L’actualité

Richard Blade et saint Erasme

(âmes sensibles s’abstenir)

Ou la rencontre inattendue de la littérature populaire et de la culture classique.

La nuit dernière, je me suis livrée au plaisir (un peu) coupable de lire Les adorateurs de Dshubba, une aventure de Richard Blade, voyageur de l’infini.

Dans un des premiers chapitres, un « brigand du désert » subit une des séances de torture les plus explicites que j’ai lues depuis un moment. Il faut ce qu’il faut. Passé le « Ah mais c’est dégoutant ! » de rigueur pour se donner bonne conscience dans ces cas-là et pouvoir continuer sa lecture, je me suis rendue compte que le supplice de ce pauvre pillard était directement inspiré de celui qui coûta la vie… à saint Érasme.

Selon l’hagiographie, saint Érasme de Formia était l’évêque de cette ville de Campanie (Italie) au 3è siècle. Il fut persécuté par les empereurs romains Dioclétien et Maximien Hercule. Tour à tour, il fut jeté dans une fosse avec des serpents, couvert d’huile bouillante et de de souffre, plongé dans un bain bouillant, enfermé dans une armure de métal brûlant puis dans un tonneau avec des pointes saillantes qui fut roulé à bas d’une montagne. Et ce n’est pas fini : ses dents furent arrachées, ses doigts cloués; il fut encore enduit de poix et enflammé… Je vous passe le reste : ça devient répétitif. Mais il survécut à tout et, bien sûr, ne cessa pas de vouloir convertir les habitants de l’empire au christianisme.

C’est alors que, pour s’en débarrasser définitivement, un Romain eut une idée très dégout… originale. C’est elle qui est reprise dans Blade. On ouvrit largement le ventre du saint et ses intestins furent enroulés autour d’un cabestan de navire.
Plus tard, saint Erasme devint le patron des marins mais on le pria aussi pour éviter les maladies intestinales et assister les femmes souffrant pendant leur accouchement.
En 1628, le peintre Nicolas Poussin illustra même cette scène pour la basilique Saint Pierre de Rome pour orner un autel consacré au saint. Vous pouvez admirer son tableau ci-dessous.

Publié le Catégories Littérature, Peinture
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Paris-Brest-Paris

Aujourd’hui le tour de France arrive sur les Champs Élysées mais j’avoue que, quand on me parle de vélo, je pense surtout… pâtisserie.

Plus exactement, je pense au Paris-Brest, ce délicieux gâteau à la crème pralinée en forme de roue de vélo. Ce n’est pas une coïncidence. En 1910, Louis Durand, pâtissier à Maisons-Laffite, créa le Paris-Brest en hommage à la course cycliste Paris-Brest-Paris.

Longue de 1 200 km, elle se déroula de 1891 à 1951. La première année vit l’apparition du pneumatique démontable pour vélo. le vainqueur Charles Terront roula sans dormir pendant 71h22, laissant le second à plus de 8 heures derrière lui et le dernier à plusieurs jours.
C’était une autre époque.

André Geerts

Il y a huit ans, nous quittait un auteur pour qui j’ai toujours une particulière affection : André Geerts.

D’abord auteur de dessins humoristiques, il publie dans divers journaux ainsi que dans le magazine Spirou. Pour lui, André réalise aussi des histoires complètes.
Puis, en 1983, il crée la série à laquelle il va se consacrer ensuite presque totalement: Jojo. Toute en poésie et en tendresse, elle connaîtra 18 albums avant de s’éteindre avec son créateur en 2010.
Denis et moi avons eu la chance de le fréquenter longuement quand nous habitions Bruxelles. J’avais même failli à l’époque travailler avec lui et Christophe Bec, un autre fan, sur un nouveau Jojo.
Aujourd’hui, la gentillesse et la présence toujours attentive d’André continuent de me manquer.

 

 

1346 : Caen tombe au début de la Guerre de 100 ans

Le 26 juillet 1346, a lieu un des événements marquants le début de la guerre de 100 ans entre la France et l’Angleterre : le siège de Caen.

Débarqué le 12 juillet à Saint-Vaast-la-Hougue, à la pointe du Cotentin, le roi Edouard III d’Angleterre est à la tête de 40 000 hommes d’armes. Après avoir conduit une chevauchée meurtrière de deux semaines en Normandie, il met le siège devant Caen. Son fils, le Prince Noir, prend l’abbaye aux Dames tandis que d’autres capitaines prennent l’abbaye aux Hommes (les deux grandes abbayes fondées par Guillaume le Conquérant) et s’installent dans les faubourgs de la ville.
En face, la garnison française ne compte même pas 5 000 hommes dont moins de 1 000 hommes d’armes. De plus, Raoul de Brienne, qui défend la ville, n’est pas d’accord avec les bourgeois sur la stratégie à adopter. Malgré ça, la résistance de la ville est acharnée. Toute la population participe farouchement à sa défense.

Le soir venu, seul le château de Caen (défendu, pour l’anecdote par Guillaume Bertrand, évêque de Bayeux) résiste encore. Edouard III est finalement vainqueur. Mais il est furieux d’avoir dû mener un « combat long et disputé » alors que la prise de la ville aurait dû être si facile.
Dans sa colère, il ordonne le massacre de toute la population et l’incendie de la cité. « Heureusement » un de ses compagnons parvient à le calmer en partie. Le roi ne donne finalement le droit à ses soldats de piller la ville « que » pendant trois jours.

Pendant qu’Edouard III se recueille sur la tombe de Guillaume le Conquérant, son ancêtre, ses hommes massacrent au moins 2 500 personnes, rançonnent les nobles et les bourgeois, violent les femmes, et accumulent assez de butin pour remplir une centaine de bateaux.
Ils repartent le 31 juillet pour la suite de leur chevauchée normande à l’exception de 1 500 d’entre eux. Aussitôt, la population se soulève et ils sont à leur tour massacrés par les défenseurs du château.

Ci-dessous :
– Illustration du siège de Caen dans les Chroniques de Jean Froissart, auteur inconnu, XVè siècle, manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale
– Plan de Caen, issu de François de Belleforest, La Cosmographie universelle de tout le monde. Paris, 1575.
Ce plan est largement postérieur au siège de Caen mais je ne résiste pas à l’envie de le poster pour vous donner une idée de la structure ancienne de la ville.

O tempora, o mores !

“Ô temps ! Ô mœurs !”
Je ne sais pas pourquoi, le grand feuilleton politique de l’été me donne envie de citer Cicéron aujourd’hui. Cette locution, O tempora, o mores ! se trouve dans son premier discours contre Catilina. L’orateur y fustige la décadence de son époque qui a oublié le “mos majorum”, les coutumes des ancêtres.
Cela dit, à titre personnel, je ne regrette pas les temps anciens, pas plus que je ne crois que le nouveau monde soit si différent de l’ancien…

Quant à Catilina, ce n’est pas une charmante jeune femme qui a repoussé les avances de Cicéron comme un camarade de classe l’a répondu un jour à notre professeur de latin :

“Pour résumer brièvement l’affaire, Catilina est un sénateur romain à la réputation sulfureuse : plus chef de bande qu’homme politique, il n’hésite pas à faire le coup de poing pour imposer ses idées. En 63 avant J.C., après avoir échoué à trois reprises à l’élection du consulat, Catilina renonce à emprunter la voie légale et opte pour la manière forte : il prend la tête d’une conjuration dont le but est d’éliminer une partie des hommes politiques (Cicéron inclus), de renverser le Sénat et de prendre le pouvoir. Cicéron, alors consul, apprend l’existence de ce complot et dénonce Catilina au Sénat – ce sont les “Catilinaires” en question. Catilina s’enfuit en Étrurie auprès de ses partisans, mais il est tué en 62 avant J.C. Les autres conjurés, restés à Rome, sont exécutés sur les ordres de Cicéron. Acclamé par le peuple, il sera pourtant condamné à l’exil quelques années plus tard, pour avoir fait assassiner sans procès des citoyens romains… ”

Extrait du blog La toge et le glaive : La toge et le glaive

Lord Dunsany

Vous ne connaissez sans doute pas cet écrivain irlandais né le 24 juillet 1878. Pourtant, Edward John Moreton Drax Plunkett 18è baron de Dunsany, est l’un des fondateurs majeurs de la fantasy moderne et surtout un des écrivains qui a le plus influencé Howard P. Lovecraft, avec Edgar A. Poe.

L’œuvre la plus connue de Dunsany, La Fille du roi des elfes, écrite en 1924 tient à la foi du conte merveilleux et de la fantasy épique. Mais une autre de ses compositions, Les Dieux de Pegāna de 1905, inspira au maître de Providence son Cycle onirique et ses Contrées du rêve.

Bref, Dunsany est un incontournable si vous aimez la « sword and sorcery » ou le fantastique teinté de mythologie.

Corne d’abondance glacée

Le 23 juillet 1904, Charles Menches, un vendeur de glace de l’Exposition universelle de Saint-Louis aux États-Unis, vit un drame personnel. Il n’a plus d’assiette pour servir ses glaces à ses clients. Mais soudain une idée jaillit dans son cerveau en panique. Il se tourne vers le pâtissier voisin, Ernst Hamwi, et lui achète un lot de ses fines et délicieuses zlabias, des sortes de gaufrettes. Il lui demande de les rouler en forme de cônes et les remplit de crème glacée. La « cornucopia » (du latin: corne d’abondance) ou cornet de glace vient de naître.
Le succès est immédiat. A tel points que d’autres vendeurs de glace de la foire et Ernst Hamwi lui-même, réclament le titre d’inventeur. Très vite, d’autres pâtissiers s’en mêlent aussi. Un New-Yorkais, Italo Marchioni, prétend même servir ses glaces dans des coupes comestibles depuis 1896 !
Aujourd’hui encore, on ignore qui fut le véritable inventeur des cornes d’abondance glacées mais une chose est sûre: elles rapportent chaque année plusieurs milliards d’euros/de dollars à leurs fabricants.
A titre indicatif, l’usine Nestlé de Beauvais produit à elle seule plus de 210 millions de cornets Extrême chaque année !

©Bruno Marielle/Vanessa Gault/Prismapix

« Belle vue. Magnifique désolation »

Le 20 juillet à 21h 56min 20s (heure de Houston), Neil Armstrong pose le pied sur la lune devant des centaines de millions de spectateurs.
19 minutes plus tard, Edwin « Buzz » Aldrin le rejoint. Ses premières paroles sont « Belle vue. Magnifique désolation ».
Les deux hommes ont quitté la terre le 16 juillet dans l’énorme fusée Saturn V avec Michael Collins, le pilote du module de commande qui doit rester en orbite lunaire (pas de chance !).
Leur séjour sur la lune dure finalement 21h 36 min dont 2h 30 min de sortie extravéhiculaire.
Tous reviennent sur terre sans difficulté majeure.
Leur mission, Apollo 11, est un grand succès. Dans le contexte de la Guerre Froide, elle entérine l’avance prise par les États-Unis sur l’URSS dans la course à l’espace.

ci-dessous :
– Buzz Aldrin sur le sol lunaire
– L’empreinte de Buzz Aldrin sur la lune.