Aujourd’hui, c’est le premier jour du printemps. C’est l’occasion de vous parler d’une coutume antique aussi brutale qu’étonnante : le printemps sacré, « ver sacrum » en latin.
Il s’agit d’une pratique expiatoire attestée en Italie et parmi les peuples indo-européens au début de l’Antiquité. Quand un désastre militaire ou une famine advenait, on cherchait à se concilier les dieux en leur consacrant tout ce qui naissait dans l’année : les récoltes, les animaux mais aussi les enfants. Ils devenaient « sacrés » et n’avaient plus leur place dans la communauté. Arrivés à l’âge adulte, ils étaient donc chassés de leur cité et devaient aller ailleurs fonder la leur.
Cette mesure brutale en évitait peut-être une autre encore pire : leur sacrifice aux dieux. Sans doute aussi était elle une forme de régulation démographique, même si cet aspect n’est pas mis en avant. Le géographe Strabon parle ainsi de jeunes Sabins consacrés à Mars qui leur envoya un taureau pour les guider vers le sud. Là, après avoir vaincu et chassé la population locale, ils sacrifièrent l’animal au dieu et devinrent le peuple samnite.
Ces rites très violents perdurèrent ensuite à Rome sous une forme atténuée. En 218 avant notre ère, après la défaite de Trasimène contre Carthage, on consacra tout aux dieux sauf les chiens, les chevaux et bien sûr les enfants.
Ci-dessous : le sacrifice d’un taureau dans Alix senator, tome 3.