Fête des pères : Silène et Dionysos

Fils de Zeus, le roi des dieux grecs, et d’une mortelle, le jeune Dionysos, le futur dieu de l’ivresse et de tous ses excès, était menacé par Héra, l’épouse jalouse et délaissée de son père. Elle avait coutume de punir sauvagement toutes ses rivales ainsi que leur progéniture.

Pour protéger le bébé, Zeus le confia à Silène, un satyre, plus connu pour son goût de la musique et de la danse que pour son amour des enfants. Pourtant, Silène s’attacha au petit dieu et devint le modèle du père adoptif protecteur et aimant.

Plus tard, Silène et Dionysos restèrent inséparable : le satyre devenu la personnification de l’ivresse prit la tête du cortège divin. Vieillard burlesque et constamment ivre, il est aussi un personnage toujours de bonne humeur et bienveillant (ceci explique peut-être cela, vous me direz).

Ci-dessous : Silène avec Dionysos enfant. Marbre, copie romaine du milieu du IIe siècle ap. J.-C. d’un original grec (vers 300 av. J.-C.), conservée aux musées du Vatican (Museo Chiaramonti, Braccio Nuovo)

© Jastrow

Nefertari dans le métro

La grande épouse royale de Ramsès II dans le métro parisien, on aura tout vu ! Pourquoi pas un dieu à tête de faucon, aussi ?
Ci-dessous : extrait de « Nefertari », histoire courte réalisée par Raymond Poïvet (17 juin 1910 – 30 août 1999) et parue dans le n°23 de l’Echo des savanes, du deuxième trimestre 1976.

Le récit complet (11 pages) peut être lu ici : Raymond Poïvet sur BDZoom 2

Et la première partie de l’article pour (re)découvrir Poïvet : Raymond Poïvet sur BDZoom 1

 

Néron enfant

Et si vous pouviez remonter le temps et tuer Néron avant qu’il ne devienne empereur le feriez-vous ?

Photo © Scailyna

Statue de Néron enfant réalisée vers 50 après J.-C. et conservée au Louvre.
Néron est né en 37. En 50, il est adopté par l’empereur Claude, remarié depuis deux ans avec sa mère, Agrippine la Jeune.
Néron est ici représenté en taille réelle ou proche (1,38 m). Il porte encore la toge prétexte des enfants libres ainsi que la bulla, un pendentif rempli d’amulettes protectrices.

Sinon, ah oui, Néron est mort le 9 juin 68, c’est pour ça que je vous montre cette statue aujourd’hui.

La peste de Marseille en 1720

Le 25 mai 1720, le Grand-Saint-Antoine, un navire de commerce revenant de Syrie, arrivait au port de Marseille. Hélas, il ne ramenait pas seulement une cargaison d’étoffes précieuses valant plus de 100 000 écus. Il apportait avec lui une des maladies les plus meurtrières de l’Histoire : la peste.

Illustration tirée du Guide sanitaire des gouvernemens européens, ou Nouvelles recherches sur la fièvre jaune et le choléra-morbus : maladies qui doivent être considérées aujourd’hui comme identiques… par Louis-Joseph-Marie Robert, 1826.

 

La peste était bien connue depuis la grande épidémie de 1347 qui avait coûté la vie à un tiers de la population de l’Europe. Les navires commerçant avec le Levant étaient donc censés respecter d’importantes règles sanitaires pour empêcher une nouvelle propagation en Occident. Mais, en 1720, à Marseille, ces mesures de sauvegarde ne furent pas respectées.

Ainsi, tous savaient sur le Grand-Saint-Antoine qu’ils ramenaient le mal avec eux. Plusieurs passagers étaient déjà morts en mer lorsque le bateau accosta à Livourne à Italie. Là, le médecin du port lui en refusa l’entrée, mais il accorda pourtant au capitaine un certificat affirmant que les décès étaient dus à la fièvre et non à la peste. Muni de ces précieux papiers, le navire put donc se présenter à Marseille. Comme plusieurs personnes étaient mortes à bord, il dut mouiller un peu à l’écart. Mais, dès le 3 juin, les ballots d’étoffe furent débarqués, sans doute sous la pression des commanditaires de l’expédition. On pense ainsi que Jean-Baptiste Estelle, premier échevin de Marseille, tenait à vendre sa part des marchandises à la foire de Beaucaire qui se tenait à ce moment-là.

En tout cas, ce fut le début de la contamination de la ville : le premier cas de peste fut déclaré le 20 juin. Mais l’annonce officielle de la maladie par les autorités n’eut lieu que plus d’un mois plus tard, le 31 juillet, alors qu’elle s’était déjà fortement répandue. Une partie de la population s’enfuit alors de la cité répandant l’épidémie dans toute la Provence. Plus de la moitié de la population de Toulon en fut victime par exemple. Pendant ce temps, à Marseille même, plus de 1 000 personnes moururent tous les jours de septembre.

À la fin de ce mois, le Grand-Saint-Antoine et sa cargaison furent enfin brûlés tandis qu’on commençait à établir des lignes sanitaires autour des zones contaminées. Il était interdit d’y entrer et d’en sortir, sauf à présenter des « billets de santé » en règle.

La contagion fut ralentie par l’hiver et les mesures de désinfection commencèrent : on brûla vêtements et mobilier, on nettoya les rues, on fit des fumigations dans les maisons pour, pensait-on, purifier l’air. On finit aussi d’exterminer tous les animaux qu’on pensait vecteurs de la maladie comme les chiens.

Au printemps, les mesures de d’isolement s’amplifièrent : les cordons sanitaires furent élargis et on construisit le fameux « mur de la peste » de Monieux à Cabrière, relayé dans la plaine par un large fossé ou d’imposantes barrières jusqu’à la Durance. Grâce à ces mesures, la peste ne se répandit finalement pas ailleurs en France et elle finit par disparaître à la fin de 1722. En 1723, le port de Marseille put même ouvrir à nouveau.

Au total, cette peste due à un non-respect des règles sanitaires pour des raisons sans doute économiques put finalement être contenue. Mais ce ne fut qu’au prix de trop nombreuses victimes : on décompte entre 90 000 et 120 000 morts en Provence sur seulement 400 000 habitants environ.

Dracula : extrait pour l’anniversaire de la mort de Bram Stocker

” Le clair de lune était si éclatant que sa lumière, passant par les jalousies jaunes, suffisait à éclairer la pièce. Sur le lit près de la fenêtre gisait Jonathan Harker, le visage congestionné, la respiration pénible, comme s’il était en était d’hypnose. Agenouillée à l’autre bout du lit, le plus près de nous, la silhouette blanche de sa femme. A coté d’elle se tenait un homme, grand, mince, tout habillé de noir. Bien que nul ne vît son visage, nous reconnûmes immédiatement le comte. De la main gauche il tenait les deux mains de Mrs. Harker et les écartait le plus possible du corps ; de la main droite, il lui avait saisi le cou, obligeant son visage à se pencher sur sa poitrine. La chemise de nuit était éclaboussée de sang et un mince filet rouge coulait sur la poitrine dénudée de l’homme. La scène présentait une terrible ressemblance avec une scène plus familière – par exemple un enfant que l’on oblige à avaler un brouet qu’il n’aime pas. Comme nous faisions irruption dans la pièce, le comte tourna la tête, et son visage prit cette expression diabolique dont les autres m’avaient déjà parlé. Les yeux brûlaient d’une terrible passion ; les énormes narines du nez aquilin s’ouvrirent davantage encore et palpitèrent ; les dents blanches et aiguës comme des dagues, derrière les lèvres dégoutantes de sang, claquèrent comme celles d’un fauve.”

Dracula (1897), Bram Stocker (8 novembre 1847 – 20 avril 1912)

Traduction de Ève et Lucie Paul-Margueritte

 

Les Piliers de la création

Histoire de s’évader un peu voici les « Piliers de la création », des colonnes de poussières interstellaires prises en photo le 1er avril 1995 par le télescope spatial Hubble. Pour vous donner une idée de leur taille, le Pilier de gauche est grand comme plus de trois fois le diamètre de notre système solaire.

Auteurs de la photo : Jeff Hester et Paul Scowen de l’Université de l’Arizona. Image composée de 32 photos prises par Hubble.

L’image est très spectaculaire surtout dans la version haute définition de 2014-2015 que je vous montre ci-dessus. Mais j’avoue la trouver encore plus sublime car ces Piliers, situés à plus de 7000 années-lumière de nous, ont sans doute été détruits par l’explosion d’une supernova il y a plus de 6 000 ans. C’est-à-dire que nous les admirons tels qu’ils étaient mille ans avant leur destruction et que l’image de celle-ci ne parviendra à nos descendants que dans mille ans.
Ça donne le vertige 🙂

Louise Michel

Demain 18 mars, nous commémorerons les 150 ans du début de la Commune de Paris. De très nombreuses femmes y participèrent. La plus connue reste toujours Louise Michel.

Louise Michel, photo prise à la prison des Chantiers de Versailles en 1871, Musée Carnavalet. Elle est ici désignée comme incendiaire et pas encore comme “pétroleuse”, nom que donneront leurs détracteurs aux Communardes.

Depuis 1871, Louise Michel est devenue une sorte de mythe: un idéal féminin radical pour la gauche et une furie hystérique et dénaturée pour la droite. Derrière ces légendes, se cache une personnalité aussi forte qu’iconoclaste.

Institutrice pendant le Second Empire, Louise Michel expérimenta de nouvelle méthodes pédagogiques tout en se proclamant républicaine et en fréquentant les cercles les plus actifs de l’opposition à l’empereur.

Durant la Commune, elle participa au Comité de vigilance des femmes de Montmartre et présida souvent les réunions du Club de la Révolution. Elle écrivit aussi des articles pour Le Cri du peuple, le journal de Jules Vallès et combattit même aux côtés du 61e bataillon de la Garde Nationale.

Arrêtée durant la Semaine sanglante, elle fut condamnée à la déportation et resta sept ans en Nouvelle-Calédonie. Elle y étudia les Kanaks en ethnographe. Elle traduisit leurs mythes et leurs poèmes. Pendant la révolte de 1878, elle n’hésita pas à choisir le parti des colonisés.

Libérée, elle commença à voyager en France et jusqu’en Algérie où elle tint de nombreux discours mettant en avant ses convictions féministes, anarchistes et anti-impérialistes. Elle les diffusa aussi par de nombreux romans, pièces de théâtre ou poèmes engagés.

La mort de Tibère

Le 16 mars 37 de notre ère, l’empereur Tibère mourut à Misène en Campanie. Vivant depuis longtemps isolé dans l’île de Capri, il désirait rejoindre Rome pour y rendre son dernier soupir, mais il n’en eut pas le temps. Comme il était très impopulaire, le peuple se réjouit beaucoup de sa mort et surtout de l’avénement de son successeur, un tout jeune empereur qui promettait beaucoup : Caligula.

Beaucoup de rumeurs coururent à l’époque sur les raisons de la mort de Tibère et les historiens émirent ensuite des hypothèses encore plus nombreuses. Évidemment, l’empereur, âgé de 77 ans, est peut-être tout simplement mort de vieillesse ou de maladie. Mais un tel tyran méritait bien une fin un peu plus cruelle et romanesque.

Suétone raconte que Caligula le fit lentement empoisonner, voire le fit mourir de faim, à moins qu’il n’ait donné l’ordre de l’étouffer avec un coussin. Pour Dion Cassius, c’est le jeune homme lui-même qui étouffa son grand-oncle. Il faut dire que le vieillard avait fait mourir de faim la mère de Caligula et avait peut-être aussi trempé dans le décès prématuré de son père.

Jean-Paul Laurens nous montre ci-dessous encore une autre version de la mort de Tibère, celle de Tacite. Selon lui, c’est son préfet du prétoire, un certain Macron, qui l’aurait achevé dans son lit.

La Mort de Tibère, Paul Laurens, 1864, Musée Paul-Dupuy, Toulouse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Mort de Tibère, par Jean-Paul Laurens, 1864, musée Paukl-Dupuy, Toulouse.

César et Brutus dans le prochain Alix

Pour commémorer dignement les ides de mars, le 15 mars dans le calendrier romain, voici un nouvel extrait du prochain Alix que je scénarise avec César et Brutus en guest stars.
Vous retrouverez la totalité de leur rencontre dans L’Œil du Minotaure le 10 novembre prochain.