Alix classique rencontre Alix senator

Avant d’être un respectable sénateur, Alix a commencé sa carrière en jeune héros plein de fougue et avide de justice. La série classique n’a jamais cessé de paraître et je me suis dit que ce serait un exercice passionnant de la faire se croiser avec Alix Senator, bien qu’elles se passent à des décennies d’écart. J’ai donc proposé aux héritiers de Jacques Martin et aux éditions Casterman de commencer une histoire dans Alix classique, et de la finir dans Alix Senator.

C’est l’occasion d’écrire mon premier Alix classique. Cette première partie du diptyque, avec le jeune Alix donc, est en train d’être réalisée par un dessinateur nouveau dans le péplum : Chrys Millien. Vous pouvez découvrir ci-dessous ses premières cases avec le duo de héros et Brutus, leur compagnon pour l’occasion. Cet album s’appelle “L’Œil du minotaure”. Il sortira le 10 novembre 2021. Il a une vraie fin et peut se lire seul.


Mais, si vous en voulez plus, vous pourrez retrouver notre Alix plus âgé pour la suite de cette histoire dans le Alix senator 13 qui sortira en 2022. “L’Antre du minotaure” sera comme toujours dessiné par Thierry Démarez et mis en couleur par Jean-Jacques Chagnaud. C’est aussi une histoire complète qui pourra se lire sans connaître la série classique et s’intégrera normalement à la série Alix senator, comme si de rien n’était.

Vous le devinez, réussir ce double récit à suivre mais pas à suivre est un sacré challenge, mais sinon, où serait le plaisir ?

Abymes et l’École des Chartes

C’était en 1998 dans les locaux de la Sorbonne. J’avais les cheveux rouges, je soutenais ma thèse d’archiviste paléographe et je ne savais pas encore que j’allais devenir scénariste de Bande Dessinée. Toute une époque ! 🙂
Des années plus tard, j’ai raconté cette soutenance (ou presque) dans le tome 3 d’Abymes réalisé avec Denis Bajram.
Et voilà qu’une case de cette page se retrouve aujourd’hui dans le livre publié par l’École des Chartes, « mon » école et surtout celle des conservateurs d’archives, de bibliothèques et de musées pour fêter son bicentenaire. La boucle est bouclée.

Tibère et Agrippa Postumus

Tibère, fils de Livie et successeur d’Auguste, est né à Rome le 16 novembre 42 avant notre ère.

Vous le voyez ci-dessous en buste ainsi que dans une page du tome 3 d’Alix senator. Elle parle d’une autre naissance, celle d’Agrippa Postumus, dernier petit-fils d’Auguste et donc futur rival de Tibère au trône impérial. Inutile de dire que le nourrisson devenu jeune homme fut éliminé dès la mort de son grand-prêtre, peut-être sur l’ordre de celui-ci qui ne l’aimait pas ou bien sur celui de Tibère et Livie qui voulaient assurer leur tranquillité future.

 

Khorsabad

Après le désastre de Carrhes, Alix est emmené comme esclave à Khorsabad. Ce n’est pas une cité inventée par Jacques Martin mais une vraie ville antique disparue.

Appelée plus justement aujourd’hui Dur-Sharrukin, la « Forteresse de Sargon », elle était située au nord de l’Irak actuel et avait été fondée par un peuple beaucoup plus ancien que les Parthes : les Assyriens.

Extrait de l’Esclave de Khorsabad, Alix senator 11, éditions Casterman

Malgré son nom, Dur-Sharrukin était une vraie ville destinée à devenir la capitale de son créateur, Sargon II. Murailles, palais royal, temples, ziggourat, maisons avaient été construits très rapidement : de 717 à 705 avant notre ère. Le roi avait financé ce chantier colossal en obtenant des prêts de ses dignitaires, en vendant une partie du Trésor royal et… en pillant en 714 le temple de la cité sainte de Musasir. Il s’était même vanté d’en avoir ramené plus de trois cent mille objets de valeur et plusieurs tonnes de métal précieux ! Bien sûr, ce qu’il en a fait dans L’Esclave de Khorsabad, le tome 11 d’Alix senator, est une invention de ma part.

Malheureusement pour lui, Sargon mourut mystérieusement peu après l’inauguration de sa ville. Son fils, Sennachérib, ne s’y intéressa pas. Il préféra s’installer à Ninive, une cité toute proche, beaucoup plus ancienne et prestigieuse. La ville fondée par Sargon ne se développa donc jamais vraiment. Elle fut sans doute été abandonnée dès 612, quand le royaume assyrien s’effondra.

Marcus Licinius Crassus

Né vers 115 av. J.-C., Crassus est le général romain qui entraîne Alix et son père dans la calamiteuse bataille de Carrhes. Considéré comme l’homme le plus riche de Rome, il est aussi un des principaux hommes politiques de la fin de la République.

Sa carrière commence pendant la seconde guerre civile (de – 82 à – 81) dans laquelle il prend le parti du futur vainqueur, Sylla. Mais c’est 10 ans plus tard, au moment de la révolte de Spartacus, que Crassus se fait remarquer.

Crassus contre Spartacus

Chargé par le Sénat de mettre fin à la rébellion, le général coupe l’armée des esclaves de son ravitaillement puis l’empêche de fuir en Sicile. Après quelques déboires, il obtient une victoire totale sur ses adversaires. Plus de 60 000 sont tués. 6 000 autres sont crucifiés le long de la Via Appia. Crassus espère obtenir le triomphe pour sa victoire, mais on ne lui accorde que l’ovation. Or, au même moment, Pompée, revenu d’Hispanie où il a écrasé une autre révolte menée par un général romain, reçoit, lui, le triomphe. C’est le début d’une inimitié grandissante entre les deux hommes. Cela ne les empêche pas de devenir des alliés politiques objectifs. Ils partagent le consulat en – 70. Puis, en – 59, ils s’allient à l’autre homme fort du moment, César, pour former le premier triumvirat et dominer la République romaine.

Le Fils de Spartacus, extrait pg 25, Jacques Martin, éditions Casterman

Crassus contre les Parthes

En – 55, Crassus devient une seconde fois consul. L’année suivante, il gagne la province syrienne qu’il doit diriger. Mais sa jalousie envers Pompée l’incite à vouloir lui aussi se couvrir de gloire. Il entreprend donc une grande campagne contre l’empire parthe. Elle se termine en juin 53 avec le désastre de Carrhes. Plus de 20 000 soldats romains et alliés y perdent la vie. Au moins 10 000 sont faits prisonniers. Crassus lui-même est tué lors d’une entrevue en vue d’un armistice avec les Parthes, deux jours plus tard. Il laisse César et Pompée face à face et prêts à commencer une nouvelle guerre civile pour le pouvoir.

La mort de Crassus

L’historien Dion Cassius évoque avec réserve ce qui aurait pu être les derniers instants de Crassus. Comme sa soif d’or était fameuse à Rome comme dans l’empire parthe, son vainqueur, le général Suréna aurait fait couler de l’or fondu dans sa bouche en lui disant : « Rassasie-toi de ce métal dont tu es si avide ! ». L’horreur de ce châtiment le fit ensuite entrer dans la légende. Mais, il est plus probable que le général romain mourut pendant une bousculade entre ses hommes et les Parthes. Il fut peut-être même tué par ses propres lieutenants qui redoutaient l’humiliation qu’aurait constitué sa captivité pour la République.

Tête de Crassus, 1er avant notre ère, trouvée en Italie, exposée au Louvre

La bataille de Carrhes

Le 9 juin 53 avant notre ère a lieu la bataille de Carrhes, une des plus importantes de la fin de la République romaine puisqu’elle débarrasse César et Pompée de leur rival Crassus mais aussi une bataille fondatrice pour le futur sénateur Alix. Son père, Astorix, y participe et c’est suite à sa disparition que son fils devient esclave en Orient et que débutent ses aventures comme je le rappelle dans le tome 11 d’Alix senator, L‘Esclave de Khorsabad.

Tout ou presque a commencé l’année précédente quand Caius Licinius Crassus a été nommé gouverneur de Syrie. C’est le troisième homme du triumvirat qui se dispute le pouvoir à Rome et il compte bien profiter de la situation pour se couvrir de gloire et d’argent et l’emporter à terme sur César et Pompée.

Il commence par s’en prendre à Antioche puis à Jérusalem dont il pille le Temple, puis il s’engage dans une grande campagne contre les Parthes avec une armée de plus de 40 000 hommes.

La bataille principale a lieu à Carrhes contre le général Suréna, ses 9 000 archers montés et ses 1 000 cataphrates, sa cavalerie lourde. Les Romains, qui ont sous-estimé la puissance des archers parthes, sont progressivement acculés et enfoncés par les cavaliers. Trahis par les alliés qui formaient leur arrière-garde, ils finissent par paniquer et endurent des pertes très lourdes. Le fils de Crassus essaie bien de lancer sa propre cavalerie (dont la troupe gauloise dont fait partie Astorix dans la fiction) contre les Parthes mais il est finalement encerclé et massacré. La bataille est un désastre pour les Romains.

Crassus est même tué quelques jours plus tard pendant une entrevue avec Suréna qui dégénère. Puis, selon la légende, le général parthe fait couler de l’or fondu dans la bouche du cadavre pour se moquer de sa soif insatiable de richesses.

Au total, plus de 20 000 membres de l’armée romaine ont été tués et 10 000 réduits en esclavage. On ignore le sort de la plupart des autres. On sait seulement que seuls 300 des 40 000 hommes partis de Syrie y retournèrent sains et saufs. La plupart sont des Gaulois comme Iorix et les siens qu’Alix devra plus tard ramener en Gaule.

L’expansion romaine à l’est est arrêtée nette mais Suréna ne profite pas longtemps de sa victoire. Le jugeant sans doute dangereux après un tel succès, son propre roi, Orodès II, le fait rapidement exécuter.

Finalement, les seuls à profiter vraiment de la bataille de Carrhes sont César et surtout Pompée. Ils se retrouvent face à face à Rome. Leur duel à mort peut commencer.

 

Vous pouvez lire aussi l’article sur la cité de Khorsabad.

Alix senator 11 est sorti

C’est le grand jour : le tome 11 d’Alix Senator, l’esclave de Khorsabad, sort ce mercredi en librairie. Directives gouvernementales obligent, il sera disponible à l’achat uniquement en ligne et en “click and collect”. Bon, vous imaginez bien que j’aurais préféré que ce soit différent, mais il va falloir faire avec.

Comme pour les autres albums, vous trouverez des compléments historiques sur les lieux fréquentés par le sénateurs et les nouveaux personnages qu’il rencontre sur le site www.alixsenator.com

J’espère que vous aurez autant de plaisir à lire le tout que Thierry, Jean-Jacques et moi en avons eu à faire cet album.

Osamu Tezuka

L’an passé, j’ai eu le grand plaisir de participer à un hommage au grand mangaka Osamu Tezuka. J’ai écrit une histoire courte sur le thème de la Vie de Bouddha avec Brice Cossu au dessin. Elle a été publiée au Japon. J’espère qu’elle le sera un jour en France.
En attendant, laissez-moi vous présenter le maître Osamu Tezuka lui-même.
Il est né le 3 novembre 1928 naissait à Toyonaka et, comme son père possédait un projecteur de film, il eut accès très jeune aux films de Charlie Chaplin et à ceux de Walt Disney. Il fut particulièrement marqué par Bambi et cela influença ensuite grandement son style graphique.

Il commença aussi à dessiner dès l’enfance et publia ses premiers mangas dès 1946. Il continua tout en entamant des études de médecine à l’université d’Osaka. Dès 1947, il rencontra son premier succès avec La Nouvelle Île au trésor réalisée en collaboration avec Shichima Sakai. Ils en vendirent plus de 400 000 exemplaires.

En 1952, Tezuka créa Astro Boy qui fit rêver des générations d’enfants tout autour du monde :

Pour répondre aux impératifs de productivité du manga, Tezuka alla s’installer à Tokyo en 1953 à la villa Tokiwa. Il s’y entoura de toute une équipe de dessinateurs qui l’assistaient dans ses planches: ils cherchaient la documentation, faisaient les décors, les trames…

Huit ans plus tard, Tezuka fonda des studios d’animation : Mushi production. Cette indépendance lui permit d’innover autant qu’il le voulait et de développer des courts métrages expérimentaux comme Tableaux d’une exposition en 1966. Parallèlement, Tezuka adapta ses manga en dessins animés. Astro Boy devint en 1963 la première série animée à diffusion hebdomadaire. Deux ans plus tard, Le Roi Léo fut une des premières séries en couleurs.
Malheureusement, les studios Mushi firent faillit en 1973. Tezuka dut fonder une nouvelle société : Tezuka Productions.

Il continua à dessiner jusqu’à sa mort le 9 février 1989 à Tokyo. « Dieu du manga », il reçut des funérailles nationales.

Au total, Tezuka et ses studios réalisèrent plus de 700 œuvres originales, plus de 170 000 pages dessinées et environ 70 séries animées, longs et courts métrages d’animation.
Ils abordèrent un grand nombre de thèmes historiques, fantastiques et même religieux (La Vie de Bouddha). Ils publièrent autant pour le jeune public que pour les adultes. L’Histoire des 3 Adolfs ou Ayako sont autant de fictions dramatiques sur les errements des hommes pendant et après la Seconde Guerre Mondiale.

Plus de 120 millions mangas ont été vendus depuis la mort de Tezuka.

Hors du Japon, ses œuvres connurent également un grand succès, même si les réticences, si ce n’est les oppositions furent nombreuses. Disney s’opposa ainsi longtemps à la diffusion des séries animées du mangaka par crainte de la concurrence qu’elles représentaient pour ses propres productions.
En France, les séries animées Astro mais aussi Princesse Saphir et Le Roi Léo furent diffusées seulement dans les années 80. Quelques mangas furent aussi publiés à cette époque mais dans une indifférence assez générale. Il fallut attendre les années 2000 pour que les traductions se multiplient et connaissent une diffusion plus importante.

Parution Alix senator maintenue

Amis lecteurs, vous avez été plusieurs à me poser la question ces derniers jours et je peux enfin vous répondre : le tome 11 d’ Alix Senator sortira bien mercredi prochain 4 novembre. Vous pourrez l’obtenir en “click and collect” chez votre libraire préféré en version classique ou premium comme d’habitude.

L’ironie de l’histoire, vous verrez, c’est qu’Alix se trouve lui aussi confiné dans cet épisode mais volontairement : il s’est enfermé lui-même dans les ruines de l’antique palais de Khorsabad pour échapper à une terrible menace… que je vous laisse découvrir dans l’album.

Alix l’Intrépide offert avec L’Esclave de Khorsabad

Le 4 novembre prochain, le tome 11 d’Alix Senator, L’Esclave de Khorsabad sort en librairie… avec l’album Alix l’intrépide en cadeau.

Si vous êtes lecteur de la série originelle, ça ne vous surprendra pas. Vous avez dû reconnaître d’emblée une allusion aux toutes premières aventures d’Alix dans le titre du prochain album du sénateur. Les deux livres sont bien liés, un peu comme La Forêt carnivore était liée aux albums d’Alix sur Alésia et Vercingétorix. Une deuxième (et dernière) fois, le sénateur revient sur les traces de son passé.

Bien sûr, ne pas connaître le premier épisode de sa longue histoire ne vous empêcherait pas d’apprécier le retour d’Alix à Khorsabad. Mais pourquoi s’en priver ?