Un curieux vient de me demander si le mot « canicule » avait un rapport avec « canis », le chien en latin. Eh bien oui.
« Canicula » est le diminutif féminin de « canis », cela veut dire littéralement « petite chienne ». Depuis le 1er siècle avant Jésus-Christ, les Romains nomment ainsi l’étoile Sirius qui fait partie de la constellation du Grand Chien.
En Europe, « Canicula » se lève et se couche en même temps que le soleil entre le 24 juillet et le 24 août. Les savants de l’Antiquité ont donc fait très tôt le rapprochement entre ces mouvements de l’étoile et la venue des grandes chaleurs.
Pline l’Ancien écrit ainsi dans son Histoire Naturelle : « Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l’ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent à son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s’agitent. Les chiens aussi sont plus exposés à la rage durant tout cet intervalle de temps ; cela n’est pas douteux. »
A la suite des savants, les poètes férus d’astronomie reprennent le motif de la canicule et de ses conséquences néfastes dans leurs vers. Horace parle même de « la rouge Canicule qui fera éclater les muettes statues ».
Pour contrer cette calamité estivale, une seule solution est alors proposée : sacrifier des chiennes rousses lors de la fête de l’Augurium canarium.
Ci-dessous, des chien.ne.s roux.sses qui n’ont rien de romain.e.s mais que j’ai trouvés mignon.ne.s. (La prochaine fois, je fais un article en rapport avec les chatons… ou les pandas…)
Voici le folio du mois d’août des Très Riches Heures du duc de Berry. Comme je vous l’expliquais le 1er juillet, ce livre d’heures contient un calendrier avec tous les rites chrétiens annuels. Commandé par Jean de Berry (1340 – 1416), il ne fut terminé qu’après sa mort vers 1485-86.
La page dédiée à août montre à l’arrière-plan le château d’Étampes (Essonne) dont le donjon ou tour de Guinette est toujours debout de nos jours. Le duc de Berry l’acheta à la mort du comte d’Etampes et l’offrit au mari de sa petite-fille. Une interprétation fait donc des personnages nobles du premier plan le duc et ses petits-enfants. Mais cette identification est très discutée.
Derrière ces figures aristocratiques, on voit des paysans se livrant aux travaux des champs ou se baignant dans une rivière. Leur nudité est parfois interprétée comme une manière de les montrer comme des êtres vulgaires et grossiers. On aurait alors une opposition claire entre les nobles et les paysans qui serait un reflet de l’idéologie du commanditaire du livre d’heure. Jean de Berry idéaliserait les aristocrates mais mépriserait les paysans.
Il y a huit ans, nous quittait un auteur pour qui j’ai toujours une particulière affection : André Geerts.
D’abord auteur de dessins humoristiques, il publie dans divers journaux ainsi que dans le magazine Spirou. Pour lui, André réalise aussi des histoires complètes.
Puis, en 1983, il crée la série à laquelle il va se consacrer ensuite presque totalement: Jojo. Toute en poésie et en tendresse, elle connaîtra 18 albums avant de s’éteindre avec son créateur en 2010.
Denis et moi avons eu la chance de le fréquenter longuement quand nous habitions Bruxelles. J’avais même failli à l’époque travailler avec lui et Christophe Bec, un autre fan, sur un nouveau Jojo.
Aujourd’hui, la gentillesse et la présence toujours attentive d’André continuent de me manquer.
Le 26 juillet 1346, a lieu un des événements marquants le début de la guerre de 100 ans entre la France et l’Angleterre : le siège de Caen.
Débarqué le 12 juillet à Saint-Vaast-la-Hougue, à la pointe du Cotentin, le roi Edouard III d’Angleterre est à la tête de 40 000 hommes d’armes. Après avoir conduit une chevauchée meurtrière de deux semaines en Normandie, il met le siège devant Caen. Son fils, le Prince Noir, prend l’abbaye aux Dames tandis que d’autres capitaines prennent l’abbaye aux Hommes (les deux grandes abbayes fondées par Guillaume le Conquérant) et s’installent dans les faubourgs de la ville.
En face, la garnison française ne compte même pas 5 000 hommes dont moins de 1 000 hommes d’armes. De plus, Raoul de Brienne, qui défend la ville, n’est pas d’accord avec les bourgeois sur la stratégie à adopter. Malgré ça, la résistance de la ville est acharnée. Toute la population participe farouchement à sa défense.
Le soir venu, seul le château de Caen (défendu, pour l’anecdote par Guillaume Bertrand, évêque de Bayeux) résiste encore. Edouard III est finalement vainqueur. Mais il est furieux d’avoir dû mener un « combat long et disputé » alors que la prise de la ville aurait dû être si facile.
Dans sa colère, il ordonne le massacre de toute la population et l’incendie de la cité. « Heureusement » un de ses compagnons parvient à le calmer en partie. Le roi ne donne finalement le droit à ses soldats de piller la ville « que » pendant trois jours.
Pendant qu’Edouard III se recueille sur la tombe de Guillaume le Conquérant, son ancêtre, ses hommes massacrent au moins 2 500 personnes, rançonnent les nobles et les bourgeois, violent les femmes, et accumulent assez de butin pour remplir une centaine de bateaux.
Ils repartent le 31 juillet pour la suite de leur chevauchée normande à l’exception de 1 500 d’entre eux. Aussitôt, la population se soulève et ils sont à leur tour massacrés par les défenseurs du château.
Ci-dessous :
– Illustration du siège de Caen dans les Chroniques de Jean Froissart, auteur inconnu, XVè siècle, manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale
– Plan de Caen, issu de François de Belleforest, La Cosmographie universelle de tout le monde. Paris, 1575.
Ce plan est largement postérieur au siège de Caen mais je ne résiste pas à l’envie de le poster pour vous donner une idée de la structure ancienne de la ville.
Le 20 juillet à 21h 56min 20s (heure de Houston), Neil Armstrong pose le pied sur la lune devant des centaines de millions de spectateurs.
19 minutes plus tard, Edwin « Buzz » Aldrin le rejoint. Ses premières paroles sont « Belle vue. Magnifique désolation ».
Les deux hommes ont quitté la terre le 16 juillet dans l’énorme fusée Saturn V avec Michael Collins, le pilote du module de commande qui doit rester en orbite lunaire (pas de chance !).
Leur séjour sur la lune dure finalement 21h 36 min dont 2h 30 min de sortie extravéhiculaire.
Tous reviennent sur terre sans difficulté majeure.
Leur mission, Apollo 11, est un grand succès. Dans le contexte de la Guerre Froide, elle entérine l’avance prise par les États-Unis sur l’URSS dans la course à l’espace.
ci-dessous :
– Buzz Aldrin sur le sol lunaire
– L’empreinte de Buzz Aldrin sur la lune.
Le 18 juillet 390 avant notre ère a lieu un événement qui traumatise les Romains pour plusieurs siècles : la bataille de l’Allia, du nom de la rivière près de laquelle elle se déroule.
Là, à seulement une quinzaine de kilomètres de leur ville, les troupes du tribun consulaire Quintus Sulpicius Longus subissent une des pires défaites de l’histoire romaine face à l’armée gauloise de Brennus, inférieure en nombre mais beaucoup plus expérimentée. Paniqués par les chants de guerre gaulois, surpris par l’assaut de leurs adversaires qui ont d’emblée déjoué leur tactique, les Romains se font massacrer. Ceux qui parviennent à fuir se noient en masse. Les survivants rejoignent une cité étrusque tout proche et renoncent à rentrer tout de suite à Rome.
La ville est abandonnée aux Gaulois qui la mettent à sac à l’exception du Capitole. Cet épisode donne lieu ensuite à l’invention de nombreux épisodes héroïques et est exagéré par la plupart des auteurs/historiens romains.
Trois cents ans plus tard, quand César part à la conquête des tribus gauloises, la mémoire de l’Allia est encore bien présente à Rome. Elle fait douter certains de la capacité du proconsul à triompher de ses adversaires et poussent les autres à espérer une revanche qui lave enfin leur humiliation.
Le Brenn et sa part de butin par Paul Jamin, 1893.
Depuis, cette victoire gauloise contre les Romains et le sac de Rome qui a suivi n’ont pas cessé d’alimenter l’imaginaire français pour le pire et le meilleur. Au XIXè siècle, l’image du barbare se teinte d’une connotation érotique comme on le voit dans le tableau de Paul Jamin ci-dessus. Mais, parallèlement, dans le cadre de l’affirmation de la nation française et de la lutte contre l’Allemagne, Brennus devient aussi un symbole nationaliste.
Un extrait des Légions perdues, Alix, par Jacques Martin, 1965, éditions Casterman.
C’est tout naturellement donc qu’Alix part à la recherche de l’épée du chef gaulois, dans Les Légions perdues, pour empêcher Pompée de s’en servir pour rallumer la guerre en Gaule (ce qui donne l’occasion à Jacques Martin de présenter Brennus et les oies du Capitole)
Le bouclier de Brennus, ciselé en 1892.
À notre époque encore, l’équipe victorieuse du championnat de France de Rugby reçoit en récompense le « bouclier de Brennus ». On dit souvent qu’il doit son nom du chef gaulois alors qu’il s’agit en fait simplement de celui de son créateur : Charles Brennus, un maître graveur du XIXè siècle passionné de sport.
Mais c’est beaucoup moins héroïque !
Né en décembre 1923, Maurice de Bevere dit Morris meurt à Bruxelles le 16 juillet 2001.
Dès 1943, il officie comme encreur au studio CBA, un studio belge de dessins animés avec Peyo, André Franquin…
Plus tard, il réalise des illustrations pour divers magasines puis, pour l’Almanach Spirou 1947, il crée le personnage qui le rend célèbre. Lucky Luke y apparaît dans Arizona 1880, une aventure dans laquelle il s’efforce de récupérer un chargement d’or volé pendant un trajet en diligence avec l’aide du déjà présent Jolly Jumper.
Cette même année, La Mine d’or de Dick Digger apparaît dans le magasine Spirou. La série est lancée et commence à paraître en albums deux ans plus tard.
Durant cette période, Morris apprend beaucoup au contact de Jijé. En 1948, il part avec lui et Franquin aux États-Unis. Ces derniers repartent en Europe dès l’année suivante, mais Morris passe six ans outre-Atlantique. Il travaille pour des magasine américains, illustre des livres pour enfants et fait la connaissance d’Harvey Kurtzman, le rédacteur en chef de Mad qui le marquera durablement.
Il fréquente aussi un autre jeune auteur rencontré grâce à Jijé : René Goscinny. Désireux de se consacrer au dessin, Morris finit par lui confier le scénario de Lucky Luke en 1955. Ils collaborent jusqu’en 1977 et la mort du scénariste.
En 1967, ils quittent Spirou et les éditions Dupuis pour Pilote et les éditions Dargaud.
Après la mort de Goscinny, Morris alterne les collaborations avec d’autres auteurs mais il reste fidèle à Lucky Luke et ne cherche pas à lancer d’autres séries.
Depuis 1947, les albums se sont vendus à plus de 300 millions d’exemplaires et ont été traduits en 20 langues.
Bon, le 14 juillet, la prise de la Bastille, c’est un incontournable.
Dans Petit Miracle avec Griffo au dessin, Denis de La Barre, mon mignon petit démon, assiste à la prise de la prison royale depuis sa cellule de luxe :
Je prends prétexte de l’anniversaire de l’assassinat de Marat, le 13 juillet 1793, par Charlotte Corday, pour poster le fameux tableau de Jacques Louis David.
Le peintre, révolutionnaire convaincu et proche de Robespierre, admire Marat et le connaît personnellement. Il est même l’un des derniers à l’avoir vu vivant et c’est lui qui organise ses funérailles.
Il représente ici le journaliste mourant sereinement, une lettre de Charlotte Corday encore en main. On le voit prenant un de ses bains curatifs au souffre (pour apaiser un grave eczéma ?), la tête enveloppée d’un tissu imbibé de vinaigre pour apaiser ses migraines.
Par ce tableau, David transforme l’ « Ami du peuple » en véritable martyr de la Révolution. Il idéalise sa mort, lui donne valeur de symbole et la place directement à côté de celle des héros de l’Antiquité qu’il illustrait avant 1789.
ci-dessous :
Jacques-Louis David, La Mort de Marat (1793), musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
On ne connaît pas exactement la date de naissance de César ou plutôt de Caius Julius Caesar IV. En général, on la place le 12 ou le 13 juillet 100 ou 102 av. J.-C.
Contrairement à ce que l’on dit souvent, sa mère, Aurelia Cotta, n’accoucha pas par césarienne. Dans l’Antiquité, on ne pratiquait cette opération que sur les mères mortes ou mourantes car on savait pas alors comment éviter le décès de la parturiente.
Son père, Caius Julius Caesar III, appartenait à une famille patricienne mineure. Il ne dépassa pas le rang de préteur, de magistrat chargé de rendre la justice à Rome. Il mourut subitement en mettant ses chaussures en 92 av. J.-C.
Le petit Caius grandit dans une insula, un immeuble, du quartier de Subure, le quartier le plus mal famé de Rome.
Il était donc a priori destiné à faire une carrière de magistrat honorable mais pas exceptionnelle. Accéder au consulat, comme le fit un frère de son père, aurait déjà dû être un combat pour lui. Les guerres civiles en décidèrent autrement.
Plus tard, pour pallier à une ascendance qu’il jugeait sans éclat, César se proclama le descendant de Iule, fils du Troyen Énée, lui-même fils de Vénus.
Celui qui réussit à devenir dictateur perpétuel de Rome et désira peut-être en devenir le roi, ne pouvait que descendre des dieux !
Ci-dessous : Jules césar par Thierry Démarez pour le tome 3 d’Alix senator premium, éditions Casterman.