L’actualité

Brennus et la bataille de l’Allia

Le 18 juillet 390 ou 387 avant Jésus-Christ a lieu un événement qui traumatise les Romains pour plusieurs siècles : la bataille de l’Allia, du nom de la rivière près de laquelle elle se déroule.

Là, à seulement une quinzaine de kilomètres de la Ville, les troupes du tribun consulaire Quintus Sulpicius Longus subissent une des pires défaites de l’histoire romaine face à l’armée gauloise de Brennus, inférieure en nombre mais beaucoup plus expérimentée.
Paniqués par les chants de guerre gaulois, surpris par l’assaut de leurs adversaires qui ont d’emblée déjoué leur tactique, les Romains se font massacrer. Ceux qui parviennent à fuir se noient en masse. Les survivants rejoignent une cité étrusque tout proche et renoncent à rentrer tout de suite à Rome.

La Ville est abandonnée aux Gaulois qui la mettent à sac à l’exception du Capitole qui résiste plusieurs mois avant de se rendre. Les survivants doivent s’humilier et payer une énorme rançon à leurs vainqueurs pour s’en débarrasser enfin.

Cet épisode du sac de Rome par les Gaulois donne lieu ensuite à l’invention de nombreux épisodes héroïques et est exagéré par la plupart des auteurs/historiens romains.
Trois cents ans plus tard, quand César part à la conquête des tribus gauloises, la mémoire de l’Allia est encore bien présente à Rome. Elle fait douter certains de la capacité du proconsul à triompher de ses adversaires et poussent les autres à espérer une revanche qui lave enfin leur humiliation.

Depuis, cette victoire gauloise contre les Romains et le sac de Rome qui a suivi n’ont pas cessé d’alimenter l’imaginaire français pour le pire et le meilleur.
Au XIXè siècle, l’image du barbare se teinte d’une connotation érotique comme on le voit dans le tableau de Paul Jamin ci-dessous. Mais, parallèlement, dans le cadre de l’affirmation de la nation française et de la lutte contre l’Allemagne, Brennus devient aussi un symbole nationaliste.
C’est tout naturellement donc qu’Alix part à la recherche de son épée dans les Légions perdues pour empêcher Pompée de s’en servir pour rallumer la guerre en Gaule (ce qui donne l’occasion à Martin de présenter Brennus et la prise du Capitole)
À notre époque encore, l’équipe victorieuse du championnat de France de Rugby reçoit en récompense le « bouclier de Brennus ». On dit souvent qu’il doit son nom du chef gaulois alors qu’il s’agit en fait simplement de celui de son créateur : Charles Brennus, un maître graveur du XIXè siècle passionné de sport.
Mais c’est beaucoup moins héroïque !

Morris

Né en décembre 1923, Maurice de Bevere dit Morris meurt à Bruxelles le 16 juillet 2001.

Dès 1943, il officie comme encreur au studio CBA, un studio belge de dessins animés avec Peyo, André Franquin…

Plus tard, il réalise des illustrations pour divers magasines puis, pour l’Almanach Spirou 1947, il crée le personnage qui le rend célèbre. Lucky Luke y apparaît dans Arizona 1880, une aventure dans laquelle il s’efforce de récupérer un chargement d’or volé pendant un trajet en diligence avec l’aide du déjà présent Jolly Jumper.
Cette même année, La Mine d’or de Dick Digger apparaît dans le magasine Spirou. La série est lancée et commence à paraître en albums deux ans plus tard.

Durant cette période, Morris apprend beaucoup au contact de Jijé. En 1948, il part avec lui et Franquin aux États-Unis. Ces derniers repartent en Europe dès l’année suivante, mais Morris passe six ans outre-Atlantique. Il travaille pour des magasine américains, illustre des livres pour enfants et fait la connaissance d’Harvey Kurtzman, le rédacteur en chef de Mad qui le marquera durablement.
Il fréquente aussi un autre jeune auteur rencontré grâce à Jijé : René Goscinny. Désireux de se consacrer au dessin, Morris finit par lui confier le scénario de Lucky Luke en 1955. Ils collaborent jusqu’en 1977 et la mort du scénariste.
En 1967, ils quittent Spirou et les éditions Dupuis pour Pilote et les éditions Dargaud.

Après la mort de Goscinny, Morris alterne les collaborations avec d’autres auteurs mais il reste fidèle à Lucky Luke et ne cherche pas à lancer d’autres séries.
Depuis 1947, les albums se sont vendus à plus de 300 millions d’exemplaires et ont été traduits en 20 langues.

 

Anne de Clèves

C’est sur la foi du portrait posté plus bas que le roi Henri VIII d’Angleterre – le Barbe Bleu local – choisit Anne de Clèves comme quatrième épouse en 1539. Hélas, le roi fut très déçu par leur première rencontre. Il jugea la jeune femme de 24 ans d’une beauté très moyenne.
Obligé néanmoins de l’épouser en janvier 1540 pour ne pas faire capoter son alliance avec sa famille, il fit annuler le mariage dès le mois de juillet suivant. Il n’avait jamais été consommé.
La reine accepta très facilement son sort: Henri avait 24 ans de plus qu’elle, pesait près de 150 kilos (alors que le surpoids commençait à être très dévalorisé), avait un ulcère nauséabond à la jambe, passait pour un amant brutal et avait déjà fait décapiter une de ses épouses pour la remplacer par une maîtresse morte depuis en couches…
Paradoxalement, par la suite, Anne de Clèves et Henri VIII gardèrent des rapports cordiaux voire affectueux. Elle lui survécut 10 ans.

C-dessous :
Anne de Clèves par Hans Holbein le Jeune, 1539, Musée du Louvre.

La Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence

Le 16 juillet 1949, la loi 49-956 créait la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence, qu’elles soient françaises ou étrangères.

Depuis, un seul éditeur a été condamné: Pierre Mouchot en 1961, pour avoir édité Big Bill le casseur. Il a écopé de 500 francs d’amende et d’un mois de prison.

En revanche, les publications sanctionnées n’ont pas manqué, y compris certaines devenues des classiques depuis :
– Le Piège diabolique d’Edgar P. Jacobs en 1962, « en raison des nombreuses violences qu’il comporte et de la hideur des images illustrant ce récit d’anticipation »
– Billy the kid, l’album de Lucky Luke, la même année, car Billy suce un révolver.
– La Griffe noire et les Légions perdues de Jacques Martin en 1965 car on voyait dans ces aventures d’Alix des allusions à la Guerre d’Algérie.
Et beaucoup d’autres…

Il faut dire qu’à la volonté de protéger la jeunesse contre les dérives d’auteurs jugés peu scrupuleux s’ajoutait à l’époque celle de protéger le marché français du livre jeunesse des incursions étrangères.

Les importations de comics furent donc aussi très surveillées.
Fantask, la revue de super-héros (Quatre fantastiques, Spiderman…) fut suspendue en 1969. Selon la Commission « Cette publication est extrêmement nocive en raison de sa science-fiction terrifiante, de ses combats de monstres traumatisants, de ses récits au climat angoissant et assortis de dessins aux couleurs violentes. Et l’ensemble de ces visions cauchemardesques est néfaste à la sensibilité juvénile. »
Cependant, dès l’année suivante, les super-héros américains étaient de retour dans Strange ou Marvel… sans couleur trop vive…

Tout cela peut sembler lointain mais la Commission existe toujours.

Depuis 2011, la règle est que les publications jeunesse “ne doivent comporter aucun contenu présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou lorsqu’il est susceptible d’inciter à la discrimination ou à la haine contre une personne déterminée ou un groupe de personnes, aux atteintes à la dignité humaine, à l’usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes, à la violence ou à tous actes qualifiés de crimes ou de délits ou de nature à nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral de l’enfance ou la jeunesse. Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démoraliser l’enfance ou la jeunesse.”

La Mort de Marat

Je prends prétexte de l’anniversaire de l’assassinat de Marat, le 13 juillet 1793, par Charlotte Corday, pour poster le fameux tableau de Jacques Louis David.

Le peintre, révolutionnaire convaincu et proche de Robespierre, admire Marat et le connaît personnellement. Il est même l’un des derniers à l’avoir vu vivant et c’est lui qui organise ses funérailles.

Il représente ici le journaliste mourant sereinement, une lettre de Charlotte Corday encore en main. On le voit prenant un de ses bains curatifs au souffre (pour apaiser un grave eczéma ?), la tête enveloppée d’un tissu imbibé de vinaigre pour apaiser ses migraines.

Par ce tableau, David transforme l’ « Ami du peuple » en véritable martyr de la Révolution. Il idéalise sa mort, lui donne valeur de symbole et la place directement à côté de celle des héros de l’Antiquité qu’il illustrait avant 1789.

ci-dessous :

Jacques-Louis David, La Mort de Marat (1793), musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Naissance de Jules César

On ne connaît pas exactement la date de naissance de César ou plutôt de Caius Julius Caesar IV. En général, on la place le 12 ou le 13 juillet 100 ou 102 av. J.-C.

Contrairement à ce que l’on dit souvent, sa mère, Aurelia Cotta, n’accoucha pas par césarienne. Dans l’Antiquité, on ne pratiquait cette opération que sur les mères mortes ou mourantes car on savait pas alors comment éviter le décès de la parturiente.

Son père, Caius Julius Caesar III, appartenait à une famille patricienne mineure. Il ne dépassa pas le rang de préteur, de magistrat chargé de rendre la justice à Rome. Il mourut subitement en mettant ses chaussures en 92 av. J.-C.
Le petit Caius grandit dans une insula, un immeuble, du quartier de Subure, le quartier le plus mal famé de Rome.

Il était donc a priori destiné à faire une carrière de magistrat honorable mais pas exceptionnelle. Accéder au consulat, comme le fit un frère de son père, aurait déjà dû être un combat pour lui. Les guerres civiles en décidèrent autrement.

Plus tard, pour pallier à une ascendance qu’il jugeait sans éclat, César se proclama le descendant de Iule, fils du Troyen Énée, lui-même fils de Vénus.
Celui qui réussit à devenir dictateur perpétuel de Rome et désira peut-être en devenir le roi, ne pouvait que descendre des dieux !

Ci-dessous : Jules césar par Thierry Démarez pour le tome 3 d’Alix senator premium, éditions Casterman.

Moi, Jeanne d’Arc dans les matinales de France Culture

Les 7 et 8 août prochain, vous pourrez m’entendre ainsi que Jeanne Puchol vous parler de notre sorcière bien aimée dans la Grande Traversée, l’émission estivale de France Culture diffusée de 9h à 11h et de 22h à minuit.

Notre interview commune sera diffusée dans le cadre des émissions consacrées à “Jeanne d’Arc, une rencontre ” du 6 au 10 août.
Nous participons à l’épisode 2 : l’âme de Jeanne, et l’épisode 3 : Jeanne de fer.

Nikola Tesla

Le 10 juillet 1856 naissait dans l’Empire d’Autriche un scientifique très cher à la culture populaire: Nikola Tesla.
Naturalisé américain, ce sont ses travaux dans les domaines de la mécanique et surtout de l’électricité qui l’ont rendu célèbre.

Après avoir travaillé un temps avec Thomas Edison et s’être fâché avec lui au point de démissionner en 1885, Tesla tenta de développer lui-même les brevets qu’il avait déposés. Après quelques échecs, il rejoignit George Westinghouse, le grand rival d’Edison, qui finança à son tour ses découvertes. Ils se firent les tenants du courant alternatif contre Edison, fervent défenseur du courant continu.
Pour contrer leurs avancées dans l’esprit du public, ce dernier développa une chaise électrique utilisant le courant alternatif. Il espérait convaincre ainsi que celui-ci était très dangereux.
Mais, il échoua et, finalement, en 1893, Westinghouse fut chargé de construire tout le réseau électrique des Etats-Unis. Le courant alternatif avait vaincu. Hélas Westinghouse, comme Edison, était au bord de la faillite. Tesla dut abandonner l’espoir de royalties à la hauteur de son succès et lui vendit tous ses droits et brevets.

Par la suite, Tesla continua à inventer. Il fut à l’origine de plus de 300 brevets mais mourut tout de même dans la pauvreté en janvier 1943.

Sa créativité débridée, tout comme son sens de la mise en scène, l’avait rendu très populaire à son époque. Il tomba ensuite dans l’oubli avant de devenir un personnage récurrent dans les récits steampunks. Ils exaltent ses inventions et en font parfois un véritable « savant fou ».
Dans le Prestige (1995), le romancier Christopher Priest imagine ainsi que Tesla invente une machine permettant à un magicien de se téléporter. Mais la machine a un défaut et crée une copie de son utilisateur…
En 2003, Tesla devient même une marque quand Martin Eberhard et Marc Tarpenning, qui seront rejoints l’année suivante par Elon Musk, donne son nom à leur entreprise de voitures électriques.
Désormais, quand on tape « tesla « sur un moteur de recherche, c’est l’image d’une grosse berline électrique qui apparaît. L’invention a dépassé l’inventeur en quelque sorte.