Speculoos, latin et gourmandise

Bon, j’ai craqué 🙂 , j’ai rapporté de Bruxelles ma gourmandise belge préférée, celle qui faisait la joie de mes « petits cafés » quand j’habitais près du Manneken-Pis avec Denis : des speculoos de la maison Dandoy (non, je n’ai pas d’action chez eux).

Les speculoos sont des biscuits à base de farine, de beurre et de cassonade (d’où leur couleur traditionnelle brun foncé) aromatisés aux épices: canelle, muscade, girofle, gingembre, sésame… Ils sont peut-être les lointains descendants des biscuits au miel que les Romains s’offraient en guise d’étrennes chaque début d’année et qui avaient la forme de l’un de leurs dieux. Les speculoos, eux, étaient à l’origine offerts aux enfants pour la fête de saint Nicolas (le 6 décembre) et avaient souvent la forme de ce personnage.

D’ailleurs, « speculoos » viendrait peut-être du latin « speculum », « miroir », comme si le biscuit était le reflet du saint qu’il représente. Une autre origine possible du nom est le latin « speculator », « surveillant » utilisé pour désigner les évêques comme saint Nicolas qui était évêque de Myre. Plus prosaïquement, « speculoos » pourrait venir aussi de « species », « épices » toujours en latin.


Ci-dessous :

  • Speculoos traditionnel et speculoos à la vanille
  • Fabrication du speculoos avec le pressage de la pâte dans un moule en creux
Publié le Catégories Histoire antique, Histoire médiévale
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Anniversaire Alix à Bruxelles : les images

Les jours derniers, j’étais à Bruxelles pour la Fête de la BD et surtout l’anniversaire de mon sénateur préféré (70 ans déjà !). L’exposition réalisée à Angoulême s’est pour l’occasion déplacée dans le somptueux écrin du Musée Art et Histoire de Bruxelles où vous pouvez la voir jusqu’au 16 janvier prochain. Parallèlement, vous pouvez aussi aller découvrir les planches du dernier album de la série réalisées par David B et Giorgio Albertini jusqu’au 14 octobre au Centre Belge de la Bande dessinée.

Voici un petit reportage photo sur tous ces événements :

 

 

Vous avez dit barbares ?

La Normandie existait avant les Vikings et Guillaume le Conquérant, si si je vous assure.

Je suis allée hier voir une jolie exposition qui le prouve au Musée de Normandie de Caen : « Vous avez dit barbares ? ». On y découvre de très nombreux objets datant du Vè au VIIIè siècle, de l’arrivée des peuples « barbares » en Gaule (406) à la fin de l’époque mérovingienne. Les représentations de Mithra côtoient les armes, les objets de la vie quotidienne et les bijoux (je vous recommande les boucles de ceinture par exemple, je serais bien repartie avec l’une d’elles)… Et ne vous laissez pas arrêter par l’affiche: l’expo concernent aussi bien la vie des hommes que celle des femmes.
Le billet ouvre aussi l’entrée des collections permanentes du musée. Je vous recommande la salle sur la Normandie avant les Romains et ses magnifiques casques en bronze.

La bataille d’Actium

Le 2 septembre 31 avant Jésus-Christ eut lieu la bataille d’Actium. Elle marqua la fin des guerres civiles romaines suivant le meurtre de Jules César et donna à Octavien, le futur Auguste, la victoire décisive sur son grand rival Marc Antoine.

Depuis plusieurs années, les relations des deux hommes étaient très mauvaises. Elles dégénérèrent en 35 quand Antoine triompha à Rome et surtout fit de Césarion, le fils supposé de César et de Cléopâtre, le pharaon Ptolémée XV. Octavien, qui n’était « que » le fils adoptif du dictateur, commença peut-être à craindre que le jeune garçon ne vienne un jour réclamer son héritage romain. En tout cas, il entama une campagne de dénigrement contre Antoine et Cléopâtre auprès du Sénat et de l’opinion publique de la République italienne. Cela fonctionna: Antoine fut déchu de son consulat pour 31 et la guerre déclarée à l’Égypte.

La plupart des troupes d’Antoine stationnaient alors en Grèce mais il ne réussit pas à empêcher l’armée d’Octavien de traverser la mer Adriatique et de le rejoindre. L’affrontement décisif n’eut pourtant pas lieu sur terre mais sur mer. A la tête de la flotte d’Octavien se trouvait le général Marcus Vipsanius Agrippa – celui dont je vous raconte la mort dans le premier Alix senator. Il parvint à isoler Antoine de son ravitaillement venant d’Égypte et de Syrie. Celui-ci chercha alors en vain à affronter Octavien sur terre mais celui-ci ne bougea pas de son camp. Antoine ne parvint pas non plus à desserrer le blocus d’Agrippa.

Il ne lui restait plus qu’à tenter le tout pour le tout. Ses 180 navires lourdement armés, alliés à ceux de Cléopâtre, tentèrent le 2 septembre de forcer la ligne de bataille formée par les 350 navires légers d’Agrippa au large du promontoire d’Actium. L’affaire se présentait mal et les deux amants, plutôt que de se battre, prirent rapidement la fuite sur leurs vaisseaux amiraux, provoquant la débâcle de leurs troupes. Une grande partie se rendit peu après  à Octavien dont Caius Sosius, le principal lieutenant d’Antoine. Quelques temps plus tard, ce furent les forces terrestres de celui-ci qui rallièrent le camp du futur empereur.

Moins d’un an plus tard, ce dernier pénétrait dans Alexandrie et Antoine et Cléopâtre se suicidaient. Auguste n’aurait plus d’opposants sur sa route.

 

 

 

Les très Riches Heures : Septembre

Les Très Riches Heures du duc de Berry reviennent avec le 1er jour du mois.

Sur terre

Septembre est illustré par le thème classique des vendanges. Cette miniature serait postérieure à la mort du duc et daterait des années 1440. En effet, le château représenté est celui de Saumur en Anjou, région viticole dès le Moyen-Âge, qui appartenait à un ennemi du duc et qu’il n’aurait sans doute pas fait représenter de son vivant. Entre le château et les vendangeurs, vous pouvez apercevoir une lice, un espace clos qui servait aux tournois. Justement, en 1446, René d’Anjou, propriétaire du château y aurait fait organiser une joute en l’honneur du roi de France Charles VII.

Au-dessus de la miniature, un ensemble de demi-cercles. Au centre, le Soleil est représenté sous la forme d’Apollon. L’image du dieu reprend une miniature byzantine qui appartenait au duc de Berry et montrait en fait l’empereur Héraclius (mort en 641).

Dans le ciel

Au-dessus de ce demi-disque solaire, sont dessinés 7 autres demi-cercles. En commençant par le plus petit, on a :
– les n° des jours du mois, 30 pour septembre.
– les lettres des premières lunes, une application du nombre d’or astronomique qui sert à faire coïncider les cycles lunaires et solaires.
– des croissants de lune qui rappellent les lettres des premières lunes situées en dessous.
– l’inscription « primaciones lune mensis septembribus dies XXX » : « première lune mois de septembre 30 jours »
– des signes du zodiaque qui débutent selon la position des astres au XV7 siècle: la Vierge et la Balance pour septembre
– le nom des signes du zodiaque montrés en dessous.
– les degrés de longitude contenu dans ces signes du zodiaques selon les astrolabes de la fin du Moyen-Âge.

©Photo. R.M.N. / R.-G. Ojéda

Dans les Très Riches Heures, vous pouvez découvrir aussi :

les autres mois : janvier, février, mars, avril, mai, juillet, août, septembre, octobre, novembre , décembre

une fête chrétienne illustrée dans le livre : l’Ascension

Un étonnant “homme zodiacal”

Mary Shelley

Le 30 août 1797, naît à Londres Mary Wollstonecraft Godwin, la future épouse du poète Percy Bysshe Shelley et surtout l’immortelle autrice de Frankenstein.

Durant l’été 1816, Mary Godwin et Percy Shelley, qui ne sont encore qu’amants, séjournent près du lac Léman avec Claire Clairmont, la fille de la seconde épouse du père de Mary, et lord Byron, dont celle-ci est enceinte. Ils ne sont pas mariés non plus mais tous appartiennent au courant radical promoteur de l’amour libre.

Durant les journées de pluie, ils discutent des expériences du philosophe naturaliste Erasmus Darwin, qui était censé avoir ranimé de la matière morte. Ils s’intéressent aussi au galvanisme (le fait qu’un muscle se contracte quand il est stimulé par un courant électrique) et à la possibilité de faire revivre un mort en lui injectant de l’électricité dans le cerveau. De telles idées vont à l’encontre de la réligiosité de l’époque mais, de même qu’ils ne croient pas au mariage, Mary et ses amis sont des athées convaincus qui croient aux possibilités quasi infinies de la science.

Tous écrivent des contes gothiques et des histoires de fantômes. Mary commence la nouvelle qui deviendra son fameux roman : Frankenstein ou le Prométhée moderne.De retour en Angleterre en septembre, elle continue à écrire. Les mois qui suivent sont parsemés de drames : une des demi-sœurs de Mary se suicide ainsi que l’épouse de Percy. Celui-ci se voit refuser la garde de ses enfants malgré un remariage immédiat avec Mary.
Elle tombe enceinte de son troisième enfant en 1817, mais elle le perdra très jeune, comme les deux premiers, perte dont elle ne se remettra jamais vraiment. C’est donc enceinte, qu’elle termine son roman au début de l’été.

Il est publié anonymement en janvier 1818. L’accueil est très positif globalement, même si le roman gothique et le fantastique sont des genres dévalorisés à l’époque. D’ailleurs, de nombreux critiques pensent que Percy, qui en a fait la préface, en est l’auteur. D’autres, qui connaissent l’identité réelle de « l’auteur » lui reprochent ouvertement d’être une femme qui a renoncé à la « douceur inhérente à son sexe » (the British critic).

Aujourd’hui, on a rendu justice à Mary et « Frankenstein » est considéré comme un pilier de la littérature gothique et du romantisme en général.

Le Radeau de la Méduse

Le 25 août 1819, Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault était présenté au Salon de l’académie royale, l’exposition parisienne la plus importante de cette époque.

Appelé alors simplement « Scène de naufrage », le tableau montre les survivants de La Méduse, une frégate qui s’était échouée sur un banc de sable au large du Sénégal trois ans auparavant.
Des 147 personnes qui montèrent au départ sur le radeau, seules quinze étaient encore en vie quand l’Argus, un autre bateau, les retrouva deux semaines plus tard. La faim, la soif, la folie et même le cannibalisme avaient eu raison des autres. D’ailleurs, sur les quinze survivants, cinq succombèrent encore peu après leur arrivée sur la terre ferme.

Dès l’ouverture du Salon, l’horreur du sujet de la Méduse fascina le public. Mais les critiques furent très divisés. Les tenants du classicisme exprimèrent leur désapprobation, voire leur répulsion face à la fois au thème du tableau et à son traitement, trop éloigné des canons de la beauté idéale. D’autres au contraire furent sensibles au fait que Géricault avait traité un sujet politique dans l’air du temps.
En effet, le naufrage de la frégate était dû en grande partie à l’arrogance de son capitaine, un incompétent nommé à ce poste uniquement parce qu’il était un fervent soutien de la monarchie. (En 1816, on est juste deux ans après l’accession au trône de Louis XVIII, et le retour de la royauté après la Révolution et l’Empire). Peindre Le Radeau de la Méduse, c’est donc afficher clairement des opinions libérales, en opposition au retour des Bourbons.

A la fin du Salon, le jury décerna sa médaille d’or à Géricault mais se refusa à acheter le tableau pour le musée du Louvre. Aucun autre acquéreur ne se présenta et la Méduse resta stockée chez un ami du peintre jusqu’à sa mort.

Carl Barks

Le 25 août 2000, nous quittait Carl Barks, le créateur du « canard le plus riche du monde » : Balthazar Picsou, mais aussi de Gontran, Géo Trouvetou, Miss Tick, les Castors Juniors, les Rapetou…

Né dans l’Orgeon en mars 1901, Barks dut arrêter ses études à 15 ans. Il essaya de devenir successivement fermier, bûcheron, gardien de mules, imprimeur… N’arrivant pas à s’en sortir, il prit quelques cours de dessin par correspondance et proposa ses premières productions aux journaux.

En 1935, il entra chez Disney et déménagea à Los Angeles. Il devint intervalliste: il faisait les dessins répétitifs des animations. Mais, dès l’année suivante, il passa au département des scénarios. En 1937, il commença à travailler sur des histoires de Donald. Il écrivit plusieurs dessins animés mais en 1942, mécontents de ses rapports avec les studios, il préféra démissionner.

Juste avant, Barks avait participé au premier comics de Donald : « L’Or des pirates » publié par Western Publishing. Cette maison l’engagea et lui permit de réaliser seul, au dessin comme au scénario, les albums suivants du fameux canard. Jusqu’en 1966, date de sa retraite, Bark écrivit environ 500 histoires de Donald, développant tout l’univers autour de lui.

Cependant, comme ses récit paraissaient sous licence Disney, ils ne portaient pas de nom d’auteur. Surnommé « Good duck artist », Barks ne sortit de l’anonymat qu’aux début des années 70.

Aujourd’hui, les personnages qu’il a créés existent toujours et Barks continuent à influencer de nombreux dessinateurs.

H. P. Lovecraft

Né le 20 août 1890 à Providence aux États-Unis, Howard Philips Lovecraft est un des auteurs de fantastique et d’horreur les plus connus du XXè siècle (et un de ceux que j’ai le plus lus quand j’étais ado). Il a influencé de nombreux écrivains et artistes d’Alan Moore à H. R. Giger en passant par Junji Ito et Michel Houellebecq.

La vie de Lovecraft pourrait être celle d’un de ses nombreux héros. Son père devient fou alors qu’il n’est âgé que de trois ans et il doit aller vivre chez son grand-père avec sa mère. C’est un enfant fragile, souvent malade et déjà atteint des terreurs nocturnes qui l’inspireront plus tard. Cela ne l’empêche pas de lire énormément, beaucoup de littérature et d’écrits scientifiques. Après la mort de son grand-père en 1904, la famille tombe dans les difficultés financières et Lovecraft dans la dépression, même s’il commence à écrire.

Devenu adulte, il vit quasiment en ermite jusqu’à ce qu’il entre en contact avec l’UAPA (United Amateur Press Association) dont il devient le président en 1917. La même année, rasséréné par cette expérience, il écrit Dagon qui est sa première histoire publiée en 1919 dans The Vagrant et plus tard dans Weird Tales. Malheureusement, cette même année 1919, la mère de Lovecraft qui souffre d’hystérie et de dépression entre à l’asile où est déjà mort son père. Elle y décède deux ans plus tard.
Lovecraft le vit évidemment très mal.

En 1924, il épouse Sonia Greene, propriétaire d’origine juive et ukrainienne, d’une chapellerie à New York. Mais leur union est un échec. Sonia perd son commerce et part à Cleveland trouver un nouveau travail. La procédure du divorce ne sera jamais achevée. Resté seul à New York. Lovecraft se met à détester cette ville cosmopolite où il peine à garder un emploi. Selon Michel Houllebecq, c’est alors que son racisme se transforme en la terreur qu’il exprime dans plusieurs de ses nouvelles. Cet aspect très controversé de sa personnalité se retrouve surtout dans son abondante correspondance privée, mais aussi dans certaines thématiques littéraires récurrentes chez lui, comme celle du groupe humain qui sombre dans la décadence physique et morale et retourne à la sauvagerie la plus primitive.

Retourné à Providence en 1926, Lovecraft connaît alors ses années de production les plus intenses. Il est sorti de ses périodes « Edgar A. Poe » (nouvelles macabres) et « Lord Dusany » (nouvelles liées au monde des rêves et à ses panthéons) et publie les nouvelles qui constitueront le « mythe de Cthulhu ». Mais il demeure globalement inconnu du public, même s’il est publié dans les pulp magazines. Il ne parvient d’ailleurs jamais à gagner sa vie grâce à ses écrits et peine même à survivre. En 1936, alors qu’il est déjà affecté par la mort de Robert E. Howard avec qui il entretenait une grande correspondance, on lui découvre un douloureux cancer de l’intestin. Il l’emporte le 15 mars suivant.

Photo d’H. P. Lovecraft, prise en juin 1934 par Lucius B. Truesdell.