Soucoupes volantes ou assiettes à tarte ?

Affiche d’un film américain de 1956

C’est le 24 juin 1947 que Kenneth Arnold, un aviateur américain, dit avoir aperçu dans le ciel du mont Rainier (État de Washington), neuf objets volants plats, arrondis et très brillants.

Ils faisaient, selon lui, de 12 à 15 mètres de long et auraient volé à 1 800 km/h, voire plus. Le pilote précisa même sur les ondes de la radio KWRC, deux jours plus tard, que les objets se déplaçaient « comme des oies, formant une chaîne en diagonale comme s’ils étaient attachés l’un à l’autre, en un mouvement sautillant, analogue à celui d’une soucoupe ricochant sur l’eau ».

Mal ou trop rapidement interprétés, ces propos devinrent dans les rapports des journalistes : neufs objets qui ressemblaient à des « soucoupes volantes ». Une nouvelle mythologie était née.

Pendant son interview radiophonique Kenneth Arnold parla aussi d’ « assiettes à tarte » coupées au milieu avec un triangle convexe à l’arrière. Mais si l‘expression fit beaucoup rire à l’époque, elle n’eut pas le même succès que « soucoupes volantes ».

L’affaire fit grand bruit. Le mont Rainier vit très vite défiler une foule de touristes mêlée de journalistes, agents du FBI, du renseignement… Chacun se demandait alors si Kenneth Arnold avait vu des prototypes d’avions américains, russes (c’était le début de la guerre froide) ou bien si l’invasion extraterrestres commençait.

D’ailleurs, n’est-ce pas le 4 juillet 1947 qu’on raconte qu’un ovni s’est écrasé près de Roswell, au Nouveau Mexique ? Simple coïncidence ou ?

Le retour de l’éphéméride…

Ça fait un moment que je me demande si je ne vais pas recommencer mes petits statuts éphémérido-historiques. Ça me manque 🙂

En regardant ce qui pouvait concerner la fin du mois de juin (pas la fête de la musique, ça va tourner en boucle, vous en aurez vite assez), je suis tombée sur un étonnant daguerréotype pris pendant… les journées de juin 1848.

Du 22 au 26 juin de cette année-là, les ouvriers parisiens se rebellèrent contre la fermeture des ateliers nationaux destinés à donner du travail aux chômeurs de la capitale après la révolution de février de la même année. Ils n’obtinrent pas satisfaction et furent même durement réprimés.

Voici donc un rare témoignage de ces événements tragiques :
La barricade de la rue Saint-Maur-Popincourt, avant l’attaque des troupes du général Lamoricière, dimanche 25 juin 1848 à 7 h du matin, un daguerréotype pris par Charles-François Thibault et conservé au musée d’Orsay.

Images de la semaine

Tous les jours ou presque, je poste sur les réseaux sociaux des images et/ou des anecdotes qui m’ont fait réagir sans mériter un vrai article sur ce site. Alors je les rassemble pour les publier ensemble quand j’en ai l’occasion. Si vous n’avez pas envie d’attendre, vous pouvez aller voir mes murs Instagram et Facebook : tout est visible par tous.

Voici les dernières publications de ce genre.

– Je me demandais où habitaient les dieux grecs. Eh bien, c’est ici : voici Mytikas, le plus haut sommet du mont Olympe.
Bon, c’est un peu austère, mais c’est très calme et la vue est top.

© Stolbovsky, 2019.

– Dans notre série, les femmes peintres du XVIIIe siècle et leurs œuvres, voici Les Attributs de la peinture, de la sculpture et de l’architecture ». C’est un tableau réalisé en 1769 par la jeune Anne Vallayer-Coster (25 ans). Il lui permit d’être reçue à l’unanimité (!) à l’Académie royale de peinture et de sculpture dès l’année suivante et de faire par la suite une brillante carrière.
Il est conservé au département des peintures du Louvre (avec Les Attributs de la musique, l’autre tableau de réception à l’Académie de l’autrice).– Roulotte en bois d’un berger beauceron au début du XXe siècle.

© Neurdein frères

– La curiosité du jour : Squelette de reptile marin (Temnodontosaurus acutirostris), avec des ammonites (Harpoceras falcifer), datant d’il y a 185 millions d’année et trouvé à Holzmaden (Allemagne).

© Didier Descouens

– Quand tu cherches des phénomènes naturels susceptibles d’avoir lieu dans le nord de l’Europe, tu tombes parfois sur des photos incroyables : ici, un arc en ciel complet photographié par un drone au-dessus des îles Lofoten en Norvège en septembre 2022.

© Lukas Moesch

La première grève

© Bridgeman Images

Vers 1166 avant notre ère, Amennakht, un scribe égyptien, écrit aux fonctionnaires chargés du ravitaillement des ouvriers de la Vallée des Rois. Il leur fait part d’un événement inouï. Lassés des retards de livraison répétés de ce ravitaillement qui constitue l’essentiel de leur salaire, les constructeurs de la nécropole royale ont décidé de cesser le travail et d’occuper des temples et des édifices administratifs.

Les fonctionnaires réagissent, le ravitaillement accélère et cette première grève de l’Histoire s’arrête. Mais les choses se détériorent à nouveau et le « mouvement social » reprend. En plus des retards, les ouvriers se plaignent de la mauvaise qualité de ce qu’on leur envoie. Il faudra qu’ils arrêtent à nouveau plusieurs fois le travail et… qu’ils menacent de révéler des malversations commises par les fonctionnaires qu’ils ont en face d’eux, pour obtenir enfin satisfaction.

(Faits connus par le « Papyrus de la Grève », rédigé par Amennakht, vers 1186-1069 avant J.-C. et conservé aujourd’hui à Turin)

Ouraline

Chères lectrices et lecteurs d’Alix, vous avez sans doute déjà rêvé d’avoir à la maison un morceau d’orichalque, ce mystérieux métal tombé du ciel, aussi dangereux que fascinant, qui tour à tour soigne et détruit ceux qui l’approchent. Un jour, peut-être, on découvrira sa lueur verte, malsaine et radioactive dans des ruines antérieures à l’empire d’Alexandre ou bien au fin fond d’une crevasse océanique. Mais, pour l’instant, l’orichalque n’existe que dans l’univers créé par Jacques Martin.

En revanche, on fabrique depuis l’Antiquité des objets qui me font immanquablement penser à lui. Ils sont radioactifs et dégagent une puissante luminescence verte quand ils sont exposés à la lumière ultraviolette. Ce sont les objets en ouraline, comme les flacons que je vous montre ci-dessous.

L’ouraline est un verre dans lequel on a incorporé de l’uranium. En général, cet élément chimique ne représente pas plus de 0,2% du poids de l’objet. Mais cette proportion peut atteindre jusqu’à 25% entre 1880 et 1920, époque où la mode de l’ouraline atteint son apogée. La découverte de la radioactivité en 1896 n’altère pas sa popularité, au contraire. Elle n’en devient que plus attractive pour le grand public.

Aujourd’hui, on fabrique toujours de l’ouraline, surtout aux États Unis. Les taux de radiation qu’elle dégage sont très faibles et elle est considérée comme inoffensive. On recommande toutefois ne pas boire ni manger dans ce genre de vaisselle… Je vous laisse juge.

Anecdotes et images de la semaine

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– Parfois, j’aimerais être une super-vilaine, genre Lestat croisé avec le monstre du Loch Ness. J’ai déjà trouvé mon repaire en Irlande. Bon, il y a des travaux à prévoir, mais le potentiel est énorme.

Photo prise par @bokehm0n du château McDermott dans le comté de Roscommon
– L’hallucination du 14 ocotbre
Toxicité maternelle, entendue sur France Culture et citée de mémoire.
L’écrivain Georges Simenon avait un frère engagé dans le mouvement pro-nazi belge Rex. Il fut même volontaire auprès de la Waffen-SS Wallonie.
Quand il mourut en 1947, leur mère dit simplement à George : « j’aurais préféré que tu meures à sa place. »
Georges Simenon avec son frère cadet Christian (à gauche), vers 1907-1908. ©rue des archives/tallandier

– Quand tu relis tranquillement le début de Sandman un samedi soir d’octobre et que tu tombes nez à nez avec César et la Pythie…

Enfin, pour les amateurs de Neil Gaiman et Mike Dringenberg, vous savez que César n’est pas vraiment César ni la Pythie la Pythie: il s’agit d’un rêve de John Dee, le Dr Destiny, ennemi de Sandman qui lui a volé son rubis.
Mais le fait que César ait rêvé de violer sa mère est sinon attesté historiquement, du moins fait partie de la légende du dictateur. L’historien grec Plutarque raconte précisément que César « rêva qu’il s’unissait sexuellement avec sa mère » le veille de franchir le Rubicon, c’est-à-dire d’entrée sur le territoire de Rome avec son armée, chose totalement interdite et même tabou. Ici violer sa mère, c’est donc s’emparer par la force de Rome, la mère de tous les citoyens de la ville. Un rêve qui se voulait prémonitoire.
Mais, malheureusement pour César, Rome s’est défendue.

Daniel dans la fosse aux lions

Daniel dans la fosse aux lions, peint en 1872 par Briton Rivière et conservé au Musée de Liverpool.

Ou comment un homme attaché et sans défense domine (du regard ?) toute une horde de fauves.

Daniel est un des grands prophètes de l’Ancien Testament. Déporté à Babylone, il est si sage qu’il devient le conseiller du roi Nabuchodonosor (oui, ce nom existe réellement). Il interprète ses rêves et a toute sa confiance jusqu’à la chute de la ville devant les Mèdes et les Perses.

Leur souverain, Darius, utilise aussi les talents de prophète de Daniel, mais son entourage voit d’un mauvais œil leur relation privilégiée. Daniel finit par tomber en disgrâce et il est condamné à être jeté dans la fosse aux lions du palais.

Heureusement, son Dieu est avec lui. Il survit glorieusement à l’épreuve et retrouve la faveur royale.

La Famine en Algérie

Un tableau que je viens de découvrir : La Famine en Algérie, par Gustave Guillaumet, 1868. Conservée au Musée Cirta, à Constantine

© Max Roy

Gustave Guillaumet est un peintre orientaliste du XIXe siècle. Il a fait de longs séjours en Algérie où il a vécu avec les Algériens et comme eux, un cas très rare à son époque.

Depuis 1830 et la prise d’Alger, le pays est colonisé par la France qui le « pacifie ».
Aux violences militaires, s’ajoute entre 1866 et 1868 une intense famine qui vient frapper des populations déjà affaiblies par des épidémies. Un tiers des Algériens meurt en trois ans.

Si la sécheresse est la cause première de cette épouvantable catastrophe, elle est due aussi à l’appauvrissement des paysans dont les terres ont été confisquées et à la déstructuration globale de la société algérienne par la colonisation.

Guillaumet est le seul orientaliste à témoigner de cette tragédie. Exposée au Salon de 1869, sa toile est boudée par la critique qui y voit une suite de clichés romantiques.

La Paix ramenant l’Abondance

L’actualité récente me donne envie de vous montrer ce tableau d’Elisabeth Vigée-Lebrun aux thèmes finalement bien contemporains : La Paix ramenant l’Abondance, peint en 1780 et conservé au Musée du Louvre.


Quand Élisabeth Vigée Le Brun réalise cette toile, elle va à l’encontre de toutes les conventions sociales de son époque.

Au XVIIIe siècle, les femmes peintres sont cantonnées à la réalisation de portraits et de natures mortes. Représenter un sujet historique ou mythologique est réservé aux hommes tout comme la peinture de nu. Or, ici, Elisabeth Vigée Le Brun fait les deux à la fois. Elle peint des allégories et ose montrer le sein dénudé de l’Abondance.

« Circonstance aggravante », elle peint ce tableau pour sa réception à l’Académie royale de peinture et demande à y être admise comme peintre d’Histoire. Son entrée dans cette institution suscite de fortes oppositions : c’est une femme et, en plus, l’épouse d’un commerçant (un marchand de tableau). Il faut l’intervention de la reine Marie-Antoinette, dont Elisabeth Vigée-Lebrun est le peintre officielle, pour qu’elle soit finalement acceptée à l’Académie.

Mais elle n’aura jamais le titre de peintre d’Histoire.

Les images de la semaine

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Voici les dernières :

– Un peu de douceur dans ce monde de brutes.
Madeleine aux deux flammes peinte par Georges de la Tour vers 1640 et conservée au Metropolitan Museum of Art, à New York.– Comment doivent s’habiller les députés quand ils siègent à l’Assemblée Nationale ?
Le peintre Jacques-Louis David – celui du Serment du jeu de paume par exemple – répond à cette épineuse question vers 1795-1799 :
Projet de costume de représentant du peuple conservé au Musée Carnavalet.

Portrait d’une jeune Vénitienne réalisé par Albrecht Dürer en 1505 et conservé au Musée d’Histoire de l’Art de Vienne.

– Bon j’avoue, je ne vous montre pas ces photos pour Maurice Garin mais beaucoup plus pour la voiture avec ses entraîneurs. Toute une époque !
Ci-dessous donc :
Maurice Garin, futur premier vainqueur du Tour de France au départ de la première étape en 1903.
Photo prise par Jules Beau et restée dans sa collection
et
Automobile de Maurice Garin, conduite par ses entraîneurs lors de la course Paris-Brest de 1901
Photo prise par Jules Beau et restée dans sa collection

– Tête d’une épouse ou d’une fille du pharaon Akhenaton réalisée en quartzite peinte vers 1350-1340 avant notre ère et conservée au Musée égyptien de Berlin.