Quand j’ai commencé à lire de la science-fiction, j’ai eu une grande période « Charles et Nathalie Henneberg », deux des premiers auteurs de fantasy français. J’ai adoré la Naissance des Dieux (1954), la Plaie (1964)… Aujourd’hui j’apprends par Télérama (lien plus bas) qu’en fait Nathalie Henneberg a écrit seule tous les romans et a dû demander à son mari de les co-signer car le genre était jugé « trop virile » pour elle et que cela ne passerait pas si on savait que l’auteur était une femme… Même après la mort de son conjoint, elle dut continuer à invoquer « des manuscrits inachevés » de celui-ci qu’elle ne faisait que terminer… Toute une époque… Ce n’est qu’à partir des années 60 qu’elle put enfin assumer petit à petit ces créations.
On n’en est plus là de nos jours… enfin j’espère. Quand j’ai commencé le Fléau des Dieux des gens bien intentionnés m’ont conseillé de me faire appeler « Valérie Bajram » plutôt que « Mangin », c’était quand même plus vendeur. D’autres, après la publication des premiers albums et le succès qu’ils ont rencontrés, ont douté que je les avais écrits. Un space opera opposant un nouvel Attila à un empire romain galactique, ce n’était quand même pas un sujet pour une femme. Et puis, j’avais un mari auteur de SF, alors c’était lui qui les avait écrits, forcément… Il a fallu de longues années pour que tout le monde me considère non comme une « bonne scénariste » mais simplement comme « une scénariste ».
Aujourd’hui, de nombreuses questions se posent toujours : l’égalité de traitement entre autrices et auteurs n’est pas encore pleinement acquise. Il n’y a qu’à voir la bronca qui s’est élevée des rangs d’une partie des auteurs à l’annonce que Rumiko Takahashi avait reçu le grand Prix d’Angoulême cette année. Elle avait été élue uniquement parce qu’elle était une femme et non (et surtout) parce qu’elle était une grande autrice… Ce n’était pas compatible apparemment.
Mais bon… Les choses ont tout de même évolué positivement depuis les années 50. Alors, ce lundi, je crois que je vais relire quelques romans de Nathalie Henneberg, juste comme ça, pour le plaisir.