Fleurir les tombes : une coutume antique

Les tombes du cimetière de Remiremont ont été bien fleuries en ce jour de la Toussaint. Photo A.R. Anthony RIVAT

 

Aujourd’hui, jour de Toussaint et veille du jour des défunts, certains d’entre vous se livreront sans doute à la coutume bien ancrée chez nous d’aller fleurir la tombe de leurs proches disparus pour leur manifester une nouvelle fois leur affection. On pense souvent que ce rituel à une origine chrétienne mais il n’en est rien, au contraire.

Orner les tombes de fleurs est une pratique tout ce qu’il y a de plus païenne au départ. Les Grecs réalisaient pour leurs disparus des couronnes et des guirlandes d’amarantes, de myrtes, de roses ou d’iris. À Rome, on préférait plutôt le lis, les roses, l’asphodèle, le safran ou le buis.

Plus tard, au Moyen-Âge, l’Église catholique condamna même cette coutume et seul resta dans les cimetières l’if, un arbre que sa longévité faisait considérer comme sacré.

Ce n’est qu’avec la Révolution, sa volonté d’abandonner les pratiques chrétiennes et de revenir à celles des Grecs et des Romains, que les fleurs firent leur grand retour sur les tombes. Progressivement, elles devinrent les symboles du deuil romantique et toutes les couches de la population s’en emparèrent.

De nos jours encore, elles restent un incontournable de la fête de la Toussaint au point que les fleuristes ont obtenu de rester ouverts un dernier week-end avant de fermer pour le reconfinement.

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Si cela vous intéresse :

Halloween

Célébrée dans la soirée du 31 octobre, veille de la Toussaint chrétienne, Halloween est une fête d’origine païenne, provenant des îles anglos-celtes.

Son nom est une contraction de l’anglais (et non du Celte) « All Hallows-Even » = « the eve of All Hallows’ Day » = « la veille de tous les saints ». Cependant, la plupart des historiens du folklore européen considèrent Halloween comme une survivance de Samain, une fête célébrée au début de l’automne par les Celtes qui marquait plutôt pour eux le nouvel an. La nuit de Samain n’appartenait ni à l’année qui se terminait ni à celle qui commençait. C’était le moment où l’autre monde se confondait avec le monde réel et où les mortels pouvaient communiquer avec les morts et les divinités.

De leur côté, les catholiques ont commencé à commémorer les martyrs à Rome à partir de 619. Ils le faisaient le 13 mai, jour des anciennes Lemuria, pendant lesquelles les Romains païens conjuraient les mauvais spectres. Mais, au IXe siècle, le pape Grégoire IV transforma cette fête en célébration de tous les saints et la déplaça au 1er novembre, peut-être pour christianiser Samain et ses équivalents locaux.
Puis, en 998, les moines de Cluny commencèrent à célébrer tous les fidèles morts le 2 novembre. Rome adopta officiellement cette fête des défunts au XIIIè siècle.

Mais la fête du 31 octobre, resta toujours une fête très populaire en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles. D’ailleurs Jack-o’-lantern, la citrouille lanterne, est elle-même dérivée d’une légende irlandaise.
Jack aurait été un ivrogne, un avare qui joua plusieurs fois des tours pendables au diable. A sa mort, il ne put donc entrer ni au paradis, ni en enfer : il fut condamné à errer éternellement avec un navet creusé et contenant un charbon ardent pour s’éclairer.

Au XIXe siècle, apparut, toujours en Irlande et en Écosse, une nouvelle tradition : les enfants allaient de maison en maison pour prier et chanter en échange de « soul cakes ». Cela s’exporta aux État-Unis et au Canada en même temps que le reste de la fête d’Halloween avec l’arrivée massive d’émigrants irlandais et écossais sur le sol américain, notamment à la suite de la Grande famine en Irlande (1845-1851). Vers 1930, cette pratique y devint le « trick-or-treating ». Aujourd’hui, les enfants se déguisent toujours en petits monstres et visitent toujours leur quartier orné de squelettes, de citrouilles maléfiques et de chapeaux de sorcières pour récolter des bonbons.

En France, la célébration d’Halloween s’est développée surtout dans les années 90 du siècle dernier à l’initiative de quelques grandes marques. Mais, vue surtout comme un phénomène commercial et marketing, elle s’est essoufflée progressivement (jusqu’à son retour en force grâce à un prochain effet de mode ?).
Les églises chrétiennes cherchent d’ailleurs à en décourager la célébration qui concurrence pour eux la Toussaint et la fête des morts.

Alix l’Intrépide offert avec L’Esclave de Khorsabad

Le 4 novembre prochain, le tome 11 d’Alix Senator, L’Esclave de Khorsabad sort en librairie… avec l’album Alix l’intrépide en cadeau.

Si vous êtes lecteur de la série originelle, ça ne vous surprendra pas. Vous avez dû reconnaître d’emblée une allusion aux toutes premières aventures d’Alix dans le titre du prochain album du sénateur. Les deux livres sont bien liés, un peu comme La Forêt carnivore était liée aux albums d’Alix sur Alésia et Vercingétorix. Une deuxième (et dernière) fois, le sénateur revient sur les traces de son passé.

Bien sûr, ne pas connaître le premier épisode de sa longue histoire ne vous empêcherait pas d’apprécier le retour d’Alix à Khorsabad. Mais pourquoi s’en priver ?

Alix senator 11 : premières pages

Le tome 11 d’Alix senator, La Forêt carnivore, sera disponible dans toutes les bonnes librairies le 4 novembre prochain.

Un petit rappel de l’intrigue ?

Sur les traces de son passé en Assyrie, Alix est enlevé par un grand seigneur parthe. Pour rallumer la guerre avec Rome, le chef oriental a besoin d’or, de beaucoup d’or. Alix est le dernier, croit-il, à connaître la cachette du trésor perdu de Khorsabad, la ville où le Gaulois avait été réduit en esclavage au début de ses aventures. Alix, aidé d’un compagnon qui ressemble étrangement à Enak jeune, parvient à s’échapper. Forcé de se réfugier dans les ruines de Khorsabad, deviendra-t-il l’ultime esclave de la cité maudite ?

pour vous mettre l’eau à la bouche, voici les premières pages de l’album :

Saint Denis, céphalophore

Aujourd’hui 9 octobre, les catholiques fêtent la saint Denis, le légendaire premier évêque de Paris et surtout le saint « céphalophore » par excellence, « céphalophore » c’est-à-dire qu’il porte sa tête dans ses mains. Le mot vient du grec : képhalê (tête) et phorein (porter).

Mais comment saint Denis en est-il arrivé là ?

Statue de saint Denis sur le portail de Vierge à Notre Dame de Paris.

Selon la légende, Denis avait été envoyé par le pape évangéliser la Gaule et s’était installé à Lutèce, le future Paris, quand éclatèrent les persécutions anti-chrétiennes de l’empereur Dèce vers 250-275. Repéré par le gouverneur romain de la ville, le futur saint fut décapité avec deux compagnons, Éleuthère et Rustique, sur la butte appelée ensuite Monmartre (mons Martyrum, le « mont des Martyrs »).

Mais ses aventures ne s’arrêtèrent pas là : au lieu de s’écrouler, Denis ramassa sa tête et marcha environ six kilomètres vers le nord. Là, il confia sa tête à une certaine Catulla, et tomba enfin mort sur le sol. Il fut enterré à cet endroit. On y édifia ensuite la basilique qui porte encore son nom de nos jours.

Le Martyre de saint Denis par Léon Bonnat, vers 1880, Panthéon de Paris.

Conrad et Paul

Je lis depuis une vingtaine d’années des aventures de Conrad et Paul dessinées par Ralf König. Contrairement à la plupart des personnages de BD, ils ont vieilli, comme leurs lecteurs. Et, encore une fois, Ralf König est parvenu à me faire rire avec un sujet qui ne me concerne pas et qui n’a rien d’amusant au premier abord : l’andropause vécue par un couple gay de Cologne.

Si Conrad, l’artiste sensible, prend cela avec philosophie, Paul, le « Batman du sexe », le « Grand Cerf de GayRomeo », est en pleine tragédie (grecque, voir la couverture). Mais il faut bien que vieillesse se passe : les vacances à Pompéi et les aventures avec les serveurs italiens comme les mini shorts latex et les soirées cuir au Chains sont bien loin pour nos héros et ne reviendront plus.

Heureusement, il leur restera toujours l’essentiel : la tendresse, la complicité, le viagra et les fusées d’artifice (hein ?).

« l’Automne dans le pantalon » par Ralf König, Éditions Glénat.

Carpe diem ou le squelette de Pompéi

Cette mosaïque représentant un squelette, à l’anatomie disons… inventive (et amusante), a été découverte à Pompéi et est actuellement exposée au Musée de Naples. On l’a surnommée « carpe diem », en référence à une célèbre ode d’Horace, un poète épicurien romain.

Le dernier vers de l’ode d’Horace « carpe diem, quam minimum credula postero. » résume l’œuvre toute entière. En Français, ça donne : « Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain. »
Puisque l’avenir est incertain et que nous sommes tous destinés à mourir, il faut profiter pleinement de chaque journée.

Ce n’est pas une apologie de la recherche effrénée du plaisir aux dépens de tout le reste, comme on le croit souvent. C’est plutôt un appel à apprécier le présent au travers d’une certaine discipline de vie. Pour les épicuriens, il faut éviter tout autant les désagréments que les excès de plaisir si on veut trouver le vrai bonheur.

Octobre, mois de la pomme de terre

Le mois d’octobre est traditionnellement celui de la récolte des pommes de terre depuis qu’elles sont cultivées en Europe, comme le montre le tableau de Bastien Lepage ci-dessous.
Mais question représentation, j’ai un petit faible pour l’étonnante poterie que je vous présente à côté. Elle représente Oxamama, la déesse inca des pommes des terre.

La fin de l’Empire romain d’Occident

Le 4 septembre 476 est la date qu’on considère de manière traditionnelle comme marquant la fin de l’empire romain d’Occident.

Ce jour-là, le petit empereur Romulus Augustule était déposé par le chef de guerre Odoacre qui renvoya ensuite les insignes impériaux à Zénon, l’empereur d’Orient.

Romulus, à peine âgé de 14 ans, avait été proclamé empereur d’Occident par son père, Oreste, le commandant suprême de l’armée romaine, après un coup d’État en octobre 475. C’est, bien sûr, ce dernier qui gouvernait en réalité.

Quelques mois après sa prise de pouvoir, Oreste dut faire face à une révolte de mercenaires menés par Odoacre, un prince skire — un peuple de Germains originaire du nord-est de la Pologne actuelle. Pour prix de leurs services, ils réclamaient le tiers des terres de la péninsule italienne ! Oreste refusa de les leur donner mais en vain. Le 28 août 476, ils remportèrent à Plaisance la victoire décisive sur ses troupes et il fut rapidement exécuté.

Odoacre se dirigea ensuite vers Ravenne où demeurait Romulus Augustule – les empereurs avaient abandonné Rome depuis longtemps. Il l’atteignit le 4 septembre et obligea le jeune empereur à abdiquer immédiatement. Celui-ci était de toute façon incapable de commander une armée et manquait de soutien parmi une population qui n’avait plus rien contre « les Barbares » depuis longtemps.

Après sa déposition, Romulus ne fut sans doute pas exécuté – preuve du peu de considération qu’Odoacre lui portait. Le Germain lui accorda sans doute une rente (!) et l’envoya vivre chez des parents en Campanie. Il semble finalement avoir habité plus d’une trentaine d’années au Castellum Lucullanum, une villa fondée par Lucullus, un général contemporain de César, transformée en fort puis en monastère.


Ci-dessous, je vous propose le tableau peint par Jean-Paul Laurens en 1880. Il n’est pas censé représenter Romulus, mais un autre empereur d’Occident : Honorius, avec un apparat très oriental. Mais je vous avoue qu’à chaque fois que je vois cet enfant avec ces insignes impériaux trop grands pour lui, je ne peux m’empêcher de penser plutôt au “dernier empereur d’Occident”.

Dionysos et les pirates

Selon la mythologie grecque, le jeune dieu de l’Ivresse, Dionysos, fit un long voyage autour de la Méditerranée.

Un jour, se faisant passer pour un simple mortel, il prit un bateau tyrrhénien pour aller sur l’île de Naxos, dans les Cyclades. Mais il était tombé sur des pirates et bientôt ils changèrent de direction pour aller le vendre comme esclave en Orient.

Aussitôt, le dieu révéla sa vraie nature. Des flutes invisibles se mirent à retentir, des sarments de vignes envahirent le navire et les rames se changèrent en serpents. Paniqués, les marins se jetèrent à l’eau pour leur échapper et Dionysos les transforma alors en dauphins.

C’est ce récit qu’illustre l’étrange kalpis étrusque du VIe siècle avant notre ère ci-dessous.
Un “kalpis” est un vase servant à transporter de l’eau.