Quel est l’art le plus grand et le meilleur ? La peinture ou la sculpture ? C’est pour participer à cet épineux débat qui faisait rage en 1555 en Italie, que Daniele da Volterra, un proche de Michel Ange, réalisa cet étonnant tableau.
Car, oui, il s’agit d’un seul tableau vu recto verso ! Son auteur voulait qu’on puisse en faire le tour comme pour une statue et voir la scène sous différents angles. Vous pouvez d’ailleurs le faire au Louvre où il est exposé.
Je vous laisse apprécier si c’est réussi ou non.
Volterra y montre une scène de l’Ancien Testament : le duel entre le jeune David, champion d’Israël, et son ennemi philistin, le terrible géant Goliath. David l’a abattu avec sa fronde d’une pierre en plein front. Il lui a volé son cimeterre et s’apprête à l’achever.
Malgré son originalité, ce n’est pas ce tableau qui rendit célèbre Volterra. En 1564, c’est lui qui fut chargé de peindre des pagnes sur les nus de la chapelle Sixtine, jugés obscènes par le pape Pie IV. Pour tous et pour longtemps, Volterra devint alors « le peintre des culottes ».
Il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir d’être interviewée par Anne Deguy ainsi que plusieurs autres anciens élèves des « Chartes » à l’occasion du bicentenaire de notre grande école.
Statue de basalte d’Osiris momifié fécondant Isis transformée en oiseau, exposition temporaire de l’Institut du monde arabe, 2015.
Après avoir assassiné Osiris, son frère Seth dépeça son corps et le découpa en quatorze morceaux qu’il dispersa dans toute l’Égypte.
Heureusement, Isis, la sœur-épouse d’Osiris, parvint à retrouver tous les morceaux à l’exception du pénis divin que des poissons avaient mangé (!). Elle reconstitua donc le corps d’Osiris et lui modela un nouveau sexe artificiel. Puis, grâce à sa magie, elle insuffla à nouveau la vie au dieu et se transforma en oiseau pour s’unir à lui. De là naquit Horus, le dieu à tête de faucon.
Osiris, ranimé, ne revint pas sur terre. Il devint le roi du royaume des morts et laissa son fils le venger et devenir le dieu-souverain de l’Égypte.
Je viens de découvrir l’outil de travail d’un des plus vieux ancêtres de mes amis peintres et coloristes : cette émouvante palette en ivoire égyptienne date de 1390–1352 environ avant notre ère. Le cartouche porte le nom royal d’Amenhotep III, «Nebmaâtrê Mérienrê », c’est à dire « Rê est le possesseur [Maître] de la justice, Aimé de Rê ».
Chambre intérieure de la pyramide du pharaon Ounas à Saqqarah, XXIVe siècle avant notre ère.
Pour la première fois, apparaissent les Textes des pyramides gravés sur ses murs. Ce sont des inscriptions religieuses qui reprennent l’ensemble des idées sur la mort et des coutumes funéraires égyptiennes.
Selon les archéologues, ils dépeignent en fait des pratiques archaïques, parfois déjà abandonnées au moment où ils sont gravés dans la pierre, comme la construction de mausolées en briques ou bien… le cannibalisme :
« C’est ledit Ounas qui mange les hommes, qui se nourrit des dieux. […] C’est Khonsou, couteau des Seigneurs, qui les dépècera pour Ounas et qui extirpera pour lui ce qui est dans leur ventre. […] C’est Chesmou qui les sacrifiera pour Ounas et qui en cuit un morceau sur les fourneaux du repas du soir ! C’est ledit Ounas qui mange leur magie-hekaou et avale leur pouvoir-akh ! »
Hymne cannibale traduit par Claude Carriera.
Découverts par Gaston Maspéro en 1881, les Textes des pyramides sont ici photographiés en 1900.
En revoyant la case du prochain Alix Senator que j’ai postée il y a quelques jours pour vous annoncer la sortie de l’album en août prochain, j’ai soudainement repensé à la série Pharaon des regrettés André-Paul Duchâteau et Daniel Hulet.
Elle est parue en album au tout début des années 80, mais je l’ai lue plutôt vers 1991-92. J’ai été surtout marquée par les albums L’incarnation de Seth et Des ombres sur le sable. Je viens de les refeuilleter avec un grand plaisir. Voici quelques doubles pages du premier récit pour vous faire partager ma nostalgie
John Singer Sargent (12 janvier 1856 – 14 avril 1925) dans son atelier avec le portrait de Madame X, à Paris en 1884, photographie attribuée à Adolphe Giraudon.
Sargent mit un an à peintre le portrait de Virginie Gautreau, une mondaine parisienne, appelé ensuite « Madame X ». S’il est aujourd’hui considéré comme l’un de ses meilleurs tableau, il suscita un grand scandale à l’époque. Le décolleté, accentué dans la première version par une bretelle tombante fut jugé d’une sensualité bien trop provocante, voire malsaine.
Les critiques se déchaînèrent après sa présentation au Salon de 1884 au point que les commandes se tarirent et que Sargent pensa arrêter la peinture pour la musique ou même les affaires. Finalement, il n’en fit rien mais quitta tout de même Paris pour Londres. Là, il laissa le tableau bien en vue dans son atelier mais ne le vendit au The Metropolitan Museum of Art, New York seulement en 1916, après la mort de son modèle. Il y est toujours.
Vous n’aurez pas longtemps à attendre avant de retrouver les prochaines aventures du sénateur Alix en librairie. “Le Disque d’Osiris”, le tome 12 d’Alix Senator sera disponible dès le 25 août prochain.
En attendant, voici la toute première case de l’album. Vous voyez, elle se déroule dans la nécropole d’Abydos, la ville consacrée au dieu Osiris. De là à dire qu’il sera très présent dans l’album…
Avant d’être un respectable sénateur, Alix a commencé sa carrière en jeune héros plein de fougue et avide de justice. La série classique n’a jamais cessé de paraître et je me suis dit que ce serait un exercice passionnant de la faire se croiser avec Alix Senator, bien qu’elles se passent à des décennies d’écart. J’ai donc proposé aux héritiers de Jacques Martin et aux éditions Casterman de commencer une histoire dans Alix classique, et de la finir dans Alix Senator.
C’est l’occasion d’écrire mon premier Alix classique. Cette première partie du diptyque, avec le jeune Alix donc, est en train d’être réalisée par un dessinateur nouveau dans le péplum : Chrys Millien. Vous pouvez découvrir ci-dessous ses premières cases avec le duo de héros et Brutus, leur compagnon pour l’occasion. Cet album s’appelle “L’Œil du minotaure”. Il sortira le 10 novembre 2021. Il a une vraie fin et peut se lire seul.
Mais, si vous en voulez plus, vous pourrez retrouver notre Alix plus âgé pour la suite de cette histoire dans le Alix senator 13 qui sortira en 2022. “L’Antre du minotaure” sera comme toujours dessiné par Thierry Démarez et mis en couleur par Jean-Jacques Chagnaud. C’est aussi une histoire complète qui pourra se lire sans connaître la série classique et s’intégrera normalement à la série Alix senator, comme si de rien n’était.
Vous le devinez, réussir ce double récit à suivre mais pas à suivre est un sacré challenge, mais sinon, où serait le plaisir ?
Le 29 décembre 1170, Thomas Becket, archevêque de Cantorbery, est assassiné dans sa cathédrale par des partisans de son meilleur ennemi, le roi d’Angleterre Henri II. On a longtemps cru à un complot mené par celui-ci mais il semble bien que les hommes aient agi de leur propre initiative, juste pour lui faire plaisir.
Mais le meurtre d’un tel ecclésiastique, quelques jours après Noël et dans sa propre église, ne pouvait que susciter un scandale international. Il fallait bien qu’au moins un roi soit responsable d’une telle horreur…
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Comme Thomas Becket défendait les prérogatives de l’Église contre les velléités autocratiques de son souverain, le pape Alexandre III s’empressa de le canoniser en février 1173. Henri II, sans doute affreusement vexé, dut faire pénitence sur sa tombe pour ne pas être excommunié.
Pire encore, Thomas Becket fut ensuite vénéré comme martyr dans toute l’Europe chrétienne. Pour satisfaire les fidèles, son corps fut découpé en une centaine de morceaux placés dans de magnifiques reliquaires comme celui que je vous montre ci-dessous, conservé au Victoria and Albert Museum de Londres.
Il en reste aujourd’hui seulement une bonne moitié. Henri VIII, le lointain successeur d’Henri II avait la mémoire longue et la rancune tenace. Il fit détruire toutes les chasses qui se trouvaient encore à Cantorbery à son époque.
Chasse de reliques de Thomas Becket, conservée au Victoria and Albert Museum, Londres.