche : « Vénus » de Tanabatake, préfecture de Nagano, réalisée en argile vers 2500 – 1500 avant notre ère. Photo © Takuma-sa A droite : « Déesse Jōmon » sculptée entre 3000 et 2000 avant notre ère, préfecture Yamagata. Photo © Saigen Jiro

Ces dogū, deux parmi les 20 000 environ qui ont été découvertes, datent de la période du Jōmon moyen à récent (entre 3000 et 1300 avant notre ère).
À cette époque, les chasseurs-cueilleurs de l’archipel se sédentarisent dans des villages de plus en plus structurés. Ils ne pratiquent pas l’agriculture et vivent surtout de pêche. Ils sont parmi les premiers au monde à inventer la céramique, même s’ils font aussi des statuettes en pierre.
Chaque région a son style ou presque, très différent de celui des autres. Comme pour les statuettes européennes, on ignore totalement quelle pouvait être leur fonction.

La Vénus de Hohle Fels

Voici une des plus anciennes œuvres d’art représentant une figure humaine découvertes à ce jour. Il s’agit de la Vénus de Hohle Fels du nom de la grotte allemande où elle a été trouvée en septembre 2008.

Photo © Ramessos

La Vénus est âgée d’au moins 35 000 ans. Elle a été sculptée dans de l’ivoire de mammouth laineux mais elle est beaucoup plus petite qu’une défense de cet animal. Elle mesure seulement 6 cm sur 3,5 environ.

Cette taille ainsi que le fait que la tête soit remplacée par un anneau donne à penser qu’il s’agit peut-être d’une amulette que sa ou son propriétaire portait autour du cou ou suspendu à sa ceinture par exemple.

On ignore sa fonction exacte (et si même elle en avait une). Le nom générique de Vénus donné à toutes les statuettes de ce type par leurs premiers découvreurs au début du XXe siècle ne doit pas faire penser qu’il s’agit forcément de représentation érotique.

D’autres hypothèses peuvent être émises. Par exemple, que la Vénus est une amulette protectrice offert à une jeune fille pour l’accompagner dans l’âge adulte ou bien le représentation de la vieille femme qu’elle deviendra un jour si elle a la chance de vivre assez longtemps.

Mais tout cela ne sont que des hypothèses et on ne saura sans doute jamais ce que la Vénus représentait vraiment pour les personnes qui l’ont sculptée et portée.

Hélène Bertaux et la défense des femmes artistes

Ci-dessus : Hélène Bertaux travaillant au modèle de la fontaine Herbet, photographiée par Étienne Carjat en 1864, photo conservée à la Bibliothèque nationale de France.
Hélène Bertaux (1825-1909) est une sculptrice qui, non contente de faire une brillante carrière au XIXe siècle, s’engagea pour la reconnaissance de la place des femmes artistes dans la société française.
En 1873, alors que l’Ecole des Beaux-Arts était interdite aux femmes, elle ouvrit un atelier de dessin et de modelage qui leur était destiné. En 1880, elle ouvrit aussi un immeuble d’ateliers pour femmes artistes.
L’année suivante, elle créa l’UFPS, l’Union des femmes peintres et sculpteurs, dont elle devint le première présidente jusqu’en 1894. Le but de cette association était de permettre aux femmes d’obtenir un véritable statut d’artiste et de créer des liens entre les créatrices. L’Union valorisait aussi leur travail en organisant chaque année un salon qui mêlait artistes installées et débutantes.
Mais le grand combat d’Hélène Bertaux commença en 1889 quand elle se mit à militer pour l’entrée des femmes aux Beaux-Arts et leur participation aux concours comme celui du Grand Prix de Rome. Elle obtint satisfaction en plusieurs temps : les femmes furent pleinement admises aux Beaux-Arts en 1900 et purent participer au Prix de Rome à partir de 1903.

Les images de la semaine

Cette semaine, j’ai posté de plusieurs images sur Facebook que je ne vous ai pas encore montrées. Voici donc un post pour me rattraper.

Barrau épouse de Leyrac secourant son mari blessé, œuvre de Labrousse (graveur) et de Berricourt (dessinateur), conservée à la Bibliothèque Nationale de France.

« Alors que la guerre était associée au masculin, quelques femmes en France ont combattu au cours des guerres civiles des XVIe-XVIIe siècles ou ont servi dans les armées royales, qu’accompagnaient de plus de nombreuses civiles. Avec la Révolution française, le service dans la garde nationale et, moins directement, dans l’armée est lié à la citoyenneté. En réclamant le port des armes au sein de la garde nationale, des militantes révolutionnaires revendiquaient ainsi un des droits politiques du citoyen, ce qui provoqua un ferme refus. Mues par le désir de défendre la République et de partager avec les hommes la gloire de se battre pour elle, des citoyennes s’engagèrent par ailleurs individuellement dans les armées, où elles continuèrent à servir après le décret du 30 avril 1793 qui les en chassait. »
Extrait de De la guerrière à la citoyenne. Porter les armes pendant l’Ancien Régime et la Révolution française. par Dominique Godineau

Suzanne et les Vieillards , tableau peint par Artemisia Gentileschi en 1610, collection Schönborn, Pommersfelden (Allemagne).
Voici la première œuvre attribuée à Artemisia Gentileschi. Elle l’a peinte à 17 ans.
Ce tableau illustre un épisode de l’Ancien Testament. Suzanne, une belle jeune femme, est surprise au bain par deux vieillards qui, non contents de la regarder contre sa volonté, lui font des propositions sexuelles agressives. Bien sûr, Suzanne refuse tout contact avec eux. Mais, furieux de n’avoir pas eu ce qu’ils voulaient, les deux hommes accusent leur victime d’adultère et obtiennent sa condamnation à mort. Heureusement, on est dans la Bible et pas dans la réalité : le prophète Daniel intervient avant qu’il ne soit trop tard, prouve l’innocence de Suzanne et fait à son tour condamner ses accusateurs.
Suzanne et les Vieillards peint par Artemisia Gentileschi en 1610, collection Schönborn, Pommersfelden (Allemagne)
Portrait d’une noble dame saxonne peint par Lucas Cranach l’Ancien en 1534 et conservée au Musée des Beaux-Arts de Lyon.
On ignore l’identité exacte de cette dame richement parée en noir et orange, le W dans ses cheveux est peut-être un indice ??
Les Bulles de savon par Jean Siméon Chardin, vers (après) 1733, conservée à la National Gallery of Art de Washington.